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Israël et le secret du nombre 70

18/04/2018 | par rabbin Benjamin Blech

Dans la tradition juive, le nombre 70 revêt une signification spéciale, ce qui confère à ce 70ème Yom Haatsmaout un sens d'autant plus particulier.

Dans la tradition juive, les nombres revêtent une signification spéciale et peuvent véhiculer des réflexions cruciales à notre compréhension de l’histoire juive.

À la veille de la célébration du 70ème anniversaire de la naissance de l’État d’Israël et du retour miraculeux de notre peuple sur notre patrie ancestrale après presque 2000 ans d’exil, posons la question : « Qui connaît soixante-dix ? Qui connaît le secret et le sens profond de ce nombre ? »

Soixante-dix n’est pas seulement un sympathique nombre rond. Il y a bien longtemps de cela, nos sages ont distingué ce nombre, lui accordant une attention spéciale qui confère à ce 70ème Yom Haatsmaout une signification d’autant plus particulière.

Au cours du Séder de Pessa’h, nous avons rencontré le nombre 70 de manière presque tangentielle. Rabbi Eliézer ben Azarya admit qu’il n’avait jamais connu la source biblique du commandement enjoignant de se souvenir de la sortie d’Égypte chaque soir ainsi que chaque matin jusqu’à ce qu’il mérita d’apprendre la source d’un autre sage. Détail étrange, il introduisit la joie que lui procura sa récente découverte par les mots : « Voici je suis comme une personne âgée de 70 ans. » Les commentaires se disent tous perplexes. Nous savons que Rabbi Eliézer était en fait âgé de seulement 18 ans à l’époque. De nombreuses explications savantes sont données pour résoudre la question. Mais le fait est que pour exprimer la notion d’un âge avancé, il employa le nombre soixante-dix.

Et pourquoi en fut-il ainsi ? Ce fut certainement une référence au verset du livre des Psaumes : « La durée de notre vie est de soixante-dix ans » (Psaumes, 90:10).

Soixante-dix est la durée de vie biblique proverbiale. Le nombre d’années qu’on nous accorde normalement pour accomplir notre mission sur terre. Rabbi Eliézer, bien que n’étant âgé que de 18 ans, craignait d’épuiser ses jours sans connaître une vérité fondamentale de la Torah. Le grand bonheur qu’il éprouva en la découvrant fut liée au sentiment qu’il était désormais « comme une personne âgée de soixante-dix ans », l’âge auquel nous sommes censés jauger nos réalisations, méditer sur nos accomplissements, et faire le bilan du déroulement et du but de notre vie.

Ce principe vaut pour nos vies. Il vaut aussi pour notre terre.

Soixante-dix est le nombre qui appelle à une mûre réflexion. C’est le nombre qui définit une génération. Il est intimement lié à la notion de jugement – tant et si bien que dans le droit juif, la Cour suprême, le Sanhédrin, fut composée de 70 membres, tout comme il y eut 70 anciens à l’époque de Moïse.

En outre, 70 fut la clé de la création du peuple juif. Le livre de l’Exode, lequel propulse l’histoire de nos ancêtres de famille à nation, nous dit : « Toutes les personnes composant la lignée de Jacob étaient au nombre de soixante-dix » (1:5). Toute l’histoire de Pessah, depuis l’esclavage jusqu’à la sortie d’Egypte, a ses débuts dans ce même nombre correspondant à la durée de vie biblique. Soixante-dix incarne l’opportunité. Soixante-dix incarne le potentiel. Et 70 est le nombre qui nous rappelle que nous sommes jugés par les mêmes critères divins qui régirent les décisions du Sanhédrin.

Dans un commentaire remarquable portant sur le verset de la Torah qui nous informe que les personnes descendues à l’origine en Egypte étaient au nombre de 70, le Midrach soulève le problème suivant : si l’on recense les membres de la famille de Jacob à cette époque, on en trouve seulement 69. Pourquoi la Torah écrit-elle 70 ? Parmi les diverses réponses données, celle qui a peut-être la plus de pertinence avec le 70ème anniversaire de Yom Haatsmaout que nous célébrons cette année est le fait que Dieu s’inclut Lui-même dans ce nombre ! Dieu ne pouvait simplement pas s’exclure de son peuple.

C’est pourquoi ceux qui descendirent vers le premier exil furent à même de survivre. Et c’est aussi pourquoi l’État d’Israël, entouré par des ennemis qui depuis sa naissance l’ont menacé de destruction et l’ont attaqué à de nombreuses reprises, a tout de même survécu ; et Israël n’a pas seulement survécu, il a également prospéré au-delà de toute espérance ! Ce fut Dieu qui fit partie des 70 premiers membres des Enfants d’Israël. C’est Dieu qui reste la seule explication rationnelle du miracle septuagénaire de l’Israël moderne.

Parler d’Israël après ses 70 premières années depuis sa naissance c’est reconnaître une réalité duelle. D’un côté, il serait insensé de prétendre qu’Israël a pleinement réalisé la vision des prophètes, qu’il a accompli la perfection de sa destinée messianique. Il reste encore beaucoup à faire.

Ces soixante-dix ans ont été témoins des accomplissements d’une génération. L’histoire a besoin de périodes de 70 ans supplémentaires, de générations futures auxquelles est confiée respectivement la tâche de nous rapprocher du but final. Mais nous ne devrions pas minimiser l’ampleur de ce que nous avons vu au cours de notre vie, de tout ce qui a déjà été accompli jusque-là.

Nous ne savons pas quand le Messie viendra. Mais les rabbins nous ont laissé un indice pour nous alerter de son arrivée imminente. Cet indice est consigné dans le Midrach au moyen de la parabole fascinante que voici.

Un disciple demanda une fois à son maître : « Cela fait si longtemps que nous attendons la venue de Messie, mais il n’a toujours pas fait son apparence ! Comment nous, le peuple juif, saurons quand il se révélera enfin ? Quel est le signe que nous devrions chercher qui annoncera son arrivée imminente ? »

Le rabbin répliqua : « Je vais te répondre par une histoire. Un père et son fils entreprirent ensemble un long périple à travers un désert. Leur destination était une ville très éloignée. Exténué par le voyage, le jeune garçon supplia son père de lui fournir un certain signe afin qu’il sache à quel moment ils s’approchaient de leur destination finale. Le père lui répondit : "Il y aura une indication très claire devant toi. Souviens-toi de ce signe. Quand tu apercevras un cimetière, tu sauras que la ville est proche." »

Et le rabbin de conclure à l’attention de son disciple : « Cette parabole est la réponse à ta question. Quand tu verras un cimetière, tu sauras que la rédemption est proche. De même, Dieu a révélé à Ses enfants qu’après avoir été accablés par la tragédie, la mort et la destruction, le Tout-Puissant aura pitié et exaucera les prières des Juifs, comme il est écrit : "Le Tout-Puissant t’exaucera au jour de détresse." »

Cette parabole est peut-être la clé de la proximité de la Shoah avec la création de l’Etat d’Israël, le lien qui unit Yom Hashoah à Yom Haatsmaout.

La Shoah a pris fin en 1945. À peine trois ans après, quand beaucoup pensaient que le génocide de 6 millions d’âmes sonnait le glas de l’histoire juive, nous avons de nouveau commencé à réaliser la première étape de la promesse de rédemption.

Ces soixante-dix ans, une durée de vie biblique, nous ont propulsé un grand pas en avant en direction de la réalisation complète. C’est pourquoi nous devons célébrer ce moment. Et c’est aussi pourquoi nous prions que la prochaine génération reçoive l’opportunité d’achever complètement la tâche. Et le rêve.

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