Kabbale

La Kabbala 16 - Grâce et Beauté

14/02/2012 | par Shimon Leiberman

La dynamique qui régit l’interaction entre les trois séfirot appartenant au domaine de “l’action”, peut être comparée à un tribunal.

 

La dynamique qui régit l’interaction entre les trois séfirot appartenant au domaine de “l’action”, peut être comparée à un tribunal dans lequel la bienveillance, ‘hessed, serait l’avocat de la défense et le jugement, guévoura/din, le procureur.

Les trois séfirot, ‘Hessed, guévoura et tiferet, qui font partie du domaine de l’action, y occupent une place fondamentale et, à ce titre, ont leur propre dynamique d’interaction. Afin d’exprimer un aspect de cette dynamique, elles ont chacune un autre nom qui définit leurs relations mutuelles. ‘Hessed demeure “bienveillance mais guévoura, “force” est aussi appelée din, “jugement” et tiferet, “beauté’ porte pour nom ra’hamim, “indulgence”.

Dans la section du livre des Rois où l’on voit D.ieu en train de juger la nation d’Israël, une vision prophétique décrit cette relation entre les différents modes de la façon suivante:

J’ai vu D.ieu assis sur son trône, tandis que toute l’armée céleste se tenait debout près de lui, à droite et à gauche. (Premier Livre des Rois 22,19)

Que signifient “droite” et “gauche”? La réponse est que ceux qui défendent l’accusé sont censés se tenir à “droite” alors que ceux qui le poursuivent, sont supposés se trouver à “gauche”. (Tan’houma Michpatim 15)

La droite et la gauche s’appuient sur une optique totalement opposée pour aborder les différents cas. La bienveillance, l’avocat de la défense, est assise à droite et le jugement, le procureur, à gauche tandis que le juge siège au milieu.

Arrangement

On discerne aussi les trois éléments suivants dans l’”arrangement” des séfirot:

1. La bienveillance du côté  “droite” 
2. Le jugement du côté “gauche” 
3. et un élément “central”.

C’est d’ailleurs de cette façon qu’on s’exprime familièrement. Par exemple, quand une personne est un jour extrêmement malveillante ou critique, on dira “qu’elle s’est levée du pied gauche ce matin”. Par contre, si l’on se réfère à une attitude positive, on dira “qu’elle a entamé la journée du pied droit”. Un comportement intermédiaire sera un signe d’équité et de neutralité.

Afin de comprendre comment cela s’applique aux séfirot, commençons par expliquer en quoi consistent les deux extrêmes et ensuite nous verrons le milieu.

La bienveillance, c’est donner. C’est un trait de caractère exprimant un besoin ou un désir de celui qui donne. Une personne rentre un jour chez elle et sent subitement qu’elle mène une vie étriquée et égocentrique. Elle souhaite faire preuve de bonté envers ses semblables et érige une fondation dont le but est de promouvoir certaines causes ou d’aider les gens. Et pourtant, jusqu’à présent, elle n’a jamais encore rencontré d’indigents. On voit donc que le ‘hessed est un acte dont la dynamique appartient au domaine de celui qui donne.

La dynamique du jugement, quant à elle, se trouve uniquement chez celui qui reçoit. Un homme a labouré le champ de quelqu’un d’autre; le blé qui a poussé est dû directement au fruit de son labeur. Quand il perçoit son salaire, il récupére tout bonnement son propre travail. Et son employeur, “celui qui donne”, ne fait que reconnaître la vérité des efforts qu’il a accomplis. Ainsi, un personne qui “s’ent tire toute seul”, sans avoir besoin de recourir à qui que ce soit d’”autre”, est l’exemple-type du jugement.  
L’indulgence est différente de ces deux caractéristiques. C’est un sentiment de pitié que l’on a éprouvé pour quelqu’un dans le besoin. Si l’on n’a jamais rencontré de personne qui a froid, qui a faim ou qui est seule, alors aucune sensation de pitié envers autrui ne pourra nous atteindre. Par conséquent, c’est celui qui reçoit qui provoque l’acte d’indulgence mais le don accordé est inhérent à part entière à celui qui donne.

Le rôle du juge

Utilisons de nouveau l’image du tribunal. Cette dynamique peut s’expliquer de la manière suivante. Le juge n’est pas là essentiellement pour décider si les faits rapportés dans l’acte d’accusation sont exacts. En vérité, dans une cour de justice céleste, tous sont connus. Le processus se déroule plutôt ainsi: l’accusateur expose la faute commise par la personne, le défenseur rappelle ses qualités et c’est au juge de peser les faits en regard de ses mérites et, en fonction de cela, de décréter quelle sentence prononcer.

On trouve également cette distinction entre la bienveillance et l’indulgence dans de nombreuses sources non-cabalistiques. Ainsi, le Targoum, translation en araméen de la Bible, utilise le mot ‘hessed de manière péjorative (Voir Rachi Le Lévitique 20,17 et les Proverbes 25,10). D’autre part, le mot ra’hamim, pitié en hébreu, signifie amour et amitié en araméen. La bienveillance est avilissante par nature; c’est pourquoi quelqu’un vivant seulement aux dépens d’autrui n’est pas une personne à part entière.

Par contre, c’est un sentiment de chaleur et de bonté envers son semblable qui provoque l’indulgence. Par son caractère purement humain, elle s’apparente à l’amitié. Au sujet de la pitié, le Talmud soulève un autre point et fait l’injonction suivante:

“On n’a pas le droit d’avoir de l’indulgence envers une personne qui est insensée.” (Ce qui veut dire qu’une personne dont les ennuis sont la cause de sa sottise, doit reconnaître la bêtise de ses actes)

Cette ferme recommandation qui s’applique non pas à la bienveillance mais seulement à la pitié, nous enseigne que le but de celle-ci est d’aider la personne. Mais si cette dernière ne jouit pas du bon sens, elle considérera que tout ce qui lui est accordé lui est dû et n’apprendra pas sa leçon. La seule manière pour qu’un sot en tire un enseignement, est qu’il subisse les conséquences de ses actes.

On ne peut pas cependant en dire de même pour la bienveillance car l’objectif, en tant que tel, de celui qui en fait usage n’est pas tant d’assister autrui mais plutôt d’exprimer sa bonté et sa magnanimité. Il n’est pas toujours conseillé de combler le sot avec des largesses de tout genre mais ce n’est pas une contradiction propre à la bienveillance.

L’indulgence, en tant qu’intermédiaire entre la bienveillance et le jugement, peut être comparée à un prêt alors que la bienveillance peut s’assimiler à un don. Un prêt possède une part de bonté en lui, car il n’a pas besoin de se mériter. Mais finalement, le prêt doit se faire aussi en fonction d’un jugement, car l’argent doit être rendu.

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