Société

Hiroshima, la Maison Blanche et Israël

17/05/2016 | par rabbin Benjamin Blech

Pas d’excuses au Japon. Tel sera le mot d’ordre de la visite historique d’Obama à Hiroshima. Car pour les États-Unis, ceux qui provoquent une guerre doivent en payer le prix. Sauf quand celle-ci est dirigée contre les Juifs…

Ce mois-ci, pour la toute première fois, un président des États-Unis en fonction visitera Hiroshima. Plus de 70 ans se sont écoulés depuis le début de l’ère atomique, quand le président Harry Truman prit la décision d’employer cette nouvelle arme de destruction massive contre les villes d’Hiroshima et Nagasaki. L’objectif fut de mettre un terme immédiat à la guerre, une guerre déclenchée quatre ans auparavant par les Japonais avec leur attaque surprise contre Pearl Harbor.

Peu après, le Japon se rendit sans condition. Une longue et sanglante bataille terrestre fut évitée, et des dizaines voire des centaines de milliers de forces alliées furent sauvées d’une mort quasi-certaine.

Mais le bilan des pertes civiles fut une tragédie indescriptible. À Hiroshima, le nombre de victimes oscille entre 90 000 et 150 000, et entre 40 000 et 80 000 à Nagasaki. La plupart des victimes furent tuées le premier jour. Quant au reste, elles succombèrent au cours des mois suivants aux effets des brûlures, des radiations ou d’autres blessures, auxquelles s’ajoutaient la maladie et la malnutrition.

Le premier – et à ce jour le dernier – usage de bombes atomiques mit un terme immédiat à une guerre barbare mais ce, à un coût terrible.

Comment détermine-t-on le juste équilibre moral entre deux forces en jeu ? Le premier – et à ce jour le dernier – usage de bombes atomiques mit un terme immédiat à une guerre barbare mais ce, à un coût terrible. Les historiens ainsi que les théologiens continuent de débattre de ce problème. Ce qui rend la question d’autant plus difficile à résoudre est l’énormité du nombre d’innocents qui périrent.

Mais à la veille de la visite historique du président Obama à Hiroshima, la Maison Blanche a bien précisé qu’elle ne présenterait aucune excuse. Avec le recul, arguent-ils, les États-Unis ont fait ce qu’ils devaient faire. La guerre est un enfer. Nul ne prétend le contraire. Des innocents meurent dans les deux camps. Ceux qui, comme le Japon, ont clairement manifesté leur intention de détruire un autre pays doivent être prêts à en subir les conséquences. Des civils sont morts à Hiroshima et Nagasaki parce que les États-Unis ont accordé une plus grande importance à la vie et au bien-être de leurs propres citoyens qui furent victimes d’un peuple belliciste.

« Pas d’excuses au Japon » est le gros titre de l’Amérique au monde. S’il faut faire le choix entre nous et eux, la mort de victimes civiles collatérales est un mal triste mais nécessaire.

Pourtant, pour une raison ou pour une autre, cette politique semble perdre de sa légitimité quand il est question d’Israël en particulier.

Israël, lui aussi, a aujourd’hui la possibilité de déployer une bombe atomique contre ses ennemis. Il ne l’a jamais fait, et ne le fera jamais si ce n’est en réaction à une destruction totale. Ce qu’Israël a fait quand il a été attaqué par Gaza – une ville volontairement cédée aux Palestiniens pour essayer de jauger si le fait de mettre fin à l’occupation ou d’accorder leur autonomie aux Palestiniens augmenterait les chances de parvenir à la paix – a été de faire preuve de retenue face aux attaques continues et injustifiées de missiles pendant plus de deux ans. Quand les militants de Gaza ont finalement déclaré la guerre et annoncé ouvertement à travers leur charte leur volonté de mettre un terme à l’existence d’Israël, Israël a riposté. Il a bombardé les cibles à partir desquelles les Palestiniens tiraient leurs missiles, des lieux sciemment situés dans des zones civiles, à proximité d’écoles et d’hôpitaux, cela afin d’augmenter les pertes civiles.

Jamais dans toute l’histoire des efforts aussi élaborés n’ont été entrepris pour empêcher la mort de la population civile entourant des soldats engagés au cœur d’activités hostiles à l’encontre des civils israéliens.

Israël a littéralement inventé de nouvelles méthodes pour diminuer le nombre de morts de ce peuple-même qui souhaite sa destruction. Ainsi, avant de bombarder des zones considérées comme cibles militaires, l’armée israélienne avertit les civils de quitter les lieux au moyen d’appels téléphoniques, de SMS et de tracts. Des raids contre des ennemis et dirigeants officiels ont été annulés s’il s’est avéré que des femmes et des enfants innocents risquaient d’en être également victimes. Jamais dans toute l’histoire des efforts aussi élaborés n’ont été entrepris pour empêcher la mort de la population civile entourant des soldats engagés au cœur d’activités hostiles à l’encontre des civils israéliens.

La réponse de John Kerry, le secrétaire d’État américain ? Israël devrait fournir davantage d’efforts pour protéger ses ennemis. Après tout, il semble y avoir davantage de pertes palestiniennes qu’israéliennes, comme si les Juifs devaient apaiser le monde en augmentant le bilan de leurs morts, s’ils refusent d’endosser le rôle de victimes qui leur a été attribué au fil des siècles  ! La réponse des Nations Unies ? Israël devrait être traduit devant la Cour internationale de justice et un tribunal international pour ses efforts illégaux et immoraux de se défendre des missiles pleuvant sur ses villes en provenance d’une Gaza assiégée et « occupée ».

En ce moment même, tandis que Gaza détourne le ciment qu’elle devrait employer à sa reconstruction pour construire des tunnels débouchant sur Israël plus nombreux et plus sophistiqués, des tunnels par lesquels elle espère mener une guerre fidèle à sa promesse de détruire Israël, l'État juif demeure internationalement condamné comme un agresseur.

Tout cela pendant que les États-Unis réaffirment qu’ils ne doivent aucune excuse au Japon pour la mort de près d’un quart de millions de citoyens – parce que la guerre c’est la guerre et que ceux qui la provoquent doivent en payer le prix. Un principe auquel le monde semble adhérer pour tous – à l’exception des Juifs.

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