Réflexions Pessah

Les 4 fils et l’enfant en nous

13/03/2013 | par Shimon Apisdorf

Les quatre fils de la Hagada représentent chacun d’entre nous, luttant pour trouver notre but dans la vie et dans le monde juif.

Le Roi Salomon nous recommande « d’éduquer notre enfant selon sa voie. »

Chaque enfant est unique et il faut se conduire avec lui d’une manière qui convienne à son caractère. Nos enfants ne sont pas de simples répliques de nous-mêmes, ils ne sont pas non plus sortis tout droit du dernier ouvrage sur l’éducation. En outre, aucun autre enfant ne possédera le potentiel particulier qu’il nous a été donné d’entretenir et de raffiner.

Trouvez un point positif de la personnalité de votre enfant qui le rend unique.Identifiez-le, développez-le, encouragez-le, aimez-le, et surtout : donnez lui de l’importance. Le soir du Seder est le meilleur moment possible pour vous concentrer sur vos enfants. Il n’y a pas de moment plus adapté que ce soir-là pour lancer un dialogue éducatif sur mesure.

Le fils sage demande : « Quels sont ces lois, ces statuts et ces ordonnances ? »

Lorsque le fils sage considère la vie juive, il ne se contente pas de voir une masse monolithique de commandements. Il les classe plutôt en divers genres et catégories. Le fils sage a aiguisé sa perspicacité et a appris à établir des distinctions. En effet, l’aptitude à savoir distinguer en usant sa réflexion est l’une des marques de la sagesse.

Chacun d’entre nous est l’objet d’une compétition intense. Non seulement les fabricants et les annonceurs entrent-ils en compétition pour gagner notre attention, mais il existe aussi une foule de prétendus colporteurs d’idées et de valeurs qui luttent pour obtenir notre temps et notre énergie, notre soutien et notre engagement, nos votes – et pour finir, notre carnet de chèques.

Au bout du compte, chacun devient un consommateur. Nous apprenons du fils sage que l’une des clés de la liberté consiste à devenir un consommateur réfléchi et judicieux, à moins, bien entendu, que cela ne vous dérange pas de rester avec des marchandises sur les bras. 

En s’excluant lui-même du peuple juif le fils mécréant a renié D.ieu.

Lorsque des Juifs en Éthiopie sont en difficulté, des fans israéliens de football à Tel-Aviv, des médecins tels que Greenfield et Schwartz à St Louis et des Juifs portugais sur les plages de Rio réagissent tous. Au cours des 20 dernières années, Israël a intégré plus d’un million d’immigrants, qui sont l’équivalent, proportionnellement parlant, à toute la population de France s’installant soudain aux États-Unis. C’est tout à l’honneur d’Israël : en dépit de toutes les contraintes sociales et économiques que ce flux a imposées sur le pays, personne, dans tout l’échiquier politique, n’a jamais mentionné que l’immigration devait être ralentie ou cessée.  

En réalité, qui sommes-nous les Juifs? Des coreligionnaires, des ressortissants du même pays, des compatriotes - ou sommes-nous frères et sœurs ? Nés d’une seule famille et taillés d’une seule pierre ? Sommes-nous liés à D.ieu par une relation unificatrice qui est plus profonde que tout ce qui semble nous diviser et faire de nous des étrangers ? Et se pourrait-il que lorsque le fils rebelle renie la qualité de connexion intrinsèquement juive, il tourne non seulement le dos à son frère, mais aussi à son Père ?

Tu agaceras ses dents…s’il avait été là-bas, il n’aurait pas été libéré.

Chaque enfant juif - et nous sommes inclus dans cette catégorie - se doit de prendre en compte ce choix : soit il est avec nous, soit il ne l’est pas ; on ne peut pas jouer sur les deux tableaux. Ce soir, le choix nous appartient. 

Ne prenez pas notre sévérité pour de la colère. Nous aimons cet enfant autant que vous et que toute personne présente à ce Seder ce soir. Si nous ne nous préoccupions pas sincèrement de lui, nous lui aurions proposé d’emporter son scepticisme cynique et d’aller célébrer Pessah ailleurs - mais nous ne l’avons pas fait. Aussi résolu qu’il soit d’oublier son identité, nous resterons toujours avides de lui dispenser un enseignement. Il se peut que nous disions quelques mots durs, aussi douloureux pour lui que pour nous ; mais parfois, il n’y a pas le choix. 

RESTEZ SIMPLE

Le fils Simple demande : qu’est-ce que c’est ?

Lorsque votre enfant vous pose une question simple comme : « Pourquoi un aimant colle-t-il au métal ? », qu’allez-vous lui répondre ? Ou encore: « Pourquoi ne neige-t-il jamais en été ? » Nos enfants pensent que nous avons réponse à tout, et nous souhaitons soudain nous enfuir lorsque ce genre de questions « charmantes » sont soulevées. « Je reviens tout de suite, » leur assurons-nous d’un air penaud, nous souvenant soudain d’un appel urgent que nous devons passer. « Pourquoi ne regarderais-tu pas la télé ? C’est l’heure de ton émission préférée… ? »

Savez-vous pourquoi nous n’avons pas beaucoup de réponses pour nos enfants ? Nous avons cessé de poser des questions et nous aimerions tant que nos enfants en fassent de même. Quelle tragédie ! Nous avons sacrifié notre curiosité d’enfant, notre simplicité, sur l’autel de la sophistication intellectuelle. 

Un enfant sage vit à l’intérieur de chacun d’entre nous. Nous ressentons intuitivement la richesse du judaïsme. Ce qui distingue un statut d’une ordonnance est davantage qu’un jargon juridique juif, il s’agit plutôt d’un assemblage bien plus profond d’idées et de concepts spirituels. Ce qui distingue une fête de la suivante n’est pas seulement le goût des mets délicats, mais des occasions uniques pour développer notre conscience. Sous l’étiquette « judaïsme » se cache quelque chose non seulement de très profond mais aussi de très personnel et rempli de sens. 

Une voix en nous recherche le privilège d’une vue panoramique et complète du judaïsme : comprendre chaque aspect du Seder et comment chaque nuance est liée au message de liberté, et à la signification d’être Juif. Écoutez cette voix. Refusez de vous contenter de vous asseoir et de faire semblant. Soyez intelligent ! Pensez, renseignez-vous et posez des questions. Tout d’abord, sur la signification de Pessah, et sur la position du judaïsme sur la vie envisagée comme un cycle. 

Si la personne la plus intelligente au monde se trouvait à votre table du Seder et vous ne pouviez lui poser que deux questions - une sur le judaïsme et une autre sur la vie - quelles seraient ces questions ?

ASSIMILATION & APATHIE

Puis vient le fils qui ne sait même pas poser de questions.

Nous agissons avec un sens de l’urgence pour libérer des Juifs de Russie, de Syrie et d’Éthiopie. Tandis que sur de nombreux fronts, nos efforts ont été couronnés de succès, il existe encore une autre forme de tyrannie qui doit aussi provoquer notre colère. C’est la tyrannie silencieuse de l’ignorance. L’ignorance, qu’elle soit forcée, provoquée ou choisie sciemment, est toujours de l’ignorance. Et si vous ne savez pas qui vous êtes, alors vous êtes un esclave.

Mon expérience avec des Juifs russes m’a appris que lorsqu’ils sont assis autour de la table du Seder, ils regarderont la matsa, la ‘harosset, et tout le reste, et demanderont : « Qu’est-ce que c’est ? ». Je ne suis pas sûr que ceux d’entre nous qui ont eu le privilège d’être élevés dans « le pays de la liberté » soient vraiment très différents ?   

Examinez ces chiffres : sur les cinq millions de Juifs que compte l’Amérique aujourd’hui, moins de deux millions sont affiliés à des synagogues. Si la plupart d’entre eux ont reçu une éducation juive, alors dans le meilleur des cas, peut-être 30 pour cent des Juifs américains ont déjà étudié le judaïsme. Ajoutez à ceci que la plupart de ces Juifs « éduqués » ont achevé leur éducation (juive) vers l’âge de 12 ou 13 ans ; qu’un million d’enfants juifs américains sont aujourd’hui élevés comme des non-juifs, ou sans religion du tout ; et que six cent mille autres adultes juifs pratiquent aujourd’hui d’autres religions. On se retrouve ainsi avec une tyrannie de l’ignorance hors normes.  

À ce jour, plus d’un demi-milliard de dollars a été dépensé pour bâtir des musées de l’Holocauste, des monuments commémoratifs, et des bibliothèques dans ce pays. Tandis que des monuments honorables sont érigés pour les morts, les vivants quittent lentement la scène de l’histoire juive. 

Les Russes peuvent partir, les Éthiopiens sont à la maison, il peut même y avoir un semblant de paix au Moyen-Orient - mais il est encore prématuré pour déposer les armes et abandonner notre combat pour la liberté juive. Car si vous ne savez pas qui vous êtes, vous ne serez pas réellement libre.

Que pourriez-vous répondre à un jeune Juif qui vous affirme : « Je n’ai jamais eu aucune religion toute ma vie et j’ai été très heureux. Pourquoi commencerais-je maintenant à pratiquer quoi que ce soit du judaïsme ? »

Quant au fils qui ne sait pas poser de questions, tu dois l’y engager. Comme il est dit : « Tu raconteras à ton fils en ce jour. » (Exode 13:8).

À ce moment-là, la Hagada nous rappelle un principe qui nous est connu : nous sommes tous responsables les uns des autres. Ce que vous savez, vous devez l’enseigner. Ce que vous possédez en tant que Juif, vous devez le partager. À partir du moment où vous vous tenez devant un autre Juif qui ne sait même pas quelle question poser, alors la responsabilité devient la vôtre. Que ce soit un enfant russe, votre propre enfant, l’enfant d’un voisin… ou votre reflet d’enfant dans le miroir.

Extrait de la Passover Survival Kit Haggadah. 

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