Société

Pourim & le fléau antisémite en France

10/03/2014 | par Aish.fr

Comment ressentir la joie de Pourim quand la haine du juif est plus que jamais dans l'air du temps?

Ironie du sort ou preuve que l’histoire juive n’en a pas fini de se répéter ? Une chose est sûre, la publication du rapport 2013 sur l’antisémitisme en France à quelques jours seulement des festivités de Pourim ne fait rien pour égayer l’atmosphère.

Car si le nombre de menaces antisémites recensé a diminué par rapport à 2012 – année noire pour les juifs de France – il reste tout de même supérieur de 9% à celui de 2011 pourtant déjà très préoccupant avec pas moins de 423 actes antisémites recensés.

À la vérité, entre les frasques putrides de Dieudonné et les cris de « Juif, la France n’est pas à toi » scandés durant les manifestations des Jours de Colère, il n’aura pas été nécessaire d’attendre les sombres verdicts du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ) pour prendre le pouls du climat férocement anti-juif qui règne au pays des droits de l’homme.

Et comme le souligne le rapport, ce climat hostile où la parole haineuse anti juive se libère va bien au-delà du présent recensement chiffré. En effet, le nombre de sites internet, blogs, forum, mails de nature antisémite se développe de façon exponentielle sur la toile et ne sont pas, à ce jour, comptabilisés.

Tweets à l’appui…

Du côté d’Israël, les nouvelles ne semblent guère plus rassurantes. Si l’antisémitisme ne parvient pas à y imposer ses tentacules poisseuses, l’antisionisme lui, y fait des merveilles. Menaces de boycott de l’oncle Sam, déclarations apocalyptiques du voisin iranien, notre petit pays n’en a pas fini de faire parler de lui, et pas toujours en bien…

Et pourtant, les sages du Talmud préconisent : « Quand le mois d’Adar arrive, on redouble de joie. » (Traité Taanit p.29/a)

Comment parler de joie quand, tout autour de nous, l’ambiance est à l’inquiétude, voire à la peur de l’avenir ?

La solution finale d’Haman

Lorsqu’Haman présenta sa « solution finale » d’extermination du peuple juif au souverain A’hachvéroch, celui-ci eut quelques réticences à la mettre en application. Connaissant ses livres d’histoire, il craignait en effet que leur Dieu lui réserve le même sort que celui attribué aux autres persécuteurs d’Israël.

Mais Haman a bien ficelé son plan. En réponse aux appréhensions du monarque, il affirme : « Yechno am e’had méfozar ou méforad ben haamim – il y a là un peuple éparpillé parmi les nations ». Se basant sur une lecture homilétique du verset, le Talmud nous révèle que les paroles d’Haman dissimulaient en réalité une remarque stratégique au sujet du peuple juif.

Ne lisons pas « Yechno am e’had », mais « yachnou am e’had » qui signifie : « Il y a là un peuple endormi et désuni ». Si Haman se permet d’attaquer Israël, c’est parce qu’il est bien conscient qu’il souffre de léthargie spirituelle et de divisions internes. Que les valeurs qui font sa spécificité ne revêtent plus assez d’importance à leurs yeux. Et qu’il a donc une chance bien réelle de les vaincre.

Pour mener son funeste plan à exécution, il ne lui restait plus qu’à maintenir les juifs dans un sentiment de sécurité illusoire, à les laisser se complaire dans leur apathie et leur insouciance. Et il mettrait ainsi toutes les chances de réussite de son côté.

Les deux antidotes aux lacunes du peuple juif sont présents : l’union contre la division ; la prise de conscience, la prière et le recueillement contre la léthargie et la complaisance.

Ce qu’il ignorait c’est qu’il n’était pas le seul à avoir percé le maillon faible du peuple juif. Mordekhaï et Esther, en fidèles dirigeants du peuple juif, en prirent eux aussi conscience. Leur réaction ne se fit pas attendre : « Va rassembler tous les juifs !, supplie la reine d’Esther à trois jours de son audience avec A’hachveroch. Jeûnez pour moi, sans manger ni boire » (Esther 4, 16).

Les deux antidotes aux lacunes du peuple juif sont présents : l’union contre la division ; la prise de conscience, la prière et le recueillement contre la léthargie et la complaisance.

Un appel au réveil qui sauva les Juifs de Suse d’une annihilation certaine mais qui, de surcroît, exhorta de nombreux autres citoyens à embrasser la foi juive.

Pourim hier et aujourd’hui

Aujourd’hui, comme hier, les réponses juives face à l’adversité restent immuables : prise de conscience, réveil, prière, recueillement et unité.

Ne nous laissons pas bercer par un faux sentiment de sécurité. Prenons conscience du fait que les ennemis qui nous menacent aujourd’hui ne sont guère moins perfides qu’Haman. Réveillons-nous de notre torpeur, unissons-nous par la prière, par le recueillement, par le refus de voir nos droits bafoués, par le rejet catégorique de toute forme d’antisémitisme, par la lutte active contre tous ceux qui veulent délégitimer Israël.

Sortir de sa torpeur, affronter ses peurs, c’est là l’essence de la joie du mois d’Adar.

Car la joie d’Adar préconisée par nos Sages ne renvoie pas seulement aux manifestations extérieures d’allégresse caractérisées par le folklore de Pourim, les déguisements des plus jeunes, les festins traditionnels arrosés de toasts. Elle s’incarne avant tout par la satisfaction profonde d’avoir su nous extirper de notre torpeur pour affronter la réalité avec maturité, pour unir nos cœurs et nos esprits dans l’espoir de métamorphoser nos destins.

Car la joie est ce sentiment qui émane lorsque nous vivons pleinement notre vie, lorsque nous prenons en main les rênes de notre existence, lorsque nous nous déclarons prêts à relever tous les défis qui se présentent à nous, comme nous l’avons fait tout au long de notre illustre histoire.

Antisémitisme, antisionisme, menaces nucléaires… Les menaces ne manquent pas. Mais un juif ne se laisse jamais abattre. Et encore moins à l’approche de Pourim ! Car quand arrive dans le mois d’Adar, l’heure n’est pas à la politique de l’autruche.

Quand nous menons la guerre contre l’Amalek qui sévit à l’intérieur de nous en cherchant sans cesse à nous refroidir, à nous enlever l’envie de prier avec force ou encore à nous couper dans notre désir de nous rapprocher de nos frères juifs, nous menons en vérité la guerre contre les Amalek en chair et en os – hier Haman, aujourd’hui Ahmadinejad et Dieudonné – qui s’acharnent à vouloir remettre au goût du jour l’extermination des juifs.

Sortir de sa torpeur, affronter ses peurs, n’est-ce pas là l’essence de la joie du mois d’Adar ?

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