Réussir ses rencontres

Confessions d’une accro de la drague

24/03/2014 | par Chana Levitan

Comment j’ai laissé tomber le frisson de la chasse à l’homme pour partir à la recherche d’une relation constructive et durable.

« Je sens que ça me reprend » m'a récemment avoué une jeune femme prénommée Rébecca. « Je suis mariée depuis quatre ans maintenant et je n'étais jamais restée avec un homme aussi longtemps auparavant. Attention, j'aime mon mari et je suis farouchement opposée à l'adultère ! Mais disons qu'en quelque sorte, eh bien, la culture de la drague dans laquelle j'ai grandi me manque énormément. Je m'épanouissais en cherchant à conquérir le garçon sur lequel j'avais versé mon dévolu – cette "chasse", le frisson de la poursuite, faisait mon bonheur. Je sais que cela n'est pas beau à entendre, mais tout cela me manque terriblement. »

Ce manque terrible s'appuie sur un cocktail chimique scientifiquement établi : phényléthylamine (cette molécule nous fait nous sentir tellement bien que nous pouvons allègrement nous passer de dormir ou de manger), noradrénaline (cette substance booste le rythme cardiaque et la pression artérielle), ocytocine (surnommée à juste titre l' « hormone de l'amour ») et dopamine (qui aide à contrôler les centres de satisfaction et de plaisir du cerveau). Lorsque ces substances se diffusent à travers le corps, on se sent bien, vraiment bien - jusqu'à ce que l'accident post-drague, bien sûr. Mais en fait, il semble que nous développions une mémoire sélective, ce qui fait que nous ne nous souvenons que des hauts et pas des bas, des moments de plaisir et pas des crises de manque.

Pour Mickaël, qui a passé 20 ans à draguer des jeunes filles pour les quitter aussitôt, ce n'est pas tant l'aspect physique qui rend la drague exaltante que le sentiment de puissance qui l'accompagne. « Il s'agit de la fougue de la chasse, m'a avoué Mickaël. Et quand la chasse est terminée, l’excitation retombe. » L'ironie c’est que même si vous vous sentez puissant sur le moment, vous restez finalement sur un sentiment de vide et d'impuissance. D’où la nécessité de la drague suivante… et de la suivante…

Comme je l'ai expliqué à Rébecca, la drague relève de l'ordre de ce que j'appelle "l'obtention du pouvoir", la Puissance. Dans un autre registre, le mariage implique la conservation de cette force, la Résistance. Cela implique – selon mon dictionnaire – de la vitalité, de la tolérance, de l'endurance, une charpente solide, des boyaux et du cœur.

Laissez-moi vous montrer à quoi ressemble cette distinction dans les faits :

OBTENIR LE POUVOIR CONSERVER LE POUVOIR
Une montée d'adrénaline immédiate et superficielle, suivie d'un sentiment de vide Un élan qui perdure et devient plus intense à mesure que les époux apprennent à se connaitre et se révèlent à leur conjoint. (Vitalité)
Insécurité : Eh attention, je ferais bien de ne pas l'aimer plus que lui/elle m'aime (ou de ne pas m'attacher) Sécurité : « Malgré les hauts et les bas qui jouent sur ma proximité avec mon épouse, je sais qu'elle est toujours à mes côtés. » (Tolérance)
Une tendance à quitter le navire quand les choses deviennent compliquées. La capacité à s'accrocher et à tenir le cap dans la tempête, ce qui renforce souvent les liens du couple. (Endurance)
Cette agréable et momentanée sensation de trac. Un sentiment délicieux et durable dans votre cœur. (Vitalité)
Dépendance : besoin perpétuel que quelqu'un vous désire. Interdépendance : un lien qui se construit lorsque deux personnes expriment leur individualité dans le cadre du partenariat du mariage. (Colonne vertébrale)
Crainte et/ou incapacité d'être vu ou de voir l'Autre. L'intimité émotionnelle (aussi connue sous l'expression « voir en moi »): la profondeur d'être vu et connu par son conjoint - et de le voir et de le connaître. (Émotion)
Compter les points : « Je te donne plus que ce que je reçois de toi » L'expansion de soi, qui fait se soucier des besoins du conjoint comme du sien propre. (Cœur)

Soyons concrets, voici quelques points clefs qui vous aideront à passer de la perpétuelle conquête du pouvoir à sa conservation :

* Mettre sur papier pour y voir plus clair : Dans la mesure où la drague génère une soudaine décharge d'adrénaline immédiatement suivie d'un grand vide, notez vos sentiments à chaque fois que cela vous arrive, ou ce qui vous est arrivé lors d'expériences passées. On a tellement vite fait d'oublier ces moments de vide si douloureux et intrinsèquement liés au cycle "Obtention du pouvoir" qu'en conserver une trace écrite permet de se souvenir pleinement de ce processus, d'abord enivrant mais qui aboutit finalement à une impasse.

* S'inspirer de modèles : Oui, il existe des mariages heureux, et vous pouvez prendre exemple sur les couples qui réussissent ! Il suffit pour cela de les observer vivre, mais vous pouvez bien entendu leur demander des conseils qui vous seront toujours judicieux.

* Lire et creuser la question : Il y a de fantastiques bouquins, et toutes sortes d'articles, qui ont trait à la construction d'un foyer stable et durable. Je me permets d'en recommander deux plus particulièrement : "Un amour engagé" par Esther Jungreis et "Le jardin de la paix" du rabbin Chalom Arrouch.

* Libérer le pouvoir de donner : Mobiliser votre « muscle du don » et vous découvrirez alors ce que signifie vraiment la notion de "pouvoir intérieur". Si vous voulez faire l'expérience du véritable amour, le secret est de donner, comme l'a enseigné le rabbin Eliahou Dessler, un célèbre érudit du milieu du XXe siècle : «Nous sommes habitués à penser que le don provient de l'amour, parce que lorsque nous aimons quelqu'un, nous lui donnons tout naturellement. Mais il semble y avoir un autre aspect de ce phénomène. » Le rabbin Dessler poursuit en expliquant que lorsque nous nous investissons dans quelqu'un ou dans quelque chose, nous en arrivons à aimer la personne ou la chose à laquelle nous accordons notre attention et notre énergie. En vérité, le signe ultime du pouvoir interne réside dans notre capacité à donner.

Endurance... C'est une force que nous avons tous au plus profond de nous-mêmes. Peut-être sommes-nous une société qui est accro à la drague parce que nous avons perdu de vue ce que signifie vraiment être fort. Nous nous somme fourvoyés en pensant que l'état ??d'esprit de conquérant nous amènerait à devenir réellement puissants. Mais en réalité, il nous laisse affaibli et solitaire ; pensez donc qu'il y a plus de 8 millions de célibataires en France ! "Conserver le pouvoir", en revanche, exige beaucoup plus de cœur et de tripes, de courage et de volonté. Mais ce processus vous construit et vous rend solide… sans parler de la prime : un mariage d'amour - pour la vie.

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