Société

Les 10 commandements, d’hier à aujourd’hui…

19/05/2015 | par rabbin Benjamin Blech

Pourquoi nous en avons besoin maintenant plus que jamais.

Si Dieu avait voulu poster les 10 commandements sur Tweeter, Il aurait été limité aux 140 caractères règlementaires… Dans la pratique, le Tout-Puissant employa 620 lettres pour écrire la totalité du Décalogue sur deux tables qu’Il transmit à Moïse sur le Mont Sinaï. Pourquoi 620, me demanderez-vous ? Eh bien parce que ce magnifique résumé de code éthique contient la clé de toutes les 613 mitsvot destinées au peuple juif, ainsi que des 7 lois universelles données à l’humanité. Ce qui fait, au total, 620 !

Il n’y a jamais eu de meilleur guide de bonne conduite que ce texte essentiel de la Torah. Et en dépit des changements de mœurs et de temps, le message des Dix Commandements, lui, demeure intemporel.

Voici dix perspectives contemporaines inspirées du Décalogue.

1. « Je suis l'Éternel ton Dieu… »

C’est officiel. Le Petit Larousse a sélectionné le « selfie » parmi les 150 nouveaux mots adoptés pour l’année 2014. Inflation du soi, préoccupation de l’ego, avec la déferlante narcissique qui a submergé notre génération, il est grand temps que nous prenions conscience que, non, nous ne sommes pas le nombril de l’univers.

« Je suis l’Éternel ton Dieu » – le tout premier des commandements nous rappelle qu’il existe un pouvoir suprême qui a créé le monde, qui le dirige en permanence, et qui nous a donné des lois à observer pour le bénéfice de l’humanité entière.

Aucun système moral ne peut se fonder exclusivement sur le souci du soi. Si l’homme est l’unique arbitre du Bien, alors le Mal peut être rationalisé au gré de ses caprices et desiderata. Comme Dostoïevski l'a si bien résumé : « Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis. »

« Just do it » est sans doute un excellent slogan publicitaire pour la marque de sport Nike, mais il ne peut en aucun cas devenir l’idéal de vie de toute une génération.

2. « Tu n'auras point d'autres dieux que Moi… »

Accro à la presse people ? Vous ne serez sans doute pas surpris d’apprendre que les sociologues ont un terme consacré pour désigner l’idolâtrie des temps modernes : « le syndrome d’adoration de la célébrité » (Celebrity Worship Syndrome). Il décrit l’adulation excessive que nous vouons aux stars de cinéma, aux sportifs célèbres et autres people, en suivant les moindres de leurs faits et gestes et en les érigeant en dieux des temps modernes. Il existe une immense sous-culture médiatique autour de ce culte de la personnalité, alimentée à souhait par un foisonnement de magazines, ou sites internet hautement populaires.

Là où le bât blesse, c’est que les célébrités de notre époque sont devenues nos héros. Et si je suis sûr que certains d’entre eux sont des gens bons et intègres – pour la plupart, peu importent leurs mœurs, peu importe l’absence de valeurs qui caractérisent leurs modes de vies, ces individus sont devenues les modèles de nos jeunes, les véritables dieux de notre société.

Dans son célèbre Histoire du déclin et la chute de l’empire romain, Edward Gibbon met en exergue plusieurs facteurs ayant contribué à la chute de Rome, mais il souligne que « le développement d’un intérêt obsessionnel pour le sport et la célébrité fut l’un des facteurs principaux de l’effondrement de l’une des plus grandes civilisations que l’homme n’ait jamais connue. » Et c’est précisément ce pourquoi Dieu nous mit si sévèrement en garde contre le culte de fausses idoles.

3. « Tu ne prononceras point le nom de Dieu en vain. »

Prenons garde à ceux qui camouflent leurs motivations perfides sous couvert d’une cause sacrée.

Utiliser le nom divin en vain – prétendre agir au nom du Père de toute l’humanité même en détruisant Ses propres enfants – est un péché qui touche au cœur de toutes les religions, susceptible de jeter le discrédit sur Dieu Lui-même. Tous ceux qui justifient la haine, la violence et la malveillance au nom du Tout-Puissant, Lequel abhorre en toute évidence ces comportements, se rendent coupables de profaner le troisième commandement.

4. « Souviens-toi du Chabbath. »

Il fut un temps où les savants prédirent que la technologie nous permettrait de nous épanouir sur le plan spirituel, de dépasser notre banale condition de bête de somme dont l’existence se confine aux exigences d’un labeur sans fin.

L’idée du Chabbath vint enseigner au monde qu’il doit y avoir un moment de notre vie où nous rompons avec la technologie, pour nous consacrer à un but transcendant. Remarquablement, c’est sur ce point précis qu’Eric Schmidt, PDG de Google, choisit d’introduire son allocution lors de la remise de diplômes de fin d’étude d’une université américaine. Celui qui est à la tête du moteur de recherche le plus populaire au monde exhorta les diplômés de fraîche date à s’extirper du monde virtuel pour privilégier leurs relations humaines : « Éteignez vos ordinateurs. Vous devez également éteindre vos téléphones et découvrir tout ce qui est humain autour de vous. » Et c’est exactement ce que Dieu nous a ordonné de faire un jour par semaine.

5. « Honore ton père et ta mère. »

La société occidentale a totalement inversé ce commandement, de sorte que de nos jours, ceux sont les parents qui obéissent à leurs enfants.

Soyons clairs : un enfant a besoin d’autorité parentale. Et la toute première mesure pour être en mesure de l’exercer est d’exiger son respect.

À l’ère du culte de l’enfant-roi, notre société mérite un sérieux rappel à l’ordre quant à l’observance du cinquième commandement.

6. « Tu ne tueras point. »

 La Torah insiste clairement sur le fait que l’interdiction de tuer concerne aussi bien l’individu qui perpètre un crime que celui qui y assiste sans intervenir. À l’ère où le terrorisme menace la civilisation en toute impunité, à l’heure où la capacité nucléaire risque de se solder par une destruction planétaire, il n’y a plus aucune excuse de se dérober au devoir de réagir, que ce soit à la menace cataclysmique posée par l’Iran ou au danger meurtrier des musulmans fanatiques.

7. « Tu ne commettras point d’adultère. »

Parmi les 10 Commandements, trois sont si sévères qu’il nous est demandé de mourir en martyr plutôt que de les transgresser. L’un d’eux est l’immoralité sexuelle, un péché qui s’est répandu à travers notre culture jusqu’à menacer la sainteté du mariage et la préservation de la vie de famille.

À en croire une nouvelle étude majeure, plus de la moitié des émissions télévisées sont remplis de contenu à caractère sexuel ; et aux heures de grandes écoutes, cette proportion dépasse les deux tiers. La permissivité sexuelle fait désormais figure de norme. À l’inverse, la pudeur et la réserve sont décrites comme étant anormales, la fidélité dans le couple comme étant irréaliste.

À travers ce septième commandement, Dieu nous rappelle qu’un mariage heureux suppose un engagement mutuel sincère, lequel sera gageur d’une relation longue de toute une vie.

8. « Tu ne voleras point. »

En 2008, les pratiques corrompues extrêmement répandues au sein des banques de Wall Street déclenchèrent une crise financière planétaire, des pertes se chiffrant en milliards de dollars parmi les investisseurs et épargnants, et la pire récession des temps modernes. Très peu de cadres supérieurs furent poursuivis en justice à la suite de cet immense scandale financier. La corruption de certains hommes politiques, la malhonnêteté de certains banquiers et l’escroquerie de certains magnats du commerce furent à l’origine de bien des misères dans notre société contemporaine. Le vol sous toutes ses formes, depuis le menu larcin jusqu’aux plus graves détournements de fonds, ne peut en aucun cas être toléré.

9. « Tu ne porteras point de faux témoignages. »

Mentir est un péché. Mais, apparemment, cela n’est pas contraire à la déontologie... Exemple probant ; une cour d’appel de Floride a décidé à l’unanimité « qu’aucune loi n’interdit à une chaîne de télévision ou à un groupe de presse de mentir. » (Sic !) Observez donc comment les médias les plus sérieux – y compris ceux qui se targuent d’une charte d’éthique et de déontologie impeccable – couvrent les conflits entre Israël et ses ennemis, et vous constaterez à quel point la vérité est devenue victime du préjudice, et l’intégrité journalistique une fatalité de l’antisémitisme.

Visiblement, les médias actuels sont d’avis que le neuvième commandement n’est plus d’actualité.

10. « Tu ne convoiteras point. »

Savez-vous qu’il existe une industrie aux profits juteux dont le seul but est de nous faire transgresser le dernier des dix commandements ? Répondant au nom innocent de publicité, elle nous berce dans l’illusion que l’accès au bonheur est tributaire non pas de ce que nous possédons, mais de ce qui nous manque. Elle nous persuade que la joie authentique ne peut résider que dans l’accumulation perpétuelle de biens matériels, pour ensuite nous convaincre d’amasser encore davantage d’argent pour acheter de plus grandes demeures pour les entreposer.

La Torah veut nous rappeler que le bonheur dépend non pas de ce qu’on a mais de ce qu’on est. Il découle de la certitude que nos existences sont empruntes de sens parce qu’elles se conforment aux valeurs de notre Créateur.

On ne pourra jamais assez souligner l’importance et l’actualité des enseignements du Décalogue. D’ailleurs, le Midrach nous enseigne que Dieu a nous a créé avec dix doigts afin que chaque fois que nous observons nos mains, nous nous rappelons de ces dix vérités intemporelles que le Tout-Puissant nous a révélées il y a plusieurs millénaires, sur le mont Sinaï.

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