Société

Les Amis Facebook

16/07/2012 | par rabbin Benjamin Blech

Sommes-nous en train d’oublier ce que signifie avoir un véritable ami?

Je vois le nombre d'amis que les gens ont sur Facebook et je m’en trouve tout gêné. Et je ne me compare pourtant pas à des célébrités qui semblent compter par millions leurs cercles d’intimes. Je parle de gens ordinaires, peu différents de moi qui comptabilisent des amis jusqu'à des sommes astronomiques de cinq chiffres et dont le réseau social semble constamment se développer, avec sans cesse, davantage d’amis très proches venant s’y rajouter.

Qu'est-ce qui ne va donc pas chez moi? Le nombre de personnes que je considère comme de vrais amis ne dépasse pas deux chiffres. Cela en dépit du fait que je sois un homme public avec tout ce que cela comporte comme vaste réseau de relations et nombreuses connaissances.

Cela me gênait énormément jusqu'à ce que j’ai finalement compris.

Ce n'est pas en fait, que j'ai moins d'amis que d'autres. C'est juste que je refuse de permettre au mot «ami» d’être déprécié du fait d’une inflation verbale. Je ne laisserai pas une appellation devant être réservée uniquement à un certain type de relation, la plus proche et la plus significative qu’il puisse être, se répandre et se galvauder en évoquant d’éphémères associations avec des personnes n’ayant pas la moindre idée ou ne se préoccupant nullement de mes joies et mes peines.

Pour moi, l'inflation verbale est tout aussi mauvaise que l’inflation monétaire. La première dégrade la valeur de nos paroles et la seconde diminue la valeur de notre monnaie. Je me souviens du temps où un dollar avait une certaine valeur. Et avant que Facebook ne rentre en scène, il me semble me rappeler qu’un ami signifiait autre chose qu’une personne connue par le seul biais de son adresse e-mail.

Joseph Zabara, poète hébreu du 13ème siècle et médecin, décrit l’ami de cette manière mémorable: «L'amitié est un seul coeur dans deux corps différents."

La véritable amitié est un don de Dieu qui nous dit dans la Torah que "ce n'est pas bon pour l'homme de vivre seul." Nous avons besoin de nourriture pour vivre, mais nous avons besoin d'amis pour rendre la vie digne d'être vécue. Et des amis, selon Maïmonide, doivent démontrer leur engagement en vue de gagner ce titre de noblesse.

Commentant sur ces mots célèbres du Livre des Pères, «Achète-toi un ami » (1:6), Maïmonide explique qu’une amitié digne de ce nom est une triple expérience. Un ami avant toute chose doit être là pour l’autre, "un ami pour l’aide." Il doit être quelqu'un sur lequel nous pouvons compter, de préférence sans même avoir besoin de le lui demander.

Ensuite, il doit être "un ami pour parler." Des amis doivent pouvoir communiquer, se sentir libres de partager leurs pensées les plus profondes, même si elles peuvent sembler inappropriées aux yeux des autres.

Enfin, un ami doit être "un ami dans la vision." Il devrait y avoir entre deux amis une vision commune, des buts communs et un partage de valeurs.

Difficile à trouver? Bien sûr. C'est pourquoi les vrais amis sont rares. Et c'est pourquoi je trouve choquant lorsque le mot est utilisé si souvent, si négligemment.

Si je les appelle des amis, quel mot devrais-je alors utiliser pour qualifier ceux qui me sont plus chers que ma famille?

J'ouvre Google pour consulter mes mails et je trouve toujours des invitations d'inconnus m'invitant à rejoindre leur cercle d'amis. Je ne les connais pas. Si leur liste suggérait simplement un cercle social je n'aurais aucun problème à accepter. Mais si je les appelle des amis, quel mot devrais-je alors utiliser pour qualifier ceux qui me sont plus chers que ma famille?

Je ne suis plus tout jeune. J'ai pleinement vécu et parcouru beaucoup de chemin dans ma vie. Il y eut des moments où j'ai pu accomplir de grandes choses. C'est alors que j'ai pris pleinement conscience de la justesse de ce que disait Oscar Wilde: «Il faut avoir une personnalité remarquable pour parvenir à se réjouir du succès d'un ami" - et ce ne furent que de vrais amis qui partagèrent sincèrement ma joie.

Aujourd'hui, je traverse une période assez difficile. Avec l’âge viennent les soucis de santé et de survie. Mes connaissances me disent toutes ce qu’il convient de dire. Elles me souhaitent tout le bien possible et je sais qu’elles sont sincères. Mais parallèlement, j'ai des amis qui non seulement se soucient de mes préoccupations, mais les partagent également avec moi. Et cela fait toute la différence.

Je sais à présent que chaque véritable ami est un miracle. Les miracles doivent se chérir précieusement. Et ils sont loin d’être automatiques. On ne doit pas les attendre naturellement, comme s’ils nous étaient dùs. Les amis sur Facebook peuvent se chiffrer par milliers, mais ne sont pas ceux qui comptent vraiment. Ma liste est beaucoup plus courte, mais beaucoup plus significative.

Et juste une dernière chose. Je remercie Dieu pour chaque véritable ami, car je me rends compte que même en avoir un seul, a été suffisant pour remplir ma vie de bénédiction.

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