Monde Juif

Décès du Grand Rabbin de Paris le Rav David Messas z"l

22/11/2011 | par Message du Consistoire de France

L'hommage de Joël Mergui, Président du Consistoire

Message de Joël Mergui, Président du Consistoire

Héritier d’une longue filiation de rabbins du Maroc, né à Meknès dans ce que la tradition désigne élogieusement comme la « Petite Jérusalem, » le Grand Rabbin de Paris David Messas (zal) a été non seulement un Grand Rabbin mais aussi un Grand homme. 
Il y a plusieurs manières d’être Grand. La bonté, la chaleur humaine, la lumière de David Messas (zal) sur son visage étaient sa marque de fabrique personnelle. Depuis ses études talmudiques dans les yéchivot « Keter Torah » ou d’Aix-les-Bains en passant par ses fonctions de directeur du Centre Edmond Fleg ou de la maison des étudiants du « Toit familial » -où il me reçut tout jeune étudiant arrivé en France-, il a incarné -en plus d’une très grande érudition-, la bonté, celle qui va au-delà de nos demandes pour faire plus que requis dans le sens du bien-être de l’autre. 
Rabbin communautaire pendant de longues années après avoir été ordonné à la fois par le Grand Rabbin de France et par le Grand Rabbin d’Israël, il avait su se mettre au service de chacun, simplement, en écoutant son prochain avec tolérance et c’est justement sa pratique d’un judaïsme ouvert, souriant et joyeux, mais sans concession sur l’essentiel, qui avait redonné aux juifs une nouvelle envie de judaïsme.  
Cet homme qui n’avait jamais cessé d’étudier sans devenir austère -en se référant continuellement à l’enseignement de son père, Grand Rabbin de Jérusalem et grand maître parmi les maîtres-, s’est toute sa vie investi sans compter au service du judaïsme et des juifs. Par sa connaissance pointue et intransigeante de l’esprit des lois halakhiques, il a été le garant pendant 17 ans des services religieux du Consistoire de Paris dont il a protégé -par son nom et sa conscience- l’esprit religieux au service de l’ensemble de la communauté. 
C’est de lui, et je le dis en toute sincérité, que me vient pour une grande part, mon engagement au service de notre communauté et du Consistoire. David Messas (zal) avait une telle conscience de sa responsabilité de Grand Rabbin de Paris, de Grand Rabbin de la plus grande communauté juive d’Europe, et une telle exigence de l’exemplarité qui devait être la sienne et la nôtre, à tous, qu’avec son éternel beau sourire il avait su me communiquer et partager sa foi dans un judaïsme tolérant, ouvert et bienveillant comme une mission à accomplir au service de notre communauté. 
Sa disparition me prive d’un tandem harmonieux et complice où année après année, sans protocole ni raideur, nous avons de concert administré et conduit le Consistoire de Paris sans perdre de temps en vains conflits, en avançant ensemble de manière complémentaire, sans brutalité, avec l’ambition -pour sa part- de rendre à la communauté ce qu’il avait eu le bonheur de vivre et de recevoir en naissant dans la « petite Jérusalem » de Meknès. 
Dans cet esprit, il fut la cheville ouvrière de l’avancée de l’étude et de son approfondissement en France où il a accompagné plusieurs générations de jeunes du Talmud Torah aux cours de pensée juive et philosophique. Né de son impulsion, ce renouveau de l’étude qu’il avait su donner au sein du Consistoire de Paris s’illustre aujourd’hui de la plus belle manière, non seulement dans le Beth Hamidrach de Paris -qui portera désormais son nom-, mais dans la communauté elle-même dont il avait su provoquer et accompagner la mutation. 
Malade depuis plusieurs années, ni la douleur, ni la fatigue, ni la lutte incessante pour dépasser son mal autant que lui-même ne l’avaient fait abdiquer de la responsabilité qui était la sienne. Je ne lui ai connu que courage, dignité et volonté de poursuivre coûte que coûte, du mieux possible, sa mission sans jamais se plaindre, baisser les bras ou perdre son lumineux sourire. 
Car David Messas (zal) aimait sa tâche. Il aimait le Consistoire. Il aimait l’institution dont il avait conscience du rôle majeur et incontournable au sein de la communauté juive comme garant de la religion juive et du judaïsme en France. Il se plaisait à dire que né au Maroc, il avait choisi la France pour ses Lumières, pour son ouverture et sa générosité qui permettaient aux juifs de vivre ses valeurs et leur foi sans compromission. 
Il vient de s’éteindre mais la flamme qui brillait en lui restera pour toujours vivace dans le souvenir de ceux qui l’ont connu ou même tout simplement croisé. Je pose depuis l’enfance, le même regard sur cet homme chaleureux et incroyablement souriant, compagnon d’étude de mon père, qui recevaient avec lui l’enseignement de son père, de mémoire bénie. Présent à toutes les étapes de ma vie, Grand Rabbin de Paris depuis 1995, sa disparition nous laisse tous orphelin d’un Grand Rabbin et d’un Grand homme.

 

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