Le Couple

Dis-moi ce que tu n’aimes pas chez moi et je te dirai qui tu es!

25/11/2014 | par Shlomo Slatkin

Méfions-nous du piège redoutable qui consiste à projeter sur autrui nos propres défaillances !

Qu'est-ce qui vous hérisse chez votre conjoint ? Pensez-vous que votre mari est dominateur et sans envergure ? Que votre femme est impulsive et irresponsable ? Si vous prenez quelques instants pour réfléchir aux traits de caractère que vous ne supportez pas chez les autres, vous trouverez peut-être le meilleur moyen d'en apprendre un peu plus sur vous-même et d'opérer de grands changements dans votre relation conjugale.

La projection : une réaction vieille comme le monde !

Bien avant que Sigmund Freud ne développe sa théorie sur la projection psychologique, le Talmud posait le principe voulant que « quiconque voit autrui imparfait l'accusera de ses propres défauts » (Traité Kiddouchine 70a). Lisez, quiconque jette le discrédit sur ??les autres est lui-même soupçonné d'avoir le même défaut que celui qu'il colporte sur autrui. Ce mécanisme de défense s’appelle la projection. Et son fonctionnement est simple comme bonjour ; si ce petit « quelque chose » vous dérange chez l’autre, c’est le signe que vous souffrez probablement du même défaut !

D’ailleurs, la projection nous permet de nous protéger psychologiquement de la souffrance et de l'inconfort que nous ressentons inconsciemment lorsque nous accusons un trait de caractère peu recommandable. Plutôt que de traiter ce défaut en notre for intérieur, nous le nions et le projetons sur notre entourage.

Comment savoir si je suis tombé dans le piège ?

L'une des meilleures façons de savoir si vous êtes victime de ce phénomène est de faire attention au degré de rejet que vous inspire le trait de caractère que vous reprochez à l'autre. Si la plupart des gens sont agacés par le mauvais esprit qui émane d'une personne arrogante ou cupide par exemple, certains en seront plus irrités que d'autres. Ainsi, si votre sang bout quand vous pensez à une telle personne, vous saurez par quoi commencer votre prochain mea-culpa !

Qui me dit que je suis vraiment en tort ?

Il peut être difficile de mesurer à quel point votre ressentiment est lié à votre propre défaut ou si elle relève simplement d’un comportement méprisable constaté en toute objectivité chez l’autre. En outre, si quelqu'un vous accuse d'une imperfection que vous niez, est-il en train de projeter sa propre carence sur vous ou bien êtes-vous dans le déni d'une partie de vous-même ?

En fait, il est tout à fait envisageable que vous-même, comme votre détracteur, possédiez chacun une partie de défaut, et pas exclusivement l'un ou l'autre d'entre vous. Le principal pour vous est de prendre une certaine distance et d'envisager les deux éventualités possibles. Ne surtout pas en rejeter une d'un revers de la main.

Le cadeau du miroir

Être conscient de ce mécanisme de projection vous permet d'être plus clairvoyant sur votre propre personnalité. Vos réactions négatives envers autrui peuvent ainsi se transformer en une salutaire prise de conscience de vos propres débordements. Il semblerait bien qu'elles proviennent du plus profond de vous. Lorsque que vous êtes face au miroir que vous renvoie votre interlocuteur, vous avez une opportunité formidable de découvrir des facettes cachées de vous-même, facettes qui ont pu vous paraitre inacceptables auparavant chez l’autre.

Ce phénomène prend toute son importance dans le cadre du mariage. Réfléchissez à ce que vous reprochez souvent à votre conjoint(e), comme par exemple : « Tu es la personne la plus égoïste que j'ai jamais rencontrée ! », ou bien « Mais comment peux-tu être aussi désordonné(e) ? » Pourquoi choisissez-vous de relever précisément ces défauts-là ? (Et même si vous ne les formulez pas, le fait de les penser relève du même phénomène.) Pourquoi ces deux carences vous dérangent-elles à ce point ? Ne seriez-vous pas vous-mêmes égoïste ou désorganisé de temps en temps ? Il est tout à fait possible que votre inconscient s’escrime à nier ces aspects de vous-même, car vous avez pensé toute votre vie que ce genre de défauts étaient tout bonnement inacceptables. Comme vous ne pouvez même pas envisager d'en souffrir, vous vous contentez d’en accuser votre moitié.

Prenez acte de ces traits négatifs que vous identifiez chez votre conjoint(e), et qui peuvent effectivement aussi exister en vous. Au lieu de vous concentrer sur l'égoïsme ou la désorganisation de l'autre, voyez ce que vous pouvez faire pour être vous-même moins égoïste ou désordonné. Il peut s'avérer que vous êtes altruiste ou organisé dans de nombreux domaines, mais peut-être êtes-vous plus faible dans d'autres ? Lorsque vous aurez commencé à travailler sur vous-même, vous aurez plus de compassion pour votre conjoint(e) et serez moins à fleur de peau quand il/elle affichera la carence que vous détestez. Utilisez cette projection comme une occasion de découvrir de nouvelles façons de vous améliorer et d’approfondir votre relation.

Il existe une autre façon d'apprendre de nos projections. Lorsque nous avons pris inconsciemment la décision de nier des aspects de nous-mêmes que nous avons trouvés inacceptables, nous avons peut-être fait des efforts extrêmes pour nous en débarrasser. Nous avons expulsé ces défauts hors de nous et les avons attribués aux autres. Il nous est plus facile que les autres les « portent » à notre place plutôt que d'accepter la possibilité que nous puissions encore en souffrir.

Vous pouvez généralement être une personne altruiste ou organisée. Parce que vous vous êtes dit que vous n'êtes pas autorisé à être égoïste ou désorganisée, la pensée même de présenter ces traits de caractère vous fait horreur. Vous pouvez avoir réussi à devenir complètement dévouée aux autres ou super organisé ; mais en ne vous donnant jamais la permission d'être un tant soit peu individualiste ou brouillon, vous risquez de jeter le bébé avec l'eau du bain. Vous risquez de passer à côté de vous-même parce que vous jugez qu'il serait égoïste de prendre en compte vos propres besoins. Vous ne pouvez jamais être en mesure de vous détendre et de profiter des (bonnes) surprises de la vie parce que vous craignez que quoi que ce soit vienne perturber votre emploi du temps réglé à la perfection. En vous appropriant et en réintégrant les éléments que vous détestez le plus chez les autres, vous pouvez récupérer des aspects positifs de ces traits de caractère que vous avez à tort radicalement éloignés de vous parce que vous les associez forcément et uniquement à du négatif.

Les relations humaines, et notamment le mariage, offrent une opportunité d'évolution personnelle incroyable si vous gardez les yeux ouverts. Beaucoup sont prompts à mettre fin à une relation à cause des défauts qu'ils voient en l'autre ; en fait, ils ne parviennent pas à comprendre que ce jeu de miroir leur fournit le meilleur moyen de « reconstituer » leur intégrité. Cette intégrité est finalement atteinte lorsque nous pouvons sérieusement nous introspecter, reprendre la maitrise de nous-mêmes, et faire les efforts nécessaires pour nous développer et nous améliorer.

Alors la prochaine fois que vous serez exaspéré par votre conjoint, jetez un coup d'œil au miroir, c'est-à-dire à vous-même. Vous apprendrez ainsi deux-trois choses sur vos propres défaillances et vous pourrez l'utiliser comme une occasion de progresser dans votre épanouissement personnel.

Pour toute difficulté liée au mariage, l'auteur conseille de prendre le temps de lectures appropriées et de se rapprocher de conseilleurs conjugaux versés dans la Torah.

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