Société

Du jediisme au judaïsme : Star Wars comme allégorie juive

14/12/2015 | par Aish.fr

À la veille de la sortie aux écrans de Star Wars VII, un regard sur certains éléments juifs – fortuits ou autres – de l’univers de science-fiction de George Lucas.

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…

Une guerre civile fait rage. Le nouveau gouvernement au pouvoir a interdit la pratique de l’ancienne religion sous peine de mort, démantelant l’ancien ordre de sages dont il envoie la plupart en exil. Repliés dans une base secrète, des combattants rebelles ont remporté leur première victoire de taille contre l’Empire du mal, éveillant un esprit de défi parmi la populace. En dépit d’un désavantage en nombre et en armes, la bande de rebelles – aidée par une Force toute-puissante et omniprésente qui lie toutes les formes de vie dans l’univers – demeure le tout dernier espoir de restaurer la paix et la liberté parmi leur peuple.

C’est là l’une des plus grandes épopées de l’humanité. Mais détrompez-vous, il ne s’agit pas du tout dernier épisode de la saga Star Wars. Le synopsis que vous venez de lire est celui de l’histoire de Hanouka, la fête juive qui commémore la victoire miraculeuse d’insurgés juifs contre le tyrannique Empire séleucide, il y a environ 2200 ans en arrière.

À quelques jours de la sortie aux écrans de Star Wars VII, je me suis mis à réfléchir à l’étrange similarité que certains aspects de l’univers Star Wars présentent avec l’histoire, les croyances et les enseignements du judaïsme. Ne me méprenez pas ; George Lucas n’a pas entrepris de créer un univers fantastique empli de références juives, mais les correspondances sont tout de même trop flagrantes pour être ignorées.

Alors passons de « Han » (le contrebandier d’ailleurs interprété par Harrison Ford, un acteur d’origine juive) à Hanouka et penchons-nous sur certains éléments juifs – fortuits ou autres – de l’univers de Star Wars.

Une galaxie peuplée de noms hébraïques

Les héros de la série Star Wars sont membres d’une alliance rebelle, un genre de Maccabées de l’espace intersidéral. Une similarité que l’on retrouve d’ailleurs dans leur nom : Jedi. En effet, la lettre hébraïque youd est souvent francisée par un « J », et les syllabes se perdent parfois dans la traduction. Ainsi, un nom biblique tel « Yéhochoua » sera rendu en français par « Josué ». Inutile d’être linguiste pour faire le lien entre le nom « Jedi » et celui de « Yéhoudi »,  le terme hébraïque d’origine renvoyant au Juif.

Et puis, vous souvenez-vous du mentor de Luke Skywalker, le grand maître Yoda ? Je ne sais pas ce qu’il en est de vous, mais pour ma part, je trouve que ce nom insolite a des accents d’Yiddish (ou peut-être  devrais-je dire de Yoddish?)…

Plus sérieusement, ce nom n’est pas sans évoquer le mot hébraïque « yada » qui renvoie justement au savoir et à la connaissance, incarnés justement par ce personnage.

Et qu’en est-il de la princesse Leia ? Fille du légendaire Jedi Anakin Skywalker et de Padmé Amidala, elle est la sœur jumelle de Luke Skywalker. Et si son patronyme n’a strictement rien de juif, son prénom, lui, n’est pas sans évoquer celui de la matriarche biblique Léa.

L’Académie Jedi

Quand un chevalier Jedi aspirant rentre à l’Académie, il ou elle doit suivre une formation d’apprentissage sous la houlette d’un maître plus versé que lui en jediisme. De même, la formation d’un futur rabbin en yéchiva consiste principalement en une étude en ‘havrouta, en binôme.

Détail cocasse, le terme désignant un étudiant en yéchiva célibataire est ba’hour qui signifie littéralement « choisi, élu » (comme dans « le peuple élu »). L’idée d’un Élu « censé ramener l’équilibre dans la Force » est un thème récurrent dans la saga Star Wars, avec notamment Anakin Skywaker reconnu comme le plus prometteur des chevaliers Jedi. Mais il finit par quitter « le bon derekh » (le droit chemin) pour devenir le méchant Seigneur Dark Vador. Toutefois, dans Le Retour du Jedi, Dark Vador/Skywalker accomplit la prophétie quand il fait téchouva (le terme hébraïque renvoyant au repentir, et qui signifie littéralement… retour, exactement comme le titre du film Le Retour du Jedi !), faisant le choix de tuer l’Empereur Palpatine pour sauver la vie de son fils et, en fin de compte, la galaxie entière.

Si les films Star Wars ne montrent pas d’apprentis Jedi plongés dans des textes sacrés (une scène qui ne serait pas assez spectaculaire pour un film du genre) les plus grands ouvrages rabbiniques d’éthique et de philosophie juives auraient parfaitement leur place dans une bibliothèque Jedi. « Les Devoirs du Cœur », « Le Sentier du Juste », autant de titres qui pourraient figurer dans la bibliographie du parfait chevalier du Côté Lumineux…

La Force

Si le jediisme n’est pas une religion théiste per se, ses adeptes croient en une Force qui, pour reprendre les mots du maître Obi-Wan Kenobi « est ce qui donne au Jedi son pouvoir. C’est un champ d’énergie créé par tous les êtres vivants. Elle nous entoure et nous pénètre. C’est ce qui lie la galaxie en un tout uni. » Une définition qui ressemble à s’y méprendre à une sorte d’enseignement hassidique – remplacez simplement les mots « champ d’énergie » par « entité » ou « conscience » et « créé par » par « Qui crée » et vous obtiendrez une citation qui ressemble beaucoup moins à un discours hippy New Age et beaucoup plus à une introduction à la Kabala, le mysticisme juif.

Une idée que partagent les Juifs pieux de toutes tendances est celle voulant que Dieu, la « Force » créatrice qui alimente toute l’existence humaine, est la source du pouvoir du Juif. « Ein od milevado », il n’est rien d’autre que Lui. Le Juif exprime sa relation avec l’univers en aspirant à se rapprocher toujours davantage de son Créateur.

Une autre composante de la croyance Jedi est la notion d’équilibre, l’idée voulant que le Côté Lumineux et le Côté Obscur constituent deux aspects d’une même Force en quête d’équilibre. Les religions qui ont dévié du judaïsme ont tendance à représenter le Créateur et Satan (ou « le Diable ») dans une relation antagonique, une espèce de théologie dualiste composée en quelque sorte d’un Dieu et d’un anti-Dieu. Au contraire, le judaïsme affirme que le Satan (littéralement : l’Accusateur) est l’ange associé à la tentation et l’accusation dans le Tribunal Céleste. Il a un sale boulot à accomplir, mais en fin de compte, lui et nous servons tout de même le même Patron.

Le judaïsme nous enseigne également que la source de la Lumière et de l’Obscurité sont une seule et même chose, comme nous le disons dans la prière du matin : « Béni sois-Tu, Dieu, Roi de l’univers, qui formes la lumière et crées l’obscurité, qui établis la paix et crées toute chose. » Cette bénédiction trouve sa source dans le livre d’Isaïe 45, 7 : « Je forme la lumière et crée les ténèbres, j'établis la paix et suis l'auteur du mal: moi l'Eternel, je fais tout cela. »

Par ailleurs, l’un des noms traditionnels de Dieu – invoqués tout particulièrement par les mystiques juifs – est HaMakom, littéralement « L’Endroit ». Le message profond véhiculé par ce nom est que le Créateur n’existe pas au sein de l’univers ; c’est plutôt l’univers qui existe en Son sein. Une notion qui n’est pas sans rappeler celle de la Force. Mais la différence conceptuelle fondamentale entre la Force fictive de Star Wars et, léhavdil elef havdalot, la Chekhina, la Présence Divine est que la première et passive et impersonnelle tandis que la seconde est une conscience omnipotente qui intervient activement dans l’histoire humaine, dialoguant avec les Prophètes et accomplissant des miracles jusqu’à ce jour-même.

Alors, si vous regardez le nouvel épisode de Star Wars, dirigé par Jeffrey Jacob Abrams (un nom on ne peut plus juif…) vous serez peut-être à même de relever et d’apprécier le parfum étonnamment juif de l’univers Star Wars.

Joyeux Hanouka et que la Force soit avec vous ! 

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