Israël et Jérusalem

Discours du Premier ministre canadien Stephen Harper devant la Knesset

23/01/2014 | par Aish.fr

Le Canada soutient Israël parce qu'il est juste d'agir ainsi.

Le Premier ministre Stephen Harper a prononcé aujourd’hui le discours suivant devant la Knesset, parlement israélien, à Jérusalem :

Merci beaucoup.

Merci monsieur le Président, monsieur le Premier ministre, monsieur le Chef de l’opposition, monsieur le Juge en chef, mesdames et messieurs les ministres et les députés de la Knesset, distingués invités, mesdames et messieurs.

Shalom.

Merci de m’avoir invité à visiter ce remarquable pays, et particulièrement de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à la Knesset.

C’est vraiment un grand honneur.

Et je vous remercie également de m’avoir fait l’honneur de me remettre la clé de la Knesset.

Alors maintenant j’ai l’impression de pouvoir y venir chaque fois que je le veux.

Permettez-moi seulement, Monsieur le Président, de commencer en remerciant, au nom de mon épouse Laureen et de la délégation canadienne, le gouvernement et la population d’Israël de leur chaleureuse hospitalité.

Nous avons senti que nous étions plus que les bienvenus.

Nous nous sommes immédiatement sentis comme si nous étions chez nous.

Mesdames et messieurs, le Canada et Israël sont de très proches amis et des alliés naturels.

Avec votre indulgence, j’aimerais vous faire part de mes réflexions sur l’importance et la particularité du lien qui unit le Canada et Israël.

Car c’est un lien très fort qui nous unit.

Cette entre le Canada et Israël prend ses racines dans l’histoire, se nourrit de valeurs communes et se renforce volontairement aux plus hauts échelons du commerce et du gouvernement ce qui est l’expression de fermes convictions.

Il y a par exemple depuis de très nombreuses années un Accord de libre-échange entre le Canada et Israël, accord dont la valeur s’est avérée.

L’élimination des tarifs douaniers sur les produits industriels et certains produits alimentaires a permis de doubler la valeur des échanges commerciaux entre nos deux pays.

Mais ce n’est rien si l’on considère le potentiel économique de cette relation et je me réjouis de développer et d’élargir bientôt nos objectifs communs en matière de commerce et d’investissement.

De plus, nos établissements militaires échangent leur information et leur technologie.

Ces échanges se sont aussi révélés mutuellement avantageux.

Par exemple, pendant la mission du Canada en Afghanistan, l’équipement de reconnaissance construit en Israël dont nous nous sommes servis a permis de sauver la vie de nombreux soldats canadiens.

Tous ces liens, et je pourrais en nommer de nombreux autres – les sciences et la technologie – permettent de construire des ponts solides entre nous.

Cependant, pour bien comprendre la relation particulière entre Israël et le Canada, il faut regarder, au-delà du commerce et des institutions, les liens personnels tissés par l’amitié et la parenté.

Des Juifs sont établis au Canada depuis plus de 250 ans.

De génération en génération, grâce à leur travail et à leur persévérance, les immigrants juifs, souvent partis de rien, sont devenus très prospères.

Aujourd’hui, près de 350 000 Canadiens ont en commun avec vous leur héritage et leur foi.

Ce sont de fiers Canadiens.

Mais pour avoir rencontré littéralement des milliers de membres de votre communauté, voici ce que je peux vous dire :

Ils sont immensément fiers de ce que la population d’Israël a accompli ici.

De votre courage en temps de guerre, de votre générosité en temps de paix et de l’épanouissement du désert sous votre gouverne.

Laureen et moi aussi en sommes fiers

Nous en sommes fiers, et nous comprenons que ce qui a été accompli ici l’a été à l’ombre des horreurs de l’Holocauste …

La compréhension du fait qu’il est juste d’appuyer Israël parce qu’après avoir connu la persécution durant plusieurs générations, le peuple juif mérite d’avoir son propre pays et mérite de vivre en sécurité et en paix dans ce pays.

Permettez-moi de le répéter : le Canada appuie Israël parce c’est fondamentalement ce qu’il faut faire.

Soit dit en passant, c’est un trait de caractère bien canadien, faire ce qu’il faut sans aucune autre raison, même sans s’attendre à en retirer quoi que ce soit d’immédiat ni sous aucune menace.

Il est souvent arrivé que les Canadiens aillent jusqu’à donner leur sang et leur vie pour défendre les libertés des autres dans des contrées lointaines.

Je dois aussi avouer que nous avons, à l’occasion, fait de terribles erreurs …

Comme quand le gouvernement a refusé dans les années 1930 de soulager la misère des réfugiés juifs.

Mais aux grands moments charnières de notre histoire, notre pays a toujours choisi, souvent en le payant cher, de se tenir aux côtés de ceux qui combattent l’injustice et les forces du mal dans le monde.

Il est donc dans la tradition canadienne de défendre ce qui est juste et fondé sur des principes, que ce soit non commode ou populaire.

Mais je dirais, le Premier ministre et moi avons dit, qu’appuyer l’État juif d’Israël est aujourd’hui plus qu’un impératif moral.

Cet appui a aussi une importance stratégique dont dépendent aussi nos propres intérêts à long terme.

Mesdames et messieurs, j’ai dit que l’amitié spéciale entre le Canada et Israël est née de leurs valeurs communes.

En effet, Israël est le seul pays du Moyen‑Orient à s’être ancré depuis longtemps dans des idéaux de liberté, de démocratie et de primauté du droit.

Et il ne s’agit pas de notions abstraites.

Ce sont les éléments qui au fil du temps et contre toute attente se sont maintes et maintes fois révélés comme le seul terreau fertile pour les droits de la personne, la stabilité politique et la prospérité économique.

Ces valeurs ne sont pas l’apanage de certains; elles n’appartiennent pas en propre à un seul peuple ou une seule nation.

Elles ne sont pas limitées.

Au contraire, plus elles se répandent, plus elles prennent de la force.

Et inversement, lorsqu’elles sont menacées quelque part, elles le sont partout.

Et qui les menace? Ou, plus précisément, qu’est-ce qui, aujourd’hui, menace les sociétés qui adoptent ces valeurs et le progrès qu’elles rendent possible ?

Ceux qui méprisent la modernité, ceux qui détestent la liberté d’autrui et ceux qui sont outragés par les différences entre les peuples, les cultures et les religions.

Ceux qui, souvent, commencent par détester les Juifs.

Mais qui, comme nous l’enseigne l’Histoire, finissent par détester tous ceux qui ne sont pas comme eux.

Ces forces qui menacent l’État d’Israël chaque jour de son existence et qui, aujourd’hui, comme le 11 septembre l’a montré, nous menacent tous.

Par conséquent, ou bien, nous défendons nos valeurs et nos intérêts, ici, en Israël, nous défendons l’existence d’un État libre, démocratique et distinctement juif, ou bien nous amorçons un recul, sur le plan de nos valeurs et de nos intérêts dans le monde.

Mesdames et messieurs, tout comme nous refusons de renoncer à nos valeurs, nous avons aussi le devoir de les faire avancer.

Notre engagement en tant que Canadiens à faire ce qu’il faut, ce qui est équitable et juste, est universel.

Il ne vaut pas moins pour la population palestinienne que pour la population d’Israël.

Autant nous soutenons sans réserve le droit d’Israël de se défendre, autant nous préconisons depuis longtemps un avenir juste et sûr pour le peuple palestinien.

Je suis convaincu que nous partageons avec Israël l’espoir sincère que la population palestinienne et ses dirigeants choisiront un État palestinien viable, démocratique, engagé à vivre en paix aux côtés de l’État juif d’Israël.

Comme vous l’avez dit, Monsieur le Premier ministre, lorsque les Palestiniens feront la paix avec Israël, votre pays ne sera pas le dernier à accueillir l’État palestinien comme nouveau membre de l’Organisation des Nations Unies. Ce sera le premier.

Malheureusement, nous n’y sommes pas encore.

Mais lorsque ce jour viendra, et il faut qu’il vienne, je peux vous dire que si Israël est le premier pays à accueillir un État palestinien souverain, le Canada sera juste derrière vous.

Mesdames et messieurs, même un appui ferme ne signifie pas que des alliés ou des amis s’entendent sur tout, tout le temps.

Comme vous et moi le savons, monsieur le Premier ministre, aucun État n’est à l’abri d’un questionnement ou d’une critique.

En effet, Israël, à titre d’État démocratique, a fait de ces critiques un élément de sa vie nationale.

Mais notre appui peut avoir au moins trois significations.

Premièrement, le  Canada trouve déplorable que certains membres de la communauté internationale remettent encore en question la légitimité de l’existence de l’État d’Israël.

Notre point de vue sur le droit à l’existence d’Israël en tant qu’État juif est absolu et non négociable.

Deuxièmement, le Canada est convaincu qu’Israël devrait pouvoir exercer ses pleins droits d’État membre de l’ONU et profiter de sa souveraineté dans toute sa mesure.

C’est pourquoi le Canada a appuyé à de nombreuses occasions la participation d’Israël et son traitement à titre égal dans les forums multilatéraux.

À cet égard, je dois dire que nous saluons l’admission d’Israël ce mois-ci au sein du groupe des États occidentaux démocratiques, aux Nations Unies.

Troisièmement, nous nous refusons à critiquer Israël de façon isolée sur la scène internationale.

Je sais bien, mes amis, que dans le monde de la diplomatie, avec un État juif à l’écart de tant d’autres, il est très facile de vouloir faire comme les autres pour se faire accepter et d’isoler Israël.

Mais une telle approche n’est pas une approche équilibrée », ni une approche élégante ».

C’est juste une approche qui dénote tout simplement de la faiblesse et qui n’est pas la bonne.

Malheureusement, mesdames et messieurs, nous vivons aujourd’hui dans un monde où couve ce genre de relativisme moral.

Et ce relativisme moral est un terrain fertile pour planter une notion encore beaucoup plus sinistre.

Comme nous en avons été témoins au cours des dernières années, la vieille maladie de l’antisémitisme est en train de muter.

Nous connaissons tous le vieil antisémitisme.

Il était fait de cruauté et d’indifférence et il a donné lieu aux horribles camps de la mort.

Naturellement, il existe encore dans de nombreux coins sombres.

Mais dans la plus grande partie du monde occidental, la vieille haine s’exprime en société sous une forme beaucoup plus sophistiquée.

Des gens qui n’oseraient jamais dire détester les Juifs ni leur reprocher leurs défauts ou les problèmes du monde déclarent qu’ils haïssent Israël et ne blâment que l’État juif pour les problèmes du Moyen-Orient.

Tout comme les entreprises juives étaient mises à l’index, certains dirigeants de la société civile réclament aujourd’hui un boycottage d’Israël.

Sur certains campus, des arguments intellectualisés contre les politiques israéliennes cachent mal des réalités sous-jacentes, comme l’évitement des universitaires israéliens et le harcèlement des étudiants juifs.

Les plus disgracieux qualifient ouvertement la situation en Israël d’apartheid ».

Pensez à cette affirmation.

Pensez à la logique tordue et à la malice qui inspirent de tels propos.

Un État, fondé sur la liberté, la démocratie et la règle de droit, pour que les Juifs puissent s’épanouir et trouver refuge après la pire expérience raciste de l’histoire, qui est condamné et dont la condamnation est masquée par des propos contre le racisme.

Mes amis, c’est tout simplement révoltant.

Mais, il s’agit du nouveau visage de l’antisémitisme.

Un antisémitisme qui vise le peuple juif en prétendant viser Israël.

Et qui cherche à rendre l’ancienne bigoterie acceptable pour la nouvelle génération.

Naturellement, mes amis, il n’est pas nécessairement antisémite en soi de critiquer la politique du gouvernement israélien.

Mais que dire d’autre d’une critique qui condamne sélectivement l’État juif et lui refuse en fait son droit d’exister, de se défendre tout en ignorant systématiquement – ou en  excusant – la violence et l’oppression qui l’entourent ?

Que dire d’autre quand l’État d’Israël est régulièrement isolé, visé aux Nations Unies et quand Israël reste le seul pays à faire l’objet d’un point permanent à l’ordre du jour des séances ordinaires du Conseil des droits de l’homme ?

Mesdames et messieurs, toute évaluation, tout jugement visant les actions d’Israël doit faire l’objet de la mise en contexte suivante :

Depuis soixante-cinq ans qu’existe comme nation l’État moderne d’Israël, les israéliens ont enduré d’innombrables attaques et calomnies et n’ont pas eu une seule journée de véritable paix.

Et nous comprenons, nous, les Canadiens, comprenons que les Israéliens ont à vivre en fonction de ce raisonnement impossible :

Si vous vous défendez, vous ne cesserez d’être condamnés encore et encore.

Si vous n’agissez pas, vous serez seuls à souffrir des conséquences de votre inaction, qui aboutiront à votre destruction.

La vérité, que le Canada comprend, c’est que beaucoup des forces hostiles dirigées contre Israël s’exercent aussi sur tous les pays occidentaux.

Israël y fait face pour beaucoup des mêmes raisons que nous.

Mais Israël y est confronté de beaucoup plus près.

Naturellement, aucun pays n’est parfait.

Mais ni l’existence d’Israël, ni ses politiques ne sont à l’origine de l’instabilité qui caractérise le Moyen-Orient aujourd’hui.

Il faut regarder au-delà des frontières d’Israël pour trouver les causes de l’oppression, de la pauvreté et de la violence incessantes qui règnent dans une grande partie de la région, de la souffrance bouleversante des réfugiés syriens, de la violence sectaire, de la crainte des minorités religieuses, surtout chrétiennes, et des troubles intérieurs qui agitent tant d’États.

Alors, que faire ?

Le plus important, c’est de traiter avec le monde tel qu’il se présente à nous.

Les menaces dans la région sont réelles, profondément enracinées et mortelles; les forces du progrès sont souvent anémiques.

Pour trop de pays, il reste plus facile de faire d’Israël un bouc émissaire que de devenir ses émules.

Il est plus facile pour eux d’inspirer du ressentiment et de la haine à l’égard de la démocratie d’Israël que d’offrir les mêmes droits et libertés à sa propre population.

Je suis convaincu qu’un État palestinien viendra, et il viendra notamment à condition que les régimes qui financent le terrorisme se rendent compte que le chemin de la paix est celui de la conciliation et pas celui de la violence.

Ce qui m’amène à parler du gouvernement de l’Iran.

À la fin de l’an dernier, le monde a annoncé une nouvelle approche diplomatique à l’égard du gouvernement en place à Téhéran.

Le Canada est depuis longtemps d’avis que toutes les mesures diplomatiques possibles devraient être prises pour veiller à ce que ce régime n’acquière jamais d’arme nucléaire.

Nous apprécions donc les sincères efforts déployés par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne.

Le Canada évaluera la réussite de cette approche non pas en fonction des paroles, mais en fonction de la mise en œuvre et de la vérification des actions promises.

Nous espérons vraiment qu’il soit possible d’obtenir que le gouvernement iranien renonce à s’engager sur la voie sans retour de la fabrication des armes nucléaires.

Mais, pour le moment, le Canada maintient intégralement en vigueur les sanctions que nous avons imposées.

Et si nos espoirs devaient ne pas se réaliser, si le présent accord se révélait éphémère, le Canada préconiserait haut et fort devant le monde entier que les sanctions soient renouvelées.

Mesdames et messieurs, permettez-moi de conclure sur cette pensée.

Je crois que l’histoire d’Israël est un formidable exemple pour le monde entier.

Il s’agit essentiellement de l’histoire de gens qui ont réagi à la souffrance en surmontant leur ressentiment et en construisant une société des plus extraordinaires, une démocratie dynamique, un pays de liberté avec un appareil judiciaire indépendant qui affirme les droits, un pays innovateur, un nouveau chef de file mondial.

À partir de votre mémoire collective de la mort et de la persécution, vous avez construit une société optimiste, tournée vers l’avenir, où la vie est si importante qu’il vous arrive de libérer un millier de criminels et de terroristes pour sauver l’un de vos citoyens.

Dans la famille des pays démocratiques, Israël représente des valeurs que notre gouvernement considère comme des articles de foi et comme des principes qui régissent la vie de notre propre nation.

Donc, que ce soit face au feu ou à l’eau, le Canada se tiendra à vos côtés.

Merci, mes amis.

Je sais que je devrais conclure ici.

Vous m’avez généreusement accordé votre temps et votre attention.

Laureen et moi, ainsi que toute la délégation, vous remercions pour votre formidable hospitalité.

Encore une fois, merci,

Merci de nous avoir accueilli, et que la paix soit avec Israël. »

Source: http://www.pm.gc.ca/fra/

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