Développement Personnel

Illusions en 3D

21/12/2011 | par Yonason Goldson

Parfois, nous devons apprendre à regarder.

«Tu sais ce que c'est?" me demande ma fille de quatre ans, assise à la table du petit déjeuner avec une bande dessinée étalée devant elle. Elle me montre une image faite de couleurs floues ne qui ne forment aucune figure cohérente. Une brève note sous l’image donne l'instruction suivante: maintenez la page près de votre visage et fixez-la comme si vous regardiez à travers l'image. Puis éloignez doucement la page, une image 3-D va alors apparaître. 
 
J'ai regardé le panneau pendant quelques secondes. Aucune image n'est n’apparue, ni en 3-D ni en 2-D. 
 
"Je ne sais pas, ma chérie», lui dis-je, et je suis parti. 
 
Ce fut ma première rencontre avec les " autostéréogrammes ", qu’on appelle parfois aussi : "images 3-D". Pendant longtemps, chaque fois que j’en trouvais un, j'essayais de voir l’image qu’il recelait en louchant, mais l’image refusait toujours d’émerger. 

Je commençais à penser qu’il s’agissait d’une sorte de canular

Plusieurs années ont passé, avec les images 3-D devenant une source mineure, mais de plus en plus gênante, de désagrément. Possédant au moins - je veux le croire - un degré moyen d'intelligence et de perspicacité, j’étais contrarié d’être continuellement incapable de comprendre, et moins encore maîtriser, la moindre devinette agrémentée d’un autostéréogramme comme celles qui figurent aux dernières pages des journaux d’enfants. Je commençais à penser qu’il s’agissait d’une sorte de canular, bien que mes élèves au collège m'aient assuré que les images étaient authentiques et que les motifs cachés pouvaient effectivement être discernés. 
 
Et puis un jour c'est arrivé. Contemplant un tableau chaotique de points multicolores, j'ai soudain vu la nette représentation d'un carrousel jaillir de l’image, ses arêtes vives clairement définies, comme une forme flottante planant au-dessus de la page. J'ai cligné des yeux de surprise, et il a disparu. 
 
Beaucoup de gens en sont encore à essayer de découvrir le truc des images en 3-D. Parmi ceux qui ont percé leur secret, beaucoup sont devenus fascinés, voire obsédés par le phénomène. 

Il y a quelque chose dans les images 3-D qui renvoie aux plus profonds mystères de la Création

Les trois premiers livres en 3-D sont restés sur la liste des best-sellers du New York Times pendant 73 semaines en tout, et se sont vendus à plus de 20 millions d'exemplaires dans plus de 25 langues. Le journal ou figurait l’image qui m'avait causé tant de souci est devenu celui qui a connu la plus forte croissance de l'histoire de l'Universal Press Syndicate. 
 
Quelle est la source d’un tel engouement? Il y a quelque chose dans les images 3-D qui renvoie aux plus profonds mystères de la Création, quelque chose qui chatouille notre sensibilité spirituelle et pique nos âmes au plus profond. 
 
J’ai beau détenir un diplôme d’enseignement en physique, le secret du fonctionnement des autostéréogrammes me fait encore littéralement loucher. Normalement, nos yeux perçoivent des images légèrement différentes. Ceci provient de la parallaxe, l'angle de perception différent d'un œil à l'autre du fait de la distance qui existe entre nos deux yeux. En mélangeant les deux images, notre cerveau est capable de produire une «vision stéréo" responsable de l’impression de solidité et de profondeur qui nous permet de voir en trois dimensions. 
 
Lorsque les motifs sont répétés, le cerveau peut être induit à ne pas se concentrer sur une image unique, créant ainsi l'illusion de la tridimensionnalité. En réduisant et en variant le schéma répété, on peut produire un ensemble apparemment aléatoire de points qui, lorsqu'on les regarde en s’efforçant de garder la vue floue, permettent à une scène en trois dimensions d’émerger. 

Parfois, nous devons apprendre à regarder.

Bien que nous affirmions que «voir c'est croire», nous savons que cet axiome est souvent faux. Aucun de nous ne peut nier que nos vêtements, nos meubles et nos voitures sont composées de molécules innombrables – comme nous-mêmes. Pourtant, rares sont ceux qui ont directement observé une molécule. Aucun de nous ne doute que les molécules soient elles-mêmes composées d'atomes qui ont des noyaux composés de protons et de neutrons, et qui tirent leur taille et leur forme d'électrons, qui foncent sur leur orbite minuscule à une vitesse proche de celle de la lumière. Nous ne sommes pas plus dérangés par le fait que personne n'ait jamais observé directement les particules subatomiques, qui sont trop petites pour réellement être observées avec des microscopes conventionnels ou même électroniques. 
 
Plus encore, la théorie quantique quand elle apparut fut taxée de fantaisie métaphysique, tout comme la théorie des germes, de l'héliocentrisme et une foule d'autres phénomènes que nous avons maintenant acceptés sans les questionner. De toute évidence, l’observation directe n'est pas toujours la méthode la plus fiable pour la compréhension de notre univers. Parfois, nous devons apprendre à regarder. 
 
D’où l’attirance qu’exercent les images 3-D. Ils nous taquinent avec leurs mystères cachés dans ces arrangements de points colorés et nous forcent à regarder au-delà du superficiel bidimensionnel si nous voulons découvrir l’image 3-D qui se cache sous la surface. Même après que l'image se soit précisée, un seul instant d'inattention et elle disparaît à nouveau. Nous devons alors faire un effort pour récupérer ce que nous savons être là, mais que nous ne pouvons plus voir. 
 
Tout comme le monde physique déguise sa véritable essence, en cachant les particules atomiques qui forment les blocs de construction de la Création, de la même les fondements spirituels de l'univers se cachent derrière le voile de la nature et l'illusion du hasard. Et si nous ne nous méfions pas de nos sens, alors nous allons sûrement manquer la riche réalité qui se trouve en fait sous nos yeux. 
 
Mais une fois que nous aurons appris à regarder et à voir, nous ne pourrons plus jamais nous satisfaire du paysage spirituel en deux dimensions que le monde nous présente. Et nous ne pourrons plus nous réfugier derrière l'illusion qu’il n’y a rien de plus à voir pour l’œil.

 

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