Éducation

Élever son enfant sans élever la voix

28/01/2013 | par Sarah 'Hanna Radcliffe

Des stratégies éprouvées pour réduire le besoin de discipline.

Ne plus crier

Est-ce vraiment possible ? Non ! Quand nos bambins courent sur la route, nous crions, c’est évident. Nous crions aussi quand nos ados mettent la musique à fond et font la sourde oreille. Ce que nous pouvons raisonnablement espérer, c’est éradiquer les cris dans notre vie au quotidien – ceux auxquels nous avons généralement recours quand nos enfants refusent de nous obéir.

Où est le problème?

La plupart des gens ne voient pas ce qu’il y a de mal à crier. Ils disent que c’est simplement une manière légitime d’exprimer ses sentiments et que c’est même bénéfique puisque cela permet de libérer les tensions malsaines que nous avons accumulées.

Ils font sérieusement fausse route. Les chercheurs ont prouvé que les personnes qui crient, sont plus exposées aux risques d’avoir des maladies cardio-vasculaires. (1)

Le Judaïsme enseigne que crier n’est pas « une manière légitime d’exprimer ses sentiments » mais une forme d’abus du langage. Époux et enfants qui y sont soumis régulièrement, savent parfaitement à quel point cette forme de communication peut être néfaste. Les thérapeutes passent leurs journées à aider des patients à surmonter les conséquences négatives des cris dans la routine parentale : faible estime de soi, insécurité, dépression, problèmes liés au contrôle de la colère, problèmes relationnels, addictions et plus encore.

Il est vrai que certaines personnes en sortent indemnes, mais il ne faut pas compter dessus. Nombreux sont les parents qui, bien qu’aimant leurs enfants, ont rompu toute communication avec leurs enfants à cause des années de cris et de hurlements.

Lorsque les cris se font rares au sein de la famille, vous observez une foule de bénéfices :

• Votre foyer devient une oasis dans un monde troublé – vous-même y prendrez plaisir.
• Vous décuplez votre pouvoir parental en renforçant les liens qui vous unissent.
• Vos enfants ont une meilleure santé physique, psychique et émotionnelle, ils ont de meilleurs résultats scolaires et de plus grandes capacités sociales.
• Vous enseignez à vos enfants une méthode de communication qui leur permettra de jouir de relations positives et aimantes tout au long de leur vie – particulièrement avec leurs conjoints et leurs enfants.
• Vous augmentez vos chances de connaître une relation chaleureuse et durable avec vos enfants et petits-enfants.

La différence entre sentiments et comportements

Il est parfaitement normal que chacun – adulte, adolescent ou enfant – se sente irritable, tendu, abattu, ennuyé et même furieux, à un moment donné. Ces sentiments sont généralement occasionnés par des circonstances spécifiques de notre vie quotidienne (au travail, à l’école, à la maison etc.). Tout sentiment est acceptable – d’ailleurs, l’accepter est le moyen le plus efficace de l’évacuer.

Pour nos comportements, c’est en revanche, une autre histoire. Tout n’est pas acceptable. Les comportements inacceptables sont ceux qui blessent les autres ou nuisent à la société dans son ensemble. Crier entre évidemment dans cette catégorie.

Comment arrêter de hausser le ton ?

Les gens ont généralement tendance à crier quand ils sont bouleversés (à moins qu’ils n’assistent à un match de foot). La situation idéale est donc d’empêcher l’apparition d’un sentiment de détresse ou de le « traiter ». Si on n’y parvient pas, il faudra faire avec.

Au cas où vous n’êtes pas parvenu à empêcher ou à « traiter » ces sentiments, voici quelques techniques qui vous aideront à y faire face :

1. Asseyez-vous.
2. Dites tout haut : « Je vais me calmer et penser à ce que j’ai à faire ».
3. Fermez les yeux et respirez lentement quelques instants jusqu’à ce que vous soyez capable de d’adopter un comportement positif.
4. Entreprenez l’action appropriée (que ce soit parler ou sévir).

Empêcher la colère

Puisque la situation idéale est de conserver son calme, malgré les remous occasionnés par les défis parentaux, nous allons voir comment atteindre cet état d’esprit. Si nous sommes calmes dès le départ – quoiqu’il arrive avec les enfants – nous n’aurons pas à gérer notre colère.

Croyez-le ou non, une psychothérapie intensive n’est pas la condition requise pour y parvenir ! Vous devez par contre être prêt à suivre ces conseils :

1. Créez et maintenez en permanence une atmosphère positive au sein de votre foyer en suivant la règle des 80-20. Cette règle part du principe que chaque parole ou acte déplaisant doit être contrebalancé par quatre fois plus de paroles ou d’actes positifs. Pour un adolescent ou un conjoint, vous élèverez ce quota à 50-10.

Des exemples d’interventions positives : compliments, récompenses, gestes d’affection, plaisanteries, écoute attentive, mots d’amour, cadeaux etc. Des exemples d’interventions déplaisantes : critiques, instructions, menaces ou punitions, dire « non », corrections, faire preuve de mauvaise humeur par une expression ou une parole, témoigner de l’irritation, du déplaisir, etc.

Vous remarquerez qu’« instructions » fait partie de la deuxième liste. Toute requête qu’un parent fait à un enfant (« c’est le moment de se laver les dents », « de faire tes devoirs », « débarrasse ton assiette s’il te plaît », etc.) doit donc être considérée comme une intervention déplaisante.

2. Chaque fois que votre enfant exprime un sentiment au cours de la journée, nommez ce sentiment avant d’agir. Par exemple, si votre enfant se plaint qu’il n’aime pas le repas, vous pouvez le formuler ainsi : « Oh, c’est frustrant ! Tu aimerais avoir quelque chose d’autre à manger que ce que j’ai préparé ce soir. » Ensuite, décidez de la réaction – que ce soit servir un autre plat, insister en disant que « c’est le menu pour ce soir » ou autre chose.

Avec le temps, cette technique d’énoncer les sentiments conduit les enfants à être plus coopératifs (et émotionnellement plus sains), même si l’enfant ne manifeste pas son enthousiasme sur le champ, lorsque vous mettez le doigt sur son sentiment.

3. Usez d’interventions positives pour infléchir le comportement de votre enfant.

4. Si vous essayez d’apprendre à votre enfant à ne pas vous interrompre quand vous êtes au téléphone, employez la méthode de sentiment positif suivante : C = Commenter, N = Nommer, R = Récompenser. Téléphonez (brièvement) en présence de votre enfant. Raccrochez ensuite et commentez : « Tu as attendu sagement pendant que Maman était au téléphone ». Puis, nommez : « Tu as fait preuve de patience ». Enfin, récompensez : « Je pense que cela mérite une histoire (calin, faveur) ».

L’étape de la récompense est utilisée uniquement pour enseigner une nouvelle conduite. Utilisez les étapes « Commenter » et « Nommer » pour encourager des comportements déjà présents. Employez toujours cette méthode avant d’avoir recours à des interventions déplaisantes.

5. Conservez votre calme avec la règle des 2X. N’émettez jamais une requête plus de deux fois. Ne répéter la chose que si vous êtes prête à assumer les conséquences négatives qui s’ensuivront. Voici comment procéder : Demandez quelque chose à votre enfant et, s’il ne répond pas, déterminez si cette chose est vraiment essentielle.

Vous demandez par exemple à votre enfant d’accrocher son manteau. S’il ne le fait pas, décidez si cela vaut la peine pour vous d’aller plus loin, en fonction de votre position dans la règle 80-20 (si vous avez déjà consommé votre quota d’interventions déplaisantes : il vaut peut-être mieux attendre que les choses s’améliorent, avant d’attaquer la question du manteau). Peut-être ne vous sentez-vous pas suffisamment en forme pour gérer la situation ? Ou préférez-vous réserver l’intervention déplaisante pour un sujet plus important ?

Quelle qu’en soit la raison, après avoir fait une fois la demande, vous pouvez laisser tomber la requête et prétendre qu’elle n’a jamais été faîte. Si vous décidez de réitérer, vous placez l’enfant devant un choix : obéir ou faire face aux conséquences négatives. Ainsi : « Chéri, je t’ai demandé d’accrocher ton manteau, si tu ne le fais pas rapidement, c’est moi qui vais le faire et tu ne pourras pas jouer à l’ordinateur, ce soir ». Si l’enfant n’obéit pas, vous devez alors répéter brièvement et calmement : « Je suis désolé. C’est fini. Pas d’ordinateur. »

Ce procédé est une alternative de taille à la règle des 10X selon laquelle le parent demande, demande et demande encore – 10 fois – jusqu’à ce que la moutarde lui monte au nez et qu’il se mette à crier ! La règle des 2X permet au parent de conserver son calme et à l’enfant de prendre l’habitude de répondre à une personne posée. La perte de certains privilèges ou tout autre conséquence désagréable ne nuit jamais au développement de l’enfant, si on en use avec modération. Alors qu’une démonstration de colère de la part du parent laisse toujours une marque – qui n’apparaît parfois que bien des années plus tard.

Utiliser les outils

En tant que parents, nous apprenons souvent de nouvelles techniques, mais avons du mal à les appliquer dans le feu de l’action. Il est pourtant crucial pour atteindre la paix dans notre foyer et la sérénité parentale que nous cessions d’élever la voix. Vous pouvez vous motiver en utilisant un système de récompense et de punition. De prime abord, cela peut paraître puéril, mais c’est efficace !

Vous pouvez commencer avec les récompenses. Chaque jour où vous êtes parvenu à éviter de crier (ou chaque heure, si vous avez fréquemment recours aux cris pour vous faire obéir), octroyez-vous un point. Déterminez le nombre de points que vous pouvez raisonnablement atteindre en une semaine. Quand ils sont atteints, offrez-vous un week-end à l’île Maurice ! Enfin, pas tout à fait, mais vous avez saisi l’idée.

Certaines personnes préfèrent utiliser les « conséquences négatives » pour modifier leurs schémas mentaux. Si vous en faites partie ou si le système des récompenses ne vous a pas permis d’atteindre les résultats escomptés, octroyez-vous une punition à chaque fois que vous élevez la voix. Vous pouvez choisir parmi les activités suivantes : faire des pompes (vous apprécierez les avantages en matière de perte de poids), ranger des tiroirs (profitez d’une meilleure organisation), donner de l’argent à la tsédaka ou toute autre tâche à la difficulté modérée. Si aucun progrès n’ait fait, augmentez la difficulté de la tâche (faîtes plus de pompes !). Au bout du compte, cela ne vaudra même plus la peine de crier. Votre cerveau trouvera une autre façon de gérer le stress parental.

Des parents joyeux et sereins

Nous apprécions tous un foyer paisible fondé sur des relations attentionnées et respectueuses. Nous avons simplement besoin d’outils et de volonté pour y parvenir. Nos enfants gagnent en force et en santé s’ils sont nourris par une énergie d’amour – énergie trop sensible pour coexister avec les vibrations arides de la colère. Heureusement, les parents ont tant d’amour à donner que, dès qu’ils cessent de crier, leur amour se déverse pour inonder le cœur de leurs enfants.

(1). American Journal of Epidemiology, August 1, 2001 ; 154 : 230-235

Raise Your Kids without raising Your Voice est un manuel complet qui couvre les vingt premières années d’éducation de l’enfant. Basé sur des principes de Torah qui prennent en compte le respect de soi et des autres, il donne aux parents des stratégies simples et pratiques pour négocier chaque problème sans colère ni stress. Rédigé par un médecin ayant 30 ans d’expérience, ce livre offre un soutien inestimable à tout parent pour l’accomplissement de la tâche la plus importante et la plus ardue de toute sa vie : Elever ses enfants.

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