Découvrir Israël

La Vieille Dame et le Soldat

30/12/2012 | par Rou’hama King Feuerman

Au détour d'une histoire, le sens de l'Histoire.

La Guerre des Six Jours était finie. Les généraux rassemblaient les officiers et les soldats pour le compte rendu réglementaire de la bataille.

« Où donc avez-vous trouvé un drapeau israélien, et pourquoi l’avez vous hissé ? »

Après les questions d’ordre militaire, alors que l’équipe d’enquête était sur le point de partir, un haut-gradé désigna l’un des soldats présents. « Attendez un instant, je veux vous poser une question. Oui vous soldat, qui avez hissé le drapeau sur le Mont du Temple » Le soldat tourna la tête. « Où donc avez-vous trouvé un drapeau israélien, et pourquoi l’avez vous hissé ? » 

Le soldat ouvrit les mains et se mit à sourire, à la manière de dire que sa réponse n’allait pas être brève. Puis il entama l’histoire que voici : la nuit précédant la libération de la Vieille Ville, un contingent de soldats qui combattait dans les environs s’était mis à couvert, dans un quartier de Jérusalem.

Tous les pays arabes exhortaient à rayer le jeune pays de la carte.

Une foule d’enfants, de mamans et de personnes âgées avait également pris place avec eux dans le bunker. Les gens paraissaient effrayés et consternés. Le Gouvernement avait ordonné le silence radio pour que les forces arabes ne puissent pas deviner les positions. Les seules nouvelles qui parvenaient, en provenance de Jordanie, d’Egypte et de Syrie, suscitaient la panique : le roi Faysal d’Arabie Saoudite appelait à l’élimination totale d’Israël, et tous les pays arabes exhortaient à rayer le jeune pays de la carte.

 Les perspectives étaient tellement sombres que les Israéliens s'étaient mis à creuser des fosses communes dans les jardins publics. Le Général en Chef des Armées de l’époque, Its’hak Rabin, était même tombé en dépression.Tandis que notre soldat était assis là dans le bunker, entre incertitude et désespoir, il vit une vieille femme qui s’approchait de lui. « Excusez-moi » dit-elle, debout à côté de lui. Elle avait une sacoche dans les bras. Il leva les yeux. « Oui Doda. Dis-moi, qu’est-ce que tu veux ? » « Demain, tu entreras dans la Vieille Ville et tu iras au Mur des Lamentations. »

« Demain, tu entreras dans la Vieille Ville et tu iras au Mur des Lamentations. »

Il secoua sa tête en signe d’incrédulité. Il lui répondit : « Non, nous n’irons pas. » L’armée n’avait effectivement aucune intention d’aller libérer la Vieille Ville. D’abord parcequ’on se battait pour maintenir les positions acquises. Et ensuite, parce que conquérir la Vieille Ville entraînerait de redoutables combats en corps-à-corps. Beaucoup y laisseraient leur vie. Qui plus est, bombarder la Vieille Ville entraînerait la destruction d’un nombre de Lieux Saints plus grand que les Jordaniens n’en avaient détruit eux-mêmes. C’est ce qu’il tenta de lui expliquer. La vieille femme le regardait fixement. « Non, tu iras » dit-elle. Elle ne parlait pas sur le ton de vouloir le convaincre, mais sur le ton d’un fait accompli.

Il haussa les épaules. Une vieille folle ! Même pas la peine de discuter. Avant qu’il ne se détourne, elle ajouta : « J’ai une faveur à te demander ». Elle ouvrit la sacoche et en sortit un drapeau israélien. A sa manière de le toucher, il était clair qu’il signifiait beaucoup pour elle. L’avait-elle fabriqué ? Peut-être avait-il été posé sur la tombe d’un proche ? Mais voici qu’elle enchaînait : « Quand tu iras là-bas, prends ce drapeau ; et quand tu atteindras le Mont du Temple, je veux que tu l’accroche là-bas. », et elle lui tendit le drapeau.

Le soldat insista : « nous n’entrerons pas dans la Vieille Ville. » « Vous irez », répéta t’elle. Et elle tendit son bras chargé de nouveau. Une idée lui vint :

« Je ne peux pas le prendre » déclara t-il. « C’est contre les ordres. »

« Je ne peux pas le prendre » déclara t-il. « C’est contre les ordres. » « Tu n’as pas à t’en faire pour ça. Prends-le et c’est tout. » « On va me faire des problèmes. On n’a le droit qu’à une liste limitée d’objets. » « Je t’en prie » dit-elle fermement, «Rends-moi ce service ». Il haussa les épaules à  nouveau. Pourquoi discuter avec elle ? Il n’avait qu’à prendre le drapeau, ça la calmerait. Il serait toujours temps de se débarrasser du drapeau plus tard.

 Le lendemain, contre toute attente, l’armée israélienne s’empara de la Vieille Ville. Et effectivement, l’unité du soldat se retrouva sur le Mont du Temple. Alors qu’ils approchaient du Mur des Lamentations, il se remémora soudain le drapeau et les mots de la vieille femme. Oui, c’est décidé, il le ferait, il le ferait ! Il appela deux camarades et ensemble ils déployèrent le drapeau en haut des grillages qui surplombaient la partie gauche du Mur. C’est là qu’ils hissèrent le drapeau, c’est là qu’ils le brandirent.

Le gradé qui menait l’enquête demanda au soldat : « Et à quoi pensiez vous quand vous avez mis le drapeau ? » Le soldat répondit : «  Je pensais que c’était la réponse à deux mille ans de persécutions des Juifs. »

C’est ici que se termine l’histoire de notre héros, le soldat. Mais il y a un autre héros. Qu’est donc devenue la vieille dame au drapeau ?

Qu’est donc devenue la vieille dame au drapeau ?

On aurait aimé que les officiers de l’enquête la recherchent. Pourquoi était-elle descendue dans le bunker avec un drapeau israélien dans les bras ? Et puis surtout, qui était-elle ? Tout ce qu’on sait sur elle est qu’elle était âgée et qu’elle portait une sacoche. Mais en fait on sait d’elle beaucoup plus que cela. De par son âge avancé, elle devait connaitre l’Histoire Juive, l’ayant traversée elle-même... la Première Guerre Mondiale, les assauts des Arabes, la Shoah, la Guerre d’Indépendance, 1956. Que n’avait-elle vécu ?

 A ce moment-là, à l’heure la plus sombre de l’histoire d’Israël qui plie sous le nombre et se trouve encerclé d’ennemis, une vieille femme vit ce que personne d’autre ne vit, ce que personne ne pouvait même imaginer. Sûre de sa vision, elle réussit à convaincre le soldat et lui faire exécuter son plan. Comme tant de femmes juives de notre Histoire : les Matriarches, les sages-femmes de Pharaon en Egypte, les héroïnes du Désert de l’Exode, elle savait, tout simplement.

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