Roch Hachana

Shofar révolutionnaire

26/09/2011 | par Tsvi Gluckin

Etre Juif, c'est faire partie de la Contre-Culture

 

" Qu'est-ce que c'est ? " ai-je demandé en montrant du doigt une chose verte, du genre organique.

" Du fenugrec frit. "

" Intéressant … Et ça ? "

" De la grenade. "

" Ah … … Et ça, c'est bien … une tête de poisson ?! "

" Exact. "

" Pour quoi faire au juste ? "

" Le leadership. Prendre des initiatives. Pour nous rappeler d'être des meneurs et pas des suiveurs. Il y en a qui utilisent une tête de mouton ! "

" J’ai l’impression que cette tête de poisson me regarde ... " 

C'était mon premier Roch Hachana avec des Juifs orthodoxes. Cet étrange buffet m'avait donné le vertige.

Mon hôte était un jeune rabbin en habit noir dont la barbe mangeait le visage.

" Roch Hachana est LE jour de la conscience juive radicale ", lança t-il sur un ton qui ne supportait pas la critique.

" Le judaïsme est donc radical ?" lui demandai-je.

Il saisit sa barbe et me lança un regard noir, feignant la colère.

" Est-ce que j’ai donc l’air d’un conformiste ?!  " me lança-t-il. " Notre peuple vit en marge des sociétés depuis la nuit des temps. Etre juif, c'est en soi faire partie d'une contre-culture. Vous ne mangez pas votre fenugrec ?! "

" Je ne comprends pas. Quel rapport avec Roch Hachana ? "

"N'importe quel hippie prône l'unité universelle ! "

" A Roch Hachana, le Juif idéaliste proclame son rêve d'unité à l'échelle universelle. Il prie pour voir venir le jour où le monde tout entier se rassemblera sous une seule et même bannière. C'est révolutionnaire. " 

" En quoi est-ce révolutionnaire ?! N'importe quel hippie prône l'unité universelle. "

" Le chofar, mon ami,  le chofar. Vous n’écoutez pas ? "

J'étais déboussolé. J'ai demandé à me lever de table.

" Pas de problème, nous ne croyons pas à la contrainte religieuse. "

J’étais troublé. Je sortis faire quelques pas pour réfléchir. “De quoi parle t-il?” me disais-je.

Je suis retourné  à ma chambre, là j'ai ouvert un livre de prières de Roch Hachana, dans lequel j'ai lu quelques commentaires. Mon hôte disait vrai. La liturgie parlait effectivement de conscience globale. L'unité y était le thème principal. J'y lus que le but était non seulement d'unifier l'humanité, mais aussi, si tout marchait comme prévu, d’obtenir que la création toute entière fonctionne à l'unisson. Des minéraux en passant par la faune et la flore, jusqu'aux mondes métaphysiques les plus élevés.

Une vision superbe, mais qui servait à quoi ? En quoi différait-elle de toute autre vision utopique ? 

Le lendemain, je me hasardai à contrecœur dans une synagogue. Je m'assis dans un coin et complétai ma lecture sur les thèmes principaux de cette journée, pendant que tous autour de moi priaient. 

Il faisait chaud dans la salle, et il n'y avait pas de climatisation. 

Après plusieurs heures de service, tous se levèrent silencieusement. Seul le bruit sourd  des ventilateurs se faisait entendre. Gêné, je me mis debout moi aussi. Au centre de la pièce, un homme sortit un chofar de son étui. Il souffla plusieurs fois selon les indications d'un autre officiant. 

Je fermai les yeux. Je me sentais revenir au désert. Le sable chaud crissait sous mes pieds  nus. Je voyais des chameaux et des bédouins. Je commençais à ressentir tout ce dont mon hôte de la veille avait parlé. Le Judaïsme était bel et bien concret. 

Les sonneries saccadées de la corne résonnaient jusque dans ma colonne vertébrale. Je me réveillai. Pas du sommeil, mais d’avoir été insensible au véritable message de Roch Hachana. 

"Je vais y arriver! Par quoi on commence ? "

Le chofar avait été  un appel pour m'éveiller de ma torpeur. Pas pour que je commence à  formuler des platitudes spirituelles sur ma vision d'un 'monde meilleur' mais pour  me réveiller et entreprendre quelque chose. 

Le chofar hurlait : " Sois authentique ! Si tu veux que ce monde devienne vraiment extraordinaire secoue-toi et agis! "  

Je voulais améliorer le monde, mais je devais d'abord m’améliorer moi-même. C'est cela que le chofar m'avait enseigné. C'était le message de Roch Hachana. 

Après le service, je courus chez mon hôte.  

" Je vous ai compris ! " m’écriai-je. " Je veux mettre une djellaba et marcher vers le soleil couchant ! Je veux aller changer l'humanité toute entière! Je vais y arriver! Par quoi on commence ? 

" Après le déjeuner, mon ami. Tu ne pourras pas conquérir le monde avec l'estomac vide. Ce soir on mange de la carambole. " 

Même pour ça, j’étais prêt.

 

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