Éducation

Élever des enfants heureux

19/02/2013 | par Slovie Jungreis-Wolff

Comment apprendre à nos enfants à être satisfaits de leur sort ?

Avez-vous déjà remarqué combien d’enfants semblent malheureux de nos jours?

Peu importe ce qu’ils ont, peu importent vos efforts pour leur en donner toujours plus, toujours mieux, ils semblent impossibles à satisfaire. Ils devraient être les enfants les plus heureux au monde : ils ont déjà voyagé dans des îles lointaines, se sont promenés en Jeep dans les déserts d'Israël, ont nagé avec des dauphins… Et pourtant un sentiment latent d’insatisfaction demeure.

Certains enfants possèdent des iPhones, des iPads, des consoles Wii, des Gameboys, des poupées Barbie, des pièces entières remplies de jouets. Quand vient l'été, on parle de colonies de vacances, de shopping avec des listes d’achats interminables ou de projets de voyages dans des contrées lointaines. Même dans le contexte difficile de crise économique, la réalité est que nous préférerions nous, nous priver de tout plutôt que de refuser quoi que ce soit à nos enfants.

La semaine dernière, j’ai reçu un coup de fil d’un parent en détresse. Chaque été, m’a-t-il appris, il loue une maison pour sa famille dans un environnement splendide. C'est un quartier avec des maisons somptueuses que certains ont acheté et d’autres louent. Mais si lui a toujours apprécié leur résidence d'été, sa fille de 13 ans lui a bien fait savoir qu’elle n’était pas heureuse de ce choix.

Et c’est à deux heures du matin que cette demoiselle a décidé de manifester son mécontentement.

« J'ai honte de cette maison que nous louons chaque été, a-t-elle sangloté. Tous mes amis ont des maisons tellement plus belles, pourquoi pas nous ? Si vous louez encore cette maison pour l’été, je ne veux pas qu’un seul de mes amis y mette les pieds. Ne pensez même pas à les inviter! »

Sur ce, elle est repartie dans sa chambre en tapant du pied et a claqué la porte derrière elle, laissant son père blessé et perplexe.

« Je me donne entièrement pour ma famille, m’a confié tristement ce père. Ne voit-elle combien je sue pour gagner chaque sou ? »

Comment vaincre cette insatisfaction ?

Bien entendu, il existe de nombreuses raisons pour lesquelles nos enfants se conduisent de manière aussi lamentable. Certains mettront cette attitude sur le compte d’une effronterie monstrueuse, d’un trop-plein d’abondance, d’une démission parentale ou d’un manque de discipline. D'autres diront que les chiens ne font pas des chats, que ces enfants ne se sentent pas vraiment acceptés, qu’ils souffrent d’un manque de confiance en eux ou qu’ils sont tout bonnement arrogants.

Nous croyons à tort que plus nous leur en donnons, plus ils seront heureux. C’est faux.

Mais la base de ce sentiment d’insatisfaction repose sur un manque flagrant de gratitude. Lorsque les enfants ne sont pas conscients des bénédictions qu’ils reçoivent, ils sont incapables de reconnaître l’abondance dans laquelle ils vivent. Ils ne font pas cas du Bien, avec et sans majuscule, et grandissent plus exigeants de jour en jour.

Nous croyons à tort que plus nous leur en donnons, plus ils seront heureux.

C’est faux. En réalité, la vraie formule est la suivante : Plus nos enfants savent apprécier ce qu’ils ont, plus ils grandiront heureux.

J’ai expliqué à ce parent qu'il était temps pour lui de s’asseoir avec sa fille et de l’initier au concept de « Dayénou ». A Pessah (Pâque), nous nous remémorons les nombreux bienfaits que nous a accordés Dieu. Nous les énumérons et après chacun, nous marquons une pause et disons  « Dayénou – cela nous aurait suffi ! » Nous sommes ainsi exhortés à reconnaître chaque acte gratuit de générosité et à nous rendre compte que chacun d’entre eux mérite notre sincère appréciation. Nous ne tenons rien pour acquis. Nous marquons une pause et méditions sur la bénédiction d’être satisfaits de notre sort.

A la suite de notre entretien, ce Papa a dressé une liste interminable destinée à sa fille de 13 ans. En voici un extrait :

• Nous avons une belle maison.

• Nous louons une superbe maison de vacances dans un endroit magnifique.

• Nous avons déjà voyagé en Israël.

• Nous avons déjà voyagé à Paris.

• Nous avons voyagé en Italie.

• Nous sommes allés skier dans les Alpes.

• Nous dînons dans des restaurants huppés.

• Nous allons à Miami chaque vacance de Hanouka depuis que tu es toute petite.

• Nous t’avons organisé une fête de Bat-Mitsva exceptionnelle.

• Nous t’envoyons dans une super colonie de vacances depuis que tu as 8 ans.

• Nous sommes une famille aimante et chaleureuse.

• Nous avons des grands-parents qui nous adorent.

• Nous sommes en bonne santé.

Après chaque ligne, le père a écrit Dayenou. Il a ensuite expliqué à cette fillette, comblée de tant de bienfaits bien au-delà de ce qu’elle n’imaginait (et que la plupart d’entre nous ne pourrions nous imaginer) qu’il était temps d'apprécier les bienfaits dont elle était comblée plutôt que se concentrer sur ce qui semblait lui manquer dans sa vie.

Il existe un élément manquant dans notre analyse : la présence de parents qui appliquent cette notion de Dayénou dans leur propre vie. Lorsque des enfants entendent leur mère ou leur père parler constamment des maisons des autres, ou commenter avec envie la manière qu’ont les autres de passer leurs vacances, ou remarquer les vêtements coûteux et les meubles luxueux de leurs amis, ils ne font que planter de vilaines racines d’insatisfaction et de mécontentement dans le cœur de leurs enfants.

Comment pouvons-nous inculquer à nos enfants la bénédiction d’être satisfaits de leur sort lorsque nous-mêmes passons nos journées à en vouloir toujours plus ?

Ce genre de parents passe malheureusement des heures à se chamailler. Mais ce n'est pas seulement financièrement qu’ils se sentent un peu « juste » et insatisfaits. Car d’une certaine façon, dans chaque conflit, de tels maris et femmes se sentent incompris. Les deux expriment ainsi leur frustration et le sentiment que selon eux, leur conjoint ne remplit pas son rôle.

Si je passe mon temps à me focaliser sur ce que mon conjoint ne fait pas au lieu de réaliser tout ce qu’il fait de bien, je finis par détruire toute source de joie qui pourrait se trouver en moi. Ma vie se remplit alors de négativité et je deviens amer et malheureux.

Prenons la leçon de Dayénou à cœur. Il est temps pour nous tous d’apprendre à être véritablement satisfaits de notre sort.

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