Israel

Une main tendue après l’attentat d’Har Nof

25/11/2014 | par Sara Debbie Gutfreund

Alors qu’elles vivent un cauchemar horrible, quatre femmes vertueuses tendent la main au monde juif avec un message d'espoir.

Une semaine déjà qu’a eu lieu l’attentat dans la synagogue à Har Nof. Je n’ai pas fermé l’œil les premières nuits. Je n’arrêtais pas de penser aux veuves et aux orphelins. Je ne pouvais cesser de revoir mentalement la scène cauchemardesque du massacre. Le chaos, la douleur, le choc et l'immensité de la perte.

Les visages des hommes assassinés apparaissaient devant mes yeux. Leurs sourires sur les photos, la chaleur et la sagesse qui brillaient dans leurs yeux et qui avaient disparu de ce monde pour toujours. Pendant la journée, il m’était plus facile de me distraire. Le travail faisait taire mes pensées et mon cœur était distrait par les occupations du quotidien : emmener les enfants à l'école, faire les devoirs avec eux, travailler, préparer le dîner…

La semaine dernière, jeudi après le travail, alors que je m’apprêtais à préparer les repas de chabbath, j’ai senti une boule dans ma gorge, celle du chagrin ressenti toute la semaine. Où iraient les veuves durant Chabbat ? Qui ferait le Kiddouch à leurs tables ? Comment les orphelins seraient en mesure de s’asseoir à côté des chaises vides de leurs pères ?

J’ai continué mes préparatifs, en essayant de ne pas penser à tout ça. Et puis mon téléphone a sonné. C’était un message WhatsApp qui disait : « S’il vous plaît, arrêtez une minute vos occupations et priez pour Eitan Ben Sorah, c’est urgent. Il est entre la vie et la mort. Les meurtriers lui ont asséné des coups de machette sur la tête et il est en grand danger. »

Je posai mes paquets et je m’arrêtai pour prier. Les larmes que j’avais réfrénées toute la semaine se mirent à couler. J’ai commencé à sangloter seule dans ma cuisine. « S’il te plait Hachem, guéris-le ! S’il te plaît, sauve-le de la mort ! Plus d'orphelins ! S’il te plait, D.ieu, aies pitié de Tes enfants ! Comment pouvons-nous aborder ce Chabbat ? Comment puis-je même préparer des repas dans les circonstances actuelles ? S’il te plait, aide-nous ! Réconforte-les veuves et les orphelins ! Montre-nous comment trouver des forces et de l'espoir dans ce tunnel obscur… »

À ce moment-là, j’ai vu un autre message qui clignotait sur mon téléphone. C’était un message des quatre veuves, une demande des quatre épouses :

« C’est avec des larmes et le cœur brisé par le sang qui a été versé, le sang des sanctifiés, nos maris, (Hy'd) que nous nous tournons vers nos frères et sœurs, vers toute la maison d'Israël, en quelque lieu qu'elle soit, afin qu’elle reste unie par le mérite de la compassion et de la miséricorde d'en haut. Nous devrions tous accepter de prendre sur nous-mêmes d’augmenter l'amour et l'affection pour l'autre, que ce soit entre deux conjoints ou entre des communautés distinctes au sein du peuple juif. Nous prions que chaque personne accepte au moment de l’entrée de Chabbat, de ce Chabbat de la Parashas Toldos, que durant ce jour nous puissions exprimer notre amour pour l'autre, et que nous puissions nous abstenir de critiquer les autres. Ce faisant, nous obtiendrons un grand mérite pour les âmes de nos maris, abattus en sanctifiant le nom de D.ieu. Hachem regarde d'en haut et voit notre douleur, Il essuiera nos larmes et déclarera : « Que cesse toute douleur et peine ». Et nous mériterons d’assister à la venue du machia’h, bientôt et de nos jours, amen, amen. »

Signé : ‘Haya Levine, Breine Goldberg, Yakova Kupinsky, Bashi Twersky et leurs familles.

Je lisais la lettre, abasourdie. Alors que je sanglotais dans ma cuisine dans le Connecticut, ne sachant pas comment j’allais préparer Chabbat et atterrée par la douleur de l’attentat, les veuves m’avaient répondu. Augmenter l'amour et le lien avec les autres. Utiliser Chabbat pour briser les barrières entre nous. D.ieu voit notre douleur. Il essuiera nos larmes.

Les veuves prenaient leurs cœurs brisés pour atteindre les Juifs partout dans le monde. En exprimant de l’amour. En donnant. En construisant. En utilisant Chabbat pour réduire les distances.

Quelques jours seulement après les funérailles, au milieu de la Shiva, c’étaient là les préoccupations des endeuillées. Elles ne parlaient ni de leur propre douleur ni des sièges vides aux tables de Chabbat. Non, elles prenaient leurs cœurs brisés pour atteindre les Juifs partout dans le monde. En exprimant de l’amour. En donnant. En construisant. En utilisant Chabbat pour réduire les distances.

Je me tenais là, inspirée par ces belles paroles, et je réalisai que D.ieu nous a donné un trésor : la gratitude juive. Ce mot, en hébreu, se dit « hakarat hatov », la reconnaissance du bien. Cela ne signifie pas seulement être reconnaissants. Cela signifie que, même dans le plus obscur tunnel, nous sommes en mesure d’entrevoir de l'espoir. Nous sommes en mesure de reconnaître le bien et la lumière qui est toujours autour de nous.

Ces femmes exemplaires l’ont fait. Elles se tiennent au milieu du cauchemar le plus horrible qui soit et au lieu de se désespérer, elles lèvent les yeux au ciel. Elles se tournent vers D.ieu afin qu’Il les console. Elles savent qu’Il essuiera leurs larmes. Elles voient l'espoir et reconnaissent le bien, le potentiel et l'unité qui peuvent résulter de cette tragédie. Et elles voient en quelque sorte une lumière au bout du tunnel de souffrance.

Au lieu de se refermer sur elles-mêmes, dans les profondeurs de leur peine, elles nous offrent cette lumière. Un cadeau précieux pour nous apprendre à voir l’espérance et le bien qui attend d'être exprimé par chacun de nous. Reconnaître le bien. Exprimer l'amour pour l'autre. Voir la magnificence du Chabbat. Accepter les événements avec amour.

C’est une opportunité pour reconstruire. Un temps pour voir la beauté de ce monde et la beauté intérieur de chaque Juif. Ces femmes ont dépassé leur douleur pour nous redonner des forces. Que D.ieu les console et sèche leurs larmes.

Merci pour ce Chabbat. Merci pour votre capacité à vous soucier de l’autre avant tout. Merci pour ce cadeau d'espoir, de gratitude juive, qui nous permet de reconnaître le bien même lorsque nos cœurs sont brisés.

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