Torah de Vie

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A’haré-Mot (Lévitique 16-18 )

Une réflexion contemporaine sur la Paracha.

« Les fils d'Aaron, Nadav et Avihou, prirent chacun leur encensoir, y mirent du feu, y placèrent de l'encens et apportèrent devant l'Eternel un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné (d'apporter). » (Lévitique 10, 1)

La paracha que nous lisons cette semaine s’ouvre sur le décès tragique de Nadav et Avihou, fils du grand prêtre Aaron. Cet événement dramatique a suscité une divergence d’opinions parmi nos commentateurs. Car si certains assimilent leur mort à un châtiment, d’autres voient dans ce sacrifice un acte d’une très grande élévation spirituelle qui dépasse le niveau atteint par Moïse.

Comment concilier ces explications si divergentes ?

La tête dans les étoiles et les pieds sur terre

La réponse à cette question est à chercher dans la suite de la Paracha, laquelle est essentiellement consacrée à la description du rituel de Yom Kippour. En ce jour, chaque Juif est habité par un sentiment impérieux de se rapprocher de Dieu, tant et si bien qu’il se détache totalement des plaisirs du monde matériel et consacre tout son être à la communion avec Dieu. Or si cette attitude est valable pour Yom Kippour, elle ne l’est pas pour le reste de l’année, durant laquelle notre rôle est de nous rapprocher de Dieu en sublimant le monde matériel et non pas en le repoussant.

Et c’est dans cette subtile nuance que réside la « faute » des fils d’Aaron. Nadav et Avihou aspiraient à atteindre un niveau d’extase et d’amour de Dieu qui est l’apanage exclusif du jour de Yom Kippour. Et s’ils moururent, c’est parce que leur démarche spirituelle impliquait une abstraction totale du monde matériel.

En réalité, cette volonté de se consacrer exclusivement au monde spirituel émane du plus profond de notre âme, cette parcelle qui n’aspire qu’à une seule chose ; se lier à la source de tout ce qui existe, c’est-à-dire Dieu, et donc à s’éloigner du monde matériel qui occulte sa présence. C’est d’ailleurs en ce sens que les Maximes des Pères affirment que l’homme vit pour ainsi dire « contre son gré ». Et pourtant, la volonté de Dieu est que l’âme descende sur terre et se frotte au monde matériel pour lui insuffler à son tour un esprit spirituel. Le but même de la création étant la transformation du monde, il nous incombe d’œuvrer pour une société plus juste basée sur les valeurs éthiques de justice et de fraternité développées dans la Tora.  

Nadav et Avihou refusèrent, pour ainsi dire, cette mission. Leurs âmes n’aspiraient qu’à une seule chose : s’unir a Dieu. Et en ce sens, ils atteignirent un degré spirituel plus élevé que celui de Moise. Mais d’un autre côté, leur refus de s’impliquer dans la société leur fut compté comme une faute. C’est pourquoi le verset rajoute « Ils moururent ». Apparemment ces deux mots sont superflus puisque ce texte commence par les mots : « Après la mort des deux fils de Aaron ».  En fait, la Tora vient nous enseigner qu’ils quittèrent définitivement le monde « sans aucune volonté de retour ».

Éclairer le monde

On peut toutefois poser une question. Comment peut-on exiger d’un homme qu’il s’implique dans la vie terrestre et vaque à ses obligations quotidiennes alors qu’il vient de connaitre des moments d’extase et une grande élévation spirituelle ?

Tout dépend, répondent nos Maîtres, du point de départ de notre itinéraire spirituel. Si nous nous élevons vers D.ieu dans l’intention de satisfaire notre soif personnelle de spiritualité sans répondre aux besoins matériels de nos contemporains ; nous finirons comme les fils d’Aaron. Mais si nous gravissons les plus hauts degrés de la connaissance de la Tora par pure soumission à la parole de D.ieu (et non par intérêt personnel, même spirituel), nous aurons également à cœur de « redescendre » des sphères célestes pour nous soucier des autres sur terre. Nous partageons nos connaissances et notre expérience. Et surtout, nous les aiderons matériellement à améliorer leur quotidien.   

Le Talmud nous rapporte que Rabbi Akiva et trois autres Maîtres, pénétrèrent le monde des secrets de la Tora. L’un perdit la raison, un autre mourut, un autre renia la Tora. Quant à Rabbi Akiva, « il sortit en paix parce qu’il rentra en paix ».  Le mot shalom, on le sait, signifie également la perfection. Et effectivement, Rabbi Akiva pénétra les plus hauts degrés de l’enseignement esotérique, non pas pour une satisfaction personnelle mais pour que son étude éclaire et transforme le monde.

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