Société

Une nouvelle ère dangereuse en Europe

26/05/2014 | par Aish.fr

La tuerie de Bruxelles, combinée à la victoire de l'extrême-droite aux européennes, annonce un avenir funeste.

Cet article a paru sur le site i24news.

A la suite des conclusions choquantes de la plus vaste enquête jamais réalisée sur l'antisémitisme dans le monde, il serait aberrant d'ignorer la tuerie de vendredi à Bruxelles, ainsi que la violente agression de deux frères juifs à Créteil, en banlieue parisienne, alors qu’ils se rendaient à la synagogue.

Avec plus d'un quart de la population adulte qui affirme avoir des "opinions profondément antisémites," ces incidents peuvent difficilement être considérés comme surprenants, et semblent surtout confirmer la gravité que revêtent les statistiques de l'enquête réalisée par l'Anti-Defamation League américaine.

Cependant, quand on regarde de plus près le nombre de personnes interrogées dans chaque pays, ainsi que certaines des questions posées, on peut émettre des doutes quant à la validité des conclusions et leurs implications concrètes.

À cet égard, l'ampleur de l'enquête pourrait bien être une partie du problème. Comment des pays comme le Laos et la Tanzanie, qui n’ont jamais abrité de communauté juive organisée significative, peuvent être comparés à la France ou l'Allemagne, où la présence des Juifs remontent à plusieurs siècles ?

Le fait même que 70% des personnes considérées comme antisémites par l'enquête n’aient jamais rencontré un Juif, que moins de la moitié des personnes interrogées aient entendu parler de la Shoa, et que les deux tiers n'aient jamais entendu parler de l’Holocauste, ou ne croient pas en son existence, amène à se questionner sur les implications significatives de ces statistiques sur la lutte continue contre l'antisémitisme.

Autre statistique étrange : l’Iran est classé comme le pays le moins antisémite au Moyen-Orient, ce qui indique clairement une faille majeure dans l’enquête qui n’identifie pas le danger évident posé par les sentiments anti-juifs : le lien entre ces sentiments et le pouvoir politique.

S’il y a bien une chose que nous avons appris au siècle dernier, c’est que la menace qui pèse sur l’existence juive est en proportion directe avec le pouvoir politique exercé par les antisémites.

À cet égard, le pourcentage élevé de personnes ayant des opinions antisémites dans le monde musulman est particulièrement dangereux, car l'animosité anti-juive est le fondement idéologique de la politique gouvernementale dans ces pays. De toute évidence, la manière dont ce problème doit être traité est différente de la façon dont ces questions ont été abordées ces dernières années en Europe, où jusqu'à récemment, les propagateurs de l'antisémitisme n’ont pas eu accès au pouvoir.

Cependant tout cela pourrait changer si les élections européennes de ce week-end sont effectivement le reflet fidèle de l'opinion publique.

Avec les partis d’extrême droite qui enregistrent des scores spectaculaires, et pas seulement en France, nous pourrions assister au début d’une nouvelle ère politique, dans laquelle les partis ouvertement antisémites pourraient pour la première fois intégrer des coalitions gouvernementales. Ceci engendrerait scénario extrêmement dangereux pour le futur des communautés juives d’Europe.

En Hongrie, le parti de Jobbik ressasse le vieux discours antisémite traditionnel, selon lequel les Juifs ont trop de pouvoir, contrôlent le monde, les marchés financiers et/ou les médias ; en Europe de l’Ouest, l'antisionisme est de plus en plus à la mode (ainsi que le soutien publique au régime des Ayatollahs à Téhéran), Aube Dorée en Grèce, le Front national en France… Eux et tous les partis néo-fascistes dont la popularité a surgi dernièrement dans le sillage de la récession, sont des signes avant-coureurs déjà clairement identifiables.

À cet égard, la tuerie de Bruxelles et l’agression de Créteil pourraient bien être des actes précurseurs d'une nouvelle ère, dans laquelle les comportements antisémites analysées par l’ADL auraient quelque chose de beaucoup plus dangereux et mortel, et pour cette raison, ces conclusions bien qu’imparfaites, doivent toujours être prises au sérieux.

Dr. Efraim Zuroff est le chef des chasseurs de nazis du Centre Simon Wiesenthal et le directeur du bureau du Centre en Israël. Son livre le plus récent est : Opération Dernière chance ; la quête d'un homme à traduire les criminels nazis en justice. Son site web est : www.operationlastchance.org et il peut être suivi sur Twitter @EZuroff

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