Développement Personnel

La politique de l’autruche? Pas de ça chez nous!

07/07/2014 | par Nechemia Coopersmith

Pendant 18 jours, le cœur de toute la nation d’Israël a vibré à l’unisson pour Naftali, Guilad et Eyal. Comment faire pour que ce formidable élan de solidarité ne s’évanouisse pas ?

Les familles Frankel, Shaer et Yifrah s’apprêtent à se lever de la Chiva, la période de sept jours de deuil, et nous sommes nombreux à nous interroger : et maintenant, que va-t-il se passer ? Après toutes les prières, l’étude de la Torah, et les mitsvot qui leur ont été consacrées, après avoir vécu une tragédie qui a soudé notre peuple, où nous dirigeons-nous à partir de là ? Comment nous assurer que ce formidable élan de solidarité, de fraternité et d’amour du prochain ne s’évapore pas ?

Je pense que notre unité repose sur un fondement simple, mais profond et assez difficile à accomplir : ressentir la peine d’autrui.

Nous sommes par nature, des êtres égoïstes ; nous vivons dans notre petite bulle, obnubilés par nos besoins et désirs et personnels. L’enlèvement et le meurtre tragique de Guilad, Naftali et Eyal ont réussi à percer notre bulle hermétique et nous ont sensibilisés à la vraie douleur ressentie par autrui. L’angoisse atroce de ces parents laissés dans l’incertitude nous a forcés à sortir de notre petit monde et nous a contraints à agir. Personne n’a eu besoin de nous pousser à l’action. Il y a eu un mouvement spontané et naturel de prières, de préoccupation et de bonnes actions dédiées à leur mérite, car nous ressentions tous leur douleur et étions motivés à agir.

Malheureusement, il faut parfois une tragédie pour éveiller notre sensibilité à la douleur d’autrui.

1941 : que feriez-vous ?

Imaginez que nous sommes en 1941 : vous étudiez dans une université en Amérique du Nord, et vous découvrez que des milliers de Juifs sont parqués dans des trains qui les conduisent vers des camps de concentration. J’ai présenté ce scénario à plus de mille étudiants et je leur ai demandé : combien d’entre vous seriez prêts à tout laisser tomber pour tenter de sauver quelques vies juives ?

Invariablement, seuls quelques étudiants levaient la main. La vaste majorité n’aurait rien fait.

Puis je modifie légèrement le scénario : imaginez que nous sommes en 1941 et que vous êtes originaire d’une petite ville d’Europe de l’Est. Vos parents vous ont envoyé en Amérique du Nord pour étudier à l’université, et vous découvrez que toute votre ville natale - vos parents, grands-parents, frères et sœurs, voisins - sont parqués dans un train qui se dirige vers un camp de concentration. Combien d’entre vous laisseriez tout tomber pour tenter de sauver leurs vies ?

Invariablement, tous les étudiants sans exception lèvent la main.

Quelle est la différence ? Objectivement parlant, quelle différence si la femme assise dans le train est votre mère ou l’amie de votre mère ? Des Juifs se dirigent vers un camp de concentration ! La réalité est exactement la même dans les deux scénarios.  

La seule différence, c’est que lorsque c’est votre famille qui se trouve dans le train, la douleur vous touche soudain. Vous ressentez désormais la réalité de la situation qui vous contraint à faire tout votre possible. Combien d’entre nous pourrions-nous dormir la nuit ?

Les ramifications de cette thèse donnent à réfléchir. Si nous ne déployons pas les efforts nécessaires pour nous extraire de notre bulle et ressentir la douleur d’autrui, la réalité est que la majorité des hommes sont disposés à détourner leur regard d’une tragédie et à ne rien faire pour apporter leur aide. Ils continueront à vivre en appliquant la politique de l’autruche.  

Ce n’est pas que nous sommes indifférents. Nous nous sentons concernés. Lorsque nous ressentons la tragédie, nous sommes motivés à agir et à assumer nos responsabilités. Mais lorsque nous sommes déconnectés les uns des autres, enfermés dans notre propre univers, nous nous sommes inoculés à la douleur de l’autre.   

Ces quelques dernières semaines, nous nous sommes évadés de notre monde autonome, et avons ressenti la douleur d’un parent juif ignorant si son fils va rentrer à la maison, et quand ; nous avons ressenti l’angoisse atroce de parents dont le fils a été assassiné par des barbares. Nous avons ressenti qu’il s’agissait de notre propre famille. Nous sommes sortis de nous-mêmes et nous sommes liés à des familles que nous ne connaissions pas, qui sont tout aussi réelles que nous.

Comment conserver l’unité ?

Ressentir la douleur de quelqu’un est le fondement de la mitsva de : « Aime ton prochain comme toi-même. » Traitez l’autre comme vous vous traitez vous-mêmes, car il/elle est tout aussi réel que vous. Lorsque nous nous identifions à cette réalité, nous passons naturellement à l’action.

L’unité se produit lorsque nous brisons notre carapace et nous relions sincèrement à l’autre. Nous pénétrons dans le monde de quelqu’un d’autre et mus par une préoccupation authentique, répondons à ses besoins pressants. Il n’est pas nécessaire de nous dire quoi faire ; personne ne doit nous donner une liste interminable de points d’action pour construire l’unité. C’est naturel. Lorsque nous sortons de nous-mêmes et découvrons les besoins douloureux de ceux qui nous entourent, nous tendons la main et donnons, réduisant la distance qui nous sépare. Lorsque nous sommes centrés sur l’autre, cet amour construit notre famille, notre communauté, notre pays et le monde.

Cette attitude ne vient pas naturellement. Il faut des efforts concertés pour briser nos murailles et ressentir la réalité de l’univers de quelqu’un d’autre. Pour le mérite d’Eyal, de Guilad et de Naftali, nous pouvons travailler à conserver cette unité en nous concentrant sur le catalyseur principal de l’unité : ressentir la douleur de l’autre. Commencez à la maison - auprès de votre conjoint, de vos enfants, de votre communauté - et vous saurez exactement ce qu’il vous faut entreprendre et vous serez motivés à tendre la main avec amour. Tout provient de cette prise de conscience. Sans elle, nous sommes capables de tomber dans la politique de l’autruche !

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