Monde Juif

L’arme secrète du Hamas

21/07/2014 | par rabbin Benjamin Blech

Le Hamas compte sur la compassion juive pour compenser sa propre faiblesse.

On entend beaucoup parler de l’arsenal d’armes du Hamas : des dizaines de milliers de missiles, un nombre incalculable de tunnels et de caches d’armes destinés à mener à bien la funeste mission revendiquée sur leur charte : la destruction d’Israël et l’extermination de ses habitants.

Et pourtant, là n’est pas l’arme la plus redoutable du Hamas. 

Car l’arme secrète du Hamas relève de l’histoire ancienne. Sa source est biblique. Et elle puise ses racines dans le tout premier meurtre de l’histoire.

La Torah nous enseigne que dès le début de l’humanité, la première rivalité entre frères se solda par un meurtre. L’Écriture ne précise pas clairement ce qui motiva Caïn à tuer Abel. Mais le Midrach suggère qu’il ressentit que le monde n’était simplement pas assez vaste pour les contenir tous deux. La coexistence était impossible. C’est ainsi qu’un beau jour, Caïn attaqua. Il était certain que l’élément de surprise l’aiderait à atteindre aisément son but.

Mais les choses se déroulèrent différemment.

Le récit tel qu’il apparaît dans la Bible est avare en détails. C’est le génie des commentateurs juifs qui étoffent les événements en analysant le texte de près.

« Et Caïn se leva contre Abel son frère, et le tua » (Genèse 4:8). Le terme hébraïque traduit par « se lever » implique un mouvement physique hautement significatif. Si Caïn dut se lever, cela indique qu’il se trouvait auparavant à terre. En effet, d’après la tradition juive, Abel était plus fort que son frère. Attaqué sans raison, Abel se défendit tant et si bien que rapidement, son frère se trouva à sa merci, impuissant, allongé à terre sous lui. C’est ici que le récit aurait dû s’achever. Mais ce fut le moment où Caïn décida de dégainer sa puissante arme secrète.

Dans un verset qui apparaît fort déroutant, la Torah écrit : « Et Caïn dit à Abel son frère » mais, étrangement, elle ne termine pas sa phrase ! Au cœur de cette bataille, alors qu’Abel semblait avoir déjoué l’attaque de Caïn, ce dernier fit une déclaration qui inversa la dynamique du combat et lui permit finalement de réaliser son abominable projet de meurtre. 

Quelle pouvait donc être la teneur de cette déclaration ? Qu’est-ce qui put bien conduire Abel à lâcher ce frère qui venait pourtant de démontrer sa ferme volonté d’attenter à sa vie ? Il semble bien peu probable que la Torah choisisse de dissimuler une information aussi cruciale.

L’arme secrète de Caïn fut le sens de la compassion d’Abel.

La réponse est effarante de simplicité. Ce que Caïn dit à Abel était simplement qu’il était son frère ! C’était un appel à la compassion,  auquel il savait Abel incapable de résister. Caïn implora : « Je suis également un enfant de Dieu. Nous sommes tous deux des êtres humains conçus à l’image de Dieu. Certes, il est vrai que je viens juste d’essayer de te tuer, mais toi, avec ton sens plus aigu de la moralité et ta plus grande proximité avec Dieu, tu ne peux te rendre coupable de ce même crime. »

L’arme secrète de Caïn fut le sens de la compassion d’Abel. Et lorsqu’Abel accepta de laisser sa pitié surpasser sa raison, il planta les graines de sa propre mort.

La force et la faiblesse juive

Lorsque le fort permet au faible d’avoir le dessus en dépit de l’intention claire de l’assaillant de le tuer, et qu’il finit par en mourir, le résultat n’est pas simplement un meurtre, c’est aussi une forme de suicide.

C’est la raison pour laquelle la loi biblique nous a imposé de placer des limites à notre compassion. Dans le droit talmudique, ceux qui sont résolus à tuer perdent leur droit à la vie. En se reposant sur le verset 22:1 de l’Exode à propos du cas du voleur qui s’introduit en effraction dans une maison, prêt à tuer ses occupants si nécessaire, voici ce que le Talmud dit : « Celui qui vient pour te tuer, lève-toi d’abord pour le tuer. »

À plus forte raison cela est-il vrai dans le contexte de la guerre. Oui, la guerre, c’est l’enfer. Des innocents périssent et des civils souffrent. Or, la génération avant nous qui a combattu avec succès pour sauver la civilisation des griffes barbares du Troisième Reich nazi mérite légitimement le panégyrique de « la formidable génération » en dépit des morts regrettables de l’ennemi nécessaires à la victoire. 

Comme Caïn autrefois, le Hamas compte sur le bon cœur juif pour compenser sa faiblesse. Ils savent que le talon d’Achille du peuple juif est sa compassion sans limite face à la souffrance d'autrui, même à ses propres dépens. De ce fait, le Hamas lance aveuglément des missiles vers les villes israéliennes remplies de civils, sachant pertinemment que la réaction israélienne sera accompagnée d’avertissements et se concentrera loin des mosquées, des écoles et des maisons fortement peuplées dans lesquelles son matériel de guerre est caché.   

En effet, le Hamas a raison. La compassion juive n’a presque pas de limites. La pitié juive transcende la raison.

Israël est le démon pour le Hamas à une exception près : lorsqu’un leader palestinien ou l’un des membres de sa famille a besoin de soins médicaux d’urgence. En novembre 2013, l’état de santé d’Amal Haniyé, petite-fille du premier ministre Ismail Haniyé de Gaza, se détériora jusqu’à devenir critique après qu’elle eut contracté une infection aiguë du système digestif.

Sans hésitation, Haniyé envoya sa petite-fille d’un an en Israël pour y être traitée, et l’État juif, également sans la moindre hésitation, ouvrit ses bras pour aider l’enfant. De même, au cours de l’été 2012, le beau-frère de Haniyé fut transporté d’urgence le long de la frontière pour recevoir un traitement d’urgence du cœur dans un hôpital à côté de Tel-Aviv.

Soixante-dix mille habitants de Gaza, à Khan Younès et à Deir El Bala furent plongés dans le noir dimanche soir après qu’une roquette du Hamas destinée à Israël toucha une ligne à haute tension qui fournit l’électricité de ces endroits. Malgré les roquettes lancées sans répit, la compagnie israélienne d’électricité envoya une équipe chargée des réparations - en dépit du fait que Gaza doit à la société israélienne d’électricité environ 220 millions de shekels (sur les stupéfiantes 1,5 milliard de dettes impayées des Palestiniens). Après tout, des innocents ne devraient pas souffrir.

Dans l’histoire moderne de la guerre, aucun pays n’a agi avec autant de préoccupation pour la vie de civils innocents qu’Israël.

Des missions israéliennes contre des dirigeants terroristes sont abandonnées lorsque le prix à payer est la mort de civils. L’arme secrète du Hamas - la conscience de l’identification innée d’Israël à la réaction d’Abel au projet meurtrier de son frère plus faible - est ce qui lui a donné le courage de rejeter tout accord de cessez-le-feu.

Dans l’histoire moderne de la guerre, aucun pays n’a agi avec autant de préoccupation pour la vie de civils innocents qu’Israël. C’est une qualité exemplaire. En même temps, nous ne pouvons permettre à notre compassion de devenir un obstacle pour combattre l’ennemi qui tente de nous tuer, et mettre en danger des vies d’Israéliens innocents. Le Hamas connaît notre faiblesse. Puissions-nous avoir la force de faire la distinction entre la protection de civils innocents (ce qu’il est de notre devoir de faire) et écarter la menace de ceux qui se lèvent pour nous tuer (ce qui relève également de notre devoir).

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