Éducation

Ce que dit le silence des ados

28/07/2013 | par Emouna Braverman|Yakov Horowitz

Pourquoi les ados ont-ils du mal à se confier à leurs parents? Et comment les encourager à rompre ce silence?

Il y a quelques années, au cours d’un camp d’été, j'ai posé la question suivante à un groupe d’adolescents : "Vous voyez vos copains faire quelque chose de mal et vous êtes tentés de les imiter. À qui demandez-vous conseil ?"

Voilà leurs réponses (classées par ordre décroissant) :

  1. à personne
  2. à un copain
  3. à un prof
  4. et enfin à un parent.

Chers parents, ne baissez pas les bras pour autant ! Figurez-vous que je leur ai ensuite aussi adressé une question très importante : "Lorsque vous êtes tentés de faire quelque chose de mal, quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit ? 70% de ces adolescents ont répondu : "La réaction de mes parents."

Voyez-vous, l'exemple que vous leur donnez, ainsi que vos encouragements, vos valeurs, vos approbations ou désapprobations comptent beaucoup pour eux.

Même si nous leur faisons honte, même s'ils disent tout haut (ou pensent tout bas) : "Mais qu'est-ce que t'en sais..." en nous regardant de haut, même s'ils pensent que "les choses étaient différentes à notre époque" (ce qui n'est sans doute pas faux), nous autres parents revêtons une importance certaine à leurs yeux.

Et comme ils ne sont pas encore assez mûrs et bien dans leur peau, ils viennent nous chercher querelles. Mais cela ne les empêche pas de nous écouter. De nous observer. D’absorber nos valeurs. Parents, nous avons une influence sur nos enfants. Nous devons simplement prendre notre mal en patience.

Vous pensez peut-être n'être bons qu'à leur servir de chauffeur, à laver leur linge, à leur mijoter des petits plats et à leur donner de l'argent de poche (qui ne semble jamais couvrir leurs besoins). Et nos ados semblent croire que tout leur est dû. Pourtant, ils cherchent à comprendre qui nous sommes et quelles sont nos valeurs. Nous sommes leurs modèles par excellence, et nos valeurs et nos actes (surtout nos actes !) façonnent leur personnalité de manière profonde. Nous sommes leur repère moral au cœur de cette période tumultueuse de leur vie.

Un jour, le père de mon ami lui a raconté la petite histoire suivante : Quand tu étais jeune, je voyais mes amis s'empresser d'acheter les derniers disques ou vêtements à la mode afin de pouvoir s'identifier à leurs enfants adolescents. Moi, j'ai décidé d'agir autrement. J'ai compris que si je restais comme j'étais – c’est-à-dire la même personne avec les mêmes principes – tu saurais toujours où me trouver.

Ma petite enquête m'a également permis de découvrir un autre fait intéressant. Je voulais comprendre l'origine de ce manque de communication entre parents et adolescents. Pourquoi les parents arrivent-ils en 4ème position sur leur liste, après "personne, amis et professeurs" ? En considérant que l'adolescence est en partie "une étape de la vie à passer", pourquoi les ados ne parlent pas à leurs parents ?

Peut-être qu'ils n'ont pas confiance en nous. Leur a-t-on donné certaines raisons d'être ainsi ? Ils ont peut-être peur de se faire punir ? Ils pensent peut-être qu'on ne les écoute pas ou qu'on ne les comprend pas ?

Souvent, la raison principale qui empêche les ados de parler à leurs parents, lorsqu'ils sont tentés de faire quelque chose de mal, est la peur de leur faire de la peine. Croyez-le ou non, nous sommes importants à leurs yeux et notre réaction compte beaucoup pour eux. Ils pensent peut-être, et ce à tort, que de cette façon ils nous protègent et nous épargnent en se gardant de nous demander conseil. Notre défi est donc de créer une atmosphère où la confiance règne et où nos valeurs sont claires ainsi que notre bienveillance à leur égard. Ils ont besoin de savoir qu'on les aime et qu'on les accepte comme ils sont, quoi qu’il arrive.

La peur d'être puni est un autre obstacle de taille pour les ados. Si un enfant vous révèle volontairement une information privée, accordez-lui le secret professionnel. Cette information doit rester entre quatre murs et garantissez-lui un droit à l'immunité. En outre, remerciez-le d'être venu vous parler et d'avoir fait preuve d'honnêteté. Félicitez son courage pour une telle initiative. Vous souhaitez sûrement que, dans le futur, votre enfant puisse venir vous parler à nouveau en toute confiance. Vous souhaitez également qu'il soit fier de s'être confié à vous et qu'il/elle se sente réconforté(e) et rassuré(e), et non ridicule, de vous avoir parlé.

Et si votre ado n'est pas venu se confier de lui-même ? Et si vous découvrez par accident qu’il s’est livré à une activité peu recommandable ? Il serait justifié de prendre des mesures plus sévères. La confiance à été trahi et la communication doit être à nouveau rétablie. Toutefois le dialogue doit rester ouvert et empreint d'amour. On peut leur exprimer notre déception ainsi que nos espérances pour le futur, mais on ne peut pas se laisser aller à la colère et au rejet.

Il n'y a souvent personne à qui parler à l'école. Il doit donc bien y avoir quelqu'un à qui parler à la maison. Faisons en sorte de devenir ce quelqu'un. Comment ?

  1. En nous montrant disponibles. En règle générale, nous ne pouvons pas nous contenter uniquement de planifier quelques moments en tête-à-tête avec nos ados. Nous devons passer suffisamment de temps avec eux afin que quand ils souhaitent nous parler, que ce soit tôt le matin (cas extrêmement rare !) ou aux petites heures de la nuit (cas nettement plus probable !), nous soyons là tout près. Si nous sommes toujours occupés ou fatigués, ils renonceront vite à venir nous parler.
  2. En les acceptant comme ils sont. Nous devons faire de preuve d'ouverture d'esprit et de tolérance à l'égard des us et coutumes des ados. Leurs vêtements, chaussures et coupes de cheveux peuvent nous paraître ridicules, mais si nous les critiquons constamment sur ces petites choses, ils ne viendront jamais se confier à nous pour des choses plus importantes. Ne laissez pas ces petits détails extérieurs passagers vous gâcher la vie.
  3. En gardant notre calme. Même face à des problèmes sérieux, garder son sang-froid est essentiel. À l'évidence, nous ne sommes pas des anges ; et il y a des moments où la colère nous emporte (et ils savent être très provocateurs !) mais les ados ont besoin de savoir que nous sommes là pour les écouter et leur répondre, et non pas uniquement pour leur crier dessus.
  4. En leur exprimant notre amour. Par-dessus tout, répétez-leur sans cesse que vous les aimez. Regardez au-delà des apparences extérieures pour leur rappeler (et vous le rappeler également) à quel point ils sont merveilleux. Vous pouvez y arriver ! Et là, ne vous arrêtez pas en si bon chemin, dites le leur encore et encore.

Mettre ces conseils en pratique n'empêchera pas nos ados de continuer à dire les choses les plus insensées. Mais on aura au moins gagné une grande bataille car c'est à nous qu'ils les diront.

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