Développement Personnel

6 Mitsvot # 6 - Ne pas errer

29/12/2011 | par Noa'h Weinberg

Dieu veut que nous profitions des plaisirs du monde physique. Mais c'est une erreur de faire du matérialisme une fin en soi.

 

La vie est pleine de stimulations faisant appel à nos sens : la télévision, la radio, les panneaux publicitaires, Internet, toutes habilement conçues pour satisfaire nos tendances viscérales. Et notre inclination naturelle est de rechercher obstinément ces stimulants.

En revanche, la Torah nous dit : " Et vous ne vous laisserez pas égarer par votre cœur et par vos yeux " (Nombres 15, 39). Le judaïsme recommande de suivre la logique, pas les fantaisies. Et c'est précisément parce que la force qui agit sur nos sens est si puissante et si envahissante, que c'est une mitsva " permanente " - un défi permanent - de s'en tenir à l'écart.

Comme l'indique le verset, il y a deux aspects : le cœur et les yeux. Commençons par examiner l'interdiction de se laisser égarer par son cœur.

Aimer Dieu avec deux cœurs

Le verset dit littéralement : " Et vous ne vous laisserez pas égarer par vos cœurs (au pluriel) et par vos yeux. " Mais a-t-on jamais possédé deux cœurs ?

Oui ! La lutte morale qui caractérise notre vie est celle qui oppose deux inclinations opposées, les " deux cœurs " contenus dans chaque être humain. Notre âme divine, le yètsèr tov, veut faire tout ce qui est bien : aimer l'humanité, chercher la justice, être altruiste, raisonnable, honorable et responsable. Elle désire croître, accomplir, et parachever son potentiel. En définitive, elle cherche à imiter sa source infinie et éternelle et à se relier avec elle - le Tout-Puissant.

Mais les êtres humains possèdent aussi un corps (" l'âme animale ") appelé le yètsèr hara'. Il recherche les satisfactions du moment, il aspire à s'échapper dans le monde du confort. Le corps veut manger, dormir, désirer. Il est destiné à la tombe.

Nous avons besoin de développer notre sensibilité à la lutte qui se poursuit au-dedans de nous-mêmes. Sinon, ce qui " sent bon " l'emportera sur ce qui est objectivement vrai et bon. Par exemple :

- Nous " voulons " employer efficacement notre temps, et pourtant nous " désirons " atermoyer.

- Nous " voulons " consommer une alimentation saine, et pourtant nous " désirons " de ce gâteau au chocolat.

- Nous " voulons " acquérir la sagesse, et pourtant nous " désirons " suivre les programmes de télévision.

Le " vouloir " s'applique à la permanence. Il est enraciné dans la réalité. Le " désir " est éphémère, il vise l'instant immédiat, sans avoir beaucoup d'égards pour les conséquences à venir.

Voilà pourquoi ne pas " se laisser égarer par son cœur " est une mitsva " permanente ". Nous devons savoir que nous sommes engagés dans un combat avec notre corps. Chaque fois que nous disons : " Je n'en ai pas envie ! ", nous perdons un combat. Notre corps est lourd ; il préfère rester allongé.

Le réveil se met à sonner le matin. Nous voudrions sortir du lit et commencer notre journée. Mais nous avons envie d'appuyer sur le bouton d'arrêt et de faire la grasse matinée. Cela devient un sport de compétition.

Méfions-nous : Le yètsèr hara' fait toutes sortes de promesses. " Dors encore un peu ! Prends un bon petit-déjeuner ! Détends-toi ! " Mais il n'est qu'illusion. Il n'existe qu'un seul moyen dans ce monde-ci d'obtenir un vrai plaisir : s'endurcir, continuer le combat.

Comment doit-on faire pour renforcer sa volonté ? En prenant plaisir à la lutte. Parce que plus durement nous combattons, plus grande sera notre récompense. Comme l'ont dit nos Sages : " Selon la douleur est la récompense. "

Distinguer entre les deux cœurs

Il est parfois très difficile de déterminer lequel de nos deux cœurs s'exprime à un moment donné.

Même au moment où l'on lit ceci, notre âme nous pousse du coude : " Fais attention ! Cela te fera devenir grand ! " Mais notre corps contredit : "Toute cette concentration est trop pénible, elle demande trop d'efforts. Je suis très bien comme je suis ! "

A chaque moment de la vie, dans des milliers de décisions, nos deux cœurs s'opposent l'un à l'autre. Et ce n'est qu'en engageant le combat pour faire triompher le spirituel que nous trouvons un plaisir durable.

Comment formulerions-nous l'éloge funèbre d'un être aimé ? Dirons-nous : " Le défunt conduisait une magnifique BMW, jouait au golf sur les plus beaux parcours du monde, et dînait dans les restaurants les plus huppés. " ?

Bien sûr que non ! Nous chercherons à dire quelque chose de significatif : " Il a aidé les autres. Il a été un bon père et un bon mari. "

Tout le monde sait que nous pouvons passer toute notre vie à suivre le corps, à entretenir des illusions, à rechercher une voiture plus coûteuse ou une maison plus élégante. Mais en fin de compte, c'est la faillite.

Ne nous leurrons pas ! Soyons attentif au conflit qui oppose ce que nous " voulons " tout au fond de nous-mêmes et les désirs qui viennent s'interposer. Avant de prendre une décision, demandons-nous : " Que veut mon âme, et que veut mon corps ? " Dans le grand jeu de la vie, C'est selon la voix qui parle le plus fort au moment de la décision que nous gagnons ou que nous perdons.

Voilà ce qu'est le conflit entre le corps et l'âme.

L'automobile et le conducteur

Si le corps est aussi dangereux, comment devons-nous le traiter ? La Torah (Deutéronome 6, 5) nous enjoint d'aimer Dieu avec " les deux " cœurs - l'âme divine et l'âme animale.

Comment cela fonctionne-t-il ? Dieu n'a pas créé un monde physique pour nous frustrer, mais pour que nous en profitions. Le Talmud enseigne que si quelqu'un a l'occasion de déguster un nouveau fruit et qu'il refuse de le faire, il devra en rendre compte dans le monde à venir.

Cependant, l'un des défis les plus difficiles que nous ayons à affronter est de savoir combien de matérialisme est bon pour nous, et combien est de " trop ".

Imaginons ceci : Le corps est à l'âme ce que l'automobile est au conducteur. Nous devons veiller au bon entretien mécanique de notre voiture et lui fournir un carburant approprié. Si nous la maltraitons, elle ne nous emportera pas là où nous voulons aller. Et pour lui préserver une belle apparence, il faut la faire nettoyer de temps en temps intérieurement et extérieurement.

Il va cependant de soi qu'une automobile n'a pas autant d'importance que son conducteur. Quelqu'un qui néglige sa famille et consacre des heures interminables à  astiquer et a choyer sa voiture a manifestement perdu tout sens des priorités.

Il en va de même avec le corps et l'âme. Il arrive que nous devions veiller à l'état de notre corps, afin de permettre à notre âme d'accomplir davantage. Nous pouvons par exemple, après avoir achevé un projet difficile, nous offrir une récompense en nous invitant dans un restaurant élégant. Veillons à ce que notre corps se sente bien afin que l'âme puisse affronter les défis de l'existence : l'éducation des enfants, notre carrière, l'agitation sociale.

Ce qu'il ne faut pas, c'est s'adonner aux plaisirs physiques pour leur fin exclusive, faire du matérialisme le but de notre vie. Ce serait " se laisser égarer par son cœur ".

Sublimer ce qui est banal

Ce que nous devons, c'est nous discipliner, pas nous opprimer.

Mieux nous savons contenir nos désirs, plus nous sommes capables d'en jouir, car nous en serons les maîtres, et non l'inverse. Les désirs créent tous en nous l'illusion que plus nous les satisfaisons, plus nous sommes satisfaits. Mais quand nous passons à l'acte, surtout avec le désir sexuel, plus nous les alimentons, plus ils en veulent. Le sexe pour lui-même est dégradant, et parce qu'il est si puissant, il peut nous détruire. Si l'on s'y adonne sans lui conférer un but plus élevé, il ne fera que se développer et rendre le combat plus difficile.

Quand ce sont nos hormones qui conduisent le bal, nous ne sommes plus libres.

Ne faisons rien de ce qui pourrait contenir une dose de spiritualité en le transformant en un désir animal. Ce qu'il faut, c'est élever et sublimer le monde banal. Le vendredi soir, nous levons une coupe de vin et y goûtons - non pas pour nous enivrer - mais pour réciter le Kiddouch et sanctifier le jour de Chabbath.

Quand il est utilisé  avec sagesse, le plaisir physique peut devenir une piste d'envol vers des plaisirs plus élevés.

Quand nous nous préparons à une activité physique - manger, dormir, parler - arrêtons-nous un moment et demandons-nous : Pourquoi est-ce que je fais cela ? Quel en est le but ? Est-ce que je le fais pour me dissimuler des réalités, ou bien cela me stimulera-t-il pour atteindre de plus hautes visées ? Est-ce que cela me rapprochera de Dieu, ou m'en éloignera davantage ?

Quand nous avalons une tasse de café, comment allons-nous utiliser ce surcroît d'énergie ?

Employons les passions de notre corps à tonifier notre âme. Utilisons l'agressivité que nous avons pour nous faire servir une glace ou pour gagner des fortunes - pour faire ce qu'il convient. Le but est d'avoir envie de faire ce qu'il convient. Utilisons à des fins spirituelles le même enthousiasme que celui que nous investissons dans l'achat d'une pizza. Voilà qui est aimer Dieu avec notre âme animale - avec les deux cœurs.

N'abusons pas de notre penchant au bien

Il existe ici une dimension plus profonde. Puisque le verset recommande de ne pas " aller après vos cœurs (au pluriel) ", il implique aussi la possibilité d'être égaré par son yètsèr tov. Mais comment le yètsèr tov pourrait-il nous mettre sur la mauvaise route ?

Il nous arrive, tout en ayant l'intention de faire du bien, de commettre une erreur qui nous fera aggraver les choses. Par exemple, la Torah nous ordonne de formuler des critiques constructives : " Tu réprimanderas ton prochain, et tu ne porteras pas un péché à cause de lui " (Lévitique 19, 17). La deuxième moitié du verset nous met en garde : Quand nous critiquons quelqu'un, ne l'embarrassons pas et ne le mettons pas mal à l'aise. Si nous devons critiquer, ne laissons pas dire à notre yètsèr tov : " Je vais lui montrer, à cet individu ! " Cela reviendrait à dissimuler une transgression sous les apparences d'une mitsva : faire un mauvais usage de notre yètsèr tov.

La Bible a enregistré  une telle erreur. 'Hanna et Penina étaient les deux femmes d'Elkana, et Penina avait des enfants alors que 'Hanna n'en avait pas. Penina savait que 'Hanna était vertueuse et que, si on lui faisait de la peine, elle serait incitée à prier pour mettre au monde un enfant. C'est pourquoi elle la harcelait de ses moqueries : " 'Hanna, regarde les chaussures que j'ai achetées pour mes enfants ! Qu'est-ce que tu as acheté pour les tiens ? "

Le stratagème a fonctionné, et les prières de 'Hanna ont été exaucées par la naissance du prophète Samuel. Et pourtant, malgré ses bonnes intentions, Penina a été punie pour avoir causé de la douleur à  'Hanna. Ses bons motifs ont été neutralisés par leur mauvaise mise à exécution.

" Ne nous laissons pas abuser par notre (bon) cœur ! " Soyons attentifs à ne pas blesser les gens par des intentions pures.

Eviter les situations tentatrices

Jusqu'à maintenant nous avons mis l'accent sur la mitsva de " ne pas se laisser égarer par notre cœur ". Examinons à présent le second volet de cette mitsva : " Ne pas se laisser égarer par nos yeux. "

La société occidentale attribue une place importante à ce qui est visuel. Si cela a l'air bon, ce doit être bon. Les médias nous bombardent avec tant d'images que nous sommes souvent inconscients de leurs effets. Mais nous pouvons être assurés qu'elles constituent des appâts particulièrement puissants.

Quand nous voyons ces images, et que nous fantasmons sur la vie merveilleuse que nous aurions " si seulement nous possédions le produit X ", nous nous leurrons à la pensée que le matérialisme satisfera nos désirs les plus profonds. Voilà ce qui constitue une transgression de : " ne pas se laisser égarer par nos yeux ".

Comment faire pour éviter ce piège ?

La solution consiste à  se tenir à l'écart des situations prometteuses. Si nous étions au régime, nous ne rapporterions pas chaque jour du gâteau au chocolat à la maison. Nous ne voudrions pas nous exposer à cette tentation.

De la même manière, si nous voulons garder nos yeux et notre esprit là où ils doivent être, créons une barrière protectrice : Evitons les tentations. Evitons toutes situations où nous risquerions de nous compromettre.

La Torah nous enseigne une leçon très pratique à propos de la nature humaine : Savoir intellectuellement que quelque chose est faux ne garantit pas que nous mettrons cette connaissance en application quand viendra le moment de le faire.

N'essayons pas d'être des héros

Il nous arrive de nous approcher de situations tentantes, avec l'idée que nous parviendrons à nous maîtriser et à éviter d'y succomber.

On raconte qu'un roi avait fait d'un chat son valet. Pour exhiber cet exploit incroyable, il invita tous ses ministres à un banquet. Le chat servit avec beaucoup d'assurance les hors-d'œuvre, la soupe et l'entrée. Tout allait pour le mieux quand une souris se mit à traverser la salle. Le chat courut après elle, brisant toute la vaisselle.

Ce que nous enseigne cet apologue, c'est que nous aurons beau maîtriser notre corps, nous ne pourrons jamais contredire totalement notre yètsèr hara'. Les prédispositions de notre corps sont instinctives, et elles nous harcèlent constamment. Un jeune homme peut être promis aux plus hautes destinées dans l'ordre de l'esprit, mais que vienne à passer une jolie fille, elle attirera son attention.

Signalons, à ce sujet, que c'est là une des principales raisons de la séparation des hommes et des femmes dans les synagogues. La Torah, qui comprend que nous ne sommes que des humains, a édicté des lois pour assurer que notre réel " moi " - notre âme - restera seul éveillé, en lui évitant des situations où il pourrait devoir affronter des tentations.

Nous pouvons éviter la tentation en gardant notre esprit pleinement occupé par des choses qui nous intéressent. Quand celui-ci reste plongé dans des sujets créatifs et intellectuels, nous sommes beaucoup moins portés à jeter des regards subreptices. " Regarder passer les filles " est le signe d'un esprit désœuvré.

De plus, ne rêvassons et ne fantasmons pas. Gaspiller notre matière grise sur des illusions produit des effets contraires à ceux escomptés. Nous imaginons indirectement leur accomplissement, au lieu de nous y mettre et d'agir vraiment pour qu'ils se produisent. Pire encore, nous nous créons une " fiction " que nous n'atteindrons souvent jamais.

Sa volonté, notre volonté

Le Talmud enseigne que Dieu déplore deux sortes de gens : ceux qui pourraient étudier la Torah et ne le font pas, et ceux qui ne peuvent pas étudier la Torah et le font néanmoins.

On comprend que Dieu en veuille à ceux qui, ayant les aptitudes à le faire, n'étudient pas la Torah : ils gaspillent leur temps. Mais pourquoi regrette-t-Il ceux qui ne peuvent pas étudier mais le font tout de même ?

Celui qui ne peut pas étudier la Torah reçoit du Tout-Puissant un message lui disant de faire autre chose - par exemple : aider les pauvres, rendre visite aux malades, etc. Que fait-il à la place ? Il raisonne : " Je n'ai pas le temps de faire tout cela, car il faut que j'étudie la Torah ! "Cette personne commet une erreur avec son yètsèr tov. Au lieu de s'interroger sur ce que veut de lui le Tout-Puissant, il obéit à un désir personnel - tout autant que celui qui devrait étudier mais ne le fait pas. Il gaspille son temps, à ne pas écouter le Tout-Puissant !

En plus de cela, dans notre désir d'être bon, nous pourrions même essayer d'être " meilleur que Dieu ". Nous élaborons nos propres normes de ce qui est bien et mal, au lieu de suivre les instructions de la Torah. Un exemple classique est celui du roi Saül, qui avait reçu de Dieu l'ordre d'extirper toute la nation d'Amaleq. Dans son désir d'être " encore meilleur ", il a choisi d'éprouver de la pitié, et a laissé la vie à Agag, le roi d'Amaleq. La conséquence ? Agag a perpétué la nation maudite, qui continue aujourd'hui encore de tourmenter le peuple juif.

Le prophète a dit : Al titsdaq arbé - " Ne sois pas trop bon ! " Quoi que dise Dieu, c'est dans Sa parole que se trouve la définition du bien. Ne permettons pas à notre yètsèr tov de nous tromper en nous incitant à penser que ce sont nos propres idées qui sont les meilleures.

Une définition correcte du " bien " est le point de départ de tout ce que nous faisons dans la vie. Demandons-nous toujours : Est-ce que je définis le " bien " selon les normes hollywoodiennes du fast-food et du high-tech, ou bien selon ce qui possède une signification profonde et apporte une contribution marquante à la connaissance de Dieu dans le monde ?

Notre but dans ce monde-ci est de vivre avec la réalité de 'assè retsono kirtsonekha - " Fais de la volonté de Dieu, ta propre volonté ". Quand nous exécutons la volonté de Dieu, objectivement significative et bonne pour nous, nous nous rattachons à la source de toute réalité. Pourrait-il exister un but plus élevé ?

Prenons donc garde à  préserver la rectitude de nos définitions. Si nous ne travaillons pas au travers de ces problèmes et ne les clarifions, nous pourrions bien nous rendre compte, dans vingt ans, que nous avons choisi la mauvaise monture.

Toutes les fois que nous sommes en conflit, que nous devons prendre une décision difficile, posons-nous une simple question : " Que dirait Dieu ? " Jetons un regard sur la Torah pour y découvrir comment nous comporter avec des amis, la famille, la société. Parce que si faisons de la volonté de Dieu notre propre volonté, il n'existera pas d'obstacles devant nos pas. Nous ne pourrons pas perdre.

La modestie fait céder notre ego

Quel est le défi permanent que nous lance la mitsva de " ne pas se laisser égarer par notre cœur " ? Elle constitue un test pour notre ego. La nature humaine tend à nous considérer comme le centre de tout. En dessous tout est ego : " Mon monde, mes accomplissements, ma croissance ".

Les gens croient souvent que l'athéisme s'appuie sur une " preuve " que Dieu n'existe pas. Mais les Sages expliquent qu'il est simplement le résultat de l'égotisme. Au lieu d'accepter l'influence d'un pouvoir tout-puissant, on le nie afin de poursuivre ce que l'on veut. Là où un ego prend du poids, il n'y a plus place pour Dieu, comme le disent nos Sages : " Se laisser égarer par son cœur est une façon de nier l'existence de Dieu. "

Il faut, pour extirper cette sensation d'une importance de soi, travailler sur la modestie. Dans les Pirkei Avoth, les Sages disent :

" Concentre-toi sur trois choses, et tu ne pécheras jamais :

1. sache d'où tu viens,

2. sache où tu vas, et

3. sache à Qui tu devras rendre des comptes. "

Et les Sages de continuer :

" D'où venons-nous ? " Mitipa serou'ha - " d'une goutte putride " de semence, qui pourrit aisément. Cela veut dire que, tout en venant d'une goutte putride, nous avons aussi une âme. Nous avons la possibilité d'être comme Dieu Lui-même. Usons de cela comme d'une source d'inspiration pour parvenir à la grandeur.

" Où allons-nous ? " Lemakom 'afar rima wetolèya - " vers un endroit de saletés et de vers ". Sans le Tout-Puissant, nous ne serions qu'un corps voué à devenir une nourriture pour les vers. Nous avons un choix. Allons-nous opter pour des plaisirs transitoires qui se termineront dans la poussière ? Ou allons-nous nous composer un lien vers l'éternité ?

" A Qui devrons-nous rendre des comptes ? " Lifnei mélekh malkhei hamelakhim - " devant le Roi de Rois ", Créateur de l'univers. Si nous suivons les passions du corps et ignorons notre côté spirituel, comment nous expliquerons-nous quand nous aurons à affronter la réalité suprême - quand nous aurons à rendre des comptes à Dieu ?

Si nous permettons à  notre ego de prendre le dessus, nous tombons dans le piège consistant à " aller après notre cœur et nos yeux ". Mais si nous employons notre esprit à une concentration attentive, nous pouvons gagner. Consacrons chaque nuit dix minutes à réfléchir à ce qu'est la vie, à ce que nous devrions accomplir, et à la façon dont nous le faisons. Nous deviendrons grand.

Les sept étapes vers la modestie

Le livre classique d'éthique juive, les " Devoirs du Cœur " ('Hovoth halevavoth), explique que " la modestie est l'aptitude à voir la réalité ". La personne modeste reconnaît que l'ego est le piège tendu par le yètsèr hara' pour le distraire de la réalité. C'est pourquoi, pour la personne modeste, la seule réalité est son âme, qui est une partie de Dieu.

Comment faire pour acquérir cette lucidité ? Le 'Hovoth halevavoth propose sept étapes.

Etape N°  1 : Demandons-nous : Quelle partie de moi définit qui je suis ? Suis-" je " mon corps ? Suis-" je " mes mains ? Suis-" je " mon cœur ?

Si quelqu'un subit l'amputation d'une main, cela modifie-t-il sa personnalité fondamentale ? Bien sûr que non ! Le receveur d'une transplantation cardiaque traversera-t-il une crise d'identité ? Bien sûr que non !

Le véritable " moi " n'est pas notre corps. C'est notre âme.

Etape N°  2 : Faisons franchir un pas de plus à notre identité, considérée comme notre âme. Nous avons été créés à l'image de Dieu. Gardons présent à l'esprit que l'essence de notre âme est éternellement attachée au Tout-Puissant, Créateur de cet univers.

Etape N°  3 : Puisque notre âme est une partie de Dieu Lui-même, elle recherche en permanence la grandeur. Si donc nous sommes déprimé, fatigué, etc., c'est notre corps qui s'exprime. Il n'est pas le véritable " moi ". Où ira-t-il un jour ? Dans le sol avec les vers.

Mais notre âme ? Elle fait partie de Dieu. Employons cette prise de conscience pour stimuler notre corps. Ne nous identifions pas à : " Je suis fatigué ! ", mais à : " J'ai vocation à la grandeur ! "

Etape N°  4 : Sachons que, toutes les fois que nous choisissons le corps de préférence à l'âme, nous nous tirons vers le bas. Comment nous sentons-nous après avoir trop mangé, trop dormi, ou après nous être mis en colère ? Nous éprouvons du dégoût.

Comment nous sentons-nous quand nous nous identifions avec notre âme ? Encouragé. " J'ai fait ce qu'il fallait ! J'ai travaillé dur. J'ai été responsable ".

Identifions-nous au Divin, et le monde sera à nous.

Etape N°  5 : Sachons apprécier la distance qualitative qui sépare le corps et l'âme.

Notre corps n'est qu'une particule par rapport à l'ensemble de l'humanité. Nous ne pourrions pas trouver notre propre corps parmi les cinq milliards d'êtres humains. Au-delà, l'humanité n'est qu'une infime particule par rapport à la masse de créatures vivant sur cette planète. Et la Terre n'est qu'une infime particule dans le système solaire. Et le système solaire n'est qu'une infime particule par rapport à l'univers.

Qu'est-ce alors que notre corps ? Presque rien.

En revanche, notre âme fait partie du Tout-Puissant, de Celui qui inclut et transcende l'univers entier. Si donc nous faisons partie de Dieu, nous faisons partie de tout.

S'il faut choisir entre le corps et l'âme, à quoi vaut-il mieux s'identifier ?

Etape N°  6 : Sachons reconnaître la différence entre nos limitations comme un corps fini, et la nature éternelle de notre âme. Comme créatures physiques, nous sommes assujettis au temps. La durée de vie humaine est vécue de minute en minute. Cette tranche minuscule de temps n'est rien par rapport au cours de l'humanité. Et l'histoire de l'humanité n'est rien par rapport à l'âge de l'univers.

Mais le Tout-Puissant n'est pas lié par le temps, puisque c'est Lui qui l'a créé. Notre âme - comme faisant partie du Tout-Puissant - participe à cette éternité.

Etape N°  7 : Le plus grand accomplissement dans la vie est de s'identifier à notre âme. La plus grande erreur est de s'identifier à cette particule de corps physique qui est destinée à devenir une nourriture pour les vers.

Dieu aurait pu fabriquer des robots, mais Il ne l'a pas voulu. Ce qu'Il désire, c'est une véritable relation, d'où notre obligation de la choisir. Le corps ou l'âme. Qu'est-ce que nous allons faire ?

Faisons le bon choix ! Un choix conscient. Et ne nous perdons pas dans des futilités !

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