Roch Hachana

Comment progresser véritablement pendant le mois d’Eloul

29/08/2017 | par Noa'h Weinberg

Avec sa franchise légendaire, le fondateur d’Aish Hatorah nous encourage à prendre notre destin en main à l’approche des fêtes solennelles.

Un homme pieux rencontra un groupe de soldats triomphants revenant d’une bataille acharnée, enivrés par leur victoire.

— Vous avez remporté un combat mineur, leur déclara-t-il. À présent, préparez-vous à la bataille majeure.

— De quelle bataille s’agit-il ? s’enquirent-ils.

— La guerre qui se joue en nous, contre le mauvais penchant. C’est elle la grande guerre. Vous venez de revenir de trois semaines de combats intenses, et désormais l’ennemi a été terrassé. En revanche, la lutte contre les machinations démentes du yetser hara, le mauvais penchant, ne finit jamais. Même après 100 défaites, il ne vous laissera jamais tranquilles. C’est une bataille constante. Il n’aura de cesse qu’il ne vous tue. Dès que vous baisserez votre garde, il bondira et tentera de vous anéantir.

« Dans une guerre classique, il y a une zone de combat. Parfois, vous êtes pris d’assaut mais au moins vous savez où se trouve l’ennemi. En revanche, le yetser hara est un roi du déguisement. Il sait comment dissimuler des illusions sous le couvert de la réalité, comment rationaliser le mal en bien. Il est tellement sournois qu’il sait comment vous amener à vous causer du mal à vous-même et aux êtres qui vous sont chers sans même que vous ne vous en rendiez compte. »

(Les devoirs du cœur, 5ème porte (l’unicité de l’action), chapitre 5)

Nous débutons le mois hébraïque d’Eloul. C’est le moment d’intensifier la bataille contre le yetser hara et de réapprovisionner notre stock d’armes spirituelles.

Le premier plan d’attaque de cet ennemi est d’éliminer votre sens de responsabilité personnelle et de vous la faire confier à quelqu’un d’autre. « Laissons à mes enseignants le soin de m’éveiller au repentir », dites-vous. Ou encore, « laissons mon rabbin m’indiquer les domaines sur lesquels je dois m’améliorer. »

Arrêtez d’attendre qu’autrui vous dise ce que vous devez changer pendant le mois d’Eloul. Le seul et unique responsable de votre vie intérieure, c’est vous-même.

Arrêtez d’attendre qu’autrui vous dise ce que vous devez changer pendant le mois d’Eloul. Le seul et unique responsable de votre vie intérieure, c’est vous-même. C’est à vous d’effectuer le travail d’introspection nécessaire, d’être à l’écoute de vous-même, et de déterminer les points précis sur lesquels vous devriez travailler. Comme le dit la Michna : « Si je ne suis pas pour moi-même, qui le sera ? » (Avot 1, 14) Personne ne peut vous aider à progresser si vous ne prenez pas la responsabilité de votre propre parcours spirituel. Vos enseignants auront beau vous transmettre les outils les plus efficaces au monde pour vous améliorer, ceux-ci ne vous seront pas de la moindre utilité si vous n’endossez pas la responsabilité de votre propre vie.

Vous devez clarifier ce que la vie représente à vos yeux. Que désirez-vous réaliser au cours de cette nouvelle année ? Quels sont les traits de caractère ou les comportements que vous êtes déterminé à améliorer ? Si vous-même ne prenez pas ces décisions, vous risquez aisément de vous leurrer en pensant que vous vous préparez convenablement à Roch Hachana en écoutant quelques conférences stimulantes tout en espérant que ces éminents rabbins trouveront le moyen de faire de vous quelqu’un de bien.

Personne ne peut faire de vous quelqu’un de bien. Personne ne peut vous transformer en érudit de la Torah. Dans la voie menant à la grandeur, il n’existe aucun raccourci ; vous êtes le seul et unique responsable de votre progrès spirituel personnel et de votre étude. Prenez votre destin en main et arrêtez de vous compter sur autrui. Personne d’autre que vous ne pourra accomplir cet exploit.

Entre jugement et amour

Le mois d’Eloul semble paradoxal. D’un côté, c’est le moment où nous ressentons l’amour intense de Dieu et Sa proximité avec nous. Une proximité résumée par le verset « Ani lédodi védodi li – Je suis pour mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est pour moi » dont les quatre premières lettres hébraïques forment le nom Eloul. D’un autre côté, c’est aussi le moment de nous préparer à Roch Hachana, moment où le Livre de la Vie et celui de la Mort sont ouverts et où le Roi de l’univers juge Ses créatures, décidant de qui vivra et qui mourra, qui tombera malade et qui guérira, qui périra dans un accident et qui aura la vie sauve. Il semble y avoir une contradiction entre le verset « Ani lédodi védodi li » et la notion de Jour de Jugement. Comment réconcilier ces deux aspects ?

Chaque jugement que Dieu rend – aussi bien une formidable réussite qu’un cuisant échec – constitue exactement ce qu’il nous faut pour nous rapprocher de Lui.

Rabbi Moché ‘Haïm Luzzatto, le Ram’hal, résume en un seul paragraphe tout l’objectif de notre existence et, ce faisant, nous fournit une réponse à cette question. Dans La voie de Dieu (1, 4, 6) il écrit : « Le but essentiel du service de Dieu est que l’être humain se tourne constamment vers Son Créateur, qu’il prenne conscience qu’il a été créé pour le seul objectif d’être rapproché de son Créateur. »

Chaque chose qui nous arrive dans ce monde ne se produit que pour une seule et unique raison : nous rapprocher du Tout-Puissant, nous faire ressentir que « Je suis pour mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est pour moi ». Un juif comprend que tout ce que fait Dieu est pour notre bien ; c’est une expression de Son amour. Chaque jugement qu’Il rend – aussi bien une formidable réussite qu’un cuisant échec – constitue exactement ce qu’il nous faut pour nous rapprocher de Lui.

Je suis pour mon Bien-aimé, si vous aimez le Tout-Puissant et êtes conscients qu’Il est votre père, alors mon Bien-aimé est pour moi, vous verrez que le Tout-Puissant vous aime et que tout ce qu’Il fait est pour votre bien. Mais si vous n’appréciez pas tout ce que Dieu a fait pour vous et avez des récriminations, vous penserez à tort qu’Il ne vous aime pas.

Le Ram’hal décrit l’objectif de la guerre contre le yetser hara : « L’homme n’a été placé dans ce monde que pour surmonter son mauvais penchant et se soumettre à Son Créateur à travers le pouvoir de son intellect. Il doit surmonter son désir et ses pulsions physiques et diriger l’ensemble de ses activités vers l’accomplissement de cet objectif »[ibid]. À nous de choisir de nous rattacher à Dieu en vainquant notre yetser hara et en nous élevant au-delà des vanités et de la confusion du monde.

L’arme suprême : l’étude de la Torah

Le Ram’hal identifie ensuite l’arme suprême que Dieu nous a confiée pour combattre le yetser hara et atteindre notre but : « Dieu nous a accordés un moyen qui est plus efficace que tous les autres pour rapprocher l’homme de Dieu ; il s’agit de l’étude de la Torah » (1, 4, 9) Rien n’est plus puissant que d’étudier les instructions de vie de Dieu, à savoir la Torah. Ce sont les mots exacts de notre Créateur.

Mais le Ram’hal pose certaines conditions : « Pour l’individu qui les étudie avec sainteté et pureté, avec l’intention consciente d’accomplir la volonté de Dieu, ces mots auront la propriété unique de permettre à celui qui les prononce d’inviter en lui l’excellence et le plus haut degré de perfection. » Nous devons étudier la Torah avec sainteté et pureté, ce qui signifie que notre étude doit être lichma, désintéressée, au nom du Ciel. Notre motivation de nous rapprocher de Dieu ne doit pas être mêlée avec un quelconque désir d’approbation ou un besoin de nous conformer à la pression sociale.

Eloul est le moment d’examiner vos objectifs et vos motifs d’action.

Eloul est le moment d’examiner à la fois vos objectifs et vos motifs d’action. Pourquoi étudiez-vous la Torah ? Assurez-vous de le faire pour les bonnes raisons. Veillez à ce que votre démarche spirituelle soit pure et sincère.

Enfin, tâchez d’étudier la Torah avec l’intention expresse d’accomplir la volonté divine, comme nous le disons dans nos prières quotidiennes dans la deuxième bénédiction précédant la récitation du Chéma : « Donne à notre cœur le discernement pour comprendre, pour assimiler correctement, pour écouter, pour apprendre, pour enseigner, pour observer, pour exécuter et pour accomplir toutes les paroles de l’enseignement de Ta Torah avec amour. »

L’étude de la Torah n’est pas une simple gymnastique intellectuelle. Le but est que vous l’absorbiez dans toutes les fibres de votre être et que vous viviez sa sagesse au quotidien. L’étude de la Torah doit impérativement vous transformer et vous rapprocher du Tout-Puissant. Si votre intention n’est pas celle d’accomplir ce que vous étudiez, vous aurez beau connaître énormément de Torah, vous ne serez rien de plus qu’un âne transportant des livres. Votre connaissance n’aura pas pénétré dans les fibres de votre être.

Le chofar sonne ; vous vous rapprochez du Jour du Jugement. Vous êtes en guerre. L’ennemi est prêt à l’attaque. Le moment est venu de renforcer votre détermination à mener ce grand combat contre le yetser hara. C’est le moment d’endosser votre responsabilité dans tous les domaines de votre vie, de vous rattacher à l’amour constant de Dieu, et d’intensifier votre détermination à étudier la Torah avec pureté, afin d’accomplir la volonté de Dieu. Personne ne peut le faire à votre place.

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