Société

Héros

04/03/2013 | par Berel Wein

Les Juifs ont toujours honoré leurs héros, qu’ils soient bibliques ou non, en gardant à l’esprit qu'ils étaient avant tout des êtres humains, avec ce que cela comporte d’erreurs et d'échecs.

Chaque nation et chaque culture se doivent d’avoir des héros qui servent de symbole et d’inspiration. Et parfois, lorsqu’il n’existe aucune figure héroïque dans l'histoire d'une nation, il faut en inventer sous les traits de personnages de légende ou de littérature épique pour combler ce vide. Roland, Achille, Nathan Hale et le Soldat Inconnu ne sont que quelques exemples de héros créés d’une telle nécessité. La plupart des héros, n’étant que de simples mortels, ont en réalité des pieds d'argile et sont donc soumis à la démystification et le type de révisionnisme historique dont nos professeurs et académiciens modernes sont tellement friands.

Les héros du sionisme à ses débuts, de Herzl à Weizmann, en passant par Trumpeldor et même Ben Gourion ont vu leur stature héroïque diminuée sous le regard d’érudits intellectuels et de suppositions parfaites émises grâce au recul de ces dernières années. Ainsi, d’une certaine  mesure, l'Etat d'Israël se retrouve avec très peu de héros dont la réputation demeure sans tache, voire respectés. Ceci est certainement un facteur négatif qui peut contribuer à l’abaissement du moral d’une nation et créer un sentiment déprimant de vide historique.

Le peuple juif a mis au point un système qu’il a perfectionné à travers les âges et qui permet l’appréciation de ses héros, même en percevant leurs imperfections ou leurs défauts. Tous nos héros sont humains et nous savons que les humains peuvent commettre des erreurs ou des péchés. Ce fait permet la représentation fidèle et la description précise des héros juifs tout en leur conservant leur stature héroïque.

La Bible abonde de ce genre de héros: ceux qui ne sont pas exemptes d'erreurs et de décisions  tragiques et qui pourtant ont su conserver leur place sur le piédestal des héros d'Israël. Ceux qui viennent les premiers à l’esprit sont tout naturellement Moché et David, mais aussi beaucoup d'autres - Guideon, Yiftah, les rois Saül et Salomon, et les Hasmonéens qui vinrent plus tard ; tous  entrent dans cette catégorie.

La Torah et plus particulièrement le Talmud  porte un regard nuancé sur les gens, prenant en compte le bien qu’ils ont commis, les meilleures actions de leurs vies, leurs traits de caractères positifs. Souvent, c'est le repentir du pécheur et son désir de réparer ses erreurs qui sont considérés comme plus héroïques encore que celui qui n’aurait pas péché. Le Talmud attribue un statut plus élevé au Paradis à ceux qui se sont repentis qu’à ceux qui n'ont jamais péché.

Un héros humain décrit sans concession est beaucoup plus utile qu'un héros imaginaire, parfait, un être saint, pur et sans faille.

Les Juifs ont toujours honoré leurs héros, qu’ils soient bibliques ou autres, en gardant à l’esprit  qu'ils étaient avant tout des êtres humains,  avec ce que cela comporte d’erreurs et d'échecs. Un héros humain décrit sans concession est beaucoup plus utile qu’un héros imaginaire, parfait, un être saint, pur et sans faille. Tout le monde peut s'identifier au premier, tandis qu’avec le second, il est difficile pour une personne ordinaire de se sentir concernée et d’y voir une application pratique dans sa propre vie.

Les grands sages d’'Israël érudits de Torah sont presque toujours devenus des héros populaires aux yeux du peuple juif. Ils étaient auréolés d’histoires légendaires, même du tant de leur vivant et certainement davantage après leur mort. Ces histoires illustrent toujours leurs qualités positives, leurs bonnes actions et leur grande connaissance de la Torah. Par exemple les vies de Rachi, Rambam, Rabbi Yossef Caro, Rabbi Moché Isserles, le Gaon de Vilna et le Baal Chem Tov sont connues de tous et sont rentrées à jamais dans la légende juive et sa liste de héros. Leurs vies et leurs actions sont  devenues un trésor chéri par tout Israël et leur présence héroïque aux cotés du peuple juif et dans sa mémoire a largement contribué  à sa survie durant la nuit noire de son long exil. Bien que par la suite, certains érudits ont pu être en désaccord avec certaines de leurs interprétations de la Torah ou ont pu critiquer certaines de leurs actions ou décisions prises au cours de leurs vies,  leur statut de héros juifs aux yeux du peuple juif n’en a jamais réellement été affecté. Pris dans leur ensemble et non pas disséqués au microscope comme c'est actuellement la mode dans les milieux universitaires, ils apparaissaient comme une source d'inspiration humaine légitime pour des générations de Juifs dispersés sur la surface du globe.

Le judaïsme ne canonise pas les gens, ni n’exige de ses héros la performance de miracles. Mais il exige d’eux une moralité et un respect de ses commandements.

Cette exigence d'un comportement de bonne moralité et la nécessité de se repentir pour tout écart dans ce domaine, facteurs indispensables pour être considéré comme un héros juif, se retrouvent dans la bénédiction récitée avant la Haftara - la lecture des Prophètes qui conclut la lecture de la Torah le Chabbat : "Béni sois-Tu, Seigneur notre Dieu, Qui a choisi les prophètes qui sont de bonnes personnes ..." Il y eut des prophètes comme  Bilaam qui ne furent pas de bonnes personnes. Au siècle dernier, un célèbre théologien non-juif était un coureur de jupons. Cela ne sembla pas affecter sa position comme un des théologiens les plus en vue de l’époque. Nous vivons désormais dans une société qui refuse de reconnaître que la vie privée des gens influe sur leurs décisions en tant que personne publique. La permissivité n’engendre guère les héros ; or, nous avons désespérément besoin de héros.

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