Société

La fête des Mères en 6 questions

22/05/2013 | par Yvette Miller

Et si on profitait de ce jour pour faire le point sur nos objectifs familiaux ?

La fête des Mères (1) est une formidable opportunité pour réfléchir à tête reposée aux objectifs que nous fixons à notre vie de famille. Aussi, que nous soyons maman ou non, prenons quelques minutes pour nous poser et réfléchir tranquillement à ce que seraient nos réponses aux six questions suivantes :

1. Quelle ambiance souhaitons-nous à la maison ?

John Lennon a dit avec humour que la vie est ce qui arrive tandis qu'on est occupé à autre chose. Trop souvent, l'humeur qui règne dans nos maisons est un peu le fruit du hasard, ce qui arrive de lui-même alors que nous nous échinons à élaborer d'autres objectifs.

L'une des plus grandes bénédictions du judaïsme consiste à souhaiter à toute une personne de jouir du Chalom baït – de la paix dans son foyer. Le terme Chalom évoque une absence de lutte, des échanges relationnels empreints de respect et de bonté. Mais étymologiquement, le mot Chalom veut dire bien plus que cela.

Chalom signifie littéralement "complétude". Quand nous souhaitons du Chalom dans nos maisons et nos familles, nous demandons plus qu'un simple cessez-le-feu dans les disputes ; nous aspirons à la complétude, à cette perfection formée par l'ensemble des acteurs familiaux, et où chacun joue pleinement son rôle.

2. Passons-nous assez de temps libre ensemble ?

Apprendre à connaître autrui exige beaucoup du temps, et il en est de même pour apprendre à connaitre les membres de notre famille. Pourtant de nos jours, ce temps nécessaire semble être une denrée très rare. Avec le stress du travail et de l'école, sans oublier la pression constante qui nous oblige à rester constamment connecté avec notre portable ou nos mails, l'idée même de passer du temps ensemble, simplement en famille, sans s'étourdir de distraction extérieure, peut sembler être un but impossible.

Le moment clé pour commencer à repenser nos plannings est l'heure des repas. Une foule d'études ont montré que les enfants qui mangent régulièrement avec leurs parents présentent des taux de risques de consommation future de drogue ou d'alcool significativement inférieurs aux autres. Ils obtiennent de meilleurs statuts sociaux et ont une bien meilleure image d'eux-mêmes. L'atmosphère même du repas pris en famille est elle aussi importante : il y a beaucoup plus de tensions familiales chez celles qui ont mangé ensemble mais en regardant la télé, que chez celles qui ont discuté de façon conviviale pendant le repas.

Le judaïsme donne aussi un rendez-vous hebdomadaire aux familles pour cultiver leur vivre-ensemble et entretenir leur bonne entente. Le Chabbat est un temps où les familles mettent traditionnellement de côté les pressions du travail, de l'école et autres occupations pour se recentrer et accorder de l'attention à chacun de ses membres. Le diner du vendredi soir, comme les autres repas de Chabbat, peuvent constituer ces pauses indispensables dans le tumulte de la semaine. Ils sont pour nous l'occasion rêvée de nous détendre, de nous relaxer, de partager une conversation agréable avec nos proches ou nos invités, voire même de redécouvrir l'autre que l'on côtoie chaque jour sans prendre le temps de lui accorder assez d'attention.

3. Quelles aspirations spirituelles visons-nous pour notre famille ?

La plupart d'entre nous ne sommes pas habitués à penser leur famille en terme de spiritualité. Pourtant chaque famille a une part de spiritualité en elle (même si nous n'utilisons pas précisément ce terme pour définir cette réalité).

Tout individu tend à se connecter à quelque chose de supérieur à lui. Les enfants en particulier cherchent en permanence à donner du sens au monde qui les entoure. Or nos habitudes de vie quotidiennes vont faire émerger leurs propres réponses aux grandes questions de la vie.

Nos enfants nous voient-ils pratiquer la Tsédaka (charité) ? Nous efforcer d'aider autrui ? Agir avec droiture et honnêteté ? Leur montrons-nous que nous respectons nos traditions ? Que nous nous soucions de nos communautés et que nous les soutenons le cas échéant en cas de coup dur ? Que nous nous efforçons d'être tournés vers D.ieu ? Influencer l'épanouissement spirituel de nos familles peut paraitre ardu, notamment lorsque la plupart d'entre nous n'ont pas encore réfléchi à tous les domaines évoqués ci-dessus. Pourtant d'autres suivent nos exemple, et atteignent cet objectif avec succès !

Un récit juif très connu illustre la formidable influence qu'une femme juive exerce sur son entourage. Un couple de Juifs intègres menait une vie paisible, mais leur foyer n'était toujours pas béni d'enfant après plusieurs années de mariage. Ils décidèrent à contrecœur de divorcer pour avoir une descendance avec de nouveaux conjoints. Chacun des époux, de grande valeur, épousa un conjoint de moindre envergure que lui. Pourtant ils connurent des sorts très différents l'un de l'autre.

Très vite, la nouvelle femme mécréante de l'homme vertueux l'influença de façon négative, jusqu'à le corrompre lui aussi. En revanche, l'épouse intègre réussit à améliorer petit à petit la conduite de son nouvel époux, jusqu'à le rendre aussi admirable qu'elle.

A l'image de cette femme, chacune de nous a le pouvoir d'influencer positivement son environnement. Les mamans en particulier sont très bien placées pour incarner le comportement optimal qu'elles souhaitent voir régner dans leurs foyers.

4. Quel "shopping" familial pour aujourd'hui ?

La femme juive idéale est une consommatrice hors pair ; elle excelle en shopping ! Ceci n'est pas un slogan publicitaire, c'est une vérité établie dans la tradition juive.

Chaque vendredi soir, au diner de Chabbat, les Juifs du monde entier récitent le chant Echet 'Hayil – littéralement la "femme vertueuse", qui est une ode à la femme juive parfaite. Ce texte, tiré du Livre des Proverbes biblique, décrit cette femme idéale comme une femme d'affaires hors pair, produisant des biens en important les matières premières depuis les horizons les plus lointains.

Tsipora Heller, auteure et éducatrice juive, commente cette allégorie. Elle souligne que chacune d'entre nous est un négociant, qui sélectionne avec attention les marchandises venues d'ailleurs qu'il souhaite importer dans son fonds de commerce. Ces marchandises ne sont pas seulement des denrées, mais aussi des idées et des valeurs.

Ainsi chacune d'entre nous part en "shopping" tous les matins. Il est de notre devoir de faire preuve de discernement, de repérer et d'adhérer aux valeurs qui vont nous renforcer et renforcer nos familles, et d'avoir la sagesse de laisser le reste de côté.

5. Quel héritage laisserons-nous à notre descendance ?

Alfred Nobel, chimiste suédois qui vécut au XIXème siècle, fut l'inventeur de la dynamite. En 1888, alors que Nobel était âgé de 55 ans, un journal français publia par erreur sa nécrologie. Le savant fut horrifié de ce qu'il y lut : l'unique héritage qu'il léguait au monde était la mort et la désolation !

Nobel réagit aussitôt et décida d'œuvrer de façon positive pour le restant de ses jours. Il consacra sa fortune à la remise de récompenses, les désormais fameux Prix Nobel, qui gratifient les meilleures avancées dans le domaine de la science, de la littérature ou de la paix dans le monde.

Dans 100 ans, quand nos petits-enfants parleront de nous à leurs propres petits-enfants, qu'auront-ils à leur dire ? Que voudrions-nous qu'ils puissent leur raconter ? Certes, la plupart d'entre nous n'auront pas le même choc qu'Alfred Nobel à la lecture de sa nécrologie prématurée. Mais nous pouvons tenir compte de son exemple pour réfléchir à ce que sera notre héritage au monde, et à ce que nous désirons qu'il soit.

6. Savons-nous dire "Merci !" à la vie ?

Il est facile de crouler sous l'effort qu'exige la construction de la famille idéale, et d'en oublier parfois le côté "fun" de la chose. Beaucoup de gens pensent que pour passer du bon temps, il est plus facile, voire obligatoire, de sortir (de la maison) : aller au cinéma, sortir au restaurant, bref se divertir pourvu que l'on soit dehors.

Pourtant les psychologues ont constaté que les sources de plaisir et de divertissement extérieures au foyer familial se tarissent rapidement (il y a même un terme psychologique qui qualifie cette réalité, "l'adaptation hédoniste"(2)). Mais ils ont aussi démontré que la façon la plus efficace pour renforcer le sentiment de bien-être consistait à identifier et à canaliser les choses positives qui existent déjà dans nos vies. Le simple fait de lister les choses qui nous donnent satisfaction nous rend heureux, et ce de façon significative.

Essayons de prendre le temps de nous poser et de dresser par écrit la liste de tous ces "petits riens" et de ces grandes choses qui font notre joie chaque jour. Penser à nos enfants, à nos proches, à notre santé – ou tout simplement à ce miracle quotidien qui fait que nous sommes en vie ! – nous aide à apprécier nos familles et nos foyers à leur juste valeur, et à les rendre plus sereins et source de joie inépuisable.

Notes :

(1) La fête des Mères est une fête annuelle célébrée par les enfants en l'honneur de leur mère dans de nombreux pays. En France, une fête des Mères de familles nombreuses fut instituée en 1920,  puis le gouvernement officialisa une journée des Mères en 1929, dans le cadre de la politique nataliste encouragée par la République. Ce n'est donc pas, contrairement à ce qui est souvent relayé dans les médias, une création du maréchal Pétain : en 1941, le régime de Vichy n'a fait qu'inscrire la fête des Mères au calendrier.

Quant au judaïsme, inutile de dire qu'il célèbre les mamans à chaque instant, par la mitsva de Kivoud Av vaEm (le respect dû aux parents) !

(2) Le  fait que l'on se lasse facilement d'une source de plaisir et qu'on tend à en exiger de nouvelles pour se sentir satisfait. 

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