Réflexions

Le plus beau cadeau de Hanouka

01/12/2013 | par Aharon Chetrit

Et si le plus beau cadeau que l’on pouvait offrir à un frère juif était de l’éveiller à la conscience de Dieu ?

Hanouka est une période particulièrement propice aux actes de compassion. Chacun s’efforce de tendre la main à ceux qui sont dans le besoin. Beaucoup de communautés juives de par le monde ont coutume d’organiser des opérations de soutien de toutes sortes qui visent à apporter un peu de réconfort aux plus démunis. Distributions de jouets, de vêtements, d’aliments, tout ce qui peut aider et réchauffer le cœur des membres d’un foyer touché par la pauvreté est mis en exergue durant ces huit jours de fêtes.

Ce que l’on ignore, c’est que cet élan vers l’autre se manifeste également dans l’un des principaux commandements de la fête qui consiste à diffuser le fameux miracle de Hanouka auprès du plus grand nombre.

En quoi le devoir de propager le récit miraculeux de Hanouka s’apparente-t-il à un acte de compassion ? me direz-vous. C’est ce que nous découvrirons ensemble dans les lignes suivantes.

Diffuser le Miracle

À Hanouka, ceux qui ont une porte ou un portail donnant sur la rue devront  si possible placer leur Hanoukia devant cette entrée, dans la rue. D’autres qui habitent un étage pas trop élevé devront placer  la Hanoukia sur une fenêtre de façon à ce que les passants puissent voir la lumière des bougies.  

A l’époque du deuxième Temple, un vaillant groupe de juifs appelés les Maccabées qui venaient de reprendre le Temple de Jérusalem à l’armée grecque trouva une petite fiole d’huile qui suffit pour alimenter l’allumage de la Ménora du Temple pendant huit jours alors que la quantité d’huile ne devait suffire que pour un jour. Celui qui voit une Hanoukia, qui rappelle la Ménora du Temple, prend conscience du Miracle que Dieu fit aux juifs en ce temps là.

Essayons de comprendre pourquoi nos sages nous demandent de faire la promotion de ce miracle aujourd’hui. Pourquoi est-il si important de faire savoir à d’autres juifs que Dieu nous a fait un miracle il y a si longtemps ? Ne pourrions-nous pas tout aussi bien nous rendre quittes en allumant les bougies chez nous en famille sans pour autant nous soucier que d’autres puissent voir la lueur de notre Hanoukia ?

L’effet miracle

Le but des miracles que Dieu opéra au moment de la sortie d’Égypte était de renforcer la foi en Dieu du peuple juif qui était miné par 200 années d’esclavage. Le fardeau terrible de l’esclavage l’avait précipité dans un niveau spirituel dramatiquement bas. Le miracle possède cette vertu de pouvoir extirper le peuple juif de sa torpeur spirituelle. Soudain, Dieu se manifeste de façon flagrante alors qu’en en général Il est caché.  En opérant un miracle, c’est à dire en brisant les règles de la nature, Il se montre «  au grand jour ». Ainsi, en se dévoilant  aussi clairement Il lance une perche à tous ceux qui se sont égarés, qui sont à bout de force, tous ceux qui pour une raison ou pour une autre se sentent loin de Lui.

Faire savoir à d’autres juifs que Dieu nous a fait un miracle c’est leur lancer indirectement le message que Dieu peut aussi aujourd’hui les sortir de leur situation même si celle-ci semble désespérée. Une bougie allumée et c’est l’espoir qui est de nouveau insufflé dans le cœur du juif. L’espoir que Dieu est là, près de lui, prêt à l’écouter et à accourir à son secours. Les lumières de Hanouka font prendre conscience à chaque juif de la présence de Dieu non plus seulement sur un plan intellectuel mais aussi au niveau psychologique. C’est à dire que Dieu n’est plus une image lointaine et insaisissable, une idée vague, il est présent, tout proche de nous. Nous sentons sa présence. C’est cela qu’on appelle la véritable conscience de Dieu. Une conscience qui change tout puisque si vraiment je sens que Dieu est là présent à mes cotés alors j’agis en conséquence avec un plus grand respect, une plus grande crainte.

C’est quoi la conscience de Dieu ?

Beaucoup de juifs savent que Dieu a créé ce monde et qu’Il le dirige mais cette connaissance n’engendre pas vraiment de changements en eux, en particulier au niveau de leur comportement ou de leur façon de vivre. Je sais que Dieu existe, je sais même qu’il a crée le monde, j’en suis bien convaincu, mais par contre je vois toutes les règles écrites dans la Torah  comme des contraintes et je ne vois pas pourquoi je devrais me mettre à pratiquer. Sentez-vous la contradiction ? D’un coté, je crois en Dieu, d’un autre appliquer ce qu’il a demandé… très peu pour moi ! C’est comme si la tête pensait une chose mais le cœur lui faisait ce qu’il voulait. La vraie conscience de Dieu celle qui nous pousse à l’action, c’est quand Dieu vient dans notre cœur, entendez que nous ressentons véritablement sa présence. Car finalement ce qui compte c’est que Dieu vive en nous car c’est là que nous allons avoir une vie cohérente, en agissant selon notre conviction profonde, notre foi. C’est là que nous allons commencer à trouver de la force pour pratiquer et  changer progressivement.

La Torah est un programme de changement et d’amélioration personnels. Ce qui prime ce n’est pas l’étude ou la connaissance mais les actes et le changement personnel. Alors même si un juif sait et comprend beaucoup de choses, sans cette conscience de Dieu il est comme paralysé, incapable de traduire son savoir dans ses actes, c’est à dire la réalité de son quotidien. En d’autres mots, il stagne.

Le vrai pauvre

Le vrai pauvre est celui qui n’a pas de conscience de Dieu, nous dit la Torah. Pourquoi ? Parce qu’il est dépourvu de la chose la plus essentielle dans ce monde, la chose qui va lui permettre de vivre une vie de vérité et pleine de sens. Quoique fasse un juif dans sa vie, s’il n’est pas en train d’accomplir sa véritable mission ici-bas, alors il lui sera difficile de trouver la paix. Même s’il possède beaucoup et même s’il réussit il sentira toujours un vide, un manque que rien ne pourra combler. C’est donc lui que la Torah désigne comme pauvre. A Hanouka, Dieu veut aller vers ce genre de pauvre et lui montrer que la chose qui lui manque véritablement c’est la lumière divine, celle qui descend dans le monde à Hanouka. Qui pourrait décrire cette sensation merveilleuse de bien être que chaque juif ressent chaque soir juste après l’allumage assis près de la Hanoukia. Ce moment de bonheur et de plénitude inégalable ; c’est cela la présence pine. Quand un juif ressent cette présence alors toutes les barrières tombent : il désire étudier, il désire prier, il désire devenir quelqu’un de meilleur.

La vraie compassion : diffuser la conscience de Dieu

Même une fois Hanouka passé, un juif peut toujours continuer à aiguiser et faire grandir sa conscience de Dieu. Comment cela ? Tout simplement en parlant à un autre juif d’un sujet ayant trait à la spiritualité. En lui donnant envie de pratiquer ou en lui donnant un conseil sur la manière d’accomplir telle ou telle autre bonne action. En effet, chacun d’entre nous, quelque soit son niveau de pratique, a la faculté de transmettre à l’autre sa propre perception, sa propre façon d’appréhender un point particulier du judaïsme. Quand j’explique un ami ce que j’ai compris d’une idée exprimée dans la Torah alors je lui permets d’élargir sa conscience de Dieu. Lui va à son tour la  transmettre à un autre ami et ainsi de suite. Se crée ainsi une chaine extraordinaire dans laquelle chaque juif donne à un autre son point de vue original et enrichit à son ami. Cet ami sera désormais animé d’une conscience plus grande qui lui permettra de comprendre des choses sur la vie, le monde ou sur lui-même  qu’il ne comprenait pas auparavant. En comprenant, il évolue et améliore sa vie.

Nous avons tous envie d’aider notre prochain mais souvent nous ne savons pas quoi faire, par où commencer. La vraie compassion consiste à donner à une personne ce dont elle a véritablement besoin. Aider un juif à faire un peu plus de place à Dieu dans son cœur et dans sa vie c’est répondre à son besoin le plus fondamental puisque avec ça il pourra combler tous les autres besoins. Dieu n’est-il pas la source de toutes les bénédictions ?

En conclusion, si vous n’avez encore choisi un cadeau de Hanouka pour votre ami, alors vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Article en partie basé sur sur l’enseignement 7 de la deuxième partie de Likouthé Moharane de Rabbi Nahman de Breslev.

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