Réflexions

La Guerre des Juifs

09/12/2012 | par rabbin Benjamin Blech

Les Maccabées avaient compris qu'il y a un temps pour la guerre.

Le miracle de Hanouka n'a pas été effectué par Dieu seul. Les  Maccabées ont également joué un rôle crucial dans la défaite des Syro-Grecs sur les champs de bataille. C’était là une alliance de courage humain et de direction divine. Mattathias et ses fils triomphèrent parce qu'ils étaient assez sages pour reconnaître que bien que les Juifs vénèrent la paix, il y a parfois des moments où le devoir nous appelle à partir au combat. Et cela n'était pas chose facile à admettre pour notre peuple - ni hier, ni aujourd'hui.

Les psychologues affirment qu'il existe deux manières d’appréhender la réalité : la lutte ou la fuite. Face à une difficulté donnée, on peut soit affronter le problème, se mesurer à lui et le surmonter, soit prendre la fuite et baisser les bras d’emblée.

Certains considèrent la fuite comme la réaction religieuse adaptée. Permettez-moi de ne rien faire, et si Dieu souhaite vraiment un certain résultat, laissez-le s'en occuper à Sa manière.

Comme j'ai entendu une fois le Rabbin Soleveichik l'expliquer, telle était l’attitude de Jacob, du temps même où il se trouvait dans le ventre de sa mère. Jacob avait effectivement été conçu le premier. Il aurait dû  naitre avant son frère. Techniquement, il était l'aîné, avec tous les privilèges du droit d’aînesse. Toutefois, Ésaü  son frère, se propulsa lui-même vers l'avant et s’imposa en force avant Jacob. « Et après cela sortit son frère et sa main tenait le talon d'Ésaü et on lui donna le nom de Jacob » [Genèse 25:26]. Le nom même de Jacob provient de la même racine que le mot talon. Jacob s’attrapait au talon de son frère, il commence sa vie bousculé et injustement privé de ses droits par la force.

La vie de Jacob se déroule au gré de la philosophie implicite voulant que « les bons garçons juifs ne se battent pas. » son frère jumeau Esaü dupe leur père Isaac en le laissant croire qu'il est le fils le plus pieux et le plus méritant. Et si ce n’était l'intervention de sa mère, Jacob n'aurait pas dit un seul mot face à cette injustice.

Quand Jacob tomba amoureux de Rachel et vit son beau-père échanger les mariées et le forcer par la ruse à un mariage avec Léa, sa réaction fut d’accepter en silence de travailler sept ans de plus dans le but de gagner la main de la femme qui était déjà, à juste titre, la sienne.

La passivité face au mal et l'acceptation silencieuse des mauvais traitements définissaient la théologie de Jacob.

Jacob a pourtant finalement réalisé son erreur dans l'histoire dramatique qui a tellement changé sa perception qu'elle fut à l’origine de son changement de nom, un changement destiné à illustrer que sa nouvelle philosophie avait littéralement fait de lui un homme nouveau.

Livré à lui-même et attaqué par un mystérieux assaillant que les commentateurs identifient comme le représentant du mal qui se trouve en Esaü, Jacob se rend compte qu'il n'a pas d'autre choix que de se battre. A la fin d'une longue nuit de combat, Jacob devient boiteux, mais reçoit tout de même une bénédiction. Il n'est désormais plus le Jacob qu’on peut piétiner, au contraire, à partir de ce moment, il devient Israël - « parce que tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et que tu l’as emporté » [Genèse 32:29].

Jacob a peut-être subi un coup, mais il a gagné la plus grande des batailles - la bataille sur son refus préalable à engager le combat. Jacob a remporté la plus grande des victoires - il a finalement réussi à se vaincre.

Et le fait qu’il soit devenu boiteux nous prouve qu’il ne sera plus capable de fuir devant qui que ce soit, ni même devant lui-même…

Le changement de nom de Jacob en Israël diffère de celui d'Abram en Abraham. Une fois qu’Abram devient Abraham, il ne sera plus jamais appelé par son nom d'origine. Abraham a identifié sa nouvelle mission comme « être le père de nombreuses nations », le premier à porter le monothéisme à la conscience du monde. Ce changement de nom était définitif.

La paix est le but ultime. Néanmoins, jusqu'à l’avènement de l'ère messianique, la guerre reste une nécessité regrettable.

En revanche, même après que Jacob soit devenu Israël, lorsque le pacifiste est devenu combattant, nous le trouvons encore parfois évoqué par son nom d’origine. La raison en est évidente. C'est un écho à l’adage du roi Salomon dans le livre de l'Ecclésiaste: « Il y a un temps pour la paix et il y a un temps pour la guerre ». Les deux noms doivent être utilisés, les deux attitudes doivent être employées.

La paix est le but ultime. Néanmoins, jusqu’à l’avènement de l’ère messianique, la guerre reste une nécessité regrettable.

Nous souhaiterions tous pouvoir imiter la façon de vivre de Jacob qui était assis paisiblement dans sa tente et qui consacrait sa vie à l'étude. Mais tant qu'il y aura toujours ceux qui, comme Esaü, menacent notre existence, nous savons que nous devons assumer l'identité d'Israël et en découdre avec nos ennemis.

Les Maccabées l’avaient compris. Bien qu’ils auraient certainement préféré mener la vie paisible des prêtres, ils ont reconnu la responsabilité qui leur incombait vu la menace d'une armée syro-Grecque bien décidée à les détruire.

Evidemment, les bons garçons juifs ne veulent pas se battre. Ce n'est pas notre façon de vivre. Mais le monde a besoin de savoir que nous sommes la nation d'Israël, qui défend la terre d'Israël. Et comme notre ancêtre Israël, nous allons nous battre pour notre survie. Comme les Maccabées, Israël partira en guerre lorsque ce sera nécessaire. C'est parce que nous aimons tellement la paix que nous sommes prêts à nous battre pour elle.

C’est là l’un des nombreux messages contemporains de Hanouka.

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