Société

Encore Et Encore

03/05/2011 | par Lisa Aiken

L'idée qu'un mari puisse être violent envers sa femme est totalement étrangère au judaïsme.

Un soir d'hiver, juste après avoir allumé les bougies de Chabbat, je suis allée rendre visite à ma nouvelle voisine. Je me suis présentée et elle m'a invitée  à entrer dans son salon où nous nous sommes assises et avons bavardé quelques minutes. Sarah semblait âgée d'une trentaine d'années. Elle était charmante, joliment habillée, et lorsqu'elle souriait, on pouvait lire sur son visage une tension sous-jacente. Je compris que Sarah élevait seule ses trois enfants, et je me demandais ce qui avait bien pu se passer pour qu'on lui en ait confié la garde.

" Etes-vous une maman à temps complet ?" demandai-je. " Oui, une maman à  plein temps qui travaille également. Je ne peux pas compter sur mon mari pour payer la pension des enfants qu'il est censé me verser." " Je suis désolée,"dis-je et essayai de changer de sujet. "Où habitiez-vous avant de venir ici ?" " J'habitais à l'autre bout de la ville. J'étais enceinte de mon plus jeune fils lorsque mon mari a perdu son emploi. Il était tellement furieux que j'attende encore un enfant (comme s'il n'avait rien à voir là-dedans) qu'il s'est mis à me donner des coups dans le ventre pour que je perde le bébé. A partir de là, tous les prétextes lui étaient bons pour me battre.

Tous les prétextes lui étaient bons pour me battre.

Lorsque j'étais en retard pour lui servir son petit déjeuner, lorsque je n'avais pas mis la quantité exacte de sucre dans son café, lorsque je lui demandais de ne pas frapper notre fille…il s'imaginait que c'était une manière de m'enseigner quelque chose. " Un jour, j'étais souffrante et je n'avais pas eu le temps de donner ses chemises à laver. J'étais occupée à préparer le repas des enfants tandis qu'il s'habillait pour une sortie en famille. Il fit irruption dans la cuisine et me saisit par les cheveux, puis, tout à coup, me traîna jusqu'à la cuisinière et maintint ma main sur le métal brûlant. " Voilà," dit-il, "ça t'apprendra à ne pas oublier de t'occuper de mes chemises!" " Quelques jours plus tard, ayant postulé pour un emploi qui lui plaisait, il apprit que sa candidature n'avait pas été retenue. Il revint à la maison et me frappa avec une violence telle que tout mon visage était tuméfié. Je ne voyais plus clair et on dut m'emmener aux urgences. Je me retrouvai une deuxième fois à l'hôpital après qu'il m'ait encore brutalisée et là, le rabbin qui faisait fonction de chapelain vint à mon chevet. " Je vous en prie, parlez à mon mari et dites-lui qu'il ne doit pas me battre" suppliai-je le rabbin Goldstein. Il me demanda de lui raconter mon histoire, ce que je fis. Il me dit qu'il reviendrait me voir. " Le lendemain le rabbin Goldstein revint me voir et me dit: "Vous ne devez pas rester avec votre mari. Je vous aiderai de toutes les manières possibles. En attendant, vous pouvez déjà vous installer dans un endroit où vous et vos enfants serez en sécurité" " Quand j'y repense maintenant, je suis reconnaissante au rabbin Goldstein qui m'a sauvé la vie. Je ne regrette pas d'avoir quitté mon mari (nous sommes à  présent divorcés), mais cela n'a pas été facile. Je suis revenue quatre fois vivre avec lui avant de décider que ce n'était plus possible.

Je suis revenue quatre fois vivre avec lui avant de décider que ce n'était plus possible.

Je me disais que j'avais dû  être une mauvaise épouse, sinon, mon mari ne m'aurait pas traitée ainsi. « J'imagine que vous devez trouver ça bizarre, mais je me disais que j'avais dû être une mauvaise épouse, sinon, mon mari ne m'aurait pas traitée ainsi. Pendant longtemps, je pensais que si je faisais exactement ce qu'il voulait, il cesserait de nous violenter. S'il pouvait trouver du travail, il serait plus heureux et ne crierait plus après les enfants. Si seulement j'étais l'épouse parfaite, j'arriverais à résoudre nos problèmes. J'ai mis très longtemps à prendre conscience que si je restais avec mon mari, je gâchais ma vie et celle de mes enfants. " Dans ma communauté, les gens eux aussi s'imaginaient que mon mari était un homme formidable. Pour voir comment ils réagiraient, je racontai à quelques-uns de mes amis qu'avec moi, il n'était pas toujours très gentil, mais la plupart ne me croyaient pas. Il était là, distribuant des bonbons aux enfants, occupant son temps libre à visiter des enfants malades à l'hôpital, toujours prêt à rendre service aux personnes en difficulté. Qui pouvait croire que c'était un monstre à la maison ? " Après notre séparation, je me suis retrouvée très isolée. J'avais été élevée dans l'idée que c'est la femme qui est responsable de la réussite ou de l'échec du couple et de la famille. Si le foyer n'est pas harmonieux, s'il y a des problèmes conjugaux, c'est que la femme n'y met pas assez du sien, ou ne fait pas ce qu'il faudrait faire pour éliminer les tensions. On ne m'avait jamais dit qu'il y a dans ce monde des gens méchants qui se comportent de manière respectable en public et font subir des choses épouvantables à leur femme et à leurs enfants. « Lorsque j'allais dans un lieu public (à des réunions, à la synagogue ou même à l'épicerie), je voyais les regards de mépris que les gens me lançaient. Je les entendais dire dans mon dos, "C'est Sarah, elle a détruit sa famille. Son pauvre ex-mari !

Je les entendais dire dans mon dos, "C'est Sarah, elle a détruit sa famille. Son pauvre ex-mari !

Elle a inventé des histoires tordues sur son compte pour pouvoir lui enlever ses enfants et les garder pour elle seule." " J'ai le cœur brisé de voir que les gens ne me croient pas, et me traitent comme si c'était moi la perverse. Je souffre encore plus de voir que tant de gens pensent que ce monstre est quelqu'un de tellement bien. L'an dernier, il a fait de bonnes affaires et a fait don d'une somme importante à une organisation de bienfaisance locale, alors que mes enfants et moi mangions des sandwiches au beurre de cacahuète pour tout repas, parce qu'il refusait de payer ce mois-là la pension alimentaire." J'ai été doublement blessée. D'abord par mon mari, et ensuite par les membres de ma communauté qui m'ont tourné le dos au moment où j'avais le plus besoin de leur soutien et de leur aide. " Mes enfants et moi nous nous débattons maintenant. Financièrement, c'est difficile de subvenir aux besoins de tous avec mon seul revenu. Le tribunal l'a condamné à me verser une certaine somme tous les mois, mais il s'en acquitte quand bon lui semble, et jamais en temps voulu. J'ai essayé à deux reprises d'intenter une action en justice pour obtenir le paiement de l'arriéré mais je n'ai pas les moyens de débourser des frais d'avocat pratiquement un mois sur deux, sans compter les journées de travail perdues que cela entraîne. D'autre part, je suis épuisée sur le plan nerveux par ses constantes dérobades et par l'isolement où je me retrouve par sa faute. Je pense souvent qu'il vaudrait mieux que je vive en ne comptant que sur moi-même plutôt que de dépendre de lui pour quoi que ce soit. " De nombreuses mères de famille ont dit à leurs enfants de ne pas fréquenter les miens, ce qui fait qu'ils ont du mal à trouver d'autres enfants avec qui jouer. Ils ressentent déjà suffisamment le fait de venir d'un foyer désuni, et maintenant il faut qu'ils assument également cela, par-dessus le marché. Tout ce que je voudrais, c'est pouvoir trouver une certaine normalité pour moi et pour mes enfants. Je me demande si j'y parviendrai un jour."

 

LA TRADITION JUIVE

Différents types de femmes maltraitées se retrouvent dans l'histoire de Sarah. Certaines de ces femmes ont des enfants, d'autres n'en ont pas. Certaines sont juives, d'autres ne le sont pas. Certaines exercent des professions libérales, d'autres ont quitté le lycée avant la fin de leurs études. Certaines sont âgées, d'autres sont jeunes. Certaines sont riches, d'autres sont pauvres. Ce qu'elles ont toutes en commun, ce sont des conditions de vie horribles dont elles se sentent prisonnières. Certaines sont menacées de mort si elles ont la velléité de quitter leur mari. Beaucoup sont tellement terrorisées, déprimées ou désespérées qu'elles maintiennent une relation dont la violence est une composante quotidienne.

Beaucoup sont tellement terrorisées qu'elles maintiennent une relation dont la violence est une composante quotidienne.

Certaines, pour des raisons d'ordre financier, social ou pratique, ne voient aucun moyen de se séparer d'un partenaire qui les maltraite. Si le coupable est un Juif observant, ce n'est pas le judaïsme qui est la source du problème. Tout ce dont ces femmes ont besoin, c'est qu'on les écoute, qu'on les soutienne et qu'on les aide à se reconstruire une vie où la violence ne les menace plus, elles et leurs enfants. Si le coupable est un Juif observant, ce n'est pas le judaïsme qui est la source du problème. Le judaïsme est un mode de vie qui nous apprend à nous comporter à l'imitation de Dieu, depuis notre lever jusqu'à notre coucher. Le problème réside dans le fait qu'une personne qui, de l'extérieur, donne l'impression d'être observante, peut n'avoir intégré que partiellement les enseignements de la Torah. On trouve dans la littérature juive traditionnelle quantité d'histoires qui nous enseignent comment maris et femmes doivent se comporter mutuellement, et qui insistent sur le respect mutuel et l'amour qui sont partie intégrante du mariage. Le Talmud dit, par exemple, que "le mari doit se pencher vers sa femme et l'écouter"

 

Les rabbins du Talmud tenaient leur femme en haute estime, et de nombreux récits viennent en apporter la preuve.

Les rabbins du Talmud tenaient leur femme en haute estime, et de nombreux récits viennent en apporter la preuve.

Ainsi, au deuxième siècle, les plus grands sages d'Israël devaient élire le chef de leur assemblée rabbinique (le Sanhédrin). Ils décidèrent de nommer rabbi Eléazar ben Azariah, en dépit de son jeune âge (il n'avait que 18 ans). Avant d'accepter le poste le plus prestigieux qui soit dans le monde juif, rabbi Eléazar rentra chez lui pour consulter sa femme. Elle lui conseilla de ne pas accepter le poste, parce qu'on ne lui témoignerait pas tout le respect qui lui était dû, en raison de sa jeunesse. Il accepta son conseil. Le lendemain, ses cheveux étaient devenus entièrement blancs. Voyant cela, sa femme lui dit alors qu'en raison du changement intervenu, il pouvait maintenant accepter le poste de chef du Sanhédrin. Ce qu'il fit. Le Talmud (Ketubot 62b; Nedarim 50a) raconte l'histoire de Rachel, la fille d'un homme très riche qui avait épousé un berger nommé Akiba. Son père l'avait déshéritée parce qu'elle avait épousé un ignorant. A l'âge de 40 ans, encouragé par sa femme, il décida d'apprendre l'hébreu afin de pouvoir étudier la Torah. Avec l'accord de sa femme, il partit ensuite étudier dans une yeshiva où il resta 12 ans sans la voir. Alors qu'il revenait chez lui après cette longue absence, il entendit sa femme dire à un voisin qui lui avait reproché d'avoir permis à son mari de rester loin d'elle aussi longtemps,"Si Akiba voulait étudier pendant 12 années de plus, je l'encouragerais encore." Profitant de ce que personne n'avait encore remarqué sa présence, Akiba se hâta de repartir pour la yeshiva. Il y étudia et y enseigna pendant ces douze années supplémentaires. Il revint ensuite chez lui, accompagné de 12 000 "paires" d'élèves qu'il avait formés grâce à sa remarquable érudition. Sa femme voulut se frayer un chemin dans la foule pour venir l'accueillir après sa longue absence, mais elle fut repoussée par quelques-uns des disciples du maître. Akiba s'adressa alors à la foule et dit: "Laissez-la passer. Tout ce que j'ai acquis, et tout ce que vous avez acquis, c'est à elle que nous le devons." En encourageant Akiba à étudier, Rachel avait sauvé le judaïsme en l'empêchant de disparaître à l'époque des persécutions de l'empereur Hadrien. C'est ce même rabbi Akiba, l'un des plus grands maîtres qui aient jamais vécu, qui déclarait que le principe fondamental du judaïsme c'est d'aimer son prochain comme soi-même (Levitique ch19, v18) . "Et qu'entend-on par 'son prochain' ? D'abord et avant tout, c'est sa femme."

 

L'UNITE DES AMES

Le Talmud dit qu'un homme doit aimer sa femme comme lui-même, et l'honorer davantage que lui-même (Yebamot 62b). Les rabbins du Midrash se demandent pourquoi Eve a été créée à partir d'un côté d’Adam. Leur réponse est la suivante: "Si elle avait été créée à partir de la tête d'Adam, elle aurait été hautaine. Si elle avait été créée à partir de son pied, elle aurait été piétinée. Elle a été créée à partir de son flanc (près de son cœur) pour pouvoir être aimée." "L'âme d'un homme est jugée dans le monde futur en fonction de la manière dont il s'est comporté avec sa femme."

"L'âme d'un homme est jugée dans le monde futur en fonction de la manière dont il s'est comporté avec sa femme."

Le grand kabbaliste ‘Haïm Vital disait: "L'âme d'un homme est jugée dans le monde futur en fonction de la manière dont il s'est comporté avec sa femme." La Torah nous dit que la première femme a été créée à partir du corps d'un homme, à la différence du reste de l'univers que Dieu a créé ex-nihilo. Le Raavad, un important commentateur du Talmud du 12ème siècle, explique que le Tout-Puissant a créé la femme à partir de l'homme afin qu'ils vivent en formant une seule entité, dont chacune des parties a besoin de l'autre. Nous lisons dans la Genèse (ch2, v24), immédiatement après la création de la femme: "C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme et ils deviennent une seule chair." Le Raavad écrit (et la loi juive le souligne), qu'une bonne relation entre mari et femme doit se fonder sur des égards réciproques, et sur le fait de traiter son partenaire comme s'il était une partie de soi-même. Il ajoute que l'histoire de la création de l'humanité enseigne à l'homme que le mariage idéal est celui où il considère sa femme comme étant une partie de lui-même, et où il lui accorde autant d'importance qu'il s'en accorde personnellement.

 

Le Talmud et la mystique juive évoquent le mariage comme étant l'union terrestre de deux âmes destinées à se rejoindre. Le judaïsme nous enseigne que le but du mariage est avant tout d'ordre spirituel, bien qu'il s'accomplisse par le biais des sentiments et de l'union physique. Le mariage qui unit l'homme et la femme, et l'amour qu'ils se portent, permet de donner aux êtres humains un aperçu de l'amour que nous porte le Tout-Puissant.

Le Talmud et la mystique juive évoquent le mariage comme étant l'union terrestre de deux âmes destinées à se rejoindre.

Le Talmud et la littérature rabbinique insistent sur les compromis nécessaires pour maintenir une relation pacifique entre mari et femme. Il est même parfois permis de déformer la vérité si l'harmonie du couple devait souffrir d'une trop grande honnêteté. Dieu lui-même a travesti la vérité après que Sarah ait appris d'un messager qu'elle donnerait le jour à un fils alors qu'elle était âgée de 90 ans, et qu'Abraham allait en avoir 100 . Sarah se mit à rire en entendant qu'elle aurait la joie d'avoir un enfant, "alors que mon époux est un vieillard!". Dieu demanda alors à Abraham: "Pourquoi Sarah a-t-elle ri en disant 'Eh quoi! En vérité, j'enfanterais alors que je suis vieille!'" (Genèse ch18, v12-13). Les rabbins en déduisent que, pour Dieu, il était tellement important de ne pas perturber l'harmonie conjugale du vieux couple, qu'il préféra ne pas dire à Abraham que sa femme l'avait qualifié de vieillard! Bien que la Torah nous ordonne de fuir le mensonge, on peut faire une exception si le but est de préserver l'harmonie du foyer.

 

LE MARIAGE ET SES OBLIGATIONS

Le Talmud et la loi juive détaillent les obligations mutuelles du mari et de la femme. Ces lois ont pour but d'apprendre aux époux à se témoigner leur amour et à donner plutôt qu'à recevoir, à l'image de Dieu qui dispense sa bonté sans réserve. La femme doit s'attacher à  nourrir les membres de sa famille tant sur le plan physique qu'affectif. Elle doit également veiller personnellement au bien-être de son mari et de ses enfants. On attend d'elle des "gestes d'amour" prouvant qu'elle s'investit dans son mariage. Une bonne épouse doit également soigner son apparence et rester toujours attirante pour son mari. Quelle est la contribution de l'homme dans le mariage? La Torah nous dit qu'un homme "prend" une femme pour épouse. (Deutéronome ch24,v1), au sens où l'homme "prend" sur lui la responsabilité d'être un époux. Le monde laïque met souvent l'accent sur les droits; le judaïsme, lui, insiste sur la notion de responsabilité. Il est de la responsabilité du mari de pourvoir à la nourriture, aux vêtements, au logement et à tous les objets et ustensiles dont sa femme peut avoir besoin pour la bonne marche de la maison.

Maïmonide écrivait qu'un homme doit se préparer avant de regagner sa maison, afin de rentrer chez lui toujours d'humeur égale.

Etant entendu que toutes ces choses doivent être conformes au standing socio-économique de l'endroit où ils vivent, ou au niveau de vie de l'un ou l'autre époux avant son mariage (on choisira le plus élevé des deux). Le judaïsme considère que les femmes attachent beaucoup d'importance à se sentir en conformité avec le milieu environnant, et il faut éviter de leur donner l'impression que leur mariage les a fait descendre dans l'échelle sociale. Un mari doit aussi passer suffisamment de temps avec sa femme pour parvenir à une relation satisfaisante. La Torah dit qu'il est interdit à un homme de priver sa femme de nourriture, de vêtements ou de relations conjugales en ne s'acquittant pas totalement de ses obligations. La Torah prévoit que les hommes soient dispensés de tout ce qui n'est pas absolument obligatoire la première année de leur mariage afin qu'ils se consacrent au bonheur de leur femme. Cette notion est si importante qu'elle l'emportait même sur les intérêts nationaux du pays (le jeune marié était dispensé d'armée pendant la première année de mariage). La femme juive détient un privilège par rapport à l'emploi du temps de son mari. Il ne doit pas accepter un travail en dehors de la ville où ils habitent si cela doit diminuer le temps qu'il passe avec sa femme, à moins que celle-ci ne lui donne son assentiment. Maïmonide écrivait qu'un homme doit se préparer avant de regagner sa maison, afin de rentrer chez lui toujours d'humeur égale. Il ne devrait jamais faire peser la crainte sur sa famille. Il doit parler à sa femme avec douceur et ne jamais s'emporter contre elle (Mishne Torah , Les Lois du Mariage ch15,v19) Les femmes doivent montrer du respect à leur mari, et elles doivent, en retour être honorées et aimées.

 

LA FORCE PHYSIQUE

L'idée qu'un époux puisse être violent avec son conjoint est totalement étrangère au judaïsme. Nous en avons l'illustration dans l'histoire des deux Israélites qui se disputaient, en Egypte (Exode ch2, v13). Lorsque Moïse, un prince d’Egypte, sortant du palais de Pharaon, vit ces deux Juifs qui se querellaient, il dit au méchant,"Pourquoi frappes-tu ton semblable?" Le Talmud dit (Sanhedrin 58) que l'homme que Moïse avait vu n'avait fait que lever son poing et n'avait pas encore frappé l'autre protagoniste. Il est cependant qualifié de "méchant" alors qu'il n'a fait que menacer l'autre de son poing. Les Juifs se servent de leur voix et non de la force physique pour exprimer leur désaccord.

On ne trouve pas d'exemple dans la Torah ou la littérature rabbinique où il soit permis à un homme de causer un dommage soit psychologique soit physique à sa femme.

Le Talmud dit que Dieu compte les larmes des femmes et les hommes doivent veiller à ne pas causer la moindre peine à leur femme. Rabbi Nahman de Breslav disait, "Si un homme passe sa colère sur sa femme, s'il lui fait honte ou s'il lève la main sur elle, ce qu’à Dieu ne plaise, le Tout-Puissant lui en demandera raison." Un homme n'a pas le droit de frapper sa femme ou de la maltraiter (voir Rabbenou Yonah, Sha'are Teshouva ch3,v77). En fait, le judaïsme a qualifié d'acte criminel le viol conjugal, plusieurs millénaires avant qu’aucune civilisation ou pays occidental ne l'ai fait. On ne trouve pas d'exemple dans la Torah ou la littérature rabbinique où il soit permis à un homme de causer un dommage soit psychologique soit physique à sa femme. Le Talmud dit que Dieu compte les larmes des femmes et les hommes doivent veiller à ne pas causer la moindre peine à leur femme (Baba Metzia 59).

 

LA VIOLENCE CONJUGALE DE NOS JOURS

Nous ne disposons pas de statistiques permettant de connaître la fréquence des violences conjugales dans les foyers juifs avant l'époque moderne, mais il était fréquent que des femmes non-juives cherchent à épouser des hommes juifs car il était communément reconnu que ceux-ci ne battaient pas leur femme. Au fur et à mesure que les Juifs se sont assimilés au monde environnant, le caractère unique de la vie familiale juive s'est peu à peu dilué. La société de nos jours est plongée dans la violence, ce que reflète la culture populaire: télévision, films, livres et jeux vidéos. L'harmonie familiale fait cruellement défaut au monde d'aujourd'hui. Il existe actuellement dans le monde des millions de personnes qui vivent dans une relation marquée par la violence. En Amérique, 20% des couples en viennent à échanger des coups au moins une fois par an. Il est quelquefois évident qu'un des partenaires du couple est violent, mais le plus souvent, il se conduit d'une certaine manière avec ses amis et connaissances et d'une toute autre manière à la maison. Les personnes victimes de violences ont besoin de notre soutien et de notre aide, même si une grande partie d'entre elles persistent à demeurer avec le partenaire ou le parent qui les maltraite. Lorsqu'elles ont le courage de partir, nous devons les aider à retrouver une normalité qu'elles recherchent désespérément, et non pas ajouter à leur sentiment d'isolement et à leur douleur. Si nous les aidons, elles et leurs enfants, en les accueillant dans nos maisons, dans nos écoles, en les faisant participer à nos activités communautaires, nous aurons déjà fait un grand pas dans la bonne direction.

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