Israel

Natan Méïr dénonce l’indifférence de l’ONU face au meurtre de son épouse

24/05/2016 | par Debra Heller

Sous les yeux de ses enfants, sa femme a été poignardée par un terroriste palestinien. Invité au Conseil de sécurité de l’ONU, il n’a obtenu qu’une seule chose : un cruel silence.

Republié avec la permission du Ami Magazine.

Le 17 janvier, Dafna Méir a été poignardée à mort par un terroriste palestinien sur le pas de sa porte à Otniel, une localité située dans les montagnes de Judée, au sud de Hébron. Alors qu’elle gisait par terre en se vidant de son sang, cette mère de six enfants âgée de 39 ans a lutté contre son assaillant, l’empêchant ainsi d’assassiner trois de ses enfants qui se trouvaient à la maison à ce moment.

Pour sa fille Ranana, 17 ans, ce souvenir ne s’effacera jamais.

« J’étais allongée dans la chambre de mes parents. Je parlais au téléphone avec une seule oreillette. Au début, j’ai pensé que Maman était sans doute effrayée par un mille-pattes ou un cafard, deux créatures qui auraient facilement pu la faire crier.

« Et puis les cris se sont intensifiés et n’ont pas cessé. J’ai compris que quelque chose de grave se passait. Quand je suis montée à l’étage, Maman gisait déjà par terre. Elle se débattait encore contre le terroriste. »

Sans se laisser décourager, le terroriste a essayé d’extirper le couteau de sa mère pour poignarder à son tour Ranana.

« J’ai vu qu’il essayait de retirer le couteau. J’ai crié à mes deux frères de ne pas monter au salon. J’ai compris qu’il voulait tous nous tuer. Cela a pris quelques secondes jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il n’arrivait pas à déloger le couteau, ensuite il a pris la fuite. »

Natan Méir et sa fille Ranana pendant la chiva.

« Maman s’est battue avec lui, elle ne l’a pas laissé retirer le couteau, elle ne l’a pas laissé nous faire du mal. J’ai hurlé. Il a pris peur et s’est enfui. Je me suis approché de Maman, du couteau qui dépassait d’elle. J’ai voulu le retirer, et puis je me suis rappelé que dans le stage du Maguen David Adom, ils nous avaient dit de ne pas enlever des corps étrangers. »

Ranana a alerté Maguen David Adom qui a aussitôt dépêché une ambulance.

« Je n’arrêtais pas de crier. Maman respirait encore. Je lui demandais sans arrêt de continuer à respirer, de ne pas s’arrêter, mais je le savais déjà. Il était évident pour moi que c’était la fin. Elle s’est efforcée de continuer à respirer. Je pense qu’elle m’a entendu, même si elle ne réagissait déjà plus.

« J’espère qu’elle ne m’a pas entendue hurler. »

Natan, le mari de Dafna se trouvait chez le docteur avec son fils à Goush Etsion. Ranana l’a appelé, et il s’est précipité à la maison.

« J’ai conduit pendant 40 minutes jusqu’à Otniel, se souvient-il. Je me suis arrêté pour récupérer mon fils, qui étudie à la Yéchiva Mékor ‘Haïm. Tout le temps, j’essayais de contacter des amis de la ville, de l’équipe locale d’intervention d’urgence, qui était censée se trouver sur les lieux en cas d’incident. Ils m’ont dit qu’ils étaient en train de la soigner. Pendant 40 minutes. J’ai compris que s'ils la soignaient pendant 40 minutes, la situation était très grave. J’ai allumé la radio et entendu “une femme a été assassinée dans une attaque terroriste à Otniel.” Et j’ai su que c’était la fin. »

Le 19 avril, Natan et Ranana ont été invités à une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU par l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon. Accompagnés par des représentants de OneFamily, une association à but non lucratif qui soutient les victimes du terrorisme, les Méir se sont tenus derrière Danon quand celui-ci a exhorté son homologue palestinien, Riyad Mansour, à condamner les attaques.

Comme on peut s’y attendre, sa requête a été accueillie par un silence glacial.

« Honte à vous, a déclaré Danon à l’adresse de Mansour. Au lieu de dénoncer le terrorisme, vous l’encouragez. »

À l’ouverture de la réunion du Conseil de sécurité les Méir ont confié qu’ils espéraient que l’assemblée comprendrait le drame qu’ils avaient subi. « Il est difficile de mettre des mots sur la peine profonde et le manque insupportable que nous éprouvons. Le cœur brisé, nous demandons de l’aide à la communauté internationale. Nous entendons ceux qui disent que le terrorisme résulte de la frustration et nous vous demandons : y a-t-il une situation plus frustrante que celle que nous avons subie ? »

Mais encore une fois, leur déclaration a été accueillie par un silence indifférent.

Dans une lettre très ferme adressée au secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon, Natan s’est indigné du manque d’humanité dont il a été témoin au Conseil de sécurité.

« Aucun ambassadeur des Nations du monde  ne nous a serré la main, ne nous a téléphoné ni a cherché à nous rencontrer. Même vous, Monsieur le secrétaire général, étiez assis là-bas et n’avez même pas ouvert la bouche. Vous n’avez pas cherché à aborder un homme au visage emprunt de douleur et de souffrance » a écrit Natan.

Je me suis entretenue avec Natan Méir lundi. Ce qui suit est la conversation que nous avons eue.

Ce qui est arrivé à votre épouse Dafna est une tragédie qui dépasse l’entendement. Elle s’est montrée si héroïque, luttant contre le meurtrier pour protéger ses enfants.

Oui. Après qu’il l’ait poignardée, elle a agrippé le couteau et a empêché le terroriste de le déloger de son corps pour qu’il ne puisse pas s’en prendre aux enfants.

Vos enfants se trouvaient-ils tous à la maison à ce moment ?

Trois d’entre eux étaient à la maison. J’en ai six.

Votre domicile est-il situé en bordure d’Otniel ?

Non. Il y a une certaine distance entre la maison et la bordure du yichouv.

Depuis combien de temps viviez-vous là-bas ?

Depuis notre mariage il y a 19 ans.

Des incidents similaires s’étaient-ils déjà produits à Otniel ou était-ce la première fois qu’une telle chose arrivait ?

Il y a environ dix ans, des terroristes se sont infiltrés dans la yéchiva et ont tué quatre étudiants.

Que pouvez-vous dire à nos lecteurs à propos de votre épouse ?

(Soupir.) Ma femme était quelqu’un de très spécial. Elle était honnête et sincère et n’avait peur de personne. Elle parlait toujours du fond de son cœur, sans crainte ni gêne. Elle était convaincue que si vous désirez éduquer, vous devez nécessairement parler de tout ; si vous cachez des choses, votre savoir sera incomplet. Elle a réussi à accomplir beaucoup de choses pendant sa vie, laquelle n’a pas été très longue. Elle vivait chaque jour comme si c’était son dernier. C’est pourquoi elle mené une existence d’une telle puissance.

Comment s’en sortent vos enfants ?

C’est difficile pour tout le monde, très difficile, mais nous nous y prenons doucement. Hachem a pitié de nous.

Puis-je vous demander ce que vous faites dans la vie ?

Bien sûr. Je travaille dans un collège à Soussia et je suis aussi psychothérapeute. J’aide principalement les personnes atteintes de dépendance à l’internet.

Dafna et Natan Méir

Votre femme travaillait-elle également ?

Elle était infirmière dans un hôpital. Elle était aussi experte en matière de fertilité et d'accouchement et une auteure prolifique. Elle tenait un blog sur lequel elle répondait aux questions d’internautes, des milliers de demandes de renseignements sur le sujet. Plus de 150 000 personnes le fréquentaient, un nombre qui a augmenté de manière exponentielle depuis sa disparition. Il y avait également des docteurs qui se tournaient vers elle. Elle était considérée comme un gourou. Elle possédait énormément de connaissances.

Pourquoi êtes-vous allé à l’ONU avec votre fille ? Qu’espériez-vous y accomplir ?

L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, nous a demandé de représenter le côté israélien. Tout le monde parle du côté palestinien, de la souffrance des Palestiniens, mais personne ne parle jamais de nous. Il voulait représenter notre souffrance.

Avez-vous rencontré Ban Ki Moon ?

Non. Nous avons eu une conférence de presse le 18 avril, avant une session du Conseil de sécurité. Et puis nous sommes rentrés dans la salle et nous nous sommes assis à côté de Danny Danon, l’ambassadeur israélien.

Avez-vous pris la parole sur place ?

Non, nous n’en avions pas le droit ; seul l’ambassadeur a la permission de parler. Mais Danny Danon a raconté notre histoire, il a parlé de Dafna et nous a présentés au public. Tout le monde était au courant de ce qui s’est passé. D’après ce qu’on nous a dit, les membres de l’assemblée avaient été informés à l’avance de notre venue.

Personne ne vous a-t-il parlé ni dit bonjour ?

Rien du tout. Personne ne nous a adressé la parole, ni même adressé un signe de la tête.

Quand vous dites « personne », à qui faites-vous référence ? L’ambassadeur américain était-il présent ?

Oui, il était aussi présent. Le Conseil de sécurité était réuni au complet. Ban Ki Moon était aussi là au début de la session et il n’a pas ouvert la bouche. À un moment donné, le représentant palestinien s’est levé pour se plaindre des enfants palestiniens retenus dans des prisons israéliennes. L’un de ces enfants est le meurtrier de Dafna, et personne n’a rien dit à propos de l’assassinat. C’est incroyable.

C’est très douloureux.

Je vais être honnête avec vous. Je ne m’attendais pas à ce que quiconque nous adresse une bonne parole ni même nous accorde une quelconque attention à l’ONU. Je n’ai donc pas été déçu. Mais j’ai tout de même ressenti que je ne pouvais pas garder le silence à ce sujet. On entend toujours des plaintes à l’ONU : pourquoi les Israéliens ne traitent-ils pas les Palestiniens correctement ? Pourquoi n’évacuons-nous pas la Judée et Samarie ? Ils nous condamnent constamment et n’expriment pas la moindre once d’empathie. Où est leur cœur ? Où est leur humanité ? La diplomatie et la politique n’apportent pas la paix. La paix ne s’obtient pas avec un bout de papier ; elle provient du cœur. La paix provient des hommes. Si vous n’avez pas d’humanité, vous n’aurez pas de paix.

Certes, mais je suis sûre que vous savez mieux que moi que l’ONU a toujours été une antre peuplée de haïsseurs d’Israël. Cela n’a rien de nouveau. Danny Danon ne vous a-t-il pas averti qu’ils sont tous antisémites ?

Oui, j’avais été prévenu. Je savais que ça se passerait ainsi, mais je me sens tout de même obligé de protester pour que les gens en tiennent compte. Nous devons œuvrer avec notre cœur, parce que la paix dépend du cœur. C’est le message que j’aimerais exprimer.

Les élections américaines approchent à grands pas. Quel est votre message au futur président ?

Si j’étais président des États-Unis, je chercherais les moyens de créer des points de rencontre entre les populations israélienne et palestinienne. J’essaierais de construire davantage de zones industrielles communes, une bibliothèque commune. J’organiserais aussi des projets communs pour la majorité qui souhaite la paix. Ce sont les domaines que nous devons renforcer et auxquels nous devons nous consacrer, pas les barrières ni les frontières. Nous devons rechercher des moyens de rapprocher les peuples et leur permettre de cohabiter. Ils devraient avoir des centres commerciaux communs, des centres d’emploi communs. C’est cela la paix.

Avez-vous des amis arabes à proximité du yichouv ?

Bien sûr.

Êtes-vous proches d’eux ?

Oui. J’ai beaucoup de bons amis palestiniens. Certains sont amis avec moi depuis 20 ans.

Après ce qui est arrivé, quelle a été leur réaction ? Vous ont-ils dit quoi que ce soit ?

Certainement. Ils m’ont appelé, m’ont rendu visite et m’ont parlé. Ce n’est pas comme les Nations Unies. Ils m’ont dit combien ils étaient désolés.

Pendant la chiva ?

Pendant la chiva, après la chiva. Ils sont venus chez moi.

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez transmettre à nos lecteurs ?

Oui. J’aimerais demander aux gens une seule chose : d’oser accomplir ce en en quoi vous croyez. Ayez le courage d’ouvrir votre cœur à vos enfants, comme Dafna le faisait. Parlez à vos parents et à votre famille. N’ayez pas peur de parler de quoi que ce soit, même les choses les moins agréables et les plus pénibles. Oz véhadar. Que vous ayez force et beauté.

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