Israel

Israël entre désespoir et espoir

01/12/2015 | par Slovie Jungreis-Wolff

La fête de Hanouka nous rappelle que nous avons le pouvoir de chasser l’obscurité grâce à la lumière.

Je sens l’obscurité qui m’entoure. Nous en avons assez de ces meurtres cruels ; ces fusillades sauvages, ces attaques à la voiture-bélier et ces cruelles agressions au couteau. Alors que j’écris ces mots, l’enterrement du jeune Ezra Schwartz touche à sa fin. Je prie que d’ici que vous lisiez ces lignes, il n’y aura pas de nouvelles victimes à pleurer. Entre temps, j’observe les frères et sœurs d’Ezra faire le deuil d’un frère qui les couvrait d’attention, remplissait leur maison de rires, leur avait appris comment vivre et désormais, leur a transmis sa leçon finale quant au caractère fragile et précieux de la vie. Le peuple juif tout entier pleure l’assassinat d’une âme courageuse qui aspirait à étudier plus de Torah, à accomplir davantage d’actes de bonté et à rendre à notre terre tout le bien qu’il en avait retiré.

L’écran de mon ordinateur s’assombrit et je sens des larmes brûlantes ruisseler le long de mes joues. Un visage angélique surgit sur mon téléphone, celui de la victime suivante que le peuple juif a perdue. Il s’agit d’Hadar Boukris, 21 ans, « une fille charmante, radieuse et sociable, et à l’énergie contagieuse. » Poignardée à mort, elle aussi quitte ce monde pour le seul crime d’être née juive.

Le silence assourdissant du monde me stupéfait. Nos frères et sœurs se font assassiner tandis qu’eux s’affairent à étiqueter des produits israéliens sur les rayons de leurs supermarchés. Pourquoi ne crient-ils pas leur colère pour les Henkin, assassinés sous les yeux de leurs enfants innocents. Où sont les appels furieux à la justice, les manifestations en faveur du respect de la vie et la dignité humaines ? Comment peuvent-ils tourner le dos au Rav Yaakov Litman et son fils Nétanel qui étaient en route pour célébrer le Chabbath en compagnie du fiancé de leur fille et sœur. Désormais, eux aussi ne sont plus. Est-il possible qu’un père et sont fils soient sauvagement assassinés devant leur famille et que les dirigeants du monde gardent le silence ? Comment l’humanité est-elle devenue si muette ?

Nous avons perdu trop d’êtres chers. L’encre a à peine le temps de sécher qu’un autre nom s’ajoute à cette funeste liste. Des pères et des mères qui n’embrasseront plus jamais leurs enfants au coucher. Des jeunes filles et garçons qui ne se tiendront jamais sous la houppa (dais nuptial), le cœur gonflé d’amour. Des grands-parents qui ne tiendront jamais dans leurs bras les petits-enfants dont ils ont rêvé, leurs berceuses à jamais silencieuses.

L’obscurité et l’oubli

Et tandis que les jours s’écoulent, j’ai très peur que nous les oubliions. Nous sommes tenus de voir ce qui se passe autour de nous et de nous souvenir de chaque tragédie individuelle. Chaque victime a une histoire à raconter. Chaque victime est un univers qui a été fauché, arraché d’entre les bras d’êtres chers. Et tant que nous nous souvenons de chaque visage, de chaque nom, de chaque âme, nous désavouons ceux qui souhaitent éteindre leur lumière.

Le mot hébraïque désignant l’oubli (שכח - chakha’h) est formé des mêmes lettres que le mot renvoyant à l’obscurité (חשך - ‘hochekh). Parce que c’est quand on succombe à l’oubli que l’obscurité s’installe en nous. Le contraire de l’obscurité est la lumière qui nous aide à voir et à nous souvenir. Tel est le message de la Ménora – pour chasser l’obscurité, nous devons nous cramponner de toutes nos forces à notre mémoire sacrée et ne pas délaisser la lumière de notre héritage. Voilà pourquoi, le soir de ‘Hanouka, nous sommes tenus de prendre le temps de contempler les lueurs de la Ménora, et nous imprégner ainsi de son message intemporel.

La fête de ‘Hanouka approche. Ces lumières sacrées nous rappellent notre histoire, le miracle du peuple juif. Nous nous souvenons de l’acharnement des Grecs à détruire notre peuple, interdire l’étude de la Torah et imposer leurs croyances sur la terre d’Israël. Ils voulaient que nous abandonnions notre foi et nous opprimèrent avec leurs décrets sévères. Beaucoup se sentirent désespérés. Les Grecs étaient si nombreux tandis que les Juifs si peu nombreux. Comment pourraient-ils les vaincre ?

Les Grecs pénétrèrent dans notre Temple sacré et souillèrent toute l’huile destinée à l’allumage de la Ménora. Indignés par cette profanation, un petit groupe de Juifs s’allièrent pour restaurer la gloire d’Israël. Dirigés par Judas, fils de Matityaou, issu de la famille des ‘Hachmonaïm, cinq frères courageux lancèrent un appel au peuple. Sur le drapeau de Judas figurait le mot Makabi, acronyme de Mi Kamokha Baélim Hachem, des mots extraits de notre sainte Torah qui attestent de la grandeur de Dieu. Bien plus qu’un simple combat physique, celui-ci devint un combat spirituel. Un grand miracle se produisit et l’obscurité fut chassée. Notre peuple, bien que faible en nombre, triompha.

Quand les juifs pénétrèrent dans le sanctuaire, les dégâts étaient considérables. Ils décidèrent de reconstruire, de réparer et d’inaugurer de nouveau le Temple. Constatant qu’il y avait une quantité d’huile pure suffisant tout juste à allumer la Ménora pendant un jour, les Hachmonaïm ne succombèrent pas pour autant au désespoir. La Ménora fut allumée. La petite fiole d’huile non souillée brûla pendant huit jours. Et grâce à cette lumière, nous avons ajouté une nouvelle étape à l’odyssée miraculeuse de notre peuple.

Maccabi pour toujours

Notre odyssée se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Quand le monde pense que notre moral est au plus pas, qu’il n’y a pas assez d’huile pour embraser notre lumière intérieure, nous trouvons cette étincelle cachée et rallumons le feu qui danse en nous. N’importe où dans le monde, nous plaçons nos ‘Hanoukiot aux fenêtres pour proclamer ouvertement le miracle de notre peuple. L’amour entre Israël et Dieu ne s’éteindra jamais.

Ce n’est pas le moment de céder au désespoir. Les Maccabim nous ont dotés du courage de défendre les intérêts de notre peuple. Nous ne pouvons pas baisser les bras ; nous ne pouvons pas céder à la folie qui nous entoure. Tout comme les Maccabim ont courageusement reconstruit et ré-inauguré le peuple, à notre tour nous devons prendre à cœur leurs leçons intemporelles. D’autant plus lorsque nous nous sentons dépassés par la destruction qui nous entoure.

Nous avons tous la possibilité d’allumer une lumière, de devenir des Maccabim. Un peu de lumière chasse beaucoup d’obscurité. Trop de gens désespèrent et baissent les bras quand ils ont l’impression d’être accablés par la tragédie. Nous nous demandons ce que nous pouvons bien faire. Hanouka nous offre l’occasion de tourner une nouvelle page. Nous nous mettons à la recherche de notre fiole d’huile personnelle, nous découvrons notre étincelle intérieure et illuminons le monde autour de nous. Pour certains, ce sera la décision de raffermir leur engagement envers l’étude de la Torah, révélant ainsi le pouvoir de la foi. Pour d’autres, ce sera la décision de ressouder les liens entre les différents membres de leur famille. Les parents pourront profiter de la fête de Hanouka pour exhorter leurs enfants à pratiquer le judaïsme dans la joie.

Notre jeunesse devrait être encouragée à en découvrir davantage sur notre héritage glorieux et nos rituels empreints de sens. Face à l’antisémitisme croissant, ces connaissances leur donneront le courage de défendre leur identité juive et leur peuple avec fierté. Pour d’autres, le courage manifesté par les Maccabim leur servira d’inspiration pour entreprendre des efforts en vue de reconstruire leur couple ou réparer une quelconque autre relation conflictuelle. Autant de démarches qui nécessitent de bonnes doses de courage mais qui auront le mérite de favoriser l’union dans notre peuple. Car dans une telle situation d’adversité, on ne peut pas se permettre d’être désunis.

Le miracle commencera dès que nous déciderons, à l’image des Maccabim, de chasser les sentiments de découragement et de mobiliser notre aptitude à créer la lumière. Même si cette lueur semble infime, rappelez-vous qu’il suffit d’une seule étincelle pour allumer un feu. Ne baissons pas les bras. Nous perdurerons.

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