Réflexions - Chavouot

Le Sinaï pour tous

12/05/2013 | par rabbin Benjamin Blech

En quoi le don de la Torah profite-t-il à l’humanité entière ?

Les juifs ne devraient pas être les seuls à célébrer la fête de Chavouot.

Et pour cause, nul besoin d'être juif, ni même d'être pratiquant, pour admettre que l'évènement qui s'est produit au mont Sinaï fut l'un des moments les plus capitaux de l'histoire de la civilisation.

Même le choix de l'endroit singulier où les Dix Commandements furent donnés visait à renforcer leur caractère universel. Pourquoi, s'interrogent les commentateurs bibliques, Dieu a-t-Il choisi de transmettre son code de loi morale sur une montagne située en plein cœur du désert plutôt que d'attendre que les juifs entrent en terre sainte d'Israël ? Précisément pour cette raison : Israël est la terre des juifs ; le désert, lui, n'a pas de propriétaire, et donc appartient à tout le monde.

Les paroles de Dieu n'étaient pas destinées qu'à un seul peuple. Elles concernaient le monde entier parce qu’elles constituaient la clé de la survie universelle.

En quoi le message du Sinaï profite-t-il à l’humanité entière ?

Et bien parce qu'il véhicule cette idée de loi, ce concept de règles à suivre. Parce qu'il abrite la notion que certains comportements sont positifs et d'autres inacceptables. Parce qu'il rejette le relativisme culturel, qui voit le bien partout peu importe le degré de haine engendré, et ce, sous prétexte que nul n’est en mesure d’affirmer la supériorité de sa propre conception du bien et du mal sur celle d’autrui.

Dans le lexique libéral, les excuses ne manquent pas. Ce qui pour les uns s’appelle un terroriste, passe pour les autres comme un combattant de la liberté. Les gens volent sous prétexte qu’ils sont sans le sou. Les gens tuent sous prétexte qu’ils ont subi une enfance abusive. Les gens commettent toutes sortes de crimes, et nous, nous devons être justes envers eux avant de les juger afin de déterminer si, enfants, ils ont reçu assez d'amour ou si leur culpabilité relève de leur fait ou de celui de la société.

Les paroles de Ça alors, officier Krupke dans West Side Story décrivent brillamment cette philosophie défectueuse :

Mon cher, aimable, sergent Krupke,
Tu dois comprendre
Que c'est notre éducation
Qui nous rend insoumis.
Nos mères sont droguées,
Nos pères sont alcolos.
Nom d'une pipe, c'est normal qu'on soit tous des voyous !

Dieu a bien plus de foi en l'humanité que ceux qui prétendent que les fauteurs de troubles doivent être pardonnés coûte que coûte vu que l’attrait vers le mal est une tendance irrépressible.

Chacun a ses propres raisons d'agir. Hitler a bien trouvé le moyen de justifier un génocide dans le but de créer une race supérieure. Le relativisme culturel devrait admettre qu'il avait peut-être raison. Pour peu qu'on sache, et comme a osé le suggérer un célèbre psychologue, le fait que sa mère ne l'aurait pas suffisamment allaité aurait peut-être causé une carence affective, qui se serait transformé inévitablement en une haine de soi tournée vers l'extérieur, créant ainsi le besoin d'assassiner 6 millions de juifs (sic) !

Les circonstances qui pourraient pousser un individu à commettre le mal ne sont pas à confondre avec des justifications.

Nous sommes tenus d'obéir aux lois de Dieu en toutes circonstances, car sans elles la société ne peut se maintenir.

Les personnes issues de milieux défavorisés n'ont pas nécessairement comme seul choix de se tourner vers la criminalité. Peu importent les handicaps avec lesquels nous démarrons dans la vie, le fait que nous possédions un libre arbitre et l'opportunité de faire des choix constituent un tremplin pour nous élever au-delà de notre condition et réussir à nous en sortir.

Du haut du mont Sinaï, Dieu a enseigné au monde qu'il y a des décrets absolus, des lois que nous devons respecter, et ce peu importe les excuses dont nous disposons, car sans ces décrets la société ne peut se maintenir.

"Tu ne tueras point" - peu importe la raison pour laquelle vous pensez que ceci ne s'applique pas à vous.

"Tu ne commettras point d'adultère" - même si votre femme ne vous comprend pas, que votre secrétaire est bien plus attirante et que "si personne ne le sait, où est le problème?"

"Tu ne voleras point" - même si avec votre richesse nouvellement acquise vous êtes devenu un grand philanthrope et que votre nom est inscrit sur toutes les plaques de dédicace des immeubles de la ville.

Le décalogue compte seulement 172 mots, et "à l'exception de" ne fait pas partie du compte. Ces mots sont clairs et précis. Ils trouvent leur origine dans la vérité et représentent les paroles du Créateur du monde.

La puissance de ces mots provient de leur source divine. Sans ces mots et leur poids moral, le monde aurait péri depuis bien longtemps.

Ruth est l'héroïne de Chavouot, et nous lisons son livre à l'occasion de cette fête. Pourquoi a-t-on choisi de l'honorer ?

Même si Ruth n'est pas juive de naissance, elle a trouvé son chemin jusqu'à la vérité de cette Torah donnée dans le désert, qui était destinée à toute l'humanité. C'est pour cette raison qu'elle est devenue l'ancêtre du roi David, de qui descendra le Messie - celui qui fera enfin accepter au monde entier ce cadeau offert sur le mont du Sinaï, un cadeau qui était destiné à tous.

N'est-ce pas une raison suffisante pour que toute l’humanité se réjouisse pendant cette fête ?

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