Société

Fringuée pour flasher

12/06/2014 | par Jack Abramowitz

Comment donner à nos filles le courage de s’affirmer à travers ce qu’elles sont, et non pas ce qu’elles portent ?

Il y a quelques temps, je suis tombé sur un article du Wall Street Journal intitulé : « Pourquoi laissons-nous nos filles s’habiller ainsi ? » Dans un rare élan de franchise que je ne peux qu’approuver, l’auteure, une dénommée Jennifer Moses, y déplore le fait que tant de parents permettent à leurs adolescentes de s’habiller « comme des prostituées », fin de citation. C'est d’ailleurs un thème qui revient de temps en temps dans la presse, lorsque des affiches agressives ou une ligne de vêtements indécents provoquent un tollé général. Mais ce genre de tempête se calme généralement aussi vite qu’elle n’apparaît… Et nos filles sont les premières à pâtir de ce laxisme général.

Certes, une jeune fille peut retirer une certaine forme d’assurance à s’habiller comme une femme plus mûre. Puisque l’attrait sexuel est une arme, s’habiller « sexy » doit donc procurer un certain pouvoir sur les garçons. Sans compter que ces demoiselles se paient de franches parties de rigolades en observant ces messieurs tourner de l’œil à la vue d’une tenue provocatrice. Même si, cela dit en passant, ce « pouvoir » n’est qu’illusion sur toute la ligne.

Quand elles décrivent ces femmes qu'elles respectent, un point commun ressort : elles ont de la classe. Elles ont de la dignité. Elles inspirent le respect.

Lorsque j’aborde ce sujet avec des adolescentes, je commence par évoquer des femmes influentes. Quand je leur demande de me donner des exemples concrets, voici les noms qui reviennent invariablement : Angela Merkel. Michelle Obama. Christine Lagarde. Hillary Clinton. Des femmes de cette trempe. Et quand elles décrivent ces femmes qu'elles respectent, un point commun ressort immanquablement : ces dames ont de la classe. Elles ont de la dignité. Elles inspirent le respect. 

À l’inverse, les célébrités comme Lady Gaga ou Béyoncé ont beau être riches, populaires voire même divertissantes. On peut avoir envie de se comporter comme elles ou même de les imiter, mais ce qui est certain, c’est qu’elles n’inspirent aucun respect. Elles ont du talent, elles ont de l'argent, et elles peuvent obtenir à peu près tout ce qu’elles désirent. Mais l’attrait qu’elles exercent n’est que superficiel. Et quand un homme les regarde, ce n’est pas sur leurs yeux qu’ils posent les siens…

Article lié : Au-delà de la surface : un regard profond sur la pudeur

Ne me méprenez pas ; il n’y a strictement aucun mal à soigner son apparence. Personne n’a jamais accusé Angela Merkel ou Michelle Obama d’être mal fagotées. Mais entre être bien mise et jouer les danseuses de bar, il y a tout un monde.

Dans le livre des Psaumes (45, 14), le roi David nous enseigne que l’honneur d'une princesse émane de son for intérieur. Une princesse n’a pas besoin de mettre le paquet pour épater la galerie. Elle attire l’attention générale en raison de la richesse intérieure qu’elle exhale. Ce qu’elle a à dire vaut la peine d’être entendu. En bref, quand on lui adresse la parole, c’est dans les yeux qu’on la regarde et pas ailleurs…

Pour le judaïsme, toutes les jeunes filles sont des princesses. C'est là le fondement de notre approche face à la pudeur, l'idéal juif quant au comportement et à l'habillement.

Mais si le fait de s’habiller de manière provocante dans le but de faire tourner la tête aux garçons ne constitue pas un pouvoir, qu’est-ce donc le vrai pouvoir ?

Le vrai pouvoir c’est de savoir dire non. C’est de refuser de céder aux diktats de la mode simplement parce que « c’est la mode ». La pression sociale est la force la plus dominante dans l’univers d’une adolescente, et la capacité à y résister est le comportement le plus courageux, le plus héroïque qu’une jeune fille puisse manifester. Il incombe donc à chaque parent de donner les outils à sa fille pour rester fidèle à ses convictions, même lorsque son entourage commence à vaciller.

Il y a plus à craindre pour un parent que de passer pour un hypocrite, c’est d’être trop permissif.

La capacité de résister à la pression sociale est le comportement le plus courageux qu’une jeune fille puisse manifester.

Dans son article, Jennifer Moses analyse les différents facteurs qui expliquent la difficulté des mères à empêcher leur fille d’acheter des tenues provocantes. (Souvent, ce sont elles-mêmes qui vont leur acheter ces tenues, ce qui, avouons-le- dépasse largement l’approbation tacite !) La raison numéro 1 est que ces mères font elles-mêmes partie de cette première génération des femmes « émancipées ». La révolution sexuelle à laquelle elles ont participé, permise par l'accès inédit aux contraceptifs oraux, avait largement élargie les perspectives  de leur propre vie sexuelle. Refuser à leurs filles l’accès à cette « liberté » serait prendre le risque de passer pour ce qu’il y a de pire : une hypocrite !

Entre vous et moi, il y a des choses bien pires pour un parent que de passer pour un hypocrite. Comme par exemple, être trop permissif.

Jennifer Moses témoigne d’ailleurs dans son article que parmi les femmes interrogées sur le sujet, aucune n’a déclaré qu’elle aurait souhaité « élargir encore davantage ses expériences sexuelles ».

Après des dizaines d’années d’intervention auprès d’adolescentes, j’en suis venu à la même conclusion. Mais plutôt que de nous résigner à cette conclusion « inéluctable », n’est-il pas de notre devoir de partager avec nos filles les avantages de notre expérience ? Certes, nos enfants feront leurs propres erreurs sur la route qui mène à l’âge adulte, c’est bien ainsi que l’on grandit. Mais sachant bien qu’ils vont trébucher sur les obstacles, il nous incombe pour le moins de ne pas les aveugler, les étourdir ni les jeter dans la gueule du loup. Notre devoir est de leur faire prendre conscience du danger. Et s’ils n’écoutent pas nos mises en garde, nous aurions au moins fait notre possible.

Et puis qui vous dit qu’ils n’écoutent pas ? Ils vont peut-être vous faire les gros yeux, quitter la pièce en claquant la porte, ou hurler à la rébellion, mais ne nous laissons pas impressionner : dans le fond, nos enfants nous écoutent. Certes, ils ne l’admettront jamais, mais ce que nous disons laisse une trace.

Et ce que nous négligeons de dire laisse une trace encore plus profonde.

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