Réflexions

Le miracle de Hanouka

14/12/2011 | par Lawrence Kelemen

Comment faire des lumières de Hanouka notre propre lumière ?

Le but de chaque Juif est de perfectionner son caractère et de développer son potentiel. Nos fêtes sont ainsi reparties que si nous nous connectons à leur rythme, si nous les comprenons et les respectons, alors quand l’année se terminera nous aurons réalisé notre potentiel de progression spirituelle et de raffinement de notre caractère. Les fêtes sont un mécanisme réglé sur le calendrier pour nous assister au mieux et nous diriger dans notre désir de nous améliorer. 

La question qui se pose par rapport à Hanoucca est donc : quelles sont les opportunités offertes pendant ces huit jours, et que sommes nous censés faire pour profiter de la lumière de cette fête ? Comment faire des lumières de Hanoucca notre propre lumière ? 

Commençons par considérer les quatre questions suivantes : 

Question no. 1  

Après tout, l’Histoire regorge de récits de tentatives échouées de détruire le peuple juif.

Chacun sait que d’une certaine manière Hanoucca vient célébrer la victoire des Juifs sur les Grecs. Les Grecs persécutaient les Juifs, qui résistèrent, et nous sommes toujours là aujourd’hui pour en parler. La question néanmoins est la suivante : pourquoi l’histoire de Hanoucca est-elle la seule des histoires dans lesquelles les Juifs ont échappé aux persécutions, que nous commémorons par une fête ? Après tout, l’Histoire regorge de récits de tentatives échouées de détruire le peuple juif.  

En regardant simplement l’histoire antique des Juifs, nous pouvons considérer la rencontre des Juifs avec les Assyriens comme un événement aussi digne d’être commémore par une fête que la confrontation avec les Grecs. Réfléchissez à cela : L’armée assyrienne, la plus puissante de son époque avec quelques 185.000 hommes, arrive aux portes de Jérusalem en l’an -701. Cette force fantastique campe aux pieds des murailles et s’apprête à déchainer un holocauste sur la ville avec pour but de tout massacrer, hommes, femmes et enfants.  

Quoi qu’il en soit, quelque chose d’extraordinaire est arrivé cette nuit-là

D’après l’historien grec Hérodote, la totalité des 185.000 soldats assyriens périrent pendant leur sommeil la veille de l’assaut. Bien sûr, les interprétations divergent sur ce qui est arrivé. Hérodote mentionne quelque chose à propos d’une éruption de peste bubonique. Les historiens juifs racontent une autre histoire, celle d’un ange de Dieu qui de son épée aurait exterminé tous les soldats. Quoi qu’il en soit, quelque chose d’extraordinaire est arrivé cette nuit là. Mais ce sauvetage n’a jamais été élevé au rang de fête religieuse…  

On pourrait parler également de ce qui s’est passé en l’an 135 pendant la révolte de Bar-Kokhba, ou comment les Juifs ont survécu aux croisades, ou à l’inquisition. Rien de tout cela n’a été transformé en fête. Plus récemment, lors de la chute de l’Union Soviétique qui a permis la libération de millions de Juifs soumis à un régime déterminé à effacer toute trace de Judaïsme, il n’est venu à l’idée de personne d’en faire une fête religieuse. 

Ou bien peut-être devrions-nous créer une fête fourre-tout pour marquer la survie des Juifs en dépit des efforts incessants des antisémites pour les supprimer depuis des millénaires ? Peut-être devrions-nous célébrer le refus des Juifs à se plier aux lois de l’évolution selon lesquelles des nations écrasent d’autres nations, et auraient dû déjà provoquer la disparition des Juifs mais n’y sont jamais parvenu ?

Alors la question n °  1 est, pourquoi la victoire juive sur les Grecs en -164 est-elle l'événement qui nous commémorons? 

Question No. 2 

Il est très tentant de répondre à la question n ° 1 de la même manière les Sages le font, dans l'un des quelques passages talmudiques qui mentionne Hanoucca. Le Talmud pose la question suivante: «qu’est-ce exactement que 'Hanoucca?" La question est étonnante, car on aurait pensé que les Sages du Talmud auraient été les derniers à l’ignorer. Qui plus est, ils n'ont jamais demandé "Qu’est-ce que Pessah?" ou "Qu’est ce que Pourim?" Comment ce fait-il qu’ils aient eu un problème avec 'Hanoucca?

 
Rashi, commentateur  par excellence du Talmud et de la Bible, vient à la rescousse et explique la question du Talmud comme suit: «Quel fut exactement le miracle qui a conduit à ce que Hanoucca soit institué comme fête ? ». La question implique qu’il y avait d’autres événements qu’on aurait pu considérer miraculeux, mais que celui-ci fut le seul qui mérita aux yeux des sages qu’on en fasse une fête.  

Qu’une bande ridiculement petite de combattants mal équipés ait pu défaire la plus grande armée du monde n’est pas un miracle

A cette question le talmud répond : "Nos rabbins enseignaient que le 25 Kislev commence les huit jours de Hanoukka. Ces jours sont interdits d’éloges funèbres. Pourquoi ? Parce que quand les Grecs entrèrent dans le Temple Saint, ils ont rendu impures toutes les huiles qui étaient réservées à la Menorah ». Le Talmud continue en nous rapportant que lorsque les Hasmonéens ont triomphe des Grecs, ils ne trouvèrent qu’une seule fiole d’huile dont le sceau du Grand-Prêtre était reste intact et qui étant restée pure, pouvait être utilisée pour la Menorah. 

On nous rapporte également que cette fiole aurait dû ne durer qu’une seule nuit. D’où la conclusion finale : « Cette nuit là un miracle eut lieu. Ils purent allumer une petite fiole d’huile et le miracle fit que les bougies brûlèrent pendant huit jours ». 

Nous apprenons de là qu’aux yeux de nos sages, le fait qu’une fiole d’huile brûle pendant sept jours de plus que ce que l’on attendait la rend digne d’être appelé "miracle". Mais qu’une bande ridiculement petite de combattants mal équipés ait pu défaire la plus grande armée du monde, ce n’en est pas un. 

Ceci pourrait répondre à notre première question, car bien que la majeure partie de l’histoire juive puisse être regardée comme étant miraculeuse, seul Hanoucca a vu le miracle de l’huile. Le problème de cette réponse est qu’elle amène une autre question : pourquoi le miracle des lumières n’a-t-il eu lieu qu’avec les Grecs ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de miracle similaire à un autre moment de l’histoire juive. 

Question No.3 

Le Talmud aurait pu dire que deux miracles sont arrives à Hanoukka, la victoire militaire et le miracle de l’huile. Mais il ne le fait pas. Il nous dit au contraire qu’il n’y eut qu’un seul miracle, celui de l’huile. La troisième question qui s’impose est donc : pourquoi la victoire militaire n’est-elle pas considérée comme un miracle ? 

Question No.4 

Regardons le texte qui apparait dans les livres de prières, appelé Al HaNissim, relatif à Hanoucca. Dans tout le texte le miracle de l’huile qui brula huit jours n’est jamais mentionne. On pourrait donc penser que la fête de Hanoucca ne traite que de cette victoire militaire dans laquelle Dieu « a livré les forts aux mains des faibles, le grand nombre aux mains du petit nombre, les impurs aux mains des purs, les méchants aux mains des bons, etc. » 

La question No.4 est donc : pourquoi le Siddour ne mentionne t-il que la victoire militaire alors que le Talmud ne se focalise que sur le miracle de l’huile ? 

En y réfléchissant 

Pour répondre à ces questions, nous devons considérer trois aspects qui nous ferons comprendre les réponses de manière naturelle. 

  1. Quelle était la vision grecque de la nature humaine, et qu’est ce qui faisait l’essence de la culture grecque ?
  2. Quel est le message des miracles ?
  3. Quelle était la vision juive de la nature humaine, et en quoi consiste l’essence du Peuple Juif ? 

Aspect No.1 

Plus que toute autre nation dans l’histoire, les Grecs ont représenté le monde physique naturel. D’un point de vue religieux ils étaient panthéistes : ils vénéraient la nature, idéalisaient le corps humain, et considéraient la survie des plus forts comme un principe sacré. Les Grecs croy aient que du fait qu’un homme se battait mieux qu’une femme à la guerre, il valait plus qu’elle. Cette vénération de la virilité était à la source de l’idéal grec de l’homosexualité.  

Les Grecs avaient même des rituels spécifiques de mise à mort des enfants

En outre, les valeurs de base reposant sur la force du corps humain et la survie des plus forts, tout bébé né avec un défaut, physique ou mental, était abandonné au soleil jusqu’à ce qu’il meure. Les Grecs avaient même des rituels spécifiques de mise à mort de tels enfants. Les bébés handicapes étaient projetés sur des rochers ou précipites à la mer.  

Dans la Grèce antique, les athlètes étaient les prêtres et le gymnase un temple. Les hommes les plus forts étaient de loin les mieux considérés par la société.  

Quand les juifs décidèrent de résister aux Grecs, ce ne fut pas seulement l’affaire d’un petit pays qui se révolte contre une grande nation. Quelque chose de plus profond et de plus fondamental se passait. Les Juifs avaient une vision très différente de la nature, et en particulier de la nature humaine. Les Juifs avaient une fois inébranlable dans le sur-naturel, en un Dieu qui transcende la nature, et non en une panoplie de dieux qui opèrent au sein de la nature. 

Les Juifs regardaient le corps comme un élément naturel qui demandait à être confronté, raffiné et élevé à un niveau supérieur. Pour un juif, le défi que présente la nature est la soumission du matériel aux idéaux, et non l’amour du corps en soi et pour soi. La bataille qu’on livrée les Juifs aux Grecs était le combat d’une nation déterminée par le sur-naturel contre une nation qui incarnait la nature. 

Aspect No.2 

Tous les miracles ne se ressemblent pas. Il y a en fait deux catégories de miracles. 

Le Talmud relate l’histoire célèbre de Rabbi Hanina Ben Dossa. Un certain vendredi soir, sa fille prépara les bougies de Shabbat (à l’époque des lampes à huile) et les alluma. Une fois qu’elles furent allumées, elle se rendit compte qu’elle avait utilisé du vinaigre à la place de l’huile. Quand son père rentra de la synagogue, il la trouva affligée 

« Papa, j’ai mis du vinaigre à la place de l’huile, les lampes vont s’éteindre » Rabbi Hanina lui répondit : « Ma fille, Celui qui a dit à l’huile de brûler, dira au vinaigre de continuer à brûler. »  

Le Talmud conclut l’histoire en nous disant que les lampes de vinaigre ont brulé pendant tout le Shabbat. 

Par cette histoire, on veut nous enseigner que même l’huile qui brûle est un miracle. « Celui qui a dit à l’huile de brûler dira au vinaigre de brûler ». Si l’huile ne brûle que parce que Dieu l’a voulu ainsi, alors le vinaigre, ou même le Coca-Cola pourraient brûler, si Dieu le voulait ainsi.  

Les miracles de « première classe » sont immanquables

Il y a donc deux sortes de miracles : les miracles de « première classe » sont immanquables. Ils sont imposants et totalement extraordinaires. L’Hébreu les appelle Ness, ce qui veut dire littéralement signe, ou étendard. Les  « miracles de première classe » nous interpellent comme pour nous dire : « Eh ! Réveillez-vous ! C’est moi, Dieu, qui ai crée le monde au commencement et qui depuis lors en suis le maitre absolu. » Chaque Ness est une bannière qui nous rappelle que de la même manière que Dieu a ouvert la mer, c’est également Lui qui « dit à l’huile de brûler ». 

Réfléchissez à cela : pourquoi quand on lève un stylo et qu’on le relâche, il tombe ? On peut répondre que c’est dû à la gravité, mais alors vient une autre question : pourquoi Y-a-t’il de la gravité ? Et si déjà, pourquoi la Terre tourne-t-elle ? Pourquoi le cœur bat-il ? Pourquoi les bébés naissent-ils ? En fin de compte tout est Ness, miracle, mais quand un phénomène se répète un grand nombre de fois, alors on croit l’expliquer en disant « c’et à cause de la gravite », comme si cela pouvait expliquer quelque chose. Et une fois que nous lui avons collé cette « explication », alors plus jamais l’événement ne nous surprendra ou n’attirera notre attention. 

Le principe est donc qu’il y a deux sortes de miracles : les miracles « étendards », qui attirent notre attention, et ceux qui sont tellement finement intégrés dans les phénomènes naturels qu’ils nous paraissent, comment dire, « naturels ». 

Aspect No.3 

La vie est une guerre de laquelle l’âme a peu de chances de sortir victorieuse

La vie est un combat entre le corps et l’âme. Une guerre de laquelle l’âme a peu de chances de sortir victorieuse. Néanmoins, quand arrive le moment où l’on doit surmonter les pulsions du corps et se comporter comme une âme, même si on faiblit parfois un peu, on est garanti de réussir. Chaque tentative pour dominer notre coté naturel, même si elle avorte, porte en elle les étincelles de la victoire. Ces étincelles nous permettront avec le temps de réunir nos forces pour nous permettre de nous élever au-dessus de notre nature physique et d’embrasser notre nature transcendantale, notre « super-nature ».  

Répondons aux questions 

Sachant tout cela, sachant qu’en combattant les Grecs nous combattions la nature, sachant qu’il y a différentes sortes de miracles, et sachant comment dépasser la nature en nous y efforçant toujours malgré les échecs passagers, nous pouvons apporter des réponses à nos questions. 

En l’an -164, les Juifs, qui incarnaient la volonté sur-naturelle de la Torah, se mirent en guerre contre les Grecs qui représentaient une divinisation de la nature. Imaginez : Les Grecs arpentaient les autoroutes avec des Kalachnikovs et massacraient tous les Juifs qu’ils voy aient. Ils avaient déjà conquis la Vieille Ville de Jérusalem. Plus d’espoir, tout était fini. Comment nous sommes-nous défendus ? Nous avons circoncis nos garçons, nous avons observé le Shabbat, et nous avons sanctifié la Néoménie. Nous avons proclamé : « Vous verrez qui rira le dernier ! » 

Les Grecs nous ont surement railles avant de reprendre leur massacre. La guerre a effectivement duré de -322 à -164. Les Juifs ont néanmoins tenu tète, continuant la révolte et risquant leur vie pour leur Judaïsme. Les Grecs nous ont certainement pris pour des fous. « Laissez tomber ! Retournez à Paris et à New-York. Votre résistance est inutile, vous ne voyez donc pas que tout est fini ? », ont-ils probablement hurlé. 

Et les Juifs de continuer : « Chaque Mitsva ajoute de la lumière à la flamme du sur-naturel. Même si nous échouons aujourd’hui, et demain, nos efforts ajoutent une étincelle supplémentaire, pour qu’un jour toutes ces étincelles jaillissent en une explosion de lumière qui fera disparaitre l’obscurité. » 

C’est le miracle des lumières qui a accompagne les événements de Hanoucca parce qu’il représentait parfaitement le combat entre la lumière du Judaïsme et l’obscurité de l’Hellénisme, le sur-naturel contre le naturel. 

Le Talmud et le livre de prières 

Revenons sur la vision qu’avaient les Sages du miracle de Hanoucca. Ils savaient très bien faire la différence entre ce qui est miracle et ce qui ne l’est pas. Ils savaient aussi pertinemment qu’en matière de spiritualité on ne peut échouer si on fait des efforts. En fin de compte on verra toujours un résultat. 

Ils avaient compris que la réalité est un vaste miracle sous le couvert de la nature. La question du Talmud : « Sur quel miracle repose Hanoucca ? » était en fait : quel est ce miracle « de première classe », extraordinaire, qui représente l’événement ? C'est pourquoi le miracle de l’huile fut choisi et non celui de la victoire militaire. A leurs yeux, la victoire militaire allait de soi, c’était un miracle « naturel » sur lequel ils savaient pouvoir compter, parce qu’ils savaient que tant que les Juifs résistaient, qu’ils se battaient et observaient leurs lois, les Grecs seraient perdants. Qu’une bande de mercenaires juifs mette en déroute la machine de guerre des Grecs était normal, mais que des lampes brûlent pendant huit jours, cela était inattendu ! 

Ce qui nous amène au texte du Siddour. Revenons au passage qui mentionne la victoire militaire mais omet le récit du miracle. Pour comprendre cela, nous devons faire remarquer la différence essentielle qui existe entre le talmud et le Siddour : le Talmud relate entre autres des événements anciens, nous rapportant des faits historiques pour les enseignent spirituels qu’on peut en tirer, mais le cadre de sa discussion est historique. D’un point de vue historique, le phénomène de l’huile qui a brûle pendant huit jours est seul a attirer son attention. Les guerres ? Elles arrivent tout le temps ! 

Le Siddour par contre ne s’occupe pas d’histoire. Le Siddour s’occupe littéralement du temps présent. Ce matin, ce soir, cet après-midi. Le Siddour s’occupe de la relation vivante, sans cesse renouvelée, entre Dieu et chaque Juif. C’est une conversation en temps réel, dans le présent et non dans le passé. Les seuls miracles évoques dans le Siddour sont ceux qui continuent à se dérouler dans le temps présent. Le miracle évoque dans le Siddour est le miracle eternel relatif à la guerre entre la nature et nous-mêmes, le principe selon lequel à force de nous battre, nous parviendrons à dominer notre naturel. 

Nous savons que les Juifs ne comptent pas sur la nature. Nous savons que nous devons continuer à  essayer même si nos efforts semblent contredire la raison, ou le raisonnable. La nature est rationnelle, le Peuple Juif ne l’est pas. Son retour après 2000 ans a-t-il l’air naturel, ou rationnel ? Quelqu’un aurait il pu imaginer Israël il y a seulement trois cents ans ? 

A Rosh Hashana et à Yom Kippour nous avons tous pris des engagements. Maintenant que l’hiver s’installe, ces jours d'exaltation semblent bien lointains, et nos engagements semblent s’évanouir. C’est une période ou nous avons envie de baisser les bras. A ce moment de l’année nous nous disons : « J’étais trop exalte, j’ai pris des engagements exagérés, c’est trop pour moi. » 

Mais l’inverse est vrai. Hanoucca est le moment de saisir ces engagements et de les réaliser. C’est le moment ou nous faisons appel aux étincelles accumulées par chacun de nos efforts. La nature nous supplie de laisser tomber, de revenir sur terre, de cesser de penser que nous sommes capables de progresser comme nous l’avons imaginé. Hanoucca est la réponse. Hanoucca vient nous dire que la nature peut être dominée, ce qui semble impossible ne l’est pas. 

Et nous Juifs sommes censés croire aux miracles, et compter dessus.

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