Les Basiques Pourim

Comprendre Pourim en un clin d’œil

18/02/2013 | par Aish.fr

Un rapide survol de la plus énigmatique des fêtes juives.

Il y a deux générations, une certaine nation tenta de rayer les Juifs de la surface de la terre. Pourim est une fête qui nous plonge en arrière dans l’histoire, à la première tentative d’un tel génocide contre les Juifs, il y a environ 2300 ans.

La fête de Pourim marque le salut des Juifs, délivrés du complot de Haman, un personnage haut placé de l’Empire perse, conseiller du roi A’hachvéroch. La rage de Haman contre les Juifs fut alimentée par le refus d’un seul Juif, Mordékhai, de se prosterner sur son passage. Plutôt que de tenter d’éliminer uniquement Mordékhai pour cet affront, Haman complota une revanche contre tout le peuple de Mordékhai. Haman rechercha et obtint l’accord du roi Ah’achvéroch pour agir à sa guise envers les Juifs, et Haman prit cette autorisation dont il se servit. Il institua un pogrom destiné à anéantir chaque Juif de l’empire en un seul jour baigné de sang.

Le message de Haman était facilement reconnaissable : un simple coup de dés scellerait leur fin, alors que le D.ieu des Juifs se tiendrait impuissant à leurs côtés.

Dans un geste chargé de symbolisme, Haman tira au sort pour déterminer le jour où lui et ses larbins détruiraient les Juifs. En laissant le jour de la mort des Juifs totalement au gré du hasard, le message de Haman était facilement reconnaissable : les Juifs - qui croyaient à la Providence d’un D.ieu bienfaisant, un être qu’ils proclamaient comme le Maître de l’Univers - deviendraient les sujets d’une lubie aveugle du sort. Un simple coup de dés serait l’instrument qui scellerait leur fin, tandis que le D.ieu des Juifs se tiendrait là, impuissant. 

Le défi de Haman intervint à un moment crucial de l’histoire. Considérées dans une perspective large, les provocations de Haman étaient un test, pour ainsi dire, visant à déterminer si l’influence Divine serait encore perçue à l’issue d’une grande période de l’histoire biblique. C’était un test pour déterminer si D.ieu avait encore un rôle à jouer à une époque nouvelle et totalement différente - une époque où les miracles n’avaient plus cours, une époque de « normalité. »

Les événements de Pourim survinrent au crépuscule de l’histoire biblique. Les derniers prophètes de la Bible avaient été entendus, et avec eux, une ère dans laquelle des miracles dévoilés modifiaient parfois de manière dramatique le cours de l’histoire, était arrivée à une fin abrupte. Plus tôt dans l’histoire, lorsque les Juifs quittèrent l’Égypte, des plaies du Ciel s’abattirent sur les Égyptiens. La Mer s’ouvrit pour permettre le passage des Juifs. La manne les nourrit dans le désert. Une colonne de feu les conduisit dans le désert. Mais à présent, cette ère était en train de s’achever. Il n’y avait plus de prophètes. Il n’y avait plus de miracles. Dans cette nouvelle ère, l’humanité serait confrontée à une question difficile. Dans un monde où l’intervention Divine et la communication prophétique ne sont désormais plus apparentes, D.ieu a-t-Il encore sa place ?

Ce fut dans ce contexte que le coup de dés lancé par Haman était particulièrement terrifiant. Avec D.ieu dans l’arrière-plan et les miracles mis de côté, la volonté Divine continuerait-elle à opérer dans le monde de manière significative ?

Vous avez dit coïncidence ?

Au bout du compte, les Juifs furent sauvés du complot de Haman - mais, il faut le relever, ils furent délivrés de manière non miraculeuse. Dans les événements de Pourim, des épisodes heureux contribuèrent à provoquer des résultats inattendus. Pris séparément, chacun de ces événements pourrait être considéré comme rien de plus qu’une coïncidence fortuite. Mais pris ensemble, était-ce toujours l’œuvre de la coïncidence ?

Il se trouva que le roi supprima sa première reine - et il s’avéra qu’elle fut remplacée par Esther, une jeune fille qui se trouvait être juive. Mordékhai, un parent d’Esther, apprit par hasard le projet d’assassinat contre le roi, projet qu’il déjoua. Il se trouva également qu’il ne fut pas récompensé immédiatement pour cet acte. Un soir, Haman décida de se rendre chez le roi pour demander la permission de faire pendre Mordékhai. Mais cette même nuit, le roi souffrit d’insomnie et ne trouva pas le sommeil. Il demanda qu’on lui lise le Livre des registres - et il s’avéra que le livre s’ouvrit précisément à la page relatant l’acte de loyauté depuis longtemps oublié de Mordékhai à son égard.

Toutes ces coïncidences apparentes contribuèrent à sauver Mordekhai - et au bout du compte, le reste des Juifs aussi - d’une mort imminente.

Lorsque D.ieu est caché

Le Rouleau d’Esther - le livre relatant le miracle de Pourim - se distingue en ce qu’il est le seul de la Bible à ne pas mentionner le nom de D.ieu. Il peut sembler étrange que dans un livre entier appartenant au canon de la Bible, aucune mention du Tout-Puissant n’apparaisse ; après tout, si la Bible ne parle pas de D.ieu, de quoi traite-t-elle ? Mais c’est là toute l’histoire. Le message du Livre d’Esther est que D.ieu est présent même lorsqu’Il semble absent. La présence de D.ieu dans l’Histoire n’est pas ressentie uniquement lorsque la mer se fend ou lorsqu’un feu divin descend sur le haut d’une montagne, aux yeux de toute une nation. Ces « feux d’artifice » sont beaux, mais ce n’est pas la seule manifestation de l’influence Divine dans le monde. D.ieu est présent dans les mécanismes quotidiens de la vie ainsi que de l’histoire. 

Le message du Livre d’Esther est que D.ieu est présent même lorsqu’Il semble absent.

La Volonté de D.ieu n’est pas uniquement présente lorsque les lois de la nature sont suspendues. Au contraire, les mécanismes mêmes de ces lois sont des manifestations du Divin. À chaque fois qu’un corps qui tombe obéit à la loi de la gravitation ; à chaque fois que des molécules se dissipent dans l’espace en accord avec la deuxième loi de thermodynamique ; à chaque fois qu’une rivière coule en aval - à chaque fois que ces phénomènes ont lieu, la Volonté de D.ieu s’accomplit dans ce monde. Et ainsi en est-il dans l’histoire ; l’influence de D.ieu est plus subtile que cela. Il peut être mystérieusement présent, de la manière la plus fine possible et qui attire le moins l’attention. 

Tchekov a affirmé une fois que si un fusil (une menace) plane au-dessus du manteau de l’Acte I d’une pièce de théâtre, il vaudrait mieux qu’il disparaisse avant l’acte III. La marque d’un bon dramaturge est qu’aucun élément d’un complot n’est superflu. Chaque chose, au bout du compte, doit être employée. Il en est de même pour le Grand Dramaturge dans le Ciel. Tout ce que nous faisons « est employé » dans la pièce de théâtre que nous appelons « l’existence. » Mais pas nécessairement de la manière dont nous l’imaginons, ou concevons.

Le roi demande à Haman comment traiter l’homme que le roi souhaite honorer. Haman, pensant que le roi souhaite l’honorer, lui recommande d’organiser une parade royale. Ce conseil est-il employé ? Bien entendu. Mais il est employé pour honorer Mordékhai et non Haman. Haman construit un gibet pour pendre Mordékhai. Ce gibet est-il utilisé ? Bien sûr. Mais pas de la manière imaginée par Haman. Il est lui-même pendu sur ce gibet.

Nous avons tous des choix à faire. Effectuer ces choix relève de nous, les êtres humains ; c’est de cette manière que nous pouvons « décider du sort » de notre vie. Mais que se passe-t-il après que nous avons tiré notre sort ? Cela ne dépend plus de nous. L’un des messages de Pourim est que D.ieu est amplement présent, même lorsqu’Il demeure derrière le rideau. Sans la fanfare des miracles, dans l’espace entre le choix humain et le résultat final, le Maître de l’Univers aura encore Son mot à dire.   

Related Articles

Donnez du pouvoir à votre voyage juif

Inscrivez-vous à l'e-mail hebdomadaire d'Aish.com

Error: Contact form not found.

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram