Israël et Jérusalem

Irremplaçables

13/10/2015 | par le rabbin Aaron Goldscheider

Le cœur de tout le peuple juif est brisé par les récents assassinats en terre d’Israël.

Lors d’une réflexion sur la tragédie de la Shoah, Rav Shlomo Carlebach remarqua une fois : « Cela ne se s’arrête pas seulement au nombre de six millions. Nous avons perdu tant d’êtres saints. »

Ces paroles résonnaient sans cesse dans mon esprit au cours des derniers jours… cela ne s’arrête pas seulement au nombre – nous avons perdu tant d’êtres saints.

Les médias ont signalé : « 4 personnes tuées dans deux attaques terroristes. » Cela ne s’arrête pas uniquement au nombre. Nous avons perdu des êtres d’exception.

Vous avez peut-être entendu parler de Rav Eitam Henkin, de mémoire bénie, qui fut abattu avec sa femme sous les yeux de leurs jeunes enfants. C’était un grand érudit en Torah et en histoire. Il suivait les traces de ses illustres grand-père, père et mère. Eitam, âgé d’à peine 30 ans, s’était déjà illustré comme un talent rare et une personnalité rabbinique tenue en haute estime.

Sa talentueuse et créative épouse Naama, de mémoire bénie, également tuée à bout portant, était une infographiste très appréciée, qui présentait une sagesse inhabituelle pour son âge. Ensemble, ils élevèrent leurs enfants bien-aimés dans une communauté dévouée à l’étude de la Torah et à la poursuite de la bonté. Ils inculquaient à leurs enfants la fierté d’appartenir au peuple juif et la volonté de devenir les prochains dirigeants de notre nation.

Une autre attaque terroriste survint deux jours plus tard à Jérusalem. Rav Nehemia Lavi, qui se trouvait dans sa Soucca, entendit une femme appeler à l’aide. Il vola à son secours, au péril de sa propre vie. Le terroriste se retourna et le poignarda. Il sauva la femme et son enfant, mais perdit la vie. Rav Lavi occupait le rang d’officier dans l’armée israélienne. Il considérait son service militaire comme une mitsva, une obligation religieuse et un honneur. Il enseignait chaque jour la Torah dans la Vieille ville de Jérusalem.

L’autre victime s’appelait Aharon Benitah-Bennet, de mémoire bénie. Membre de la communauté hassidique Breslev, il servait également dans l’armée israélienne. C’était un Juif dévoué à la prière et à l’étude de la Torah. Un Juif dévoué à son peuple et remplissant son devoir envers l’État d’Israël.

Nous avons perdu des êtres nobles. Nous avons perdu des êtres d’une bonté et d’une piété exemplaires dans la manière dont ils menaient leurs vies. Nous avons perdu des êtres précieux qui consacraient chaque jour leurs talents considérables à accroître la sagesse et la bonté en Israël et dans le reste du monde. Chacun d’entre était spécial. Ils étaient des Juifs dotés d’une dévotion exceptionnelle envers la terre d’Israël et le peuple d’Israël. Ils représentent le fleuron de notre peuple.

Notre « équipe », celle formée par le Peuple d’Israël, n’est plus complète. Notre lumière a été amoindrie.

Cela ne s’arrête pas seulement au nombre — nous avons perdu des êtres extraordinaires.

Rabbin Joseph Soloveitchik explique que lorsqu’un Juif fait la Chiva, il pleure l’être irremplaçable qui lui a été enlevé. Chaque personne est unique. Aucune personne ne peut se substituer à la présence d’une autre personne dans ce monde. Pour cela, nos cœurs sont emplis de douleur et de chagrin.

Quatre enfants ont perdu leurs parents. Neuf enfants ont perdu leur père. Quatre couples de parents ont perdu leur enfant.

J’ai assisté aux funérailles d’Eitam et Naama Henkin, aux côtés de milliers d’autres personnes. Chaque participant affrontait cette épreuve de sa propre manière. Moi-même, je l’ai vécue en tant que parent ayant déjà perdu un enfant. La douleur est accablante. La vie ne sera plus jamais pareille. Quand un enfant décède, son parent ressent une douleur insupportable parce que lui seul sait combien de lumière son enfant aurait pu apporter au monde.

La joie et l’amour qu’Eitam, Naama, Aharon et Nehemia auraient pu donner et recevoir leur ont été brutalement arrachés. Leur vie fut un univers qui ne pourra jamais être remplacé. Pourquoi n’ont-ils pas eu la chance de vivre leurs vies ? Nul ne ressent ce sentiment atroce de perte aussi douloureusement qu’un parent. Nul n’est aussi optimiste et emprunt d’espoir qu’un parent l’est pour son enfant. Quand un parent perd son enfant, il est frappé par la prise de conscience qu’une âme est irremplaçable.

Dès la fin des fêtes de Tichri, les familles des victimes ont entamé la semaine de deuil : parents, enfants, épouses et frères et sœurs ont fait la chiva. Durant toutes ces journées, ils ont parlé des êtres chers qu’ils ont perdus. Ils peineront à trouver les mots justes pour décrire le caractère unique et extraordinaire de ces êtres, et ce qu’ils auraient pu devenir si ces actes de barbarie ne s’étaient pas produits.

Le cœur de tout le peuple juif est brisé. En tant que Juifs, nous savons que ces tragédies ne se résument pas un simple nombre, à une manchette faisant état de « quatre personnes tuées. » Chaque personne que nous avons perdue était un univers. Et chaque personne que nous avons perdue est irremplaçable. 

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