Société

Travailler pour Dieu à Hollywood

12/06/2012 | par Aish.fr

Je suis doué pour raconter des histoires drôles en 22 minutes. Je peux choisir d’y joindre de la sainteté, ou non.

Il y a environ sept ans, j'assistais à un service de Shabbat matin dans un temple où des séances de travail étaient organisées en petits groupes sur des sujets divers. J'ai choisi un groupe de discussion intitulé «Trouver un sens au travail."

Je me souviens d'un cercle constitué d’environ une douzaine d'hommes et de femmes d'âges différents et ensuite je me souviens que nous avons tous été invités à dire ce que nous faisions pour gagner notre vie. La personne qui a commencé était un homme d’à peu près quatre-vingt ans, qui a déclaré qu'il était l'un des architectes de la bombe à hydrogène. Il nous a raconté que jusqu’à aujourd’hui, il avait du mal à dormir, sachant qu'il était en partie responsable d'une arme capable d’une destruction apocalyptique. La seule chose qui le réconfortait, c’était la pensée que peut-être la création d'une telle arme avait contribué à provoquer un effet dissuasif pour ne jamais avoir à l'utiliser.

Prochaine étape - et je vous promets que c'est vrai – C’était un homme dans la cinquantaine qui avait travaillé pour un entrepreneur de la défense dont le travail était de développer un système aérien de lancement de missiles vecteurs d'armes nucléaires. Les deux messieurs ont eu beaucoup à partager - cauchemars et rationalisations sur la façon dont leurs emplois ont finalement conduit à la paix. Notre petit cercle était très sympathique grâce à ces deux hommes, se donnant des tapes sur le dos, au sens propre comme au figuré, pour montrer leur volonté de partager leur douleur.

Puis ce fut mon tour. "Bonjour, mon nom est Jeff Astrof et j'écris des séries télévisées pour gagner ma vie."

J'ai été accueilli par un concert de huées.

Incroyable! Il y avait là deux hommes assis à ma gauche, qui pourraient être responsables de l'Armageddon et c’est moi qui me faisais déchirer pour avoir écrit des blagues!

Je ne me souviens pas comment le reste de la discussion s'est déroulé, je crois me rappeler que j’ai dit que j’avais trouvé un sens à mon travail en étant capable de faire rire les gens, ce qui est absolument vrai. En fait, un membre de cette même congrégation m'a dit une fois qu'un des épisodes de "friends" que j'avais écrit avait fait rire un bon ami à lui pendant qu’il faisait sa chimiothérapie. Je suis sûr que le type qui a inventé la bombe H n’a jamais pu réussir cela.

Depuis, ma femme et moi avons eu deux enfants en bonne santé (Dieu merci) et nous sommes tous deux devenus des juifs pratiquants très impliqués dans notre communauté orthodoxe. Et je suis toujours scénariste de sitcom.

Maintenant, il y a beaucoup de gens qui trouvent qu’être Juif pratiquant estincompatible avec l'écriture de sitcoms. Tout d'abord, il y a le défi présenté par le respect du Shabbat; de nombreux films et séries sont visionnés le vendredi soir et il y a toujours à ce moment-là un fort sentiment de camaraderie qui est rompu lorsque vous dites à vos collègues scénaristes juifs non-pratiquants que vous devez partir à trois heures de l'après-midi un vendredi d'hiver alors qu'ils devront, eux, rester jusqu'à près de minuit, ou que vous avez besoin de prendre un congé pendant pratiquement tout Septembre ou Octobre pour observer une fête dont ils n'ont jamais entendu parler. Aujourd’hui, c’est même encore difficile pour moi de demander congé pour Chemini Atseret en gardant un visage impassible. Mais, Dieu merci encore une fois, j'ai eu la chance de travailler pour des gens qui ont été d'accord avec ça - en particulier des non-juifs. Il y a également d'autres défis qui incluent celui de vivre dans un environnement qui peut devenir vulgaire ou médisant. J'essaie de faire de mon mieux pour ne pas me livrer à cela (si vous entendiez les ragots ...), mais, hum, je m'égare.

J'ai récemment été confronté à brûle-pourpoint au paradoxe apparent d'être un marchand de divertissement profane, tout en s'abstenant de manger Tareif.J'ai été interviewé par un magazine qui s'adresse à l'univers religieux pour parler d'un cours de Torah que certains autres "types" d'Hollywood et moi avions suivi. Ca faisait environ 20 minutes que l'entrevue avait commencé lorsque l'intervieweur a lancé sa question à un million de dollars : "Quand pensez-vous que votre pratique vous forcera à cesser d'écrire des scénarios pour la télévision?"

Je voudrais être un exemple de la façon dont on peut imprégner son travail de sens.

Je me suis immédiatement revu avec les gens de ce cercle qui pensaient que ce que je faisais était plus destructeur que des armes nucléaires. Je raconte des blagues, je ne suis pas colporteur de pornographie! J'ai fait une pause, puis j’ai répondu quelque chose comme, «si Dieu le veut, jamais. C'est ce que je fais. Et plutôt que de laisser mon travail définir qui je suis, je veux être un exemple de comment on peut imprégner son travail de sens." Avec le recul, je ne pense pas avoir utilisé le mot "imprégner", mais si je ne l’ai pas fait, j’aurais souhaité l’avoir fait.

Un rabbin de mes amis, le rabbin David Aaron de Isralight, raconte l'histoire d'un scénariste qui, avant de s'asseoir pour écrire un scénario, demandait à Dieu de "l'utiliser" comme un outil. J'ai été tellement inspiré par cette histoire que j'ai commencé à dire une prière tous les matins avant d'aller au travail: «Dieu, s'il te plaît : rends moi marrant aujourd'hui. Rends-moi intelligent et créatif. Rends-moi un bon leader et un bon suiveur. Et s'il te plaît surtout ne me fais pas faire quelque chose de mauvais pour les Juifs. "

La plupart du temps ça marche. A ce niveau, j’imprègne mon travail de spiritualité - je l’imprègne de sens - et je blague en l'attribuant au Créateur. De la même façon que je dis une bénédiction sur mon petit déjeuner, j’essaie d’ajouter un peu de sainteté dans les mots que, nous l'espérons, des millions de personnes entendront. Cela ne veut pas dire que chaque plaisanterie que j’écris est la meilleure tentative d’humour de Dieu, croyez-moi, j'ai écrit quelques plaisanteries un peu lourdes qui n'ont certainement pas pu venir d'en haut. Mais Il m’a donné une idée de perspective dans mon travail.

Je ne prétends pas que mon travail est aussi important que celui d’un rabbin, d'un érudit de la Torah ou bien de quelqu'un qui dirige un centre de traitement de la toxicomanie. En fait, si vous demandez à une personne, au hasard dans la rue, une liste des 100 emplois les plus importants dans le monde, commençant par la lettre «s», scénariste sitcom ne serait probablement pas en tête de liste. Mais c'est ce que je fais de mieux.

J'ai récemment participé à un séminaire parental NCSY et l'un des rabbins nous a dit, "Si vous voulez savoir ce qu'est votre but dans la vie : cherchez dans quoi vous êtes bon." Puisque je suis bon à raconter des histoires en 22 minutes. Je peux décider d’y joindre de la sainteté, ou non. Je décide d'opter pour la sainteté parce que lorsque je vais décider d’impliquer Dieu, il rendra automatiquement mon travail plus important.

En mangeant casher, en partant plus tôt le vendredi, en mettant une casquette de base-ball pour couvrir ma tête tous les jours tout en racontant des blagues stupides, j’accomplis l'œuvre de Dieu. Et rien n'a plus de sens que cela.

(Je tiens à remercier Dieu de m'avoir aidé à écrire cet article. Toutes les fautes de frappe sont les miennes.)

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