Réflexions

Hanouka et l'épuisement spirituel

21/11/2011 | par rabbin Benjamin Blech

Dans le domaine de la sainteté, les lois de la nature n’ont plus cours.

Chaque miracle véhicule un message particulier. Et puisque Dieu peut réaliser tout ce qu’Il veut, la manière qu’Il choisit pour se révéler est toujours riche de sens. 

C’est la raison pour laquelle le miracle de ‘Hanoukka m’a toujours intrigué. Les Juifs venaient d’obtenir une victoire militaire phénoménale. Ils venaient de reprendre le contrôle du Temple en écrasant les Grecs de Syrie. Ils étaient à nouveau en mesure de pratiquer leur culte librement, comme par le passé. Lolrsqu'ils s’apprêtèrent à allumer la Ménorah, il s'avéra comme nous le savons tous, qu'ils n’avaient pas assez d’huile pour qu’elle éclaire huit jours pleins et qu’on puisse préparer une nouvelle huile pure. 

Ils avaient découvert une petite amphore qui portait le sceau du Grand-Prêtre et dont la pureté était donc garantie, mais l’huile qu’elle contenait suffisait à peine pour une journée. Ils l’allumèrent néanmoins, avec l’espoir qu’au moins Dieu apprécierait leur effort. Et alors, miracle ! Le contenu de l’amphore qui d’après les lois naturelles aurait du suffire pour un seul jour, brûla pendant huit jours. 

Dieu avait résolu leur problème. La Nature avait laissé place à l’intervention divine.  L’huile avait revêtu pour l’occasion des propriétés physiques que les lois de la science auraient décrétées impossibles. 

Pourquoi Dieu n’a-t-Il pas traité ce problème d’une manière plus simple ? Il aurait pu faire surgir de Son stock divin une grande cuve d’huile que les Maccabéens auraient découverte, sans que les lois naturelles ne s’en trouvent lésées. 

Mais la particularité de ce miracle résidait en ce que l’huile trouvée avait fait l’objet d’un décret divin, grâce auquel elle allait brûler extraordinairement longtemps. 

C’est en cela que le miracle de Hanoukka ressemblait tellement au miracle choisi par Dieu lorsqu’il désigna Moïse pour être le nouveau dirigeant du Peuple Juif. 

"Et il ne se consumait point". 

La scène ne nous est que trop familière. Moïse faisait paître ses bêtes dans le désert lorsqu’une vision surnaturelle attira son attention. Un buisson brûlait mais ne se consumait pas. Il continuait de brûler uniquement parce que Dieu l'avait ordonné.  

Bien sûr, le but était de faire la preuve de la puissance divine en faisant savoir à Moïse qu’il était interpellé par un être surnaturel capable de prodiges. Mais Dieu n'avait-il pas  maintes autres options pour faire comprendre sa toute-puissance? En tout cas, prolonger l’incendie d’un buisson au-delà du temps normal n’était pas le tour le plus magique dont Dieu disposait dans Son immense répertoire.

Dès lors pourquoi le buisson ardent fut-il le symbole le plus adéquat pour transmettre à Moïse le message divin ? 

le défi le plus grand que doit surmonter une personne confrontée à une tâche qui risque de la dépasser, c’est l'épuisement.

Peut-être pourrons-nous mieux comprendre par le biais d’une métaphore. Moïse entamait un projet qui allait durer de nombreuses années. Il allait prendre la direction du Peuple, ce qui allait exiger de lui énormément d’attention, d’effort et de labeur. Un projet qui ne serait sûrement pas facile. Or le défi le plus grand que doit surmonter une personne confrontée à une tâche qui risque de la dépasser, c’est l'épuisement. Etre remis en question dans son rôle de rabbin, enseignant et décisionnaire jour après jour, année après année, est une tâche qui défie l’imagination. On aurait pu croire que c’est au-delà des capacités d’un homme, que Moïse aurait été littéralement consumé par sa mission.  

Dans le domaine de la sainteté, les lois de la nature n’ont plus cours.

Telle est l’extraordinaire vérité que Dieu voulait faire comprendre à Moïse par le symbole du buisson ardent. Les hommes saints ne se consument pas. Quand le buisson accomplit la volonté de son Créateur, il ne se consume pas. Dans le domaine de la sainteté, les lois de la nature n’ont plus cours.  

Comme Moïse allait commencer sa carrière au service du Tout-Puissant, on voulait le  rassurer par la vision que la dépression et l’abattement, qui accompagnent généralement l'épuisement, ne l’affecteraient jamais. La garantie que ses aspirations resteraient fraiches et vibrantes résidait dans l'aspect de sainteté que contenaient les nouveaux objectifs de sa vie. 

J’ai souvent rencontré des cas d'épuisement professionnel ou familial. Ils étaient toujours liés à une activité dans le profane et non dans le sacré.

Ceux dont la carrière consistait à gagner toujours plus d’argent finissaient par se fatiguer de leur routine et sombraient dans la dépression d’un lendemain qui ne change jamais. Ils se dispersaient et se surmenaient, jusqu’à ce que leurs forces flétrissent et se consument.

Mais ceux qui voulaient donner un sens à leur vie, semblaient au contraire se renforcer encore et encore dans leur recherche de sainteté. Ils recevaient une lumière et la dispensaient aux autres bien au-delà de ce que la nature permet d’accomplir. 

Combien ais-je vu de couples qui commençaient leur vie conjugale pleins d’espoir et finissaient par s’épuiser. Leur union était née pleine de feu et de passion, mais leur amour manquait de valeurs partagées et d’engagement spirituel, d’où l’inévitable épuisement. 

Mes parents m’ont montré comment un amour qui prend ses racines dans la sainteté pouvait substituer l’épuisement par un engagement toujours plus fort. C’est un aspect du mariage que je m’efforce de reproduire. 

‘Hanoukka et le sens de la vie. 

Hanoukka est l’histoire de la première rencontre du Judaïsme avec le sécularisme. Les Grecs de Syrie cherchaient à attirer les Juifs vers une culture qui prétendait que le beau est sacré. Les Juifs devaient réaffirmer leur foi, par laquelle ils se distinguaient du monde entier, que c’est le sacré qui est beau. 

Tant que nous ferons pénétrer le sens et la sainteté dans tous les domaines de la vie, nous ne nous épuiserons pas. 

Un aspect de l’histoire de ‘Hanoukka qu’on rechigne à évoquer est celui de l'assimilation des Juifs à cette époque. Les Juifs hellénisants avaient préféré les reflets flatteurs d’une culture étrangère à la lumière de leurs belles traditions inspirées par la Torah.

En contrepartie, ils reçurent une flamme qui les a consuma, la flamme d'un monde profane qui les a rendus vulnérables à l’épuisement. 

N’est –il pas magnifique que le symbole choisi pour commémorer cette fête de Hanoucca soit lié au miracle qu’accomplit Dieu pour ceux qui étaient restés fidèles aux enseignements de Moïse ? 

Cette lumière de la Ménorah qui n’en finit pas de brûler est pour nous un symbole éternel, qui nous rappelle que c’est en introduisant le sens et la sainteté dans tous les domaines de la vie que nous ne nous consumerons jamais.

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