Israel

Ce réfugié syrien qui remercie Israël

08/03/2016 | par Yvette Miller

Aboud Dandachi veut faire connaître au monde entier l’action remarquable d’Israël en Syrie. Rencontre avec un homme qui n'a pas peur de dire les choses comme elles sont.

Aboud Dandachi, un réfugié syrien de 39 ans résidant actuellement à Istanbul, proclame aux oreilles du monde entier : « Thank you Am Israel – Merci, peuple d’Israël ». Via Facebook, Twitter, ou un blog entièrement consacré à cette cause, il remercie publiquement les organisations et particuliers juifs et israéliens de venir en aide aux réfugiés syriens. Et le monde commence à l’écouter.

« Dire merci n’a rien de remarquable, souligne Dandachi dans un entretien exclusif accordé au site Aish.com. Ceux qui sont remarquables, ceux sont les Juifs et Israéliens qui risquent leur vie pour aider mon peuple. Ils avaient toutes les bonnes raisons du monde de garder leurs distances avec la crise de réfugiés créée par la guerre dans mon pays et pourtant, les Juifs du monde entier ont témoigné une bonté et une compassion considérables envers les Syriens. Leur dire merci est la moindre des choses que l’on puisse faire. »

Musulman sunnite issu de la ville syrienne de Homs, Dandachi était chef de projet informatique avant la guerre civile qui a déchiré son pays, causant la mort de plus de 250 000 citoyens et le déplacement de quelques 4 millions de réfugiés. Dandachi quitte sa patrie en 2013 en direction du Liban, puis de là il rejoint la Turquie où il réside actuellement.

Il m’est progressivement apparu qu’aucun Israélien ne m’avait jamais fait le moindre mal.

Au cours des cinq dernières années de guerre, Dandachi, comme beaucoup de ses compatriotes, est forcé de réévaluer bon nombre des croyances avec lesquelles il a grandi. Élevé en Syrie et en Arabie Saoudite, puis ayant fait ses études universitaires en Jordanie, Dandachi décrit ces environnements comme étant « très antisémites », inculquant méfiance et suspicion à l’égard des Juifs et d’Israël. Mais quand la guerre civile éclate, le forçant à fuir sa patrie, Dandachi se met à réexaminer ses présupposés.

« Cela a été un processus graduel, explique-t-il. Il m’est progressivement apparu qu’aucun Israélien ne m’avait jamais fait le moindre mal. En revanche, si j’étais devenu réfugié, c’était précisément à cause de ce que mes compatriotes syriens et arabes avaient fait à ma ville. Alors pourquoi diable devrais-je être ennemi avec les Israéliens ? Ce serait aussi absurde que d’être ennemi avec un habitant de l’Inde, du Japon ou de l’Argentine. »

Au même moment, Dandachi commence à entendre parler des organisations juives et israéliennes qui se mobilisent pour venir en aide aux réfugiés syriens et ce, souvent, à leur propre péril. Il apprend que des centaines de Syriens ont reçu des traitements médicaux qui leur ont sauvé la vie dans des hôpitaux israéliens. Que l’armée israélienne a établi un hôpital de campagne sur la frontière syrienne. Que des volontaires israéliens portent assistance aux réfugiés syriens en Grèce, en Allemagne, dans les Balkans et la Jordanie, et que des simples citoyens se sont mobilisés en masse pour donner des vêtements et du matériel (en prenant soin d’ôter au préalable les étiquettes et inscriptions en hébreu pour dissimuler leur pays d’origine). Et que les communautés juives du monde entier se sont mobilisées pour venir en aide à ces populations déplacées par la guerre en Syrie.

Et plus Dandachi  s’informe et se documente à propos de l’aide humanitaire considérable offerte par des organisations et particuliers juifs et israéliens, plus son opinion évolue favorablement à leur propos.

L’impulsion de trouver un moyen d’exprimer publiquement sa gratitude lui vient en 2014, quand le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou rend visite aux blessés syriens sur le plateau du Golan. « L’opposition syrienne a alors déclaré que Nétanyahou devrait cesser d’utiliser les blessés syriens pour faire de la propagande et d’autres balivernes » se souvient Dandachi. Indigné par leurs propos, il leur rétorque : « Avez-vous perdu la raison ? Vous n’êtes même pas capables de dire merci ? C’est tellement immature de votre part ! »

Alors en décembre 2015, Dandachi décide qu’il est temps de se mettre à l’œuvre, et de remercier publiquement les Juifs et les Israéliens par tous les moyens possibles.

Il lance un nouveau site internet appelé Thank You Am Israel où il poste le message d’accueil suivant : « On dit que l’un des plus fidèles baromètres moraux d’une société réside dans l’accueil qu’elle réserve aux personnes dans le besoin et qui n’ont rien à offrir en retour pour exprimer leur reconnaissance. Et c’est là un défi que la génération actuelle d’Israéliens et de Juifs ont relevé avec une bonté et une générosité exceptionnelles. Et c’est pour reconnaître et saluer cette générosité que le site Thank You Am Israel a été créé. Merci au peuple d’Israël et au peuple juif dans le monde entier pour témoigner bonté et charité aux Syriens, que ce soit à travers vos équipes médicales de Tsahal, vos volontaires dépêchés en Grèce ou dans les Balkans ou vos congrégations d’Amérique du Nord qui collectent des fonds pour aider et financer des réfugiés syriens. Que Dieu vous bénisse et vous protège. »

Puis Dandachi se met à poster des articles décrivant les mille et une manières par lesquelles Israël et les organisations juives se mobilisent pour aider ses compatriotes.

« Ce petit groupe de volontaires israéliens a fourni davantage d’aide humanitaire aux Syriens assiégés que l’ensemble des Nations Unies. »

L’une de ses récentes publications met à l’honneur IL4Syria, une ONG israélienne qui a mobilisé 200 volontaires pour fournir de l’aide humanitaire en Syrie, souvent au péril de leur vie. Ces bénévoles ont fait don de matériel à 17 hôpitaux de campagne, ont contribué à l’entraînement de volontaires de la Défense civile syrienne, ont distribué des combinaisons de protection chimique à des médecins soignant les victimes d’attaques au gaz, et ont offert des imprimantes 3D pour fabriquer des prothèses. « Ce petit groupe de volontaires israéliens a fourni davantage d’aide humanitaire aux Syriens assiégés que l’ensemble des Nations Unies, déclare Dandachi avec sa franchise habituelle. Cela a été l’une des plus grandes prouesses d’aide humanitaire jamais effectuées. »

Dans un autre post, Dandachi décrit l’action d’une autre ONG israélienne, IsraAID, qui a dépêché une équipe composée de médecins et de volontaires pour aider les réfugiés syriens en Europe, leur fournissant soins médicaux, vêtements chauds, nourriture et encouragements. « On ne saurait trop souligner le soulagement et le réconfort qu’un réfugié ressent en trouvant des arabophones au sein de l’équipe de secours » explique-t-il.

 

D’autres publications soulignent les efforts entrepris par des groupes de Juifs du monde entier pour aider les réfugiés syriens. Évoquant un programme canado-juif destiné à financer et à aider des familles de réfugiés syriens au Canada, Dandachi trouve « miraculeux » que des Juifs se mobilisent pour aider un peuple issu d’une région qui est traditionnellement hostile aux Juifs et à Israël. Figure aussi l’Opération Ezra, un programme de la communauté juive de Winnipeg (Canada) destiné à venir en aide aux familles yazdis, mais aussi la mobilisation de nombreuses communautés juives des États-Unis qui collectent des fonds en faveur des réfugiés.

Tandis que l’intérêt suscité par les activités de Dandachi s’accroît, il commence à recevoir des réactions du monde entier. Certes, il essuie beaucoup d’insultes sur Twitter, qu’il essaie d’ignorer. Mais il reçoit également beaucoup de soutien. « J’ai été très surpris par les réactions des Arabes. Je m’attendais à de l’hostilité de leur part, mais au contraire, un nombre surprenant d’entre eux m’ont confié que je disais tout haut ce qu’eux ne peuvent pas se permettre dire, et m’ont encouragé à poursuivre mon action. J’ai été surpris par le nombre d’Arabes et de réfugiés comme moi qui disent cela, affirme Dandachi. Malheureusement, la réalité au Moyen-Orient est telle qu’aucun politicien arabe ne dira merci à Israël ».

Et de poursuivre : « Le fait est que les Syriens n’ont plus beaucoup d’amis dans le monde. » Abandonnés par un grand nombre de leurs anciens alliés et partisans, et vilipendés dans la majeure partie du monde, les réfugiés syriens ont trouvé des sauveurs en les personnes de nombreux Juifs et Israéliens. « Nous sommes actuellement au creux de la vague, et cela signifie que nous devrions apprécier les amis que nous avons en ce moment. Personne n’aurait pu critiquer les Israéliens et Juifs s’ils avaient gardé leur distance avec la crise des réfugiés, mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont pris beaucoup de risques pour nous aider. Et le moins que l’on puisse faire est de leur dire merci. Dire merci n’est pas remarquable, un seul acte de bonté est plus remarquable que cent mercis. »

Dandachi n’a pas encore visité l’État juif, mais aimerait bien le faire. Il attend avec impatience la fin de la guerre et croit ardemment à la paix entre Syriens et Israéliens. « Les Israéliens ont manifesté énormément de bonne volonté envers les Syriens, et cela éclipse toute raison supposée que nous puissions avoir d’être adversaires. J’espère que les deux peuples prendront conscience de cela une fois la guerre en Syrie terminée.

Quand on lui demande quel conseil il donnerait à ceux qui voudraient soutenir sa cause, Dandachi reste modeste. Il exhorte ceux qui souhaitent apporter leur contribution à soutenir les organisations qui œuvrent en faveur des Syriens, et cite à titre d’exemple l’ONG israélienne IsraAID. 

Voici le lien vers son site : Thank You Am Israel

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