Spiritualité

Voie n°35 : Aimer la critique

14/02/2012 | par Noa'h Weinberg

Accepter une critique constructive nous permet de progresser.

La critique est souvent perçue comme une attaque personnelle. Mais pensez à ce que les athlètes de haut niveau acceptent d’entendre de leurs entraîneurs ! Accepter une critique constructive nous permet de progresser.

 
Aimez-vous être critiqué ? Probablement non. La plupart des gens prennent la critique comme une attaque personnelle qui déclenche toutes sortes de mécanismes de défense.

La Voie de la Sagesse N°35 est Ohev et ha’to’ha’hot, littéralement : « aime la critique ». Cela vous paraît ridicule ? Et pourtant, dans le monde du travail, des consultants sont engagés à prix d’or pour révéler aux chefs d’entreprise leurs erreurs de gestion. Certains disposent en bonne place une « boîte à idées », et là, toutes les suggestions permettant d’accroître la rentabilité sont examinées, qu’elles proviennent du concierge ou du PDG.

Pour quelle raison, alors, ce même PDG lorsqu’il rentre chez lui ne supporte pas que sa femme lui fasse la moindre remarque ? Tout simplement parce que l’argent l’intéresse davantage que son perfectionnement personnel.

Nos Sages disent : «  Mieux vaut la critique d’un ami que le baiser d’un ennemi »

Il faut bien avoir en tête que toute faute est porteuse d’une conséquence négative. En nous aidant à déceler nos défauts, la critique nous évitera de futures défaillances. Un ami vous préviendra en voyant un morceau de salade coincé entre vos dents, alors que votre ennemi vous regardera en souriant en vous disant que vous avez une mine superbe ! Nos Sages disent : « Mieux vaut la critique d’un ami que le baiser d’un ennemi ». 
 
LA CRITIQUE EST NECESSAIRE A LA REUSSITE

Vous pensez que vous êtes parfait ? Non, bien sûr. Donc, si vous voulez vous réaliser pleinement, il faut accepter une critique constructive. Lorsqu’on est déterminé à atteindre un but, il faut être prêt à supporter une bonne dose de sarcasme, de harcèlement et même d’insultes. Pensez à ce que les athlètes de haut niveau acceptent d’entendre de leurs entraîneurs !

Mais lorsqu’on mesure les bienfaits de la critique, on finit par ne pas y être hostile. Imaginez que vous avez oublié votre portefeuille à la poste et que quelqu’un vous crie : « Hé, vous avez oublié votre portefeuille ! ». Plutôt que d’y voir une remarque désobligeante sur votre étourderie, vous allez certainement répondre « Merci beaucoup. J’essaierai de faire attention la prochaine fois. »

Une des raisons pour lesquelles nous avons du mal à accepter la critique, c’est qu’elle survient à un moment où nous ne sommes pas préparés à l’accepter. Elle nous prend par surprise. Mais lorsque vous sollicitez la critique, vous vous mettez en position de l’accueillir calmement, que vous l’acceptiez ou que vous la rejetiez. De plus, si vous la sollicitez, cela signifie que vous avez choisi une personne digne de confiance que vous allez écouter sérieusement, et cela vous préparera à mieux accueillir une critique qui vous arrive de manière inopinée.

N’attendez pas d’en arriver à une situation de crise pour vous remettre en question. Devancez les problèmes avant qu’ils ne surgissent. Si vous voulez que votre mariage soit réussi, n’hésitez pas à demander des conseils. Si vous voulez réussir l’éducation de vos enfants, des conseils vous seront également utiles.

La meilleure méthode pour cela, c’est de demander l’avis de personnes objectives et qui nous connaissent bien. Une fois par mois, demandez à quelques amis de vous indiquer cinq moyens de vous améliorer. Les quatre premiers points vous paraîtront certainement anodins, et seul le dernier entrera vraiment dans le vif du sujet !

BIEN REAGIR

Lorsqu’on entend le mot « critique », on imagine immédiatement quelque chose de négatif et de douloureux. La douleur causée par la critique provient d’une blessure d’orgueil. Peu importe la manière dont on s’y prend, on y perçoit toujours un sournois « je suis nul ».

Le but de la critique n’est pas de vous abaisser, mais au contraire de vous dire « Tu es quelqu’un de bien, mais je pense que tu peux faire encore mieux ».

Réprimez votre instinct de défense. Ne réagissez pas avant d’avoir bien réfléchi. Demandez à votre interlocuteur de préciser la remarque qu’il vous a adressée et que vous jugez désobligeante : « Dis-moi précisément ce qui te dérange. Je veux comprendre si ta critique est fondée ».

Une des manières de traiter la critique, c’est de la dépersonnaliser. Essayez de ne pas vous sentir concerné et demandez-vous : « quel conseil donnerais-je à un ami à qui on a adressé cette critique ? »

Il est douloureux de prendre conscience de ses fautes, mais il est encore plus douloureux de continuer à vivre en répétant ces mêmes fautes. La critique est comparable à une aiguille. Elle vous pique et vous fait mal, mais la douleur finit par disparaître et, finalement, ses effets positifs se feront sentir toute votre vie.

Lorsque vous aurez compris que le but de la critique est de vous ouvrir les yeux et de vous mettre sur la bonne voie, vous éprouverez un sentiment de gratitude et prendrez l’habitude de dire : « Je vous remercie vraiment de m’avoir fait remarquer cela ». Même s’il vous en coûte, et que vous ne pouvez murmurer ces paroles qu’en serrant les dents !

(Laissez votre orgueil de côté. En répondant ainsi à celui qui vous critique de manière malveillante, vous lui couperez tous ses effets.) 
 
Lorsque vous êtes critiqué :

- N’essayez pas de vous défendre. Souvenez-vous que personne n’est parfait ici-bas 
 
- Réfléchissez : serait-ce vrai ? Pourquoi voit-il les choses ainsi ? 
 
- Remerciez celui qui vous adresse une critique 
 
- Allez plus loin : demandez-lui quels sont ses arguments.

SAVOIR CRITIQUER LES AUTRES

Apprenez également à savoir critiquer les autres. Ceux qui sont en proie à une souffrance spirituelle ou psychique ont besoin d’être aidés au même titre que ceux qui souffrent physiquement.

Pourquoi, alors, éprouvons-nous une certaine réticence à critiquer les autres ? Parce que nous voulons être aimés et que nous pensons qu’ils vont nous en vouloir.

Imaginez que vous voyez quelqu’un sur le point de tomber dans une cage d’ascenseur vide. N’allez-vous pas vous précipiter en lui criant de faire attention ? De même, si votre enfant refuse de prendre un médicament, allez-vous vous éloigner en disant : « Ce sirop est réellement trop amer ; je ne vais pas insister pour qu’il le prenne car il risque de ne plus m’aimer » ? (Essayez plutôt d’y ajouter une bonne dose de sucre !)

Lorsque nous voyons clairement les conséquences que pourraient entraîner certaines fautes, nous avons l’obligation d’intervenir. La Torah dit qu’il n’est d’amour véritable que celui qui comporte également la notion de châtiment. Si vous vous sentez réellement concernés par le comportement d’un ami, vous trouverez un moyen de lui venir en aide, même s’il n’a pas conscience d’en avoir besoin. Ne soyez pas négligent. Si vous sentez que quelqu’un est malheureux ou a un comportement autodestructeur, ne restez pas passif. Ils finiront par payer le prix de leurs erreurs. Soyez vigilants. Aidez-les.

Lorsqu’on est indifférent, il est facile de se montrer indulgent pour les fautes d’autrui. Mais plus vous aimez quelqu’un, plus vous souffrez de le voir se fourvoyer. C’est pourquoi ce sont les parents, les gens qui s’intéressent le plus à vous, ceux qui vous aiment le plus, qui vous adressent le plus de critiques. C’est justement parce que ce sont les êtres qui vous aiment le plus au monde qu’ils ne peuvent pas se détourner en disant : « Il est en train de gâcher sa vie, mais je n’y peux rien ».

Nous comprenons maintenant pourquoi la Torah (Lévitique ch19, v16-18) fait précéder le commandement de « reprendre son prochain » de « ne sois pas indifférent au danger que court ton prochain » et le fait suivre de « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est l’amour d’autrui et l’obligation de lui venir en aide qui justifient que nous puissions le critiquer valablement. 
 
SE METTRE A LA PLACE DE L’AUTRE

Pour aider quelqu’un à changer, il ne suffit pas de le critiquer, de lui jeter la pierre ou de crier plus fort que lui. Il ne s’agit pas uniquement de lui dire ce que vous avez sur le cœur.

Vous savez bien à quel point il est difficile d’accepter la moindre remontrance. Pensez-y avant de formuler toute critique. Demandez-vous toujours : « Quel effet cela me ferait-il si on me disait ça ? Est-ce que ça me plairait ? »

La critique peut être bénéfique, mais elle peut également causer beaucoup de dommages. Il est donc essentiel de ne s’y livrer qu’à bon escient. Si votre remarque doit provoquer de l’animosité ou du ressentiment, mieux vaut ne rien dire du tout.

Avant de faire des remontrances à quelqu’un, il faut que cette personne sache que vous l’aimez. Si elle sent que vous avez vraiment ses intérêts à cœur, elle écoutera ce que vous avez à lui dire.

Pour chaque mesure de critique, donnez-lui dix mesures d’amour. Rassurez-la, faites-lui sentir que vous êtes de son côté. De nombreux parents font l’erreur de croire qu’ils peuvent critiquer leurs enfants sans leur dire à quel point ils les aiment.

SAVOIR FAIRE PASSER LE MESSAGE

Le but de toute critique est d’être acceptée par la personne à qui elle s’adresse, afin que celle-ci puisse en faire bon usage. Pour cela, il est essentiel de ne pas déclencher le moindre mécanisme de défense. Vous pouvez vous inspirer du dialogue suivant :

« J’ai fait quelque chose que je n’aurais pas dû faire hier soir »

« Ah oui ? Quoi donc ? » demande votre colocataire sans méfiance.»

« J’ai laissé ma vaisselle sale dans l’évier après avoir dîné. Je suis désolé. »

« Tu as raison, moi aussi il m’arrive d’oublier de faire ma vaisselle le soir. Je vais essayer d’y penser »

Mission accomplie, et personne n’est vexé. Bien sûr, il peut y avoir différents scénarios, et il n’est pas toujours aussi facile de faire passer la pilule. Mais avec un peu d’entraînement, vous arriverez à dire ce que vous avez à dire sans déclencher de tempête.

Finalement, le reproche qui porte le plus consiste à donner le bon exemple au moyen de nos actes. Si certains enfants ne perçoivent pas l’honnêteté comme une valeur, c’est que leurs parents ne sont probablement pas très scrupuleux eux-mêmes sur le plan de l’honnêteté. S’il en était autrement, la vérité éclaterait aux yeux de tous. Il n’y aurait ni disputes ni conflits. Le Talmud dit que Moïse était capable d’instruire le peuple uniquement parce qu’il incarnait totalement ce qu’il enseignait.

PROUVEZ-LE !

En hébreu, le mot to’ha’ha (critique) vient de la même racine que le mot ho’ha’ha qui signifie « preuve ».

La meilleure manière de faire évoluer quelqu’un n’est pas de le réprimander, ou d’essayer de trouver des arguments susceptibles de le convaincre sur le plan intellectuel. Le seul moyen consiste à lui donner une preuve irréfutable qui lui permette de comprendre par lui-même en quoi il est dans l’erreur.

Le Midrash nous rapporte le dialogue entre le prophète Elie et un pécheur :

« Est-ce que tu étudies la Torah » demande Elie.

« Non », répond le pécheur, « je ne suis qu’un simple pécheur. Je n’ai aucun don particulier et je ne suis pas très intelligent. »

« Dis-moi » demande Elie, « comment fais-tu pour préparer ton filet avant d’aller pécher ? »

«Eh bien », dit l’homme, « en fait, c’est assez compliqué. Il faut d’abord que je choisisse une ficelle de la bonne taille, et ensuite, je dois tisser les mailles du filet de telle sorte qu’il soit à la fois souple et résistant ».

« Et comment t’y prends-tu pour attraper les poissons ? » s’enquiert Elie.

« Oh », dit le pécheur, « là aussi, cela dépend de pas mal de facteurs assez complexes, tels que la période de l’année, le moment de la journée, le type de poisson, la profondeur de l’eau, sa température, et la force du courant ».

«Et tu crois que, lorsque tu seras au paradis », dit Elie, « tu pourras dire que tu n’as pas étudié la Torah parce que tu n’étais qu’un simple pécheur, sans aucun don particulier et sans grande intelligence ? Mais tout ce que tu viens de me raconter démontre le contraire ! »

La to’ha’ha n’est pas une remarque acerbe. Il faut la voir comme la réalité dans toute sa beauté nous regardant droit dans les yeux.

Pourquoi « aimer la critique » nous permet d’accéder à la sagesse ?

• Nous voulons tous nous réaliser pleinement dans cette vie. Mais la subjectivité est inhérente à l’être humain. C’est aux autres de nous donner leur avis sur notre conduite. 
 
• Si vous souhaitez ardemment progresser, vous serez toujours avide de conseils que vous écouterez sans être sur la défensive. 
 
• Lorsque nous payons pour que des professionnels nous fassent part de leurs remarques, nous les écoutons avec soin. Sachons également apprécier les critiques gratuites. 
 
• Une critique constructive prouve que vous êtes concernés par les problèmes ou les réussites d’autrui. 
 
• La critique nous permet de prendre conscience de nos erreurs. 
 
• Le peuple juif forme un tout. Si un Juif souffre, tous les Juifs devraient ressentir sa souffrance. Aider un autre Juif, c’est s’aider soi-même. 
 
• Le Talmud dit que Jérusalem fut détruite parce personne ne reprenait son prochain.

Le roi Salomon disait : « Fais des remontrances au sage et il t’en aimera davantage » (Proverbes ch9, v8).

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