Monde Juif

Un soldat libanais rejoint le peuple juif

31/10/2016 | par Aish.fr

Depuis tout jeune, je demandais à Dieu : « Pourquoi ai-je été créé musulman ? »

Je m’appelle Mounir Mundar. Je suis un musulman libanais qui a servi dans l’armée israélienne et s’est donné entièrement à l’État d’Israël.

Si ces quelques mots vous paraissent incongrus,  rassurez-vous, vous êtes en bonne compagnie. Ce sont avec ces mêmes mots que je me suis présenté au grand public il y a deux ans, quand j’ai entamé ma conversion au judaïsme. La semaine dernière, sous la direction du beth din de Haïfa,  je suis devenu un membre à part entière du peuple juif.

Cette nouvelle a créé une véritable tempête médiatique en Israël, mais une fois que les gens ont entendu l’histoire de ma vie, même ceux qui avaient été personnellement touchés par le terrorisme m’ont exprimé leur soutien et leur sympathie.

J’ai posté mon histoire en ligne dans l’espoir d’éveiller la compréhension.

« Je voudrais vous raconter, mes chers Israéliens, l’histoire de ma vie. Ma mère et ma sœur ont été tués par des terroristes. Mon autre sœur a été blessée. Les enfants de mon frère sont handicapés à vie. Tout cela est l’œuvre des assassins du Hezbollah. Comme le Hamas, Al Qaeda et Daesh, c’est une organisation dépravée qui lutte contre Israël et le monde entier.

« Je veux que vous compreniez pourquoi je partage cette expérience avec vous. Après tout, je suis né musulman, et beaucoup d’entre vous direz que je cherche simplement à profiter de votre pays sans rien lui donner en retour. Je veux donc que vous sachiez que je me suis battu pour Israël. Je me suis battu pour la sécurité de chaque citoyen. Et enfin, je veux que vous sachiez que j’étudie la Torah et que, après un long processus, j’ai achevé ma conversion. Je suis maintenant juif et fier de l’être. »

Je suis né à Beyrouth, le dernier d’une fratrie de quatre filles et deux garçons. Mes parents ont divorcé quand j’étais jeune, mais notre famille est restée très unie.

À l’âge de 10 ans, mon frère a rejoint l’Armée du Liban sud (ALS), une milice bien armée majoritairement chrétienne d’environ 4 000 soldats, qui s’est alliée avec Israël pour maintenir la sécurité le long de la frontière israélo-libanaise. Avec l’assistance d’Israël, l’ALS a combattu des organisations terroristes dont l’OLP et plus tard, le Hezbollah.

Deux ans après que ma mère et ma sœur aient commencé à travailler pour l’armée israélienne, elles ont été tuées par le Hezbollah.

L’ALS était principalement active au sud du Liban, une région qui placée sous le contrôle d’Israël depuis la fin des années 1970 jusqu’à son retrait en 2000. La vie sous contrôle libanais avait été turbulente, nous avions été sous autorité de l’une ou l’autre des différentes organisations terroristes qui se succédaient à la tête du pays. Nous n’étions pas particulièrement amoureux d’Israël, mais au moins, la vie avec eux était paisible. De nombreux civils libanais ont trouvé du travail dans les bases militaires israéliennes du Liban sud, y compris ma famille. Ma mère travaillait comme cuisinière pour l’armée, ma sœur comme gardienne dans un poste de contrôle ; elle inspectait les papiers de toutes les personnes qui empruntaient cette route spécifique.

Inutile de le préciser, le Hezbollah ne voyait pas d’un très bon œil les citoyens libanais qui coopéraient avec l’armée israélienne, et ma famille l’a payé très cher.

Deux ans après que ma mère et ma sœur aient commencé à travailler pour l’armée israélienne, le Hezbollah les a tuées. Une nuit, des terroristes ont fait irruption dans notre maison et se sont mis à tirer dans toutes les directions. Ma mère et ma sœur ont été tuées et mon autre sœur a été grièvement blessée. J’avais 12 ans à l’époque.

Je n’étais pas à la maison à ce moment ; je me trouvais au domicile de mon père. Le matin, quand mon père est parti au travail, en me prenant avec lui, on nous a arrêtés à un poste de contrôle et on nous a informés que ma mère et ma sœur avaient été assassinées. Mon univers entier s’est écroulé.

J’ai commencé à éprouver de la rancune à l’égard de ma propre foi musulmane et de ceux qui prétendaient la représenter. Ils avaient tué ma mère et ma sœur uniquement parce qu’elles avaient travaillé pour des Israéliens.

Au cours des quelques mois suivants, le traumatisme des meurtres, associé au chaos régnant dans les villages du Liban sud, ont causé l’effondrement de ma famille, ou du moins ce qui en restait. Mon père s’était remarié et avait eu des enfants ; il s’est quelque peu désintéressé de nous. À l’exception de ma sœur aînée, je me suis éloigné de la plupart de mes frères et sœurs. Quand ma sœur blessée est sortie de l’hôpital, nous n’avions nulle part où aller. Pendant quelques temps, nous avons vécu dans une maison abandonnée.

À l’âge de 15 ans, j’ai officiellement rejoint la milice de l’ALS.

En 1990, un officier de l’ALS a découvert notre cachette dans ces ruines et, pris de pitié pour nous, il nous a loué un appartement. Comme cet officier a été chargé de patrouiller le quartier dans lequel on vivait, je suis devenu son assistant et l’ai accompagné dans tous ses déplacements.

Exposé aux activités de l’ALS, j’ai fini par rejoindre cette milice un an plus tard, à l’âge de 15 ans. J’étais censé servir pendant les trois années suivantes, mais en 1993, j’ai été blessé par une bombe sur le bord d’une route. Deux de mes camarades ont été tués dans cette attaque.

Pour ma part, j’ai été grièvement blessé. On m’a évacué à l’Hôpital Rambam à Haïfa où j’ai été hospitalisé pendant deux mois. Ensuite, je suis retourné au Liban, mais il m’a fallu deux ans pour me rétablir entièrement. Je ne pouvais rien faire. Pendant ces années, j’ai eu le statut d’invalide de guerre et eu droit à une pension militaire de l’État d’Israël.

Une fois rétabli, je suis retourné à l’ALS. Bien que les combattants libanais se chargeaient du sale boulot sur le terrain, les soldats de Tsahal combattaient toujours avec nous, côte à côte. Quelques années plus tard,  j’ai épousé une fille libanaise avec laquelle j’ai eu deux enfants, mais notre mariage a périclité, et quand l’armée israélienne s’est retirée du Liban en 2000, moi ainsi que d’autres anciens combattants de l’ALS sommes partis avec eux. Je voulais entamer une nouvelle vie en Israël, loin de la violence et du terrorisme.

Mes camarades de l’ALS et moi-même avons été logés temporairement dans des appartements dispersés à travers le pays, principalement dans le nord. Et puis, après six semaines, Israël a signé un accord avec l’Allemagne nous permettant d’y émigrer et d’obtenir la citoyenneté allemande. J’ai quitté Israël, mais après 10 ans, j’y suis revenu. Je ne me sentais pas chez moi en Allemagne. Je n’arrivais pas à m’entendre avec les gens là-bas.

À mon retour, j’ai obtenu la citoyenneté israélienne. On m’a attribué une carte d’identité faisant état de mon statut d’invalide de guerre de l’armée israélienne, ainsi qu’une pension militaire d’invalidité du ministère de la Défense. J’ai essayé de construire ma vie en tant que musulman israélien loyal. Mais je me sentais très seul. La communauté musulmane n’a pas fait d’effort particulier pour m’accueillir convenablement. Personne ne m’a jamais invité à un repas de fête, alors pendant 14 ans, je suis resté dans mon coin. Bien que m’étant essayé à plusieurs activités commerciales, je n’ai pas vraiment vu de réussite dans mes entreprises et j’ai fini par m’associer à des individus peu recommandables.

Et puis, une fois de plus, mon salut est arrivé sous la forme d’un officier militaire, cette fois, un Israélien. Un officier supérieur m’a reconnu depuis l’époque où il avait coopéré avec l’ALS, quand il avait été stationné au Liban, et m’a proposé son aide. Grâce à sa générosité, j’ai réussi à m’extirper du réseau criminel dans lequel j’avais trempé. J’ai pu retrouver ma confiance en moi et ma dignité parce qu’il a cru en moi.

Mais le changement le plus dramatique dans ma vie s’est produit il y a trois ans à Yom Kippour, quand mon bienfaiteur m’a invité à l’accompagner aux offices de prière. Cela a été ma toute première rencontre avec la prière juive.

Depuis ma tendre enfance, je demandais à Dieu : « Pourquoi ai-je été créé musulman ? » J’avais beaucoup souffert à cause de cela. Mais lorsque j’ai prié avec les Juifs, j’ai découvert qu’ils priaient uniquement pour la paix. Ils ne priaient pas « mort aux arabes. » Je me suis rendu compte que malgré les moments difficiles que j’avais traversés, c’étaient les Juifs qui m’avaient sauvé. En 14 ans, aucun musulman ne m’avait invité ; à présent les Juifs m’accueillaient. J’ai donc pris la ferme décision de devenir juif.

La semaine suivante, je me trouvais à Haïfa. Alors que je marchais dans la rue, j’ai rencontré un rabbin. Je lui ai confié que l’un de mes amis souhaitait se convertir. Il m’a donné son numéro de téléphone en me demandant de le transmettre à mon ami. Pendant plusieurs jours, j’ai essayé ce numéro, mais personne n’a répondu.

Quelques jours plus tard, j’ai de nouveau croisé ce rabbin. Cette fois, il m’a donné le numéro du beth din.

J’ai contacté le tribunal rabbinique et leur ai dit que je m’appelais Mounir Mundar et que je souhaitais me convertir. Ils m’ont fixé un entretien. Je leur ai raconté mon histoire et ils m’ont donné le numéro de téléphone d’un rabbin en me priant de le contacter afin de fixer des cours de judaïsme. Puis ils m’ont ouvert un dossier de conversion.

Quelques jours après, j’ai rejoint une session de cours qui venait récemment d’ouvrir. Après un an et demi d’études intensives, j’ai réussi les examens de conversion. La semaine dernière, ma demande de conversion a été approuvée et j’ai suivi les procédures halakhiques requises.

Et c’est ainsi que je suis devenu Méir Mizrahi, un juif à part entière.

Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais senti en phase avec mon identité. Je me sentais instable. À présent je me sens bien. J’ai l’esprit tranquille. Je suis fier d’appartenir au peuple d’Israël.

J’ai l’esprit tranquille. Je suis fier d’appartenir au peuple d’Israël.

Ce processus a été laborieux. Au début, j’ai eu du mal à garder le Chabbat. Les cours étaient difficiles. À présent, respecter le Chabbat me remplit de satisfaction. L’épreuve la plus difficile a été de me demander si les gens m’accepteraient. Je veux vraiment faire partie du peuple juif.

Se convertir n’est pas une décision à prendre à la légère. Personnellement, j’ai prouvé que je voulais sincèrement devenir juif. Aujourd’hui, je suis un juif tout à fait pratiquant. Je suis sur la bonne voie, grâce à Dieu. Je prie et j’espère qu’un jour, je fonderai une famille juive.

Ma colère contre le monde musulman ne s’est pas atténuée. Je n’oublierai jamais ce qu’ils ont fait à ma mère et ma sœur.

Le Hezbollah, le Hamas, le Fatah, Al-Qaeda, Al-Nusra. La liste des organisations terroristes n’en finit pas. Ils prétendent tous parler au nom du Coran. Le Coran affirme qu’il est permis de tuer. Il vous ordonne de tuer. Les salafistes tuent les chiites, les sunnites tuent les alaouites. Chaque groupe s’en prend à l’autre et chacun affirme que le meurtre est la réponse appropriée à leurs revendications. Regardez donc ce qui ce passe en Syrie. Un véritable chaos ! Et tout cela au nom du Coran et au nom d’Allah. Quel genre de religion est-ce donc ?

Israël veut toujours la paix, mais avec qui pouvons-nous faire la paix ? Abbas est un terroriste. Il donne de l’argent aux familles des auteurs d’attentats-suicide. Quiconque soutient le terrorisme, je le crois, est un terroriste. En Syrie, Assad a détruit son propre peuple simplement pour rester au pouvoir. Il en va de même dans la plupart des pays arabes. Et avec tout cela, ils ont audace de dire qu’Israël ne veut pas la paix.

Si les arabes n’aiment pas ce que j’ai à dire, je m’en moque. Je n’ai pas peur. J’ai confiance en Dieu. Lui Seul a déterminé le jour où je suis né et Lui Seul déterminera celui où je mourrai. Je n’ai peur de personne.

S’il y a une chose que je devais dire à mes cousins arabes, ce serait la suivante : une règle générale de l’histoire. Tout pays au monde qui ne compte pas de juifs ne reçoit aucune bénédiction. Les États-Unis prospèrent parce qu’ils abritent une population juive considérable. Am Israël est le peuple élu. Même le Coran le reconnait.

En ce qui concerne ma nouvelle famille, la communauté juive, nous vivons des temps très difficiles. Si nous ne sommes pas unis dans notre combat contre le terrorisme, nous nous heurterons à un énorme problème. Nous devons être unis, dans tous les domaines, comme un seul peuple.

Cet article a paru dans le magazine Ami (en anglais).

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