Israel

Attentat de Sbarro, une douloureuse rétrospective

11/08/2015 | par Menou'ha 'Hana Levin

Ils ont perdu leurs parents, leurs frères et sœurs ou leur conjoint dans cet attentat sanglant en plein cœur de Jérusalem. Refusant de céder au désespoir, ils ont choisi de donner un sens à leur douleur.

Jeudi 9 août 2001, 20 Av, est une journée d’été typiquement chaude à Jérusalem.

À 14h, la célèbre pizzéria Sbarro, située au croisement très fréquenté de la rue King George et la rue Jaffa, est bondée de clients, pour la plupart des femmes, des adolescents et des jeunes enfants.

Inaperçu, un terroriste arabe s’introduit dans le restaurant, son étui de guitare bourré d’explosifs mortels truffés de clous, de vis et d’écrous. Quelques secondes plus tard, Sbarro vole en éclats, et par la même, les vies de nombreuses familles.

Un témoin décrit l’atroce scène :

Il y a eu une détonation si forte que j’étais persuadé que le monde était en train de s’écrouler, puis des tonnes de débris de verre ont explosé de partout. Il y avait des cris et du sang, des gens qui couraient et d’autres morts sur le coup. Des petits enfants réclamaient leurs mamans en criant, et il y avait plein de sang de partout, c’était vraiment le chaos. Je me souviens d’avoir vu un homme recouvert de sang, d’une petite fille aux cheveux longs enchevêtrés de sang et de débris de verre, et de l’odeur de la fumée, des explosifs et de la chair humaine entremêlées.

Quinze innocents sont assassinés. Parmi eux se trouvent Morde’haï et Tzira Schijveschuurder, originaires d’Hollande, et trois de leurs enfants, Raaya, 14 ans, Avraham Its’hak, 4 ans et ‘Hemda, 2 ans. Deux autres de leurs filles, Léah, 11 ans et ‘Haya, 8 ans, sont grièvement blessées.

La petite ‘Haya se souvient de cette terrible journée :

La dernière fois que j’ai vu mon petit frère Avraham Its’hak, il était étendu sur un brancard dans une ambulance. Son visage était recouvert d’un bandage. Il avait quatre ans. Après l’explosion, j’ai couru aussi vite que je le pouvais. Je ne regardais pas devant moi. Je cherchais simplement à m’enfuir. Un secouriste m’a fait monter dans une ambulance et c’est là que j’ai vu Avraham Its’hak pour la dernière fois de ma vie.

Après cela, ils m’ont conduit à l’hôpital sur un brancard, et j’ai dû subir une opération pour me faire retirer les écrous qui avaient pénétré dans mon foie et ma jambe. J’ai vu une pancarte sur la porte où il était écrit : « Bloc opératoire » et j’ai éclaté en sanglots. Mes frères sont venus me rendre visite revêtus de chemises déchirées. Je leur ai demandé : « Pourquoi vos chemises sont-elles déchirées ? » mais ils ne voulaient pas m'annoncer que nos parents étaient décédés. Mes frères n’étaient pas venus avec nous au restaurant. Ils m’ont retrouvée en première. Après cela, ils ont appris que ma sœur et mon petit frère étaient morts. Ma petite sœur avait toujours été une fille très joyeuse. Je me souviens si bien d’elle. Elle passait son temps à rire. Mes parents non plus ne sont plus de ce monde. Mais bientôt Machia’h viendra et tous les gens qui sont morts, tous les gens qui ont péri dans les guerres ou les attaques terroristes, reviendront à la vie.

Le premier ministre Ariel Sharon se rend à l’hôpital pour rendre visite aux enfants survivants de la famille Schijveschuurder. Quand il demande à Chevouël, un adolescent de 17 ans s’il peut faire quelque chose pour eux, le jeune homme lui suggère d’observer le Chabbath suivant pour l’élévation de l’âme de ses parents et frères et sœurs assassinés. Très surpris par cette requête, le premier ministre promet d’essayer.

Selon les informations, Ariel Sharon tient sa promesse. Le premier ministre observe le saint jour de repos de son mieux pour la première fois de sa vie.

Il renonce à sa ronde habituelle d’activités officielles et d’affaires politiques. Il ne répond pas au téléphone et n’effectue aucun déplacement.

Une autre victime de ce terrible attentat est la jeune Malki Roth, une lycéenne de 15 ans, dynamique et enjouée

Durant la dernière année de sa vie, Malki, une talentueuse musicienne et joueuse de flute, avait composé les paroles et la musique d’une chanson qu’elle avait prévue de soumettre lors d’un concours musical scolaire. Bien qu’elle ait terminé la chanson et l’ait déjà apprise à ses amies, elle ne la soumet pas à temps pour le concours. Comme la plupart des adolescents, elle pense sans doute avoir tout son temps pour le faire.

Sa famille n’apprend l’existence de cette composition que lorsque ses camarades de classe l’évoquent durant la semaine des Chiva. Dans un formidable élan de compassion, les amies de Malki font le tour d’Israël durant la semaine de deuil pour enseigner la chanson de Malki à des centaines d’enfants et d’adolescents dans les centres aérés et colonies à travers le pays. Depuis, les paroles et la musique de sa chanson continuent d’être diffusés grâce à un réseau d’amis en Israël et dans d’autres pays.

Chir Hasim’ha (Le chant de la joie) est une chanson entraînante et optimiste, comme l’était d’ailleurs sa compositrice.

Nous avons tous une place dans le monde futur
Et c’est déjà une bonne raison d’être heureux
Nous avons tous une étincelle et un commencement
Et c’est déjà une bonne raison d’être heureux
Tu vis, tu respires, tu bouges
Voilà un bon début
Nous avons tous un chemin pour arriver
Et nous avons tous un chemin pour repartir
Nous avons tous de l’espoir et un futur
Et une place dans le monde futur

En hommage à la brève existence de Malki, ses parents, Arnold et Frimet Roth ont créé la Fondation Keren Malki qui assiste les familles ayant des enfants aux besoins particuliers. Inspirée par sa sœur elle-même affectée d’un handicap sévère, Malki se consacrait au soin des enfants en situation de handicap.

Chochana Greenbaum, une fille unique et une enseignante dévouée, est aussi tuée dans l’attentat. Le bilan officiel des pertes humaines ne fait pas état de son bébé à naître, qui aurait été l’aîné des Greenbaum.

En dépit de sa douleur, son mari Chmouël Greenbaum prend sur lui de propager la gentillesse qu’avait incarnée sa femme défunte.

Il réunit un groupe d’amis pour trouver un moyen de rendre le monde meilleur, et c’est ainsi que voit le jour une newsletter quotidienne appelée « Une dose quotidienne de bonté ». Envoyée au départ à 150 participants, cette publication en ligne compte désormais des centaines de milliers d’abonnés.

En dépit de leur chagrin incommensurable, les familles endeuillées ont eu le sentiment qu’elles devaient transformer la cruauté dont elles avaient souffert en des actes de compassion, donnant ainsi un sens à leur douleur. Leur courage est une incroyable source d’inspiration pour nous tous.

Puisse le souvenir de ceux qu’ils ont aimés et qu’ils ont perdus nous encourage à mener une vie plus engagée et emprunte de sens.

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