Israel

Le discours historique d’Ariel Sharon à l’ONU

12/01/2014 | par Aish.fr

« Notre désir de paix est suffisamment fort pour garantir que nous y parviendrons, pour peu que nos voisins soient des partenaires sincères dans la poursuite de cet objectif tant désiré. »

Ariel Sharon a connu son lot de hauts et de bas, mais nul ne peut nier son dévouement total à l’État d’Israël. Commandant militaire d’exception et premier ministre pendant 5 ans, Sharon a laissé une empreinte indélébile sur Israël et la région. En guise d’hommage, nous reproduisons ci-dessous l’intégralité du discours prononcé par Sharon à l’assemblée générale de l’ONU en septembre 2005, une semaine après le retrait de la bande de Gaza.

Mes amis et collègues, dirigeants et représentants des Etats-membres de l’ONU,

J’arrive ici de Jérusalem, capitale du peuple juif depuis plus de 3000 ans, et capitale unifiée et éternelle de l’Etat d’Israël.

Tout d’abord, je tiens à exprimer les profonds sentiments d’empathie du peuple d’Israël avec la nation américaine, et nos sincères condoléances aux familles qui ont perdu des êtres chers. J’encourage mon ami, le Président George W. Bush, et le peuple américain dans leurs efforts résolus pour aider les victimes de la tempête et relever les ruines laissées par les destructions. L’Etat d’Israël, que les Etats-Unis ont épaulé dans les moments d’épreuve, est prêt à fournir toute l’assistance dont il est capable à cette immense mission humanitaire.

Mesdames et Messieurs,

Me voici devant vous, à la Porte des peuples, Juif et citoyen de l’Etat d’Israël démocratique, libre et souverain, fier de représenter un peuple antique, dont les membres sont peu nombreux, mais dont la contribution à la culture de l’humanité et aux valeurs de la morale, de la justice et de la foi, emplit le monde et traverse l’histoire. Le peuple juif a bonne mémoire, une mémoire qui a maintenu l’unité des exilés d’Israël au long des millénaires : une mémoire qui trouve son origine dans l’ordre donné par D.ieu à notre ancêtre Abraham : « Va de l’avant ! », et qui s’est prolongée par le don de la Torah au pied du Mont Sinaï et par l’errance des enfants d’Israël dans le désert, menés par Moïse dans leur voyage vers la Terre promise, la terre d’Israël.

Je suis né en terre d’Israël, fils de pionniers cultivateurs – des gens qui ont cultivé la terre et ne cherchaient querelle à personne – et qui n’étaient pas venus dans ce pays pour en déposséder les habitants. Si les circonstances ne l’avaient pas exigé, je ne serais pas devenu soldat, mais plutôt fermier et agriculteur. Mes premières amours ont été et demeurent le travail manuel, les semailles et les moissons, les pâtures, les troupeaux et le bétail.

Moi, que le cours de la vie a amené à être combattant, commandant et officier supérieur dans toutes les guerres d’Israël, je tends aujourd’hui la main à nos voisins Palestiniens pour les inviter à la réconciliation et au compromis, afin de mettre un terme à ce conflit sanglant et d’entreprendre ensemble l’itinéraire qui conduit à la paix et à la compréhension entre nos peuples. Je considère que ce sont ma mission et ma tâche essentielles pour les années à venir.

La terre d’Israël est précieuse pour moi, pour nous peuple juif, plus que toute autre chose. L’abandon d’une partie de l’héritage de nos ancêtres nous brise le cœur et nous est aussi pénible que la division des eaux de la mer Rouge. Le moindre pouce de terre, chaque colline et chaque vallée, chaque cours d’eau et chaque rocher, est saturé d’histoire juive et rempli de souvenirs. La continuité de la présence juive en terre d’Israël ne s’est jamais rompue. Quant à ceux d’entre nous qu’un exil forcé avait chassés loin de notre pays, jusqu’aux quatre coins de la terre, leur âme, au fil des générations, est restée liée à notre pays par des milliers de liens secrets de désirs ardents et d’amour, exprimés, trois fois par jour, dans la prière et dans des chants d’attente impatiente.

La terre d’Israël est la Bible ouverte, le témoignage écrit de l’identité et du droit du peuple juif. Sous son ciel, les prophètes d’Israël ont proclamé leurs exigences de justice sociale et leur vision éternelle d’un monde d’alliance entre les peuples, d’un monde qui ne connaîtrait plus la guerre. Ses montagnes, ses villages, ses paysages, ses crêtes, ses déserts et ses plaines ont conservé leurs anciens noms hébraïques comme autant de témoins fidèles. De page en page, se déploie notre pays unique, avec, en son centre, Jérusalem unifiée, la ville du Temple sur le Mont Moriah, centre de la vie du peuple juif de générations en générations, et siège de sa nostalgie et de ses prières durant trois mille ans. La ville envers laquelle nous avons fait vœu éternel de fidélité, qui résonne pour toujours dans le cœur de chaque Juif : « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite t’oublie ! »

Je vous dis ces choses parce qu’elles constituent l’essence de ma conscience juive et de ma foi dans le droit éternel et imprescriptible du peuple d’Israël sur la Terre d’Israël. Je les dis également pour souligner l’intensité de la douleur que je ressens au plus profond de mon cœur en reconnaissant que nous devons faire des concessions pour qu’advienne la paix entre nous et nos voisins palestiniens.

Le droit du peuple juif sur la terre d’Israël n’implique pas l’indifférence au droit des autres sur cette terre. Les Palestiniens seront toujours nos voisins. Nous les respectons, et n’ambitionnons pas de leur imposer notre domination. Eux aussi ont droit à l’indépendance et à une existence nationale souveraine dans leur propre Etat.

Cette semaine, le dernier soldat israélien a quitté la bande de Gaza et la règle militaire a pris fin dans cette région. Israël a démontré qu’il était prêt à faire des concessions douloureuses pour mettre fin au conflit avec les Palestiniens. La décision de procéder au désengagement m’a été très difficile, et en ce qui me concerne, cela m’a beaucoup coûté. Mais ce qui a guidé ma démarche, c’est la certitude que tel est le chemin à suivre pour l’avenir du peuple d’Israël. La société israélienne traverse une crise difficile consécutive au désengagement, et elle a besoin maintenant de cicatriser ses déchirures.

A présent, c’est au tour des Palestiniens de faire la preuve de leur volonté de paix. La fin du contrôle et de la responsabilité israéliennes dans la bande de Gaza leur permet maintenant, s’ils le veulent, de développer leur économie et d’édifier une société orientée vers la paix, développée, libre, fondée sur le droit, la transparence et la démocratie. Le test le plus important qui attend les dirigeants palestiniens est celui du respect de leur engagement de mettre fin au terrorisme, d’en finir avec l’anarchie que font régner les bandes armées, et de mettre un terme à l’incitation à la haine et à l’endoctrinement envers Israël et les Juifs.

En attendant qu’ils le fassent, Israël saura se défendre contre les factions terroristes. C’est pourquoi nous avons édifié la barrière de sécurité que nous construirons jusqu’à sa fin, comme le ferait n’importe quel pays pour protéger ses citoyens. Cette barrière de sécurité empêche quotidiennement les terroristes et les meurtriers d’arriver jusqu’au centre des villes et de prendre pour cible des citoyens qui se rendent à leur travail, des enfants qui vont à l’école, et des familles attablées dans des restaurants. Le rôle de cette barrière est vital. Cette barrière sauve des vies.

Le succès de la réalisation du Plan de désengagement ouvre des opportunités pour progresser vers la paix, conformément aux étapes de la Feuille de route. L’Etat d’Israël s’est engagé dans le processus de la Feuille de route et dans la mise en œuvre des accords de Sharm el-Sheikh qui, je l’espère, pourront dynamiser le processus politique.

Je suis de ceux qui croient qu’il est possible de parvenir à un compromis équitable et à une coexistence en bon voisinage entre Juifs et Arabes. Toutefois, il y a un point que je tiens à souligner : il n’y aura aucun compromis concernant le droit d’Israël d’exister en tant qu’Etat juif dans des frontières défendables, en toute sécurité, sans menaces et sans terrorisme.

J’appelle les dirigeants palestiniens à faire preuve de détermination et de leadership, et à éliminer du cadre de nos relations mutuelles la violence et l’éducation à la haine. Je suis convaincu qu’il nous est possible de présenter à nos peuples la perspective d’un horizon nouveau et prometteur, un horizon d’espoir.

Honorables délégués,

Comme je l’ai dit, le peuple juif a bonne mémoire. Il se souvient d’événements qui ont eu lieu il y a des milliers d’années, et il va de soi qu’il se souvient d’événements qui ont eu lieu dans cette enceinte, au cours des soixante dernières années. Le peuple juif se souvient du vote émouvant de l’Assemblée des Nations Unies, le 29 novembre 1947, quand les représentants des nations ont reconnu notre droit à la renaissance nationale dans notre patrie historique. Mais il se souvient aussi des dizaines de décisions cruelles et injustes adoptées par les Nations Unies au fil des ans. Et il sait que même aujourd’hui, siègent dans cette enceinte des représentants d’un Etat dont les dirigeants appellent à effacer Israël de la surface de la terre, et personne n’en souffle mot.

Les tentatives que fait cet Etat pour se doter d’un armement nucléaire devraient empêcher de dormir quiconque aspire à la paix et la stabilité au Moyen-Orient et dans le monde entier. La combinaison d’un fondamentalisme obscur et du soutien apporté à des organisations terroristes constitue une grave menace, contre laquelle tous les Etats-membres des Nations Unies doivent se dresser. J’espère que les vastes réformes qu’entreprend l’ONU, en ce soixantième anniversaire de sa création, incluront un changement et une amélioration de fond dans l’attitude de l’ONU, de ses organisations et de ses institutions, à l’égard de l’Etat d’Israël.

Mes chers collègues et représentants des Nations,

La paix est une valeur suprême de la tradition juive, et c’est le but auquel aspire notre politique. Après le long voyage du peuple juif, jalonné d’errances et d’épreuves ; après la Shoah, qui a vu l’extermination d’un tiers de notre peuple ; après la lutte, longue et épuisante, pour notre renaissance ; après plus de cinquante-sept années consécutives de guerres et de terrorisme, qui n’ont pas empêché le développement de l’Etat d’Israël ; après tout cela, le désir de notre cœur a été et demeure de parvenir à la paix avec nos voisins. Notre désir de paix est suffisamment fort pour garantir que nous y parviendrons, pour peu que nos voisins soient des partenaires sincères dans la poursuite de cet objectif tant désiré. Si nous parvenons à travailler ensemble, nous réussirons à faire que ce coin de terre, cher à nos deux peuples, ne soit plus une terre de discorde, mais une terre de paix pour nos enfants et nos petits-enfants.

Dans quelques jours, débutera le Nouvel An du calendrier hébraïque, l’année 5766 depuis la Création. Selon la croyance juive, lors de la nouvelle année, le sort des peuples et des nations est déterminés par le Créateur (…). Puisse le Saint – béni soit-Il ! – décider cette année que ce qui nous attend et attend nos voisins soient la paix, le respect mutuel, et la bonne entente entre voisins. Du haut de cette honorable tribune, je veux, au nom du peuple d’Israël, souhaiter une bonne année à tous les peuples du monde.

Shana Tova !

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