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5 histoires vraies pour Yom Kippour

27/09/2017 | par Yvette Miller

D’un camp de travail soviétique à une prison de l’État islamique, les récits remarquables de héros méconnus qui respectèrent le jour du grand pardon en dépit de tous les obstacles.

Voici cinq histoires vraies de personnes qui s’efforcèrent d’observer Yom Kippour envers et contre tout.

Steven Sotloff : tourné vers Jérusalem

En septembre 2014, après l’assassinat d’une brutalité monstrueuse du journaliste américano-israélien Steven Sotloff, le récit de sa foi et son courage exceptionnels fut enfin révélé au grand jour.

Reporter juif couvrant l’actualité depuis les pays islamiques, Sotloff se fit discret quant à sa religion et sa citoyenneté israélienne. Quand, en 2013, il fut enlevé par des terroristes en Syrie, il fit tout son possible pour cacher sa judaïcité à ses ravisseurs. Craignant que ces derniers ne s’acharnent davantage sur lui en découvrant qu’il était juif, sa famille fit profil bas. Elle effaça toutes traces de liens familiaux avec leur fils sur Internet et s’abstint de faire des appels publics pour sa libération.

Pourtant, en dépit du grave danger qu’il courait, quand Yom Kippour arriva, Steven Sotloff réussit à se montrer plus malin que ses ravisseurs : il jeûna et alla même jusqu’à prier en direction de Jérusalem en ce jour sacré. Un ancien prisonnier qui partageait sa cellule témoigna : « Il leur a dit qu’il était malade et ne voulait pas manger, bien qu’ils nous avaient servi des œufs ce jour-là. Il avait l’habitude de prier en cachette en direction de Jérusalem. Il voyait dans quelle direction ses geôliers musulmans priaient puis il ajustait son propre angle. »

Au cœur d’une Syrie contrôlée par des terroristes, entouré d’assassins voués à l’éradication des Juifs et de l’État juif, un homme juif et israélien refuse de courber l’échine. Il observe Yom Kippour au nez et à la barbe de ses tortionnaires.

Le garde soviétique

Pendant des années, Mendel Futerfas défia l’Union soviétique. Étudier la Torah était strictement interdit par les autorités soviétiques – même le simple fait de détenir des livres juifs était passible d’emprisonnement – mais Mendel risqua sa vie jour après jour en enseignant le judaïsme à ses coreligionnaires. Un jour, il finit par être découvert par les autorités et condamné aux travaux forcés dans l’un des sinistres camps de travail de l’URSS en Sibérie.

Sur place, Futerfas essaya de respecter autant de mitsvot que possible mais cela était loin d’être facile. Un certain Yom Kippour, il se sentit particulièrement abattu. Sans ma’hzor, le livre de prière de Yom Kippour, il ne put réciter que quelques prières de mémoire. L’une d’elles était Vékhol Maaminim – une prière qui affirme que tous les Juifs sont croyants, mais ce fameux Yom Kippour, Futerfas eut beaucoup de mal à assumer la signification de ces paroles. Comment était-il possible de conserver une telle foi dans une obscurité si profonde  ? se demandait-il.

À ce moment précis, Futerfas remarqua que l’un des gardes de la prison, un homme aux traits sévères et au visage barré par une grande cicatrice, le fixait intensément. Effrayé, Futerfas s’arrêta immédiatement de prier, mais le garde s’avança vers lui. Et de lui confier à voix basse : « Je vois que tu pries aujourd’hui. Je sais que tu jeûnes aujourd’hui. Je veux que tu saches que moi aussi je jeûne. Je sais que c’est Yom Kippour, mais je ne connais strictement rien au sujet du judaïsme à part une prière appelée « Modé Ani » que ma grand-mère m’a enseignée quand j’étais petit. Je répète cette prière en boucle toute la journée, et je veux que tu saches que tu n’es pas le seul à célébrer Yom Kippour. »

Après 14 ans, Mendel Futerfas réussit à s’échapper du goulag pour rejoindre Israël où il consacra sa vie à enseigner la Torah. On ignore ce qu’il advint du garde juif.

Merci au rabbin Chlomo Zar’hi pour avoir retranscrit cette histoire transmise oralement.

Arrêté pour avoir sonné du Chofar

Sous autorité turque puis britannique, l’activité juive au Mur occidental – le dernier vestige de l’ancien Temple juif à Jérusalem et le site le plus sacré du peuple juif – fut sévèrement restreinte. Le droit britannique codifia les restrictions imposées aux Juifs souhaitant prier au Mur : les Juifs n’avaient pas le droit de réciter des prières à voix haute, ils ne pouvaient pas y apporter de Séfer Torah et avaient l’interdiction d’y sonner du Chofar.

En 1930, à Yom Kippour, à la fin de l’office de Néila qui est récité juste avant le coucher du soleil, un son qui n’avait pas été entendu au Mur occidental depuis plusieurs générations retentit : celui, tonitruant, du Chofar. Moché Segal, un jeune rabbin, avait introduit clandestinement un Chofar au Mur occidental, et en avait sonné comme le veut la tradition à la conclusion de l’office de Yom Kippour.

Le rabbin Segal fut rapidement arrêté, mais au cours des années suivantes, d’autres jeunes hommes juifs le remplacèrent. Chaque année, entre 1930 et 1947, des adolescents juifs introduisirent clandestinement des Chofar au Mur occidental en les dissimulant sous leurs vêtements, et en sonnèrent à la fin de Yom Kippour. Ces jeunes gens travaillaient par équipe de trois, cela afin de sonner du Chofar aux deux extrémités du Mur et en son centre. Abraham Caspi, qui avait 16 ans quand il sonna du Chofar au Mur occidental en 1947, se souvient qu’on lui avait dit : « Tu seras le premier à sonner, et si tu n’y arrives pas ou si tu te fais attraper, quelqu’un d’autre s’en chargera. »

Les soldats britanniques arrêtèrent systématiquement les jeunes gens qui sonnaient du Chofar. Chacun d’eux fut traduit en justice et condamné à une peine de prison allant jusqu’à six mois. Cela ne dissuada pas d’autres volontaires de tenter leur chance : « Nous nous étions jurés de donner notre vie pour la résurrection du peuple juif, » explique Jacob Sika Aharoni, qui sonna du Chofar au Mur à l’âge de 16 ans en 1936.

Quand la Jordanie s’empara de la vieille ville de Jérusalem, elle interdit à tous les Juifs de s’approcher du Mur occidental et ce, pendant 19 ans. En 1967, Israël libéra le Mur, y autorisant l’accès aux personnes de toutes les confessions, et c’est ainsi que le Chofar y retentit de nouveau. Abraham Elkayam, qui avait 13 ans quand il sonna du Chofar au Mur occidental en 1947, combattait dans les environs, et se dirigea à toute allure vers le Mur. Un soldat israélien sonnait du Chofar face au Mur et Elkayam lui demanda s’il pouvait lui aussi avoir ce privilège. Elkayam sonna du Chofar à son tour et un soldat qui se tenait près de là lui demanda pourquoi il tenait tant à le faire.

Abraham Elkayam lui expliqua qu’il était l’un des derniers hommes à avoir sonné du Chofar au Mur occidental en 1947. Alors le soldat se présenta à lui, lui révélant qu’il avait été, pour sa part, le tout premier homme à y avoir sonné du Chofar. Il s’agissait de nul autre que le rabbin Segal, qui avait introduit cette tradition annuelle en 1930.

Le match le plus célèbre de Sandy Koufax

En 1965, Sandy Koufax, le « pitcher » (lanceur au baseball) juif des Dodgers de Los Angeles, était au zénith de sa carrière sportive. Par son habileté, celui que l'on surnommait « l’homme au bras d’or » avait aidé les Dodgers à se propulser à la finale des World Series (la série finale de la Ligue majeure de baseball nord-américaine). Les Dodgers devaient affronter les Twins du Minnesota. Le match d’ouverture fut fixé au 6 octobre, une date qui s’avérait coïncider avec Yom Kippour.

Bien qu’il ne se considérât pas comme étant particulièrement religieux, Koufax n’eut pas besoin d’y réfléchir à deux fois. « Je n’ai jamais eu la moindre décision à prendre, car je n’ai jamais envisagé de jouer, se souviendra plus tard le sportif juif. Yom Kippour est le jour le plus saint de la religion juive. Mon club sait pertinemment que je ne joue pas en ce jour. » Koufax ne participa pas au match et devint célèbre non pas pour ses prouesses sportives sur le terrain, mais pour sa position de principe.

Sans Koufax, les Dodgers perdirent ce match, mais avec son aide pendant le reste de la Ligue, ils remportèrent un autre trophée prestigieux.

Dans les tranchées polonaises

L’un des plus célèbres offices de Yom Kippour ne se déroula pas dans une synagogue. Nous étions en 1939. La Seconde Guerre mondiale venait d’être déclarée et les forces d’Hitler combattaient en Pologne, essayant de prendre le contrôle de ce pays. Varsovie, la capitale polonaise, se trouvait sous attaque directe.

Accroissant les efforts de l’armée polonaise pour repousser les envahisseurs nazis, les Juifs de Varsovie se rallièrent pour creuser des tranchées protectrices autour de leur ville. Yom Kippour 1939 se leva sur une ville assiégée. Habitations et synagogues avaient été détruites lors de raids allemands ; Varsovie, assaillie quotidiennement par la Luftwaffe, se préparait à un assaut terrestre.

L’armée polonaise dispensa les habitants juifs de Varsovie d’aider à préparer des renforts défensifs pendant Yom Kippour, reconnaissant qu’il s’agissait d’une fête juive sacrée. Néanmoins, comme en font état les journaux de l’époque, de nombreux Juifs de Varsovie, qui n’avaient nulle part où aller puisque leurs maisons et synagogues étaient en ruines, se rassemblèrent devant les barricades de la ville pour aider à creuser des tranchées défensives. Les hommes en âge de combattre étant enrôlés dans l’armée, il ne restait plus que des hommes âgés et des enfants. Ensemble, ils travaillèrent fiévreusement, tout en récitant l’office de Yom Kippour.

Ces Juifs, dont beaucoup étaient des rabbins d’un âge avancé, récitèrent des Psaumes et le Vidouï, la prière confessionnelle de Yom Kippour, tout en creusant des tranchées. Sous des attaques aériennes constantes, vieillards et enfants accueillirent chaque explosion de bombe en criant de toutes leurs forces le « Chéma Israël ».

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