Réflexions Pessah

Quatre nouvelles questions pour votre Séder

09/04/2014 | par rabbin Benjamin Blech

Invitez le débat à votre table du Séder avec ces quatre questions contemporaines sur les thèmes majeurs de Pessah !

Les Juifs ont un faible pour les questions, surtout lorsqu’elles sont judicieuses. Rien d’étonnant donc, que le Séder, célébrant la naissance de notre peuple, soit structuré sous la forme de questions/réponses. Chacun des participants doit poser des questions, déclencher des discussions et des débats animés au cours de cette soirée.

Dans cet esprit, permettez-moi d’ajouter aux quatre questions traditionnelles du Séder quatre nouvelles interrogations qui reprennent certains des thèmes les plus importants à méditer autour de la table de Pessa’h.

1. Une question sur le thème principal du Séder

Pourquoi le Séder s’appelle-t-il ainsi ?

Le mot « Séder » signifie ordre. Les commentateurs juifs soulignent que cette appellation véhicule le message cardinal de la fête : l’histoire n’est pas une circonstance fortuite, elle suit au contraire un ordre décrété par le divin. Lorsque Dieu nous fit sortir d’Égypte, nous découvrîmes qu’Il n’avait pas rompu Sa relation avec le monde en se contentant de le créer ; Il continue à entretenir une relation continue et bienveillante avec ceux qui L’aiment.

Tout ce qui nous arrive ne relève pas de la coïncidence ; c’est la volonté de Dieu. Les événements de notre vie suivent un scénario écrit par Dieu. La vision existentielle et vide de sens envisagée du point de vue de l’athée est remplacée par la foi d’un croyant qui connaît l’existence d’un Séder, d’un ordre décrété par le Divin, pour ce qui a trait aux méandres apparemment étranges, mais ultimement profonds de nos destins.

Quelle sagesse dans cette citation affirmant : « la coïncidence est simplement la manière de Dieu de choisir de rester anonyme. » Certains évènements sont trop savamment orchestrés pour incarner autre chose que la Main de Dieu ! Ils nous renforcent donc dans notre conviction intime que notre vie entière suit un Séder, un plan divin suprême, plutôt qu’une suite hasardeuse de coïncidences.

D’où la première question à lancer à la ronde le soir du Séder :

Question n°1 : Avez-vous connu certains moments où il s’est avéré de manière flagrante que Dieu était intervenu dans votre vie ?


2. Une question sur le thème de la famille

Un étudiant me posa un jour cette question : si le Séder de Pessah est si important, comment se fait-il qu’il soit célébré à la maison et non pas à la synagogue ?

La réponse est évidente. C’est précisément parce qu’il occupe une place si cruciale que la Torah juge qu’il faut le célébrer en famille plutôt que dans la maison de Dieu.

À ce propos, savez-vous quelle fut la faute qui justifia l’asservissement des Juifs en Égypte ? Nos maîtres n’hésitèrent pas à nous révéler la réponse. Lorsque les Juifs descendirent en Égypte, l’Écriture souligne qu’ils vinrent « chacun avec son foyer » (Exode 1:1). En d’autres termes, ils comprenaient la centralité du foyer en tant que creuset de la moralité et des valeurs importantes.

Mais par la suite, le texte écrit : « Et la terre fut remplie des Israélites » (Exode 1:7). Et le Midrach de déceler dans ce verset une accusation voilée : ils remplissaient la terre, à savoir les cirques et les théâtres, et ne considéraient plus leur foyer comme le point de mire de leur existence spirituelle.

Pour que la délivrance intervienne enfin, Dieu demanda à ce qu’ils « prennent un agneau par famille, un agneau par foyer » cela afin de recréer l’harmonie familiale qu’ils avaient délaissée. Le dernier dîner pris en Égypte fut un repas de famille, et non une célébration en communauté.

Dès les prémices de notre histoire, il fut clairement institué qu’apprécier l’importance de notre foyer serait la clé de notre survie. En effet, la toute première lettre de la Torah, soulignent les Rabbins, est le beth, la lettre hébraïque signifiant « maison », car la Torah elle-même requiert tout d’abord un engagement envers la famille.

D’où la deuxième question à soulever le soir du Séder :

Question n°2 : Comment pouvons-nous rétablir la centralité de la cellule familiale au sein de la vie juive ?


3. Une question sur le thème des enfants

Le Séder tourne presque entièrement autour des enfants. La raison en est évidente. Pessah est la fête de la naissance de la nation juive, et c’est le moment où elle doit continuer à renaître à travers les générations.

Les enfants sont notre avenir. Ils représentent la continuité et la survie. Ce sont à eux que nous transmettons notre héritage chaque Pessah.

Ce n’est pas une tâche facile. Tous nos enfants ne sont pas disposés à suivre nos conseils. Comme le souligne le texte de la Hagada, on dénombre quatre types de fils : le fils sage, le fils méchant, le fils simple et celui qui ne sait pas ou ne veut pas poser de question.

Comment s’adresser à eux tous ? Comment œuvrer pour qu’ils apprécient les valeurs qui confèrent du sens à notre existence ?

On relève un profond message dans la manière dont la Hagada les décrit. Un contraste est établi entre le fils intelligent et le fils méchant. Or, cette opposition semble manquer de logique. La sagesse sous-entend l’intelligence et l’étude. Son contraire, c’est l’ignorance. De même, l’opposé du pervers est le vertueux ; l’accent est porté sur le caractère plutôt que sur l’intelligence. Nous devrions parler soit du fils sage opposé au fils idiot, soit du fils pieux par opposition au fils pervers.

Les commentateurs trouvent une idée profonde dans cette juxtaposition apparemment peu judicieuse. L’opposé du fils sage, c’est le fils méchant, car nous considérons que la cause ultime de la perversité, c’est un manque d’exposition à la sagesse. La méchanceté du fils tient à ce nous ne lui avons pas suffisamment prodigué d’enseignements pour qu’il comprenne la joie de mener une vie consacrée à la Torah.

Malheureusement, nous avons perdu une bonne partie de notre belle jeunesse qui s’est assimilée et a rejeté son héritage.

Certes, de plus en plus de Juifs redécouvrent le bonheur de l’engagement dans la Torah et des valeurs juives. Mais ils ne forment malheureusement qu’une mineure partie de la communauté juive… À coté, de cela, beaucoup trop de nos frères ignorent tout du judaïsme ! Et s’ils semblent davantage correspondre au portrait du « fils méchant », c’est peut-être surtout parce qu’on ne leur a jamais donné les outils pour acquérir la sagesse !

Il est d’ailleurs important de remarquer que cette catégorie n’a pas été écartée ou exclue de la table de Pessah. Car il ne nous est jamais permis de les oublier ou d’ignorer leur présence. Nous avons besoin de tous nos enfants en tant que membres de notre peuple. Et ce sont eux qui constituent le plus grand défi à notre engagement religieux.

D’où la troisième question à lancer à la ronde le soir du Séder :

Question n°3 : Comment pouvons-nous rapprocher et inspirer tous ces jeunes qui n’ont pas été exposés à la beauté et la richesse de notre tradition ?


4. Une question sur le thème de l’abattage de l’agneau pascal

À la veille de la sortie d’Égypte, lorsque Dieu sévit dans les foyers égyptiens pour y éliminer les premiers nés, les Juifs reçurent l’ordre d’abattre un agneau et d’enduire son sang sur le linteau de la porte afin que Dieu « passe au-dessus » de leur maison et épargne ses habitants.

Quel fut le sens de ce rituel apparemment étrange ? L’agneau était la divinité nationale de l’Égypte. C’était l’objet de leur culte. Et pour que les Juifs méritent la Délivrance, ils devaient prouver qu’ils ne partageaient pas les fausses idoles des Égyptiens.

L’idolâtrie ne s’est pas achevée avec l’ancien paganisme. Francis Bacon a d’ailleurs popularisé le concept d’« idoles du marché. » Ce sont de fausses divinités qui sont vénérées par erreur à chaque génération et dans chaque culture.

La société contemporaine nous en offre d’innombrables exemples. Les Occidentaux vénèrent la réussite financière et la renommée. Des stars du cinéma qui font étalage d’immoralité sont déifiées sans honte. Des magnats des affaires sont les héros modernes de notre époque, uniquement en vertu de leurs milliards. Pour de bien trop nombreuses personnes, la seule divinité est Mamone (le Dieu de la richesse) et le seul but dans la vie est d’accumuler plus de richesses que les autres, car « celui qui décède avec le plus de jouets est le gagnant. »

Il faut un vrai courage pour aller à l’encontre de la définition populaire du succès. Il faut une force spirituelle immense pour refuser l’aspect superficiel d’un mode de vie hédoniste. Il faut une bonne dose de bravoure pour choisir une vie reposant sur des valeurs en opposition aux vanités des décideurs branchés du secteur de la mode.

Mais c’est exactement le pas que durent franchir les Juifs d’Égypte pour mériter le miracle du premier Pessah qui nous a permis de devenir le peuple élu de Dieu. Ils furent tenus d’abattre l’agneau de l’idolâtrie égyptienne. Notre défi consiste à reproduire leur héroïsme sous sa forme contemporaine.

Ce qui nous conduit à la quatrième question :

Question n°4 : Quelles sont les « idoles » contemporaines que nous devons combattre pour mériter le salut et les bénédictions de Dieu dans notre vie ?

En espérant que ces discussions menées à la table du Séder nous permettent de dégager des mesures concrètes pour relever ces quatre défis majeurs posés à notre foi, et par la même, hâter le moment de notre rédemption finale.

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