Réflexions - 15shvat

L'homme est un arbre

21/01/2013 | par Shraga Simmons

La Torah compare l’homme à un arbre. Comment justifier cette analogie ?

La Torah est un arbre de vie pour ceux qui s’y attachent. (Proverbes 3:18)

Peut-être avez-vous un vague souvenir du Talmud-Torah… une fois par an, vous receviez un petit sachet contenant des raisins secs, des dattes et de la caroube (le fruit dur et brun que l’on appelle parfois carouge). Et vous ramassiez de l’argent pour planter des arbres en Israël. C’était cela Tou Bichevat.

Il y a bien entendu un sens plus profond à cette fête, au-delà de cette vision enfantine du Judaïsme !

À LA SOURCE

La source de Tou Bichevat est la phrase d’ouverture du Traité talmudique de Roch Hachana : l’académie de Hillel enseigne que le 15 Chevat est le Nouvel An des Arbres.

Que faut-il entendre par « Nouvel An des arbres » ? Tous les cèdres et les pins se réunissent-ils pour prendre la résolution de s’améliorer et pour tremper des pommes dans le miel ?!

Bien entendu que non. Tou Bichevat est techniquement le jour où les arbres cessent d’absorber l’eau du sol, et au lieu de cela, tirent leur subsistance de leur sève. Dans la Loi juive, cela signifie que des fruits qui ont poussé avant le 15 Chevat ne pouvaient être employés comme dîme pour des fruits ayant poussé après cette date.

Alors quel rapport avec nous qui vivons au 21e siècle ?

En différents endroits, la Torah compare l’homme à un arbre :

- Un homme est comme un arbre des champs… (Deut. 20:19)

- Comme les jours des arbres seront les jours de mon peuple… (Isaïe 65:22)

- Il sera tel un arbre planté au bord de l’eau… (Jérémie 17:8)

Pourquoi cette comparaison ?

Pour survivre, un arbre a besoin des quatre éléments de base : le sol, l’eau, l’air et le feu (le soleil). Les êtres humains ont également besoin de ces quatre éléments de base. Examinons-les, l’un après l’autre :

LE SOL

Un arbre doit être solidement planté dans la terre. Le sol n’est pas seulement la source par laquelle la nourriture est absorbée, il procure aussi de la place aux racines qui doivent pousser.

Ce principe s’applique également à l’homme. Le Talmud explique :

Une personne dont la sagesse dépasse ses bonnes actions est comparée à un arbre dont les branches sont nombreuses, mais les racines clairsemées. Le vent souffle, le déracine et le retourne.   

Mais une personne dont les bonnes actions dépassent sa sagesse est comparée à un arbre dont les branches sont peu nombreuses, mais dont les racines sont nombreuses. Même si tous les vents du monde venaient à souffler, ils ne seraient pas en mesure de le faire chuter. (Avot 3:22). 

Un homme peut sembler avoir du succès en apparence, tel un arbre aux branches bien fournies : il possède une voiture de luxe, etc. Mais si les racines sont peu nombreuses - s’il entretient un lien ténu avec sa communauté et son héritage - la vie peut alors lui présenter des défis qu’il lui sera impossible de relever. Un vent fort peut renverser les arbres à terre. Une personne seule est vulnérable aux tendances et à la mode qui sont susceptibles de conduire au désespoir et à la destruction.

Mais si un individu - indépendamment de sa richesse et de son statut - est lié à sa communauté et à son héritage, même si tous les vents du monde venaient à souffler contre lui, ils ne réussiraient pas à l’ébranler.  

Les êtres humains ont besoin d’une solide base de départ, où les valeurs et les principes moraux sont assimilés, et qui procure un environnement sûr dans un monde empli de négativité. Il nous faut un abri, un havre où il nous est possible de revenir pour nous régénérer. Une communauté procure une armure solide : un « sol » où nous pouvons être nous-mêmes, commettre des erreurs, et être tout de même acceptés, aimés et nourris. 

L’EAU

La pluie : l’eau est absorbée dans le sol et, grâce à un système sophistiqué de racines, est acheminée à travers le tronc, les branches et les feuilles de l’arbre. Sans eau, l’arbre va flétrir et mourir.

La Torah est comparée à de l’eau, comme Moïse le proclame : « Que mon enseignement s’épande comme la pluie » (Deut. 32:2). La pluie et la Torah descendent du Ciel et procurent un soulagement aux assoiffés. La Torah découle de D.ieu et a été absorbée par les Juifs à chaque génération. La Torah confère de l’entrain et de la vitalité à l’esprit humain. Celui qui mène une vie de Torah s’épanouira en déployant de la sagesse et des bonnes actions. 

Privée d’eau, une personne va se déshydrater et se retrouver finalement désorientée, au point où elle ne sera peut-être plus capable de reconnaître son propre père. De même, sans la Torah, une personne est désorientée - au point qu’elle ne reconnait même pas son Père céleste, le D.ieu Tout-Puissant d’Israël.

L’AIR

Un arbre a besoin d’air pour survivre. L’air contient de l’oxygène nécessaire à la respiration de l’arbre, et du dioxyde de carbone pour la photosynthèse. Dans une atmosphère déséquilibrée, l’arbre suffoquerait et mourrait.

La Torah (Genèse 2:7) établit que D.ieu a insufflé la vie en l’Homme. Le terme hébraïque désignant la respiration - néchima - est le même que celui désignant l’âme - néchama. Notre force de vie spirituelle provient, métaphoriquement, de l’air et de la respiration.

Nous employons nos sens du goût, du toucher et de la vue pour percevoir des éléments physiques. (Même l’écoute nécessite la perception d’ondes sonores.) Mais l’odeur est le sens le plus spirituel, en ce que la dimension physique est la moins présente. Comme le souligne le Talmud (Berakhot 43b) : l’odorat profite à l’âme, et non au corps.

Dans le Saint Temple, l’offrande d’encens (le sens de l’odorat) était élevée au statut d’offrande une fois par an à Yom Kippour, dans le Saint des Saints. Le Talmud (Sanhédrin 93a) dit également que lorsque le Messie viendra, il sentira et jugera - à savoir qu’il emploiera sa sensibilité spirituelle pour discerner la vérité dans des cas complexes.

LE FEU

Un arbre a également besoin de feu - la lumière du soleil - pour survivre. L’absorption d’énergie par la lumière active le processus de photosynthèse, une réaction chimique essentielle à la croissance et à la santé de l’arbre. 

Les hommes ont également besoin de feu - de chaleur - pour survivre. C’est la chaleur de l’amitié et de la communauté. Les êtres humains absorbent l’énergie de leurs semblables, de leurs amis, familles, voisins et associés - pour se forger une identité et la traduire en actes. Tous les rites et cérémonies du judaïsme reposent sur la famille et la communauté - depuis la célébration de la naissance, en passant par l’accès à la maturité, le mariage, l’éducation, et jusqu’à la mort.

Le pouvoir de la communauté est illustré dans l’histoire talmudique suivante :

Un vieil homme plantait un arbre. Un jeune homme passa par là et l’interrogea :

- Que plantez-vous ?

- Un caroubier, répondit le vieil homme.

- Imbécile, répliqua le jeune homme. Ne savez-vous pas qu’il faut soixante-dix ans avant que le caroubier ne produise de fruits ?

- Cela ne me dérange pas, répondit le vieil homme. De même que d’autres ont planté des arbres pour moi, j’en plante pour les générations futures.

UN MOMENT PROPICE AU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

Cette année, à Tou Bichevat, alors que vous grignotez un morceau de caroube, interrogez-vous :

Ai-je à ma disposition la nourriture et l’abri spirituels dont j’ai besoin pour survivre, ou mon être est-il menacé par la surcharge accablante d’informations et le matérialisme ambiant ?

Fais-je partie d’une communauté juive solide, qui me procure un environnement chaleureux et bénéfique ? Ou suis-je confiné à l’anonymat pâle et sombre de la vie urbaine et du cyberespace ?

Mon regard est-il tourné vers les générations futures, sachant que je leur procure les fondations adéquates pour leur future existence ?

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