Roch Hachana

Prêts pour Roch Hachana?

27/08/2013 | par Sara Yoheved Rigler

Conversation à bâtons rompus avec votre "moi" supérieur...

– Alors, tu es prêt pour Roch Hachana ?

– Bien sûr. J’ai acheté les pommes et le miel, et j’ai réservé ma place à la Victoire.

– Ça ne te dirait pas de changer pour une fois ?

– Changer, mais pourquoi diable ? L’officiant a une voix d’or et l’apéro après la prière est vraiment copieux.

– Je crois que tu m'as mal compris; je ne parlais pas de changer de synagogue mais de te changer toi-même ! Avant Roch Hachana, on est censé passer en revue nos actions et prendre de bonnes résolutions pour ne pas reproduire de mauvais comportements.

– Quels mauvais comportements ?

– Par exemple parler à tes parents avec insolence.

– Oh laisse tomber, ils ont l’habitude.

– Faire de la peine à ta femme.

– Elle est trop susceptible de toute façon.

– Hurler sur tes gosses.

– Ah ça, c’est juste quand ils sont trop turbulents !

– Rouler le fisc.

– Arrête un peu, tout le monde le fait.

– Tenir rancune à ton ancien associé.

– Après toutes les crasses qu’il m’a faites, il l’a bien cherché !

– Mais la Torah abhorre ces types de comportements ! Ils détériorent tes relations avec les autres, avec Dieu, et avec ton "moi" supérieur, qui représente le meilleur de toi-même.

– Mais qu’est-ce que je peux bien faire ?

– Téchouva. C’est-à-dire admettre que tu as mal agi, regretter sincèrement tes actes, demander pardon à ceux que tu as blessés, et établir un projet concret d’amélioration personnelle.

– Disons que je peux admettre mes erreurs, et les regretter, et même demander pardon – disons à quelques personnes –, mais je ne peux pas changer fondamentalement. J’ai déjà essayé, et plus d’une fois. Mais ça ne marche pas. Comme disait Mark Twain : « C’est très facile d’arrêter de fumer ! Je l’ai fait des centaines de fois ! »

– C’est parce que ce même Mark Twain, même s’il était grand admirateur du peuple juif, ne pouvait pas profiter du processus toranique de développement et d’épanouissement personnel. Voudrais-tu qu’on en discute un peu plus en profondeur ?

– Et si je te réponds non ?

– Et bien tu manquerais tout simplement l’opportunité de devenir un nouveau et meilleur toi-même, alors même que la période des Jours Redoutables est la plus propice à cela. Entre nous, si je t’offrais un deal sur le nouveau iPhone, tu ne sauterais pas dessus ?

– Bon d’accord, déballe-moi le pitch !

– Tout d’abord, tu dois déterminer ce que tu veux changer en toi.

– No problem. Je veux devenir meilleur.

– C’est trop général. On ne peut réellement travailler que sur une seule chose à la fois. Choisis un élément précis sur lequel tu vas te focaliser entre aujourd’hui et Yom Kippour.

– Bon, disons la colère.

– Là encore, c’est trop vague. Tu dois viser une situation concrète.

– OK. Alors je voudrais ne plus hurler – sur mes enfants, mes employés, et ces abrutis du service clientèle de l’opérateur téléphonique qui ne pigent pas pourquoi je suis à cran alors que j’ai poireauté un quart d’heure avec leur attente musicale à la noix pour seul interlocuteur.

– Trop vaste. Si tu veux réellement changer, tu dois délimiter un horizon plus restreint.

– Très bien. Alors disons que je ne veux plus crier sur mes gosses.

– Très bon choix. Maintenant prends une enveloppe et écris dessus « Projet : Plus de cris sur les petits ». L’étape suivante consistera à choisir une récompense pour ton corps.

– Mon corps ? Qu’est-ce que mon corps vient faire dans cette histoire ?

– Il est essentiel. Disons pour faire simple que les êtres humains sont une combinaison de l’âme et du corps. L’âme est parfaite et tend toujours vers le Bien. C’est le corps qui doit être « convaincu » de faire de même. Il faut se souvenir que notre corps vient de la poussière et tend à y retourner. Le corps recherche avant tout le confort, et se défile devant tout effort ou défi. C’est cette partie de toi qui te fait crier sur les enfants au lieu d’opter pour le choix plus exigeant visant à maîtriser ta colère. Donc, si tu veux que cela change, il te faut t’adresser à ton corps dans le langage qu’il comprend, et donc lui offrir une récompense s’il coopère à ton projet de changement.

– Mais c’est ridicule ! Je me sens comme un gamin de 8 ans à l’école primaire, avec les bons points qui étaient attribués à l’élève le plus studieux ou le plus sage en classe. Et au bout de 10 bons points, on gagnait une image !

– Le judaïsme affirme que notre corps reste un « petit garçon » qui doit être éduqué. Quelque soit l’âge de la personne ou son niveau de maturité, son corps a toujours le niveau d’un enfant de huit ans, qui doit être surveillé et motivé comme tel.

– Ca fleure bon la morale d’une dame patronnesse…

– C’est justement pour ça que tu n’as jamais réussi à te changer. Tu te vois comme une personne faite d’un seul tenant, alors que tu es le résultat d’une multitude de composantes. Note que le judaïsme dispose de cinq mots différents pour désigner l’âme dans tous ses aspects. Lorsqu’on évoque le thème de la téchouva, c’est le niveau le plus matériel, le plus « animal » de l’âme qui est utilisé. Tout comme on dresse un chien en lui donnant des su-sucres, on doit traiter son corps en lui offrant des récompenses.

– Minute, je ne suis pas actionnaire chez Friskies moi…

– Bon alors quelle gratification décides-tu d’accorder à ton corps, sachant que ça doit être un truc que tu ne te permets habituellement pas?

– Mais je me paie toujours tout ce que je peux me permettre. Et je laisse de côté ce que je ne peux pas m’offrir.

– Imaginons que la courroie de transmission de ta voiture rende l’âme, et que tu n’aies pas les 1000 euros exigés pour la réparation, que fais-tu ?

– Je me débrouille cette somme par tous les moyens. Je ne peux pas vivre sans voiture. Je la réparerai coûte que coûte.

– Eh bien quand tu réaliseras que tu ne peux pas vivre sans te « réparer » toi-même, tu te débrouilleras le montant nécessaire pour y parvenir. Alors, à ton avis, quel kif pourrais-tu accorder à ton corps ?

– Des vacances à Hawaï.

– Génial ! Et combien ça coûte ?

– J’ai vu une pub qui proposait un all-inclusive pour moins de 1000 euros.

– OK. Alors prends cette somme et divise-la par 40. Et à chaque fois que tes enfants seront trop turbulents et que tu réussiras à ne pas leur crier dessus, tu mettras 25 euros dans une enveloppe. Quand tu auras surmonté ta colère quarante fois, tu pourras te payer ton séjour sous les cocotiers – et tu auras alors dominé tes mauvaises habitudes.

– Ça me paraît trop simple.

– C’est effectivement simple, mais ce n’est pas si facile. Une chose à retenir : mettre les 25 euros dans l’enveloppe immédiatement après s’être retenu de crier. Le corps ne connaît que le présent ; il a besoin de voir l’argent tout de suite mis de côté. En fait, alors même que tu serres les lèvres pour ne pas exploser, tu dois dégainer l’enveloppe et te rétribuer. Cela agit comme une soupape de sécurité.

– Et que se passe-t-il si j’arrive à réprimer mes cris plusieurs fois, mais que je perds les pédales une fois où ils exagèrent, et que je leur crie dessus ?

– Félicite-toi de tes victoires, et ne te tiens pas trop rigueur de tes échecs. Le Roi Salomon a dit : « Le juste tombe sept fois et toujours se relève ». Les échecs sont inévitables. Ne sombre pas dans la culpabilité. Ressaisis-toi et dis-toi que tu feras mieux la prochaine fois. C’est pour cela que Dieu nous a donné la possibilité de faire téchouva. La culpabilité n’est pas une notion juive ; la téchouva l’est par excellence.

– Mais je ne suis pas dans les temps ! Roch Hachana est le jour du Jugement. Je n’aurai pas changé d’ici là, ni même d’ici Yom Kippour !

– Pas de panique ! Les étapes de la téchouva sont :

  1. admettre avoir fauté

  2. regretter ses actes

  3. prévoir de changer

  4. demander pardon aux personnes que l’on a offensées

et 5) rembourser ou indemniser quand cela est possible (par exemple rendre un objet subtilisé).

Ainsi le simple fait de vouloir sincèrement changer et de projeter un plan d’amélioration constitue la téchouva. Tu n’as pas à t’inquiéter des délais.

– Je doute toujours de pouvoir changer. N’est-on pas déterminé par l'hérédité et l'environnement ? Par exemple, j'ai hérité du tempérament volatile de mon père. Puis-je vraiment changer ?

– La Torah dit que tout est déterminé par l'hérédité et l'environnement, sauf le libre arbitre de l'homme dans le domaine moral. Le poids de l'hérédité et de l’environnement évacue un acteur majeur de la vie de l’homme : Dieu. Si tu veux sincèrement faire téchouva, que tu en suis les étapes essentielles, et que tu pries pour le succès, Dieu fera le reste. Le Midrach dit que si l’on fait une ouverture de la taille du chas d'une aiguille, Dieu va rendre cette ouverture si grande que des wagons pourront passer à travers. Tu dois juste démarrer le processus, mais c’est Dieu qui le terminera.

– Tu sais quoi ? Je vais tenter ma chance et jouer le jeu. Et Chana tova !

– Toi, t’iras loin !

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