Éducation

La goutte d’eau qui perça le rocher

25/11/2012 | par Sherri Mandell

Le secret de l'éducation que nous livre Rabbi Akiva.

Comme de l’eau qui s’écoule goutte à goutte sur une roche. C’est ainsi qu’un parent doit s’adresser à son enfant. Un écoulement lent mais constant. Pensez à votre enfant comme à un champ et interrogez-vous sur les différentes manières de l’irriguer. Vous pouvez  soit l’asperger avec des arrosoirs rotatifs, en un déluge tourbillonnant, soit ménager votre énergie et concentrer votre action sur les racines, en pénétrant tout en douceur. Une irrigation au goutte à goutte, comme celle qui a été inventée en Israël. Oui, vous pouvez en faire autant avec vos enfants.

Et un jour ils grandiront dans la voie que vous leur avez tracée.

Cette technique d’éducation par la douceur, je l’ai découverte quand une femme m'a livré un conseil fondamental, un conseil que j’aurais souhaité connaître quand j’avais des enfants en bas-âge. Mais il reste d’actualité pour l’éducation des enfants plus âgés.

Quelle que soit la chose que vous souhaitez dire à vos enfants, vous devez la répéter sans arrêt. Inlassablement. Ad nauseam. Vos enfants ne doivent pas forcément vous obéir. Ils ne doivent pas forcément vous écouter. Mais si vous continuez à répéter inlassablement les mêmes choses, elles finiront par s'infiltrer en eux. Peut-être pas maintenant. Peut-être quand ils auront 20 ans. Mais une chose est certaine, ils finiront par vous écouter.

Une voix intérieure qui parle à l’enfant, qui le guide. N’est-ce pas au final la plus belle vocation d’un parent ?

Pensez à notre religion, à la manière dont nous répétons inlassablement les mêmes gestes, les mêmes prières, le même cycle de la Torah. Et tout cela dans l’espoir qu’un jour, ces mots pénètreront en nous, nous définiront, et nous transformeront en douceur.

Après tout, D.ieu a créé le monde avec des mots. Et il n'a pas eu besoin de crier pour créer. Le Zohar affirme même qu’il a murmuré.

Cette méthode d’éducation par la douceur soulage beaucoup la pression qui pèse sur nous autres, parents. Car en la suivant, nous n’avons plus le souci d’en arriver à nos fins. Il nous suffit simplement de définir nos aspirations, d’articuler notre voie, puis de l’énoncer à nos enfants. Comme s’il agissait de planter dans le cœur de l’enfant une graine qui finira par germer.

Pour la plupart, nous pensons l’éducation en termes de résultats immédiats : écoute rapide, obéissance instantanée. Or les enfants ne fonctionnent pas toujours sur ce mode. Combien de fois ne réagissent-ils pas à nos conseils, du moins pas comme nous l’aurions souhaité.

Je me souviens que quand mes enfants étaient petits, je leur demandais d’arrêter de crier. Puis je le leur redemandais. Puis je le leur re-redemandais. Et pour finir, je hurlais pour les empêcher de crier. C’est moi qui perdais la partie. « Maman est folle », c’était moi.

Mais, en grandissant, nous les mamans, nous apprenons aussi. On ne gagne pas à forcer les choses. Et cette leçon, je l’ai apprise à la dure. Car voyez-vous, mon fils a été assassiné alors qu'il avait 13 ans. Avant sa mort, j'avais l'habitude de me montrer intransigeante avec mes enfants. Je voulais à tout prix leur faire faire ce que je voulais. Tout de suite. Pas dans cinq minutes. Pas demain.

Mais la perte d’un enfant vous fait réévaluer vos priorités. Vous fait réévaluer votre existence entière. Vous ne vous attendez plus à ce que les choses se passent comme vous le voulez. Mieux, vous n’avez plus d’attentes. Vous savez que même si vous faites de votre mieux, le pire peut arriver. La seule chose qui vous reste à faire, c’est d'essayer.

Alors dorénavant, quand j'entends des parents crier sur leurs enfants, je suis un peu choquée. J'avais l'habitude de rentrer dans des rapports de force terribles avec mes enfants. Je voulais qu'ils rangent leurs chambres et qu’ils fassent leurs devoirs et qu’ils se brossent les dents et qu’ils viennent à table et qu’ils aillent dormir à une heure convenable et je voulais qu'ils m’obéissent. Après l’assassinat de mon fils, j’ai découvert que le contrôle que je pensais avoir sur eux n'était que factice. En réalité, je n'avais aucun pouvoir. Dorénavant, j’étais heureuse simplement  parce qu'ils étaient vivants. Je les appréciais pour ce qu’ils étaient. Je voulais passer du temps avec eux, pour le simple plaisir de passer du temps avec eux. Je n'avais plus ce besoin impérieux qu'ils m'obéissent

Incroyable à dire, mais à la suite de cela, nos rapports de force se sont arrêtés comme par magie. Aujourd’hui, il est devenu rare que je m’engage dans une lutte de pouvoir avec un enfant, très rare. Oui, il m'arrive de perdre la partie, mais je ne cherche pas à avoir raison et je ne cherche pas à forcer l’exécution de ma volonté. Je me contente de suivre le mouvement de l’eau qui s’écoule goutte à goutte sur une roche. Comme ce grand sage et érudit, Rabbi Akiva qui commença à étudier la Torah à 40 ans sans aucune assurance qu’il y parviendrait. Et qui prit cette nouvelle orientation en observant une pierre perforée par l’eau qui s’écoulait goutte à goutte sur elle. « Si déjà l’eau douce peut percer la pierre, avait-il remarqué, à plus forte raison les paroles de la Torah (qui sont comparés à l'eau) peuvent-elles pénétrer en mon cœur ».

Le mot de la fin ? Si nos paroles sont eau, nos enfants sont parfois roches. Mais les roches peuvent être sculptées. Surtout si vous êtes prêts à patienter.

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