Israel

De la nécessité d’insister sur la judaïté d’Israël

30/06/2013 | par Daniel Haïk

Daniel Haïk analyse l'actualité sous le prisme de la paracha de la semaine.

Comment définir l’Etat d’Israël ?

C’est depuis 65 ans, l’une des questions clés qui fait l’objet d’un véritable débat d’idées au sein de la société israélienne et même dans le judaïsme de Diaspora. Israël est-il d’abord un état juif et seulement ensuite une démocratie? Serait-ce le contraire? Ou bien doit-on placer ces deux paramètres, juif et démocratique, exactement au même niveau?

Pour tenter de répondre à ces interrogations, un rappel historique : la déclaration d’indépendance lue par David Ben Gourion le 14 mai 1948, mentionne en évidence le fait qu’Israël est l’état du peuple juif. Plus clairement encore : dans cette déclaration, le mot « juif » figure 20 fois alors que le mot « démocratique », pas une seule fois ! Il y est toutefois mentionné le principe de l’égalité des droits pour tous les citoyens sans distinction de religion, race et sexe. En 1992, sous l’influence d’un fort courant libéral et laïc, la Knesset, le parlement israélien a voté une loi dite «du respect de l’Homme et de sa liberté» qui pour la première fois insistait sur l’équilibre entre le composant « juif » de l’Etat d’Israël et son composant « démocratique ».

Ceci a souvent conduit la Cour Suprême israélienne, composée essentiellement de juges non religieux à mettre en exergue le paramètre démocratique au détriment du paramètre « juif » et à insister sur le fait que l’Etat d’Israël devait être l’état de tous ses citoyens y compris ceux qui ne sont pas juifs. Exemples de répercussion d’une telle loi : la Cour Suprême a considéré, ces dernières années, comme discriminatoire la vente de terres, en Terre d’Israël, uniquement à des Juifs. Et elle a également décrété que tout village juif se devait d’accepter en son sein des résidents arabes selon le principe de l’égalité citoyenne.

Retour à une définition plus juive

Il est grand temps que les Palestiniens et le monde arabe acceptent et reconnaissent le principe selon lequel l’Etat d’Israël est l’état nation du peuple juif.

Il y a quelques jours des députés de la droite israélienne (Yariv Levin du Likoud et Ayalet Shaked de Habaït Ahéoudi) ont rédigé un projet de loi visant à modifier cette approche et à redonner la priorité au composant « juif » de l’Etat : au lieu « d’Etat juif et démocratique », comme mentionné dans la loi de 1992, Israël deviendrait officiellement un « Etat juif doté d’un régime démocratique ».

Concrètement, une telle formulation obligerait les juges de la Cour Suprême à tenir compte dans leurs verdicts du lien historique existant entre le peuple juif et la Terre d’Israël, ce qui n’avait pas été le cas, par exemple, lorsque la Cour avait débattu de la légalité du retrait israélien des localités du Gouch Katif (dans la bande de Gaza), il y a de cela 8 ans.

Cette proposition suscite une polémique renouvelée : ceux qui la soutiennent, essentiellement à droite de l’échiquier politique et dans les formations religieuses, affirment qu’il est grand temps que le peuple juif réaffirme clairement et sans équivoque ce lien indéfectible qui le lie à la Terre de ses ancêtres, celle sur laquelle Jérusalem et le Bet Hamikdach ont été érigés. Et il est grand temps que les Palestiniens et le monde arabe acceptent et reconnaissent le principe selon lequel l’Etat d’Israël est l’état nation du peuple juif, principe qu’ils rejettent catégoriquement. Ceux qui s’opposent à cette nouvelle formulation, prétendent qu’elle va à l’encontre des principes d’égalité qui régissent aujourd’hui les grandes démocraties occidentales.

L’enseignement de la paracha

La dernière paracha du livre de « Bemidbar » (Nombres), la sidra de Massé, qui est toujours lue durant les « Trois semaines » de deuil en souvenir de la destruction des deux Temples de Jérusalem, débute par le détail des 42 étapes franchies par les Enfants d’Israël, au cours des 40 années passées dans ce désert d’incertitude, de crise et d’instabilité . Et en introduction de cette énumération, la Torah écrit (Nombres 33 ; 2) «Moché inscrivit leurs départs et leurs stations sur l’ordre de l’Eternel et voici donc leurs stations et leurs départs». La dernière partie de ce verset se lit en hébreu : « Elé Masséèm lémotsahéèm ». Ce qui peut être également compris : « Et voici leurs périples vers leurs origines ».

La démocratie ne va pas à l’encontre du judaïsme. Elle en est partie prenante.

Ces pérégrinations dans le désert ne se rapportent pas seulement à la génération qui s’apprête à entrer en Eretz Israel. Elles sont un symbole bien plus fort : celui de l’errance du peuple juif parmi les Nations depuis la destruction du Second Temple de Jérusalem, il y a près de deux mille ans. Comme nos ancêtres dans le désert, notre peuple a vécu durant deux millénaires, les affres de l’exil, de la Diaspora et des persécutions jusqu’au paroxysme de la Shoah. Ces 40 années passées dans l’attente de pénétrer sur la Terre promise par Dieu avaient été une formidable leçon de vie. Elles nous ont offert les instruments indispensables pour que nous puissions, plus tard, surmonter les deux milles ans d’exil et revenir vers notre Terre. Mais, selon notre interprétation du texte biblique, ces 42 étapes du désert, ainsi que les différentes diasporas dans lesquelles nous avons vécu notre Exil bimillénaire avaient un objectif majeur : Nous ramener, toujours, vers nos origines, vers notre véritable identité, vers notre véritable mission, celle d’être ce que nous devons être : des Juifs fiers de notre foi, de notre patrimoine spirituel, fiers de notre histoire. Ces pérégrinations dans le désert, ainsi que plus tard, nos douloureux parcours en Diaspora, ont été « des périples destinés à nous ramener vers nos origines », en perspective de notre retour sur notre Terre.

A notre époque, cette volonté exprimée par certains d’accorder la priorité au paramètre juif de l’Etat d’Israël, sur le paramètre « démocratique » est une manière renouvelée de tirer les leçons du passé, un passé fait de Désert et d’Exil. La démocratie ne va pas à l’encontre du judaïsme. Elle en est partie prenante. Mais pour que l’Etat d’Israël puisse vivre sur la Terre d’Israël ad vitam aeternam, il se doit de mettre en exergue sa composante juive. C’est l’une des leçons qu’il convient de tirer, en cette période de deuil, de notre paracha.

Related Articles

Donnez du pouvoir à votre voyage juif

Inscrivez-vous à l'e-mail hebdomadaire d'Aish.com

Error: Contact form not found.

linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram